Vingt.
Eliel était à la fois rassuré, mais aussi triste de ne pas voir Hisae, comme son grand-frère lui avait dit. Une bière à la main et assit dans le canapé, il était en train de démoraliser, attendant les amis de Loan en broyant du noir. Le pire, c'est qu'il n'appréciait même pas les amis de son meilleur pote.
— Bon Eli, explique-moi ce qu'il se passe avec mon frère, soupira Loan en s'asseyant à ses côtés.
Le grand brun bue une gorgée de sa bière, comme pour se donner contenance, ou éclaicir sa voix.
— Rien, on s'est juste... Un peu pris la tête.
Il entendit Loan soupirer bruyamment.
— Qu'est-ce que vous êtes chiants, vous deux. Vous crevez d'amour l'un pour l'autre, mais y'a toujours un problème, vous me désespérez, avoua-t-il honnêtement, sans détour cette fois.
Eliel se tut. De toute manière, qu'aurait-il pu ajouter à cela ? Loan n'avait pas tort, ils se pourrissaient constamment la vie alors qu'ils s'aimaient. Enfin, lui l'aimait, ça il en était sûr. Mais après ce qu'il avait fait...
La sonnette retentie et son meilleur-ami se leva pour aller ouvrir, mais lâcha :
— Tu vas finir par le perdre si tu continues.
Avant d'accueillir ses autres invités.
Eliel prit le chaton d'Hisae dans les bras et lui donna un baiser sur sa petite tête. Il sourit en le posant sur ses cuisses, tout gros et ronronnant. Le petit blond devait bien le nourrir, au vu de son ventre gonflé. Il passa ses doigts dans son pelage et cela eut le don de l'apaiser légèrement, malgré les mots de Loan. Il avait déjà pensé à cette option et à vrai dire, elle le terrifiait. Mais son esprit était trop embrouillé pour qu'il réfléchisse à une option, à un plan concret pour ne pas le faire fuir.
Le brun entendit déjà les voix graves des amis de Loan retentir et franchement, il n'avait absolument pas envie de se confronter à eux.
Cependant, une phrase le figea.
— Oh, le petit frère est aussi de la partie !
Loan ne lui avait quand même pas fait ça, hein ? Son ventre se serra et il espéra que le type ayant balancé cette phrase l'ait dit en pensant qu'Hisae était convié. Malheureusement, une voix lui répondit, et cette voix, il pourrait la reconnaître entre mille.
— Non, je regarde un anime, mais peut-être après, annonça Hisae.
Eliel frissonna en entendant ce timbre qu'il lui avait tant manqué, mais il décida de ne pas se retourner, il préférait prendre ses précautions pour ne pas craquer.
Il fut soulagé quand le bruit des escaliers résonnèrent, signe que le blond remontait dans sa chambre. Le petit chat descendit de ses bras pour partir, sûrement rejoindre son maître. Eliel pensa qu'il aimerait être cette petite boule de poils, pour être caressé, câliné et choyé par Hisae. Il se trouvait vraiment pathétique...
Eliel lança un regard meurtrier à Loan quand il revint dans la même pièce et celui-ci se contenta de mimer un " oops " faussement désolé.
Quelques heures plus tard, la situation n'avait pas vraiment bougé. Eliel restait en retrait du petit groupe et n'intervenait que s'il y était forcé, c'est-à-dire par une question ou un avis qui lui était personnellement destiné. Autrement dit, cette soirée lui faisait clairement chier. Il appréciait juste le fait de revoir Loan, il lui avait aussi manqué pendant cette semaine.
Et puis, Hisae décida de refaire son apparition, descendant les escaliers pour les rejoindre. Il l'ignora tout bonnement en s'asseyant dans l'un des petits canapés et prit dans ses mains une bière lui aussi, ce qui fit grincer des dents Eli.
Eliel ne put détourner le regard de son corps... Bon dieu, qu'il était magnifique ! Il portait un jean slim serrant, et le brun n'avait manqué rien de son fessier compressé à l'intérieur, une chemise bleue et noire cadrillée et restait en chaussettes. Ses cheveux étaient en bordel, mais ça le rendait incroyablement désirable.
L'étudiant remua sur son sofa, tout à coup, lui aussi se sentait compressé dans son jean...
Il désirait tant l'avoir dans ses bras, l'embrasser amoureusement. Ca le tuait cette indifférence dont il faisait preuve à son égard.
— On joue au jeu de la bouteille ? s'exclama soudainement Loan, tout sourire en regardant son meilleur ami.
Cela eut le don de le réveiller de sa trans admirative.
— Oh oh oh, y'en a un qui veut pécho ! répliqua un des mecs.
Il n'y avait que deux filles pour cinq garçons.
— Je joue pas, siffla le blond, avec son paquet de chips dans les mains.
Eliel ouvrit la bouche pour annoncer qu'il ne jouerait pas non plus, mais Loan le prit de court :
— Toi tu joues ! ordonna-t-il en lui faisant ce regard, qu'il lui faisait toujours quand il voulait lui faire comprendre quelque chose.
Mais Eliel n'avait pas l'envie de comprendre ce qu'il insinuait. Il souffla, résigné.
Loan choppa une bière vide et la posa sur la table, faisant de la place pour qu'elle puisse tourner. Les deux premiers à s'embrasser, étaient les deux filles de la soirée, choisies par le hasard. Un garçon se plaignit, tandis que les autres admiraient la scène presque en bavant. Elles se prêtèrent au jeu en riant. Eliel regarda Hisae, qui lui regardait les deux filles.
Le jeu continua ainsi et le brun était soulagé à chaque fois qu'il n'était pas nominé, laissant les autres s'embrasser furtivement ou langoureusement. Après plusieurs couples éphémères, l'un des garçons demanda pour arrêter, mais Loan persista. Jusqu'à ce que la bouteille désigne... Eliel et Loan. Il se mordit la lèvre inférieure, pas du tout prêt à embrasser son meilleur ami. En plus, la bouteille avait attéri entre lui et un autre garçon, mais Loan s'était auto-proclamé désigné, faisant rire pas mal de ses amis, qui le charriaient en lui disant qu'il mourrait d'envie d'embrasser son meilleur pote.
Loan fit un petit coup de tête vers Hisae et lui fit un clin d'oeil et cette fois, Eliel comprit. Il ne put empêcher un petit sourire et s'approcha de son ami, il posa son front contre le sien, mit ses mains sur ses joues et s'apprêtait à poser ses lèvres contre les siennes, mais son partenaire fut brutalement poussé et une voix s'exclama, haut et fort :
— Mais vous êtes sérieux là ?!
Hisae semblait furieux, et Eliel jubilait dans son fort intérieur. Il remerciera Loan plus tard. Le blond lui prit tout à coup son poignet et l'embarqua à l'étage avec lui, assez précipitamment.
Le lycéen le poussa sans douceur dans sa chambre et claqua violemment la porte. Tout les invités avaient dû entendre. Hisae se dirigea ensuite vers son lit et fit les cent pas, tandis qu'Eliel le regardait s'énerver tout seul, passant ses mains dans ses cheveux nerveusement et son regard fixé au sol.
— Je te jure Eliel, je me retiens de ne pas te frapper ! le menaça-t-il.
Il releva enfin la tête vers lui et constata qu'Eliel n'avait aucune expression sur le visage, il le regardait juste.
— Non mais qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu peux m'expliquer ! Tu me lâches pour te taper mon frère c'est ça ?! Je suis pas assez bien, trop moche et cicatrisé pour toi ?! dit-il totalement furieux.
— Je...
Il n'eut pas le temps de parler qu'il se prit un coussin en pleine tête.
— Enfoiré !
Hisae prit l'autre coussin et lui lança une nouvelle fois, vite suivi de sa couverture, de ses stylos, de ses cahiers de cours et tout ce qu'il trouvait sous la main en l'insultant de tout les noms d'oiseaux qu'il connaissait. Après quelques secondes, Eliel tenta de l'arrêter en s'approchant, plutôt difficilement, mais alors qu'il réussit à prendre ses poignets, Hisae continua dans son hystérie et lui criait dessus pour lui lâcher toute sa haine.
— J'ai abusé de toi Hisae ! finit par dire Eliel, le coeur lourd et les sourcils froncés.
Le petit blond s'arrêta net dans ses mouvements et releva la tête vers Eliel, les yeux écarquillés et rouges.
— Hein ? ne sut-il que répondre.
Eliel serra les dents et le lâcha, constatant qu'il avait réussi à attirer enfin son attention.
— Je t'ai touché, alors que tu étais saoule et que tu ne le voulais pas, annonça-t-il d'une petite voix.
Il se recula, reprenant place près de la porte de sortie, prêt à fuir si cela devenait trop insoutenable pour lui. Hisae ouvrit plusieurs fois la bouche pour parler, mais finalement, il se retourna et passa une main dans ses cheveux.
— Bon dieu, qu'il est con ! Eliel t'es vraiment un imbécile !
Il lui refit face, s'approchant de lui à une distance raisonnable.
— Quand je disais que j'ai fait des choses que je n'aurais pas forcément faites en étant parfaitement sobre, ça ne veut pas dire que je ne le voulais pas ! Ca veut juste dire que... Que l'alcool m'a aidé à être plus franc, à assumer ce que je désirais... Toi en l'occurence.
Cette fois, ce fut au plus vieux d'être choqué. Toutes ses pensées s'entrechoquèrent entre elles assez violemment.
— Alors tu... Tu en avais envie ? demanda Eliel, décontenancé.
Il vit le visage d'Hisae devenir cramoisi et hocher la tête.
— Bien sûr que j'en avais envie, imbécile. Si je n'en avais pas eu le désir, je t'aurais repoussé, tu me connais. D'ailleurs, je comprends ton SMS maintenant.
— Oh merde, soupira Eliel en posant ses mains sur son visage.
Il avait passé une semaine complète à se rejeter la faute, à se prendre pour un monstre alors que... Alors qu'Hisae avait été consentant.
Il glissa par terre, totalement décontenancé pour cette annonce. Quelques secondes passèrent, avant qu'il ne sente des mains appuyés contre ses genoux pour les aplatir au sol. Il leva les yeux pour voir Hisae s'asseoir sur ses cuisses, tout aussi rouge. Son blondinet déboutonna sa chemise mais la laissa sur lui, il prit ensuite les mains d'Eliel pour les poser sur son torse marqué. Le brun vint aussitôt caresser timidement cette peau qu'il aimait tant.
Hisae passa son visage dans son cou pour déposer quelques baisers dessus, avant de faire face à son visage et de murmurer, les lèvres à quelques milimètres des siennes :
— Il n'y a que toi qui a le droit de me toucher, Eliel.
Eliel fondit complètement et lui attrapa les lèvres pour l'embrasser comme il le désirait depuis une semaine à présent, mais laissa Hisae prendre le contrôle et ils gémirent de concert, enfin réunis...
— Je ne laisserai que toi m'aimer de cette manière, susurra-t-il tendrement. Je te le promets alors...
Hisae baissa la tête, Eliel sentait bien la tristesse au travers de sa voix.
— Ne touche personne d'autre, n'embrasse personne d'autre et n'aime personne d'autre, d'accord ?
Eliel devint guimauve devant son ton, à la fois enfantin, rempli d'espoirs et totalement sincère. Il encercla son visage de ses mains et le regarda dans les yeux.
— Je t'aime toi, Hisae, et je n'aurais jamais embrassé ton frère, on le savait que tu allais te manifester, répondit-il avec un petit sourire amusé.
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