[ NDA : un petit texte écrit comme ça, sans grande raison ni prétention. ]
« N'y va pas Baal ! Je l'ai vu, ils vont tous vous tuer ! Ils vont tous vous tuer et nous laisser derrière vous. »
Baal le savait que trop bien.
Les Jagals étaient trop forts ; ils décimaient les mâles les uns après les autres, laissant des milliers de veuves et orphelins sur leur passage.
Guerriers de race humaine, ils se disaient main armée de la justice alors qu'ils ne semaient sur les sillons foulés que peine et désolation. Monstres insatiables de pouvoir voués au bas de la hiérarchie naturelle, ils avaient su inverser la balance du destin en leur faveur. Avares d'asseoir leur domination, ils prirent la décision de soumettre tous les autres peuples dont les Dwülf, ces hommes se changeant en loups, gardiens totems des grandes landes.
Les Dwülf ce jour là s'étaient battus, battus jusqu'au dernier souffle. Leurs mâchoires puissantes déchiquetteraient les jugulaires, leurs griffes déchireraient muscles et tissus. Ils se battraient, se vengeraient contre cette race humaine détestable qui se jouent de leurs carcasses dans leurs propres terres.
Le combat était cependant inégal ; contre les flammes des forges, ces forces de la nature ne pouvaient que ployer. Ils pouvaient tuer autant de soldats, d'autres viendraient s'y substituer pour nourrir les rangs de cette marrée noire de sang.
Baal voyait les membres de sa meute mourir les uns après les autres, céder au fer chatoyant de haine des hommes. Il repensait à la prédiction de la Mawana : un jour viendrait où les loups seraient décimés, les prédateurs aux doigts crochus tueront les chasseurs sages. La terre endeuillée enterrera ses créatures pour laisser livrés à eux-mêmes ces démons damnés.
Un Dwolf pouvait difficilement pleurer mais la mélancolie, la bile pâle qui précéderait la rage à venir, ravageait son cœur. Il mourra à l'issu de cette bataille mais son héritage sera préservé par les plaines de Valmaär.
Il ne put s'empêcher d'avoir une dernière pensé pour son fils, son fils qui ne connaîtra pas son père. Il s'excusait sans mots dire auprès de sa femme, sa belle et tendre femme avant que cette lame froide ne vienne embrasser sa poitrine.
Le village avait été mis à feu et à sang, les hommes de fer avaient reçu l'ordre de ne laisser aucun survivant. Friedrich enleva son casque sombre pour scruter les environs, ses yeux glacials balayèrent tristement les plaines de Valdaär.
Des carcasses de grands loups jonchaient le sol, on alignait les femmes suppliantes près des maisons. Et les enfants, les enfants mâles, de petits garçons étaient abattus devant leurs mères. Pour quelle raison ?
« Car l'enfant qui jappe apprendra à mordre. »
Vie de misère, âme misérable. Friedrich se sentait vidé de toute émotion, s'enrôler dans l'armée des colombes noires signifiait donner son cœur en tribut.
« Nous sommes sur le départ, brûlez les cadavres. », ordonna leur chef de division.
Les soldats hochèrent la tête en guise de réponse, on tendit à Friedrich une torche enflammée pour qu'à son tour il s'adonne au rituel destructeur, manifeste de la victoire. Sa main gantée de noir se saisit du bout de bois, comme un corps sans âme il se dirigea vers les maisons de paillasses.
Le brasier happait pour survivre la pitié des hommes. Ces gardiens de la forêt emportèrent avec eux le salut de l'humanité. Friedrich perçut un bruit dans l'un des paniers d'osiers entassés dans la hutte.
Par réflexe, le soldat aguerri dégaina son épée et à l'aide de la pointe souleva les tissus où se dissimulait un petit chien. Sur le tranchant de la lame rutilait le vivat des flammes.
Ce chiot était un louveteau qui, loin d'avoir peur, se mettait à glapir contre son ombre. Une mère dans un dernier élan de désespoir, avait dû cacher son enfant pour qu'on l'épargne du couperet assassin.
L'hésitation se fit grandissante en lui, Friedrich traverserait-il cette rive qui jouxte raison et barbarie ?
Son épée retrouva le fourreau, l'homme au regard d'airain prit le jeune loup par l'échine du cou, derrière ces pupilles vivaces par la colère se cachait un enfant. Friedrich le somma de se taire par le geste puis dissimula la petite chose dans son long manteau.
Que ferait-il ensuite ? Il l'éduquerait en lui injectant dans les veines la haine de l'humain, la haine de ces monstres fous.
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