Un.




             La capuche sur la tête, une main dans sa poche et l'autre tenant sa cigarette, il arriva enfin chez son meilleur-ami, Loan. Il inspira une dernière bouffée avant de la jeter au sol et de l'écraser. Il ne prit même pas la peine de sonner et entra dans la petite maison, mais richement décorée. Leur nouveau chaton vint directement se frotter à sa jambe en ronronnant bruyamment. Il s'abaissa et attrapa le petit félin dans ses mains pour le ramener contre lui. Il lui déposa un baiser sur la tête et le caressa avec tendresse. 

— Oh Eliel, je savais pas que tu allais venir, prononça la mère de son ami en passant par là.

— Je n'ai pas eu le temps de prévenir, désolé.

Enfin, ce n'est pas comme s'il le faisait souvent.

— Non ne t'excuses pas, le rassura-t-elle avec un sourire chaleureux. Loan est encore au foot, mais il ne devrait plus tarder.

Eliel hocha la tête. Il le savait déjà.

— Fais comme d'habitude, si tu veux boire ou manger, sers toi, finit-elle en repartant de là où elle venait.

Le grand brun continua à câliner la petite chose bruyante contre son torse en plongeant son nez dans sa fourrure de bébé. Il adorait ce chaton, il l'apaisait tellement, lui qui était très sanguin dans la vie courante.

La mère de Loan revint quelques secondes à peine après et ajouta :

— Oh, et Hisae est dans sa chambre, il a demandé après toi hier.

Eliel frémit, il redoutait ce moment. Il avait manqué à son devoir, manqué à sa parole et il allait devoir se faire justice auprès du petit-frère de son meilleur-ami. Il garda le chaton dans ses bras en se dirigeant vers sa chambre, espérant ainsi l'attendrir en lui rappelant qu'il lui avait offert ce bébé pour son anniversaire, il y a de ça deux semaines.

Arrivé devant, il reprit sa respiration et toqua. C'était le seul à qui il prévenait avant d'entrer, et quand une petite voix l'autorisa à pousser la porte, il s'exécuta avec une certaine crainte. Il avait peur que le petit lui en veuille.

Il sourit en le voyant de dos, assis sur son siège et en train de faire, semblait-il, ses devoirs. Hisae ne le calcula même pas, continuant son activité sans même faire attention à l'intrus dans sa chambre. Il partit s'asseoir sur son lit et enfin, l'autre daigna tourner paresseusement son visage pour tomber sur le sien. Cependant, il fronça les sourcils et se remit sur ses feuilles éparpillées çà et là sur le bureau, l'ignorant tout bonnement.

Eliel poussa un long soupir, dans le but de se faire entendre.

— Tu me fais la tête ? demanda-t-il en s'allongeant sur le dos, lâchant le chaton, qui partit aussitôt rejoindre les cuisses de son maître, et croisa ses bras derrière sa tête.

Aucune réponse, deuxième soupir.

— Allez, crevette, boude pas, je t'ai déjà dit que j'avais une chose urgente qui m'a retenu, s'expliqua-t-il pour la deuxième fois.

— Comme quoi ? Te préparer pour aller en soirée ? Sérieux, Eliel, tu m'avais donné ta parole, tu m'avais clairement dit que tu allais m'accompagner au vétérinaire mais tu ne l'as pas fait, t'es vraiment un égoïste ! répliqua amèrement le plus petit des deux.

— Ma mère a eu des contractions, j'ai du l'emmener à l'hôpital, finit par avouer Eliel.

Hisae tourna sa tête et eut une mine septique, levant adorablement un sourcil.

— Vraiment ?

Eliel hocha la tête en fixant son regard noir dans celui émeraude de son vis-à-vis.

— Merde, elle va bien ? Et le bébé ? s'inquiéta-t-il en se rendant compte de la sincérité du plus vieux.

— Ouais fausse alerte, le médecin lui a juste dit de se détendre mais ils ont préféré la garder encore une nuit.

Le siège d'Hisae se tourna vers lui, il mordilla le bout de son crayon en le regardant. Ils étaient silencieux tous les deux, observant l'autre sans parler.

— J'suis désolé, je ne savais pas, s'excusa-t-il en baissant la tête, honteux de lui avoir reproché une chose futile et l'avoir traité d'égoïste.

— Comme tu l'as dit, tu ne savais pas. Maintenant, viens me faire un câlin.

Le blond grimaça en entendant sa demande et se replongea dans ses cours.

— Tu ne le mérites pas.

— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai encore fait ? demanda-t-il las, en appuyant bien sur le « encore ».

— Loan m'a dit que tu recommençais à fumer, lança-t-il en écrivant sur une de ses feuilles. Et t'es en train d'empester ma chambre, alors bouge de là et reviens quand tu sentiras bon.

Eliel rit doucement à sa réplique. Loan allait lui payer pour l'avoir balancé aussi lâchement ! Même s'il savait que la petite crevette avait probablement forcé la donne en le harcelant. Il se mit sur le côté et chopa un coussin, il le serra dans ses bras et prit des grandes inspirations du tissu. Il ferma les yeux en sentant l'odeur qu'il adorait tant. Il s'enivra de son oreiller pendant quelques minutes tandis qu'il entendait le stylo griffonner sur du papier et le chaton ronronner contre son maître. Il était bien, dans son lit.

Avec les problèmes de santé de sa mère, il avait reprit la cigarette, comme si ça allait l'apaiser. Il savait que c'était psychologique, mais il en avait besoin. Chaque jour, il se réveillait en sueur, faisant des cauchemars sur la grossesse de sa mère. Elle avait déjà perdue un enfant, quand il était plus jeune, ce qui les rendait tous à cran dans la famille. Il avait hâte que son petit-frère naisse enfin et en bonne santé pour pouvoir se détendre et se laisser-aller. Il réessayerait d'arrêter de fumer plus tard. Néanmoins, il n'osa pas le dire à Hisae, il ne voulait pas lui ajouter d'autre problème. Déjà, le fait que Loan lui ait balancé qu'il avait reprit le mettait en colère car il savait que le plus petit allait encore s'inquiéter inutilement, même s'il n'en paraissait pas. Bon, c'était pas comme s'il puait la cigarette non plus...

— Demain je vais chercher des bodys pour lui, ça te dit de venir ? proposa Eliel, toujours le nez enfoncé dans le coussin aux senteurs envoûtantes.

— Mh, je sais pas, j'ai plein de trucs à faire... répondit-il vaguement.

— Pas grave, j'irai avec Isys.

Il abandonna à contre cœur l'oreiller et se releva, regardant l'heure sur le cadran de son réveil. Loan devait sûrement être sur la route pour chez lui. Il s'approcha d'Hisae, prit sa mâchoire entre ses doigts et lui claqua un baiser sonore sur la joue. Constatant qu'il se laissait faire, pour une fois, il continua ses baisers quand la porte s'ouvrit à la volée sur Loan.

— Eliel, lâche mon frère et ramène ton cul, je dois te montrer un truc, l'appela-t-il avec un grand sourire heureux qui lui mangeait tout le visage.

— J'arrive, dit-il à son meilleur-ami. Si t'as besoin d'aide, appelle-moi, je reste ici jusqu'à vingt heures, prévint-t-il Hisae en voyant son exercice de mathématiques.

Il lui donna un dernier baiser sur la tempe avant de disparaître en bas, provoquant un soupir au petit blond.

          Finalement, son meilleur-ami voulait simplement lui montrer son score sur un jeu et Hisae ne descendit pas une fois de la soirée, même pas à vingt heures pour lui dire au revoir. Est-ce qu'il le boudait pour ses clopes ou l'avait-il encore au travers de la gorge pour le vétérinaire malgré l'urgence de sa mère ? Il haussa nonchalamment les épaules et partit rechercher sa génitrice à l'hôpital. Il s'occupa d'elle durant tout le reste de la soirée, lui préparant à manger et réalisant ses moindres désirs, jusqu'au retour de son père qui prit sa place.

         Dans sa chambre, il ouvrit sa fenêtre en grand, omettant l'air glacial de l'hivers. Il sortit son paquet de clopes et en entama une en s'allongeant dans son lit.

Son petit frère monopolisait ses pensées, il sourit en se l'imaginant, tout boudiné et gazouillant. Il avait tellement hâte de le voir, de le remplir de bisous et de câlins, de jouer avec lui et encore plein d'autres choses. Eliel était une personne très affective et ayant besoin d'un taux de tendresse très élevé, même si ça ne se voyait absolument pas derrière son apparence froide et nonchalante.

Cela l'amena à penser à Hisae. Est-ce que son petit-frère sera comme celui de son meilleur-ami ? Une chose était sûre, il protégerait son frangin autant qu'Hisae, il sortirait les griffes à la moindre menace.


Hisae...

Il écrasa sa cigarette dans le cendrier et passa ses mains sur son visage en soufflant.

Peut-être qu'avoir un petit-frère diminuerait son addiction pour le frangin de son pote ?

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