Les Autres
Le monde que nous connaissons a disparu. Les Autres l'ont détruit, et remplacé par un autre factice, façonné à leur image.
Un monde où tout est beau, tout est parfait, où tout n'est que indifférence et superficialité.
Et nous, les humains, avons suivi avec l'espoir de faire perdurer l'existence de notre espèce.
Malheureusement, les Autres avaient des desseins bien précis, et ils les ont fait devenir comme eux, les accommodant aux normes de ce nouveau monde faussé, en leur faisant perdre ce qui faisaient d'eux des humains.
Sous la force et la persuasion, les Autres les avaient converti. Et, les humains se sont fondu dans la masse, perdant leur humanité, oubliant qui ils étaient par le passé. Ils étaient contraints de ressembler à l'image que leur donnait la société des Autres, condamnés à suivre la Mode, les idéologies, les codes, les normes, de ces êtres superficiels tous identiques.
Heureusement, une minorité des humains a catégoriquement refusé d'être perverti par cette société étrangère et fausse, comme toi, comme moi. Nous avons été envoyé dans une zone spéciale, comme en quarantaine.
Rappelle-toi, on s'était dit : « Toi et Moi pour toujours et contre tous ! »
Mais, au final... ils nous ont séparé. Et, hélas ! tu les as suivi, tu t'ai laissé prendre par leurs alléchantes promesses dans ce tourbillon infernal et indécrochable...
Oui, tu n'as pas su résisté.
Oui, tu n'as pas réussi à te tenir loin des convoitises.
Oui, les péchés t'ont possédé.
Et... Ils t'ont transformé. Et... Ils t'ont forcé à devenir comme eux...
Et... c'est là que je t'ai perdu - et, peut-être à jamais...
Mais ne t'inquiètes pas, malgré la difficulté et les dangers, je me suis promis de te retrouver quoi qu'il en coûte. Je donnerais le tout pour le tout pour te ramener près de moi !
Rappelle-toi, on s'était dit : « Toi et Moi pour toujours et contre tous ! »
Alors, j'ai bravé tous les interdits possibles et inimaginables pour toi.
Alors, j'ai attiré tous les dangers sur moi pour toi.
Il m'a fallu énormément de courage pour abandonner les personnes que j'aime, et surtout, quitter cette zone de quarantaine, ce refuge des derniers humains libres de penser et surtout de vivre comme ils le désirent.
Alors, j'ai dû faire face aux regards des Autres, pour toi.
Alors, j'ai frôlé la tentation de devenir un(e) Autre, pour toi.
Mais j'ai réussi à ne pas oublier qui je suis réellement.
Enfin, en réalité, je n'ai pas réussi à faire semblant, à me fondre dans la masse.
Enfin, je n'arrivais pas à me mettre à l'idée de ressembler à tout le monde, sans ne pouvoir laisser nulle distinction. Cette idée m'horrifiait tant.
En effet, je n'ai pas réussi à me détacher de mon humanité, et encore moins à perdre mon identité.
Il m'était impossible de faire semblant d'être quelqu'un que je ne suis pas ! Je n'arrivais pas à jouer un rôle! Je n'arrivais pas à être autre chose que moi-même ! (De toute façon « Tous les autres sont déjà pris » aurait ajouté un autre 😉)
... Alors, face à ces êtres identiques, indifférents d'émotions, j'ai tracé ma route, malgré les jugements, les regards, les mauvaises saveurs, et traitements intolérables pour Celui ou Celle qui aurait encore un cœur.
... Alors, j'ai traversé ciel et terre, pour te retrouver dans ce vaste chaos de noir et blanc.
On m'a trompé, on m'a abusé, on a essayé de m'arrêter, mais je suis resté moi-même, malgré tout.
Et, j'ai tenu bon, jusqu'à ce fameux jour, signant la fin de mon voyage mortel...
Au sein de cette foule de personnes aux aspects identiques, au teint verdâtre, habillées en une même tenue futuriste bleutée, aux grands regards vides d'expression, aux mines silencieuses... Je t'ai reconnu dès les premiers regards.
Il m'était impossible de me tromper, nous étions liés par le plus puissant des sentiments.
Dès que j'ai vu cette étincelle dans tes yeux, il ne t'a fallu que quelques instants pour la raviver.
Alors, je t'ai résonné.
Alors, j'ai couru vers toi.
Alors que le monde des Autres tout entier à tenter de m'arrêter.
Alors, nous nous sommes enlacés et embrassés.
Tellement heureux de se retrouver.
Véritablement retrouvés...
Toi, perdant tous tes artifices auquel les Autres t'avaient conditionné, redevenant le véritable toi, retrouvant ton humanité, ton identité.
Et, nous nous sommes promis, au creux de l'oreille, dans cet élan passionnel, que plus jamais nous ne serions séparer.
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