Quinze.
Le brun tapait du pieds sous la table. Hisae était si proche, c'était horrible de devoir se retenir. Tout ça à cause de son foutu père. Il put s'empêcher de lui lancer un regard noir, mais au moment où il détourna la tête pour le regarder, Eliel reçut un coup dans son tibia et tomba dans les yeux réprobateurs de son meilleur ami.
Il savait qu'il ne devait pas s'énerver, mais de savoir la personne qui les privait ainsi le mettait hors de lui. Cela s'intensifia en voyant ses parents rirent avec cet homme.
Quand Hisae revint, il se félicita mentalement de ne pas avoir cédé. Il le suivit du regard sans discrétion et il eut le droit à un nouveau coup dans les jambes de la part de Loan. Il leva les yeux au ciel et continua de manger docilement en écoutant d'une oreille ce que les grands se racontaient. Seuls lui et le blond demeuraient muet, jusqu'à ce que sa chère et tendre mère ne vienne questionner sa crevette.
— Et toi Hisae, ça va les cours ? Tu es en terminal si je ne me trompe pas ?
— Je suis bien en terminal, oui, donc l'année du bac et avant que vous ne décidiez, sur un pure coup de tête, de nous priver de nous voir moi et Eliel, tout allait bien et je comprenais rapidement. Mais maintenant j'ai beaucoup de mal, surtout que Loan est une brèle pour apprendre, lâcha-t-il en haussant les épaules, désinvolte.
Tout le monde autour de la table en eut les yeux arrondis de surprise. Personne ne s'attendait à ça et Eliel ressentit une fierté immense. Même son meilleur ami en resta bouche-bée, alors qu'il venait de se faire « insulter » de brèle. Le brun se tourna vers le père de son blond et eut une grande satisfaction à le voir gêner. Il avait encore plus envie d'embrasser Hisae.
C'est là qu'il devait reconnaître son génie, le plus vieux réfléchissait rarement avant d'agir et foutait toujours, par conséquent, le bordel autour de lui, tandis que le plus jeune était mesuré et savait parfaitement se contenir pour envoyer un coup bien placé au bon moment, bon timing.
— C'est vrai que mon fils pourrait être prof, ajouta joyeusement sa mère, entraînant le rire gêné de celle des deux garçons.
Le brun eut un demi sourire, il avait envie de lui faire du pieds, mais il savait que ça allait plus énervé Hisae que lui faire plaisir.
Durant tout le repas, Eliel dévorait du regard le petit blond, qui lui le fuyait. Il n'en pouvait plus et comptait chaque minutes qui passaient, il élaborait même des plans pour qu'ils se rencontrent « malencontreusement » et qu'ils s'embrassent passionnément « sans le faire exprès ». Puis, à la fin du repas, il eut enfin la solution. Tout content, il sortit son téléphone et lui envoya un message.
Eliel : Tu répondras « moi aussi ».
Il vit Hisae relever la tête et froncer les sourcils en le regardant, l'air interrogateur.
— Je vais ramener le dessert, annonça sa mère en se relevant.
— Je vais t'aider, se proposa Eliel.
Il tourna la tête vers le blond et lui fit un regard suggestif.
— Moi aussi, répéta-t-il enfin.
Ils prirent les quelques assiettes sur la table, cependant, la mère du blond se leva elle-aussi pour aider, à son plus grand dam.
— Ne vous dérangez pas, tenta Eliel.
— Ça ne me dérange absolument pas, répondit-elle avec un sourire aimable.
Le brun fit la moue, blasé. Ils allèrent tous dans la cuisine pour ranger, Hisae était si proche de lui, il le frôlait même, mais il devait encore se contenir. Il avait envie de maudire sa mère pour être si poli. Il haïssait la politesse.
Puis, un sourire maléfique se dessina sur ses lèvres. Il prit une assiette avec des restes de lasagnes et bouscula volontairement Hisae, versant tout le plat sur sa belle chemise. Celui-ci écarquilla les yeux et lui jeta un regard noir.
— Bah mince alors, on dirait bien que j'ai taché ta chemise ! s'exclama-t-il faussement, se retenant de faire une danse de la joie.
Le blond semblait avoir compris son manège car ses yeux roulèrent.
— Va lui prêter une de tes chemises en attendant, il ne peut pas rester comme ça, je lui laverai.
Eliel offrit un grand sourire à sa mère, il l'aimait tellement ! Celle-ci lui rendit et lui montra la chambre du menton. Il mit sa main dans le bas du dos de sa future victime et la poussa vers les escaliers, excité comme jamais.
— Faites vite, on va manger le dessert.
— Oui oui, s'empressa Eliel.
Sur les marches, il ne put résister une seconde de plus et se colla à son dos, entourant sa taille de ses bras et plongeant son nez dans son cou, se gavant de son odeur. D'ailleurs, ses coussins ne sentaient déjà plus, pour son plus grand malheur.
— Eliel j'arrive plus à avancer, râla le plus jeune.
Il le souleva donc légèrement et le porta difficilement jusqu'en haut des marches, puis le reposa à terre. Hisae lui prit la main et l'embarqua dans sa chambre. Une fois dans celle-ci, le blond lâcha et s'enfuit derrière le lit avant de lui faire face, le bras tendu devant de lui.
— M'approche pas, ordonna-t-il très sérieusement.
Eliel fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il était en train de faire. Il n'obéit cependant pas et avança avant de se faire couper :
— Tu fais un pas et je crie, menaça-t-il.
Cette fois, il s'arrêta net. A quoi jouait Hisae ? Il sentit aussitôt son excitation redescendre en flèche et l'incompréhension déformer ses traits. Devant l'immobilité d'Eliel, le blond mit ses mains sur ses hanches et eut un petit air supérieur dans le regard, mais si furtif que le brun se demandait s'il l'avait bien vu.
— Premièrement : enfoiré tu m'as tué une chemise ! Bon, je l'aimais pas, mais c'était celle que ma mère m'avait payé pour les grandes occas' et c'est de la marque, tu l'as foutu en l'air là, ronchonna-t-il en la montrant du doigt.
— Je t'en repayerai une, si y'a que ça...
Le brun fit un pas vers lui, pensant qu'il en avait fini et qu'il souhaitait juste le réprimander sur son vêtement de « marque », mais Hisae remit sa main devant lui pour l'arrêter.
— Hophophop, j'ai pas terminé donc tu vas attendre. Deuxièmement, admires comment j'ai fait comprendre à mon père que tu étais indispensable à mes études.
Cette fois, Eliel put aisément voir une lueur de fierté dans ses yeux et cela pourrait presque le faire sourire, si seulement il pouvait assouvir sa soif de lui.
— C'est bien crevette, je suis fier de toi, lança Eliel du tac au tac. C'est bon maintenant ?
Il s'en foutait pas mal qu'il ait réussi à contredire son père ou qu'il avait sali sa chemise qui coûte cher ! Lui voulait juste l'embrasser jusqu'à plus d'air, jusqu'à ce qu'ils suffoquent, qu'ils aient le tournis !
— Troisièmement, quand on redescendra et avant que vous ne partiez, mon père, rongé par les remords et inquiet pour mon bac, va te demander de revenir hum... Je dirais une fois par semaine pour m'aider, donc tu ne t'excites pas et tu fais comme si ça ne te touchait pas, pigé ? continua-t-il avec une certaine autorité.
Le plus vieux s'impatienta et se mordit l'intérieure des joues, il était à deux doigts de craquer et de lui sauter dessus, le bâillonnant jusqu'à ce qu'il cède à ses avances.
— Oui oui.
— Quatrièmement... commença Hisae.
— Parce qu'il y a un quatrièmement ?! s'exclama Eliel, la bouche ouverte.
— Tais-toi et écoute moi. Donc quatrièmement...
Eliel soupira, mais fut tout de suite plus concentré quand le blond laissa sa phrase en suspens et glissa ses doigts sur le haut de sa chemise, déboutonnant le premier bouton. Il se stoppa là et releva le regard sur le brun.
— Je continue ? le provoqua-t-il d'une voix innocente.
Le brun hocha vivement la tête, hypnotisé par le bout de peau qu'il venait de découvrir. Il déglutit quand le blond reprit son activité, enlevant chaque boutons jusqu'au dernier. Il eut du mal à avaler sa salive quand son torse fut à découvert, il crevait d'envie de la lui retirer entièrement et de caresser et lécher cette peau si attirante.
— Je...
Quand Eliel releva les yeux sur son visage, il fut surpris d'y voir ses joues cramoisies et son air beaucoup moins sûr et confiant d'il a quelques minutes. Comment pouvait-on passer du mec autoritaire au mec intimidé ?
— Tu ? l'encouragea le plus vieux.
— Est-ce que... Je te plais ?
Le brun fronça les sourcils. C'était assez évident non ? Après ce qu'ils ont fait il y a une semaine de ça et après les messages plus qu'équivoques. Il leva son pieds pour rompre enfin la distance, mais le reposa en voyant l'expression paniquée de son petit blondinet.
— Eliel ne t'approches pas ! se précipita-t-il.
Il reprit sa respiration, seul le lit les séparait.
— Hisae, comment tu peux me poser cette question ? T'es... Magnifique, avoua-t-il en lui offrant un sourire sincère.
Le lycéen retira entièrement sa chemise, la faisant tomber au sol, mais toujours sans le regarder.
— File moi une de tes chemises.
Eliel était perdu, il ne savait plus comment réagir. Est-ce qu'il devait lui donner bien sagement ou ignorer sa demande et l'embrasser pour lui montrer à quel point il lui plaisait ? Ce dilemme grilla quelques neurones dans son cerveau et il se retrouvait immobile devant le petit, partagé entre deux souhaits. Finalement, il décida de respecter son choix et se retourna pour aller chercher un vieux t-shirt trop petit pour lui. Il chercha un moment sans trouver et lui donna un récemment acheté, un simple blanc avec une marque peu connue écrit en rouge sur le devant. Quand il se tourna vers Hisae, il l'aperçut sur son lit, assis sur ses genoux, il l'observait et ses rougeurs avaient considérablement réduit. Il bugua un instant devant, la vision qu'il lui offrait était... Si belle. Le blond paraissait détendu et calme. Il ne comprenait définitivement plus rien...
Il lui tendit son t-shirt en s'approchant, mais le regarda l'enfiler sans rien faire. Il eut un sourire en voyant son corps disparu sous son t-shirt. Il devait y avoir deux tailles entre eux.
— Embrasse-moi Eliel.
Le brun ne s'y attendait pas et écarquilla les yeux, avant de se ressaisir et qu'un profond soulagement le prit. Il s'avança doucement et eut des sensations étranges dans le ventre quand il s'abaissa, posant sa main sur sa joue. Il s'arrêta quelques secondes pour admirer la beauté et la finesse de son visage, ses yeux mis-clos, ses lèvres charnues, à demi ouvertes et offertes. Sa peau fut prise d'un tremblement avant que des frissons n'apparaissent sur celle-ci.
Il embrassa son front tendrement, puis passa sur son nez en souriant. Il était dingue de lui, il comprenait que jamais il ne pourrait se passer de ce petit blond et maintenant qu'il connaissait la vraie nature de ses sentiments, son esprit se remplit de bonheur comme un ballon qu'on gonfle. Et le meilleur pour la fin, il descendit ses lèvres pour les poser sur les siennes, après une semaine intense et terriblement frustrante...
Quand la porte s'ouvrit à la volée et qu'il fut repousser loin d'Hisae.
— Bon vous foutez quoi ? Ils commencent à se poser des questions !
Meilleur ami ou pas, Eliel se promit de tuer Loan.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top