OS 9 - L'horreur en son et en image

TW : Allusion au viol, violences familiales.

~~~

Hélène se mordilla la lèvre.

Bon.

Quand il fallait y aller...

Sa main frappa doucement contre la porte.

Dans sa tête, elle se répétait en boucle les phrases d'excuses pour expliquer sa présence ici.

"Hey... je sais qu'on est divorcés et que c'est pas ma semaine de garde, mais j'avais oublié mon écharpe chez toi donc je viens la récupérer."

Elle n'avait pas à avoir peur.

Arthur et elle s'étaient séparés en mauvais termes, certes, mais il était gentil.

Hélène toqua une nouvelle fois.

Son nom était toujours inscrit sur la porte, à coté de celui de son ex-mari et de leur fils.

Pas de réponse.

Bon.

Si la clé n'avait pas changé de cachette...

Bingo.

Sous le pot de géranium.

Hélène enfonça les clés dans la serrure. Elle avait l'impression de faire quelque chose de mal...

Elle secoua la tête pour chasser ces pensées.

À l'intérieur de l'appartement, rien n'avait changé.

Il y avait les photos d'eux sur le frigo, maintenues par des aimants que Noah avait fait en maternelle.

Sa préférée était celle où on les voyait tous les trois sur la plage, souriants.

Elle avait l'impression d'être une de ces familles de magazines chaque fois qu'elle la regardait.

D'être une bonne maman.

Haha... maintenant elle savait à quel point c'était faux.

Qu'une impression.

Et les impressions ne peuvent pas durer toute une vie.

Elle l'avait appris à 16 ans une nuit dans une rue.

Un bruit sourd la fit sursauter, et, encore une fois, l'impression de ne pas être censée être là.

Elle se dirigea vers son ancienne chambre.

Malgré elle, Hélène sentit une légère satisfaction en voyant qu'il n'y avait aucune trace du passage d'une femme ici.

Seule une vague odeur, presque inodore, de parfum rappelait qu'une femme avait vécu ici sept ans.

Et c'était son propre parfum.

Nouveau bruit sourd.

Arthur devait bricoler, Hélène ne voulait pas s'immiscer dans sa vie privée.

Sa vie sans elle.

Sans eux.

Elle attrapa son écharpe, et s'apprêtait à repartir le plus rapidement possible, quand le bruit résonna pour une troisième fois.

Cette fois-ci accompagné d'un petit sanglot.

Hélène se figea, paralysée.

Ça venait de la chambre de Noah.

Sans vraiment réfléchir, elle se dirigea vers la porte au fond du couloir.

Elle connaissait bien l'appartement.

Elle s'agenouilla, son œil à la hauteur du trou de serrure.

Puis un frisson d'horreur lui parcourut tout le corps.

Encore un bruit.

Coup de poing dans la poitrine de Noah, qui se recroquevilla, le souffle coupé.

Hélène voulut aussitôt pousser la porte, s'interposer, protéger Noah, son enfant, son petit ange...

Mais au fond d'elle même, elle savait que ça empirerait juste les choses.

Ce n'était clairement pas la première fois que ça arrivait.

Elle avait déjà vu des bleus sur les joues et les bras de son fils.

Accident de vélo, tombé en grimpant dans l'arbre du parc...

Noah lui avait donné tant de raisons a chaque fois.

Et elle y avait cru ! Pourquoi y avait-elle cru, bordel !? Pourquoi ne s'était-elle pas inquiétée ?!

Parce que les enfants se blessent souvent à six ans ? Parce que la vérité sort de leur bouche ?

Nouveau coup.

Non.

Elle ne devait pas penser à ça.

Pas maintenant.

Son instinct maternel lui criait d'ouvrir cette porte, et de serrer son enfant dans ses bras.

Mais Hélène savait que, sur le long terme, ça n'arrangerait rien.

Appeller la police ?

Non plus. Pas maintenant.

Pas comme ça.

Elle savait très bien ce qu'ils allaient dire.

Comme lorsqu'elle était allée au commissariat à 16 ans.

"Vous avez des preuves ? Comment étiez-vous habillée ? Est-ce que vous avez clairement dit non ?"

Putain...

Il fallait une preuve.

Elle détestait ça, mais il fallait une preuve pour que Noah soit définitivement en sécurité.

Les mains tremblantes, elle sortit son téléphone, plaquant la caméra contre le trou de la serrure.

Nouveau coup.

Hélène y assista à travers l'écran.

Oh... Noah... je suis désolée, je suis terriblement désolée mon amour...

Elle voulait si fort que ça s'arrête...

Juste ouvrir cette porte...

Elle voulait aussi fermer les yeux, et se boucher les oreilles pour échapper l'horreur.

Elle ne pouvait pas.

Elle avait besoin de voir Noah.

D'être sûre.

La vidéo devait être de très mauvaise qualité, à cause de ses mains tremblantes et de sa respiration en fond.

Mais on voyait l'essentiel.

Nouveau coup.

Puis un autre.

Et encore un autre.

A chaque seconde, à chaque gémissement impuissant de Noah, l'envie de débouler dans la pièce devenait plus forte.

C'était de la torture, de regarder ça.

Hélène savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de douter.

Que la moindre pensée la ferait perdre la raison.

Rester ici... filmer... porter plainte... prouver... et Noah serait en sécurité.

Mais... C’était tellement dur croire en voyant le petit garçon à qui elle embrassait la joue chaque soir pour dire bonne nuit, à qui elle avait donné vie, dont elle était fière, si fière chaque jour se faire frapper.

Mon petit Noah... mon chéri, je te promets que je le fais pour toi, je viendrais t'aider si je le pouvais...

Mon dieu, la culpabilité faisait si mal.

Elle assistait à toute la scène à travers l'écran, et ne faisait rien.

N'était-ce pas... mal ?

Non.

Non elle refusait de penser à ça.

De douter maintenant.

3 minutes 16 de vidéo.

Plus de 3 putain de minutes où elle voyait son propre enfant se faire frapper.

Hélène arrêta la vidéo.

Puis s'éloigna de la porte, sortant de la maison.

Les larmes qu'elle avait retenu pour ne pas se faire entendre par Arthur se mirent à couler sur ses joues, et un sanglot désespéré éclata.

Putain...

Elle... elle n'avait strictement... rien fait...

Son gosse de six ans se faisait battre devant ses yeux et elle n'avait rien fait, bordel de merde !

Un cri de colère, de frustration, d'inquiétude, de peur et de culpabilité lui échappa, qu'elle étouffa dans son écharpe.

Elle s'essuya les yeux.

Elle n'avait pas le temps de pleurer.

Après, elle savait qu'elle éclaterait sûrement en pleurs en y repensant.

Mais justement.

Elle avait toute sa vie pour y repenser, là, elle devait juste limiter les dégâts.

Hélène serra son téléphone dans sa main tremblante.

Là, sous la vitre, se trouvait l'horreur en son et en image.

Elle espérait juste que, au moins cette fois, cette horreur serait suffisante.

~~~

Hey hey hey !

Petit chapitre imaginé hier, j'ai dû poser plein de questions à ChatGPT sur le code pénal pour savoir si dans cette situation une vidéo constituait une preuve (Google voulait pas me répondre TvT)

Eh bien figurez vous que, normalement, une vidéo prise comme ça, après une effraction dans un domicile et prise sans le consentement de la personne n'est pas une preuve valide, mais que dans ce cas-là, comme la sécurité d'un enfant est en jeu, ça pourrait éventuellement être accepté comme preuve, mais Hélène pourrait elle aussi avoir des problèmes-

(Oui, j'ai galéré dans mes recherches, alors je partage avec vous histoire que ce soit pas pour rien 😁)

J'espère que vous avez aimé !

Bonne journée tout le monde~

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