Chapitre 17
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Lundi 24 décembre 2017, 9h55.
En se réveillant ce matin-là aux alentours de dix heures, Charlie ne pût que constater amèrement que Jenna n'était pas dans la cuisine à préparer le repas du réveillon. Habituellement, la femme était déjà aux fourneaux, prise dans la concoction d'une dinde, de légumes, purées et autres mets succulents qu'elle avait l'habitude de faire pour le repas familiale. Charlie remonta prendre une douche, se prépara et siffla un rail de coke avant de descendre ouvrir le frigo pour se mettre à la tâche. Elle avait longtemps été le bras droit de sa mère en cuisine mais elle ne pouvait rien faire avec un frigo vide. Grognant de mécontentement parce que personne n'avait pensé à faire les cours -et par personne elle parlait de ses parents-, l'adolescente fit une rapide liste de ce dont elle aurait besoin, fouilla dans un des placards pour trouver le bocal caché où ses parents mettaient quelques économies et prit de l'argent. Elle enfila ses chaussures et son manteau avant d'attraper les clés de voitures de son père et son sac à main. Avant de se mettre en route pour le supermarché, elle sortit son téléphone pour écrire un message.
À Tante Elisa (10h23) : Salut c'est Charlie, je voulais savoir si vous faites quelque chose ce soir pour le réveillon, sinon vous pouvez venir manger à la maison.
✔message envoyé.
Charlene jeta son téléphone sur le siège passager, ouvrit la porte du garage et la referma alors qu'elle s'engageait dans la rue en direction du supermarché de Nampa. Elle fredonna distraitement la musique qui passait à la radio tout en cherchant une place et en trouva une près du magasin. Après avoir récupérer son téléphone et son sac à main, elle verrouilla la voiture et alla prendre un chariot qu'elle poussa tranquillement dans les rayons en prenant les différents aliments dont elle avait besoin. S'arrêtant pour attraper un bocal d'abricots au sirop, elle tendit le bras mais elle était définitivement trop petite pour l'attraper. Elle s'apprêtait à renoncer quand un bras s'élança au dessus d'elle et attrapa l'objet tant convoité. Charlie se retourna pour remercier celui qu'il l'avait aidé et fut heureuse de constater que son nez ne l'avait pas trompé : c'était le parfum de Léo derrière elle.
‒ Tiens, je crois que tu cherchais à attraper ça.
Il lui sourit en lui tendant le pot qu'elle rangea dans le chariot et le barra de la liste avant de le regarder.
‒ Merci, sourit-elle à Léo. Que fais-tu ici ?
‒ La même chose que toi je suppose, je fais mes courses. Ma tante est avec moi, elle s'y prend toujours à la dernière minute pour préparer le repas de Noël. En faite, elle fait ça à tous les grands repas, soupira-t-il avec un sourire en coin des lèvres. Est-ce que c'est pareil pour toi ?
‒ Uhm, pas vraiment. C'est la première fois que je fais les courses pour le soir même, mes parents ont sûrement oublié avec tout ce qu'il s'est passé alors je m'en charge.
Une femme arriva aux côtés de Léo et Charlie reconnut immédiatement sa professeur d'art.
‒ Bonjour Charlene, la salua-t-elle.
‒ Bonjour madame Hilton.
‒ Ça fait plaisir de te voir. Comment est-ce que tu vas ?
‒ Bien, merci madame Hilton.
‒ Et tes parents ?
‒ Uhm, dans l'ensemble ça va.
Holly Hilton hocha la tête lentement alors que son regard passa de Léo qui fixait Charlie à cette dernière qui jouait avec ses mains, gênée. Ayant seulement dix ans d'écart avec son neveu, ce dernier et elle se considéraient plus comme un frère et une sœur, ce qu'il faisait que la tante était une confidente pour le jeune homme. Elle savait donc qu'ils se fréquentaient beaucoup et qu'ils avaient eu un rendez-vous.
‒ Bon eh bien, moi j'ai encore une tonne de courses à faire, s'éclipsa Holly. On se dit à la prochaine fois, Charlene.
‒ Oui madame Hilton.
‒ Léo, je t'attendrai à la voiture.
La brune regarda sa professeur d'art disparaître dans le prochain rayon avant de s'avancer vers Léo et de passer ses bras autour de lui pour le serrer contre elle. Les deux échangèrent quelques mots avant de se quitter.
Lundi 24 décembre 2017, 11h47.
Charlie mélangeait méticuleusement une sauce quand elle entendit des pas précipités dans les escaliers : Ellie déboula dans la cuisine, sa peluche licorne serrée contre sa poitrine.
‒ Hé, bonjour mon cœur, s'exclama l'aînée. Bien dormi ?
La petite fille hocha la tête, s'approcha de sa sœur et tenta de voir ce qu'elle préparait en se mettant sur la pointe des pieds.
‒ Qu'est-ce que tu fais, Charlie ?
‒ Une sauce pour le repas de ce soir. Tu sais que c'est le réveillon de Noël ?
Ellen hocha une nouvelle fois la tête, les yeux pétillants de joie.
‒ Tu veux m'aider à préparer le repas ?
‒ Oui !
Charlie sourit en baissant légèrement le feu avant de s'éloigner de la casserole et de porter Ellie jusqu'à l'évier pour qu'elle se lave les mains. Elle prit ensuite une chaise qu'elle installa devant les plaques et mit la petite fille dessus. Elle lui confia la cuillère en bois en lui intimant de ne pas s'approcher du feu et de faire attention à la casserole. Charlie lui montra comment remuer la sauce avant de s'éloigner pour éplucher des légumes. Julian arriva en baillant et s'arrêta à l'encadrement de la porte sur lequel il s'appuya pour les regarder. Sa sœur releva son regard vers lui et secoua la tête quand il murmura :
‒ Maman ?
Julian grommela mais s'approcha et déposa un baiser sur les joues de ses sœurs puis il les aida à préparer le repas.
Lundi 24 décembre 2017, 19h32.
Charlie rangea les manteaux de sa tante, son oncle et son cousin dans le placard du hall tandis que Julian se chargea de leur servir à boire. Ellie grimpa sur les genoux de son cousin Téo qui s'était assis sur le canapé et commença directement à lui parler de sa journée. Charlene arrangea sa robe avant de se diriger vers la chambre de ses parents, elle ouvrit doucement la porte faisant entrer la lumière du couloir dans la pièce. Elle put alors distinguer Jenna, celle-ci était recroquevillée de son côté du lit sous la couverture.
‒ Maman ?
Comme elle ne répondit pas, l'adolescente s'avança un peu plus dans la chambre et s'accroupit devant elle. Leurs yeux étaient maintenant à la même hauteur mais c'était comme si Charlie était invisible pour l'adulte. Elle posa sa main sur l'épaule de sa mère et la secoua légèrement.
‒ Maman, nos invités sont arrivés.
Distraitement, Jenna hocha la tête et se redressa en douceur. Charlie s'assura qu'elle s'installe dans le salon avant de monter reprendre un rail de cocaïne. Elle devrait être étonnée de voir Nolan apparaître dans sa chambre mais elle ne le fut pas. Elle essuya son nez et rangea la poudre dans son tiroir secret avant de se redresser pour faire face à son frère.
‒ Salut, murmura-t-elle.
Nolan se contenta de la saluer d'un vague signe de la main tandis que Charlene s'asseyait sur son lit sans le quitter des yeux.
‒ Tu n'es pas réellement là, pas vrai ?
Avec une moue contrite, il secoua la tête. Une larme solitaire dévala la joue de l'adolescente jusqu'à son cou pour se loger dans le tissu de sa robe. Elle ferma les yeux quelques secondes pour empêcher d'autres larmes de couler et quand elle les rouvrit, Nolan n'était plus là. Soupirant, elle attrapa son téléphone qui avait vibré une minute plus tôt pendant qu'elle prenait sa cocaïne.
(3) nouveaux messages.
De Boone (19h01) : Le 31, y a une soirée. Tu y viens, pas le choix.
Réponse (19h42) : OK.
De Lucy (19h17) : Boone t'a dit qu'il y avait une soirée le 31 ? On veut absolument que tu viennes avec nous. En plus, c'est une soirée déguisée. Le top !
Réponse (19h42) : Oui, il m'a pas vraiment laissé le choix mais je viens.
De Léo (19h41) : Ça va toi ? Tu n'avais pas l'air bien au supermarché.
Réponse (19h42) : Oui. Ne t'inquiète pas pour moi.
Charlie déposa son téléphone sur la table de chevet et descendit rejoindre sa famille. Zac, qui avait disparu tout l'après-midi, était désormais aux côtés d'Oscar et discutait avec lui. La grand-mère paternelle, Loïse, était aux côtés de sa fille, Elisa. L'adolescente leur demande de passer à table et se chargea de les servir.
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Mardi 25 décembre 2017, 7h33.
Secouée par quelqu'un pour la réveiller, Charlene ouvrit les yeux pour voir sa petite sœur perchée au dessus d'elle.
‒ Charlie ! Réveilles-toi Charlie ! Le père Noël est passé !
L'aînée laissa un sourire s'étendre sur son visage : au moins, Ellie n'avait pas perdu la magie de Noël. La petite fille sortit de la chambre en courant, elle allait sûrement réveiller Julian si on en croyait les grognements de mécontentement qu'elle entendait. Charlie s'étira paresseusement et sortir de son lit tout en attachant ses cheveux en queue de cheval. Elle alla chercher son petit sachet de poudre, se prépara plusieurs rails de cocaïne avant de tout ranger et de descendre s'asseoir dans le canapé du salon. Quelques minutes plus tard, Julian la rejoignit pour s'affaler à ses côtés et poser sa tête sur son épaule, les yeux fermés.
‒ Papa et maman ne veulent pas se réveiller, se plaignit Ellie en entrant dans le salon.
‒ Ils se sont sûrement couchés tard hier soir, juste pour qu'ils soient sûrs que le père Noël ne manque de rien en venant, justifia son grand frère. On va ouvrir les cadeaux sans eux, ils nous en voudront pas.
Ellie alla s'asseoir devant le sapin et commença à fouiller dans les cadeaux pour les distribuer à son frère et à sa sœur. Charlene ouvrit son premier cadeau et tomba sur une magnifique boîte de peinture, elle releva les yeux vers son triplé qui lui sourit presque timidement.
‒ Merci Julian, murmura-t-elle.
Il lui fit un clin d'œil et ouvrit le sien : un maillot de son joueur de basketball préféré de la part de Charlie. Leur petite sœur déballa les siens pour trouver plusieurs jouets. Après avoir ouvert les cadeaux faits par leurs parents, les trois enfants se retrouvèrent avec un dernier cadeau. Celui de Charlie était de petite taille, emballé dans un papier bleu nuit. Elle tourna son regard vers les mains de Julian qui avait un emballage similaire. Ce dernier haussa un sourcil interrogateur dans sa direction avant de le déballer, vite imité par Charlene. C'était une petite boîte de bijoutier noire. Elle l'ouvrit pour se retrouver devant un délicat collier dont le pendentif était une étoile. Du bout des doigts, l'adolescente en traça le contour. Elle vit un bout de papier coincé dans la boîte, le tira et le lut.
Joyeux noël ma sœur. Juste, continue de briller pour nous.
Je t'aime.
N.
Elle tendit le papier à Julian qui tenait dans sa propre main une chaîne plus masculine d'où pendait un ballon de basket. Il secoua la tête en lui montrant son propre bout de papier.
‒ C'était dans le placard avec tous les autres, murmura-t-il.
‒ Il a dû les acheter il y a un moment... Tu sais qu'il a toujours pris de l'avance dans ses cadeaux.
‒ Hé, regardez !
Ellie s'approcha d'eux pour leur montrer le fin collier, identique à sa sœur. Sauf que le sien avait une petite licorne qui se balançait dans les airs. Alors que Julian aidait sa petite sœur à mettre le collier, Charlie releva les yeux vers le sapin pour voir que Nolan était appuyé sur le mur à côté, les bras croisés sur son torse et les yeux fixés sur eux. Quand il vit que sa triplette le regardait, il lui fit un petit sourire.
‒ Joyeux noël, dit Charlie à toute sa fratrie.
‒ Joyeux noël, répondirent Julian et Ellie.
‒ Julian, c'est l'heure de la danse de noël !
Ellen fit les gros yeux à son frère aîné en lui pointant l'heure sur la télévision.
‒ Tu crois ?
Hochant vivement la tête, la petite fille dégagea un espace entre les cadeaux et les papiers déchirés pour que son frère s'y installe. Julian ria légèrement alors qu'il se levait et commença à faire cette étrange danse de la joie sous les encouragements d'Ellie. Ils avaient commencer à la faire, Nolan et lui, trois ans plus tôt après que leurs parents leur aient offert des billets pour un match de basketball qu'ils voulaient absolument voir. Très vite, Julian fut rejoins par Ellie qui dansait n'importe comme, sous le regard tendre de leur sœur assise sur le canapé alors qu'elle touchait distraitement l'étoile qui pendait à son collier.
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Média : Charlie qui déballe ses cadeaux.
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