Cinq.

S'il vous plait, lisez avant de commencer : c'est un chapitre particulièrement... Particulier x) J'en ai eu la boule au ventre en l'écrivant, donc vraiment, les âmes sensibles, abstenez vous de lire. Si vous ne vous sentez pas de lire, demandez moi en privé et je vous résumerai le chapitre pour que vous puissiez reprendre la lecture au prochain chap. Dans cette partie, le registre dramatique ressort énormément et je ne voudrai pas "choquer" des personnes. La mention "adulte" par ce chapitre n'est vraiment pas là pour faire beau, elle est amplement justifiée, donc toi, petit être ne possédant pas encore la majorité et qui est actuellement en train de frauder tel un thug, prends en compte mes conseils :3 

Alors je sais très bien que certaines personnes vont trouver le chapitre pas si sorcier que ça, mais je sais que d'autres vont être plus touché, et c'est la raison pour laquelle je préfère quand même prévenir. 

Dernière chose et après je vous laisse lire tranquille : pour comprendre la réaction d'Eliel à la fin, il faut savoir que c'est une personne très sensible et qu'il aime énormément Hisae, mais tout est dit dans le résumé. ;)

Sinon, bonne lecture x)





Sa nuit fut de très courte durée, à peine avait-il fermé les yeux que des images affreuses lui venaient en tête. Toutes concernaient le petit blond qu'il avait un peu trop serré et qui l'avait réveillé en ronchonnant de mécontentement, étouffé par des bras puissants. Après ça, plus moyen de se recoucher pendant plusieurs heures. Il occupa son temps en caressant doucement le ventre du blond, sentant la douceur et en même temps, les stigmates de son passé. C'était un incroyable contraste, qui le plongeait dans une sorte de fascination et de colère immense.

La deuxième fois qu'il réussit à s'endormir, il se réveilla dans un sursaut, trempé de sueurs froides et nocturnes. Quand il se rendit compte qu'il était seul dans le lit, il paniqua et sortit de la chambre à vitesse grand V, dévalant les marches pour rejoindre la cuisine, où Loan et sa mère étaient attablés sur le bar en train de manger tandis que Hisae préparait du café. Ils se tournèrent tous vers lui en entendant le boucan qu'il avait fait. Personne ne prononça un mot et pour la première fois depuis qu'il connaissait Loan, une gêne s'était installée entre eux. Cependant, il se sentait rassuré en voyant le blond, même s'il avait d'énormes cernes sous les yeux, ce qui lui annonçait ne pas avoir été le seul à dormir très peu cette nuit.

— Tiens je t'ai fait du café, t'en auras besoin pour aujourd'hui, lui dit Hisae en tendant une tasse brûlante vers lui. Et moi aussi d'ailleurs, ajouta-t-il.

— Pourquoi ? demanda la mère, curieuse.

— Parce que j'ai dormi avec monsieur pot-de-colle, soit je me réveillais étouffé par ses bras, soit j'avais ses mains qui caressaient mon ventre, lança naturellement le plus jeune. 

Les trois autres faillirent s'étrangler avec leur boisson ou leur nourriture dans la bouche. Eliel remarqua le teint rouge pivoine de leur mère. Cet enfant était vraiment trop franc !

— Euh ouais, j'ai... J'ai fait des rêves chelou, se justifia-t-il auprès de sa famille.

Heureusement que son père n'était pas là pour entendre ça, sinon il l'aurait jeté dehors un coup de pieds au cul ! Hisae but une gorgée en grimaçant, il le fixa pendant quelques secondes puis reprit la parole.

— A cause de... Hier ? demanda-t-il avec une inquiétude certaine dans la voix.

— Non, non c'est à cause du bébé, j'ai... J'ai encore quelques peurs mais ça finira par partir, mentit-il en passant nerveusement une main sur son visage.

Hisae n'ajouta rien. Eliel ne voulait pas l'inquiéter pour rien, il ne souhaitait pas lui apprendre que depuis hier, il se rendait malade à cause de sa découverte, qu'il n'arrivait plus à fermer l'œil sans le voir en train de se faire... Battre par ses êtres abjectes. Il imaginait chaque cicatrice, chaque coup qu'il s'était pris. Il se haïssait d'avoir ce genre de visions, mais il ne pouvait empêcher son esprit de se torturer de la sorte.

La mère se leva et partit de la pièce, Eliel prit donc sa place, à côté de son meilleur ami. Il regardait Hisae remuer la poêle sur les plaques chauffantes avec concentration.

— J'suis désolé, pour hier. J'aurais pas dû réagir comme ça et attendre des explications. J'ai... J'ai vu rouge et j'ai cru que c'était vous, qui lui avez fait ça... se confia finalement le grand brun.

— Je l'ai déjà dit mec, je t'en veux pas.

Loan se tourna vers lui, captant son regard et ajouta, d'une voix plus sombre :

— En revanche, si tu oses en parler à qui que ce soit, je serais beaucoup moins compréhensif, pigé ?

Eliel hocha la tête, il comprenait Loan, il protégeait son petit frère et ferait tout pour lui. Lui aussi aurait peur si ça avait été Eloen à sa place, peur qu'il gaffe et que ses géniteurs reviennent. Il ne se sentit pas bien en y repensant, comment Hisae pouvait-il vivre avec ça ? Il comprenait maintenant pourquoi ses crises d'angoisses, pourquoi il n'était jamais venu à la piscine ou la plage avec eux et pourquoi, maintenant qu'il y pensait, il n'avait jamais vu de photos du blond étant bébé. Toutes ses informations s'accumulaient dans son cerveau et il se demandait comment il n'avait pas pu, ne serait-ce que soupçonner, une possible adoption.

— Tiens, annonça Hisae en versant des œufs brouillés avec du bacon dans son assiette, le coupant dans sa réflexion. 

— J'avais zappé que vous mangez anglais au petit-déj, répondit-il en grimaçant.

Il repoussa son assiette comme un enfant capricieux. 

— Mange, le somma le lycéen.

— Non j'ai pas faim.

— Tu veux que je te fasse autre chose ? Je sais faire des pancakes aussi, ou tu préfères des crêpes ? poursuivit-il, ignorant sa protestation.

— Hisae j'ai pas faim je t'ai dit.

— Tu dois manger, sinon tu vas tomber dans les pommes en ayant rien dans le ventre en plus de manquer de sommeil, répliqua le blond en posant ses mains sur ses hanches, l'air réprobateur.

Cela eut le don de faire sourire Eliel, un maigre et faible sourire bancal. 

— Tu vois, même quand tu souris tu fais flipper, lança-t-il.

Loan eut un rire moqueur, lui volant son assiette pour manger son contenu avec une faim d'ogre. Le brun lui donna une claque derrière le crâne, le faisant protester.

— T'as des devoirs pour demain ? demanda Eliel.

— Exercices et leçon d'anglais.

— Cool, j'avais envie de faire de l'anglais, s'exclama le plus vieux.

— On est le matin, fit remarque Hisae, pas enthousiaste du tout à l'idée d'entamer ses devoirs.

— Ça tombe bien, j'avais pensé à faire une journée Netflix, donc plus tôt fini, plus tôt on se matera une bonne série.

Le petit blond soupira mais finit par acquiescer, préférant tout de même faire ses devoirs en compagnie du meilleur ami de son grand frère, puis une journée série lui donnait tellement envie. Ils rangèrent ce qu'ils avaient pris et une fois terminée, Eliel s'approcha d'Hisae.

— J'ai toujours pas eu mon câlin, se plaignit le brun en lui tendant les bras, l'invitant implicitement à s'y loger.

Pour une fois, le blond se cala contre lui sans rien dire... Enfin, presque.

— Tu pues la transpiration, lâcha-t-il.

— Je pue toujours avec toi, souffla Eliel, s'en fichant et humant ses cheveux, resserrant leur étreinte.

— Non tu sens bon... Quand tu te laves.

Le brun le sentit sourire contre sa clavicule nue et il retint un rire. Sale gosse !

Tandis que Hisae prépara son bureau, il obligea Eliel à reprendre une douche en le menaçant de ne pas l'approcher s'il ne le faisait pas. Il lui ramena encore d'autre affaires de Loan, qui faisait, par chance, la même taille que lui. Quand il sortit de la salle de bain, il marcha comme un pingouin, trop serré dans le jean collant de son meilleur ami.

— Qu'est-ce qu'il y a ? questionna-t-il à Hisae, qui se mordait la lèvre inférieure en le voyant débarquer dans sa chambre.

— Ça change, on a pas l'habitude de te voir dans un slim.

— C'est horrible ce truc, il y a que ton frère pour porter des jeans de gonzesses qui font offices de seconde peau, râla-t-il.

— Ça te va bien, annonça le blond en détournant rapidement le regard.

Il était septique sur le fait que ça lui aille. En tout cas, il n'en porterait jamais ! C'était hyper gênant, il se sentait compressé de partout, même de . Il crut que le tissu allait craquer en s'essayant aux côtés d'Hisae.

Ils passèrent donc la matinée à faire ses devoirs, des exercices d'anglais sur la grammaire, ce que préférait Eliel, une leçon bien barbante et ils en ont profité pour revoir sa dernière leçon en mathématiques, dont il avait du mal à assimiler. Ensuite, ils regardèrent une série dans le salon avec Loan et sa mère, tout les quatre confortablement installés et ayant fermé les volets au préalable. Cependant, il ne sut se concentrer, il pensait une nouvelle fois à Hisae et à son enfance, il n'arrivait pas à se l'enlever de la tête. C'était comme des parasites invisibles qui vous envahissez, mais sans jamais pouvoir les évincer. Son cœur s'emballa en visualisant le blond, seul, allongé par terre et en sang, sur le point de rendre son dernier souffle... Il aurait aimé le prendre contre lui, mais Loan et sa mère étaient entre eux, alors il refrénait difficilement ses pulsions.

Et ce fut la même chose quand il rentra chez lui, dans son lit et tentant de retrouver le sommeil sans grand succès. Il passa sa nuit entre sueurs froides et pleurs de son petit frère, qui réveillait la maison tout les deux heures minimum. Il avait tellement mal au ventre, comme s'il avait la gastro multiplié par trois. Il essayait de se changer les esprits en allant sur les réseaux sociaux, mais finissaient toujours par atterrir sur ceux du blond. Ils lisaient ses derniers publications et regardaient obsessionnellement ses photos. Il avait envie qu'il supprime tout, et si ces connards le retrouvaient grâce à ça ? Il devenait parano.

Le lendemain, et toujours dans le même état d'esprit, il se rendit en cours, comateux et manquant cruellement de sommeil. Tous ses amis le charriaient sur sa tête de déterré en lui disant que c'était ça, la vie avec un bébé pour frère. Si seulement ce n'était que ça... Il tentait d'être le plus normal possible, mais au alentour de midi, tout bascula quand sa prof parla d'une biographie d'un auteur qu'ils étudiaient, il s'était fait battre et violé durant son enfance... Et alors qu'il était toujours en cours, il sortit précipitamment de sa salle pour rejoindre les toilettes, il poussa rapidement la porte d'une cabine et vomit le peu qu'il avait réussi à ingurgiter. Des visions de viol s'ajoutèrent à ceux de torture et cette fois, il ne put retenir ses larmes. Il était d'ordinaire quelqu'un qui pleurait très rarement, il laissait plutôt la violence l'envahir quand il était triste, mais là, sur qui pouvait-il se défouler ? Les deux monstres qu'il rêvait d'éclater, d'étrangler, de torturer lentement, de tuer de sang froid étaient introuvables et vivaient peut-être heureux à l'heure actuelle ! Il donna furieusement un coup de poing dans le mur et eut un gémissement de douleur, mais il recommença plusieurs fois, jusqu'à ce qu'une voix familière ne l'interrompt.

— Eliel ? Eliel t'es là ? Qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta Isys.

Il renifla bruyamment et regarda sa main en sang, le bandage imprégné de rouge et des gouttes coulaient au sol abondamment. Les images ne s'arrêtaient plus de défiler en lui et il avait une terrible envie de se frapper la tête jusqu'à ce que ça parte. Il n'en pouvait plus ! Pitié faites que ça s'en aille ! Il se rappelait des traces de brûlures, qu'avaient-ils pu lui faire ? Pourquoi avaient-ils fait ça ? Étaient-ils seuls à lui infliger ça ? Est-ce que l'un des deux avait tenté d'empêcher l'autre ? Tant de questions cruelles... Si peu de réponses. 

Il entendit Isys frapper contre la cabine, elle était entrée dans les toilettes des hommes en l'appelant, la panique se ressentait clairement dans sa voix.

— Eliel s'il te plait sors, tu me fais peur !

De sa main gauche, il enleva maladroitement le cliché et Isys écarquilla les yeux en l'examinant.

— Oh mon dieu... Je t'emmène à l'hôpital ! s'exclama-t-elle en le voyant livide, du sang sur le mur, par terre et surtout, sa main qui en était littéralement recouverte.

Elle passa derrière lui et appuya sur la chasse d'eau avant de lui saisir le poignet pour l'embarquer avec elle. Cependant, il retira sa main et prit le chemin inverse, tel un zombie déambulant sans but précis.

— Eliel bon sang qu'est-ce que tu fais ?! Tu vas me dire ce qu'il te prend ! J'ai l'impression que...S'il te plait laisse moi t'emmener à l'hôpital ! Il est arrivé quelque chose à ton petit frère, c'est ça ? demanda-t-elle craintivement.

— Je... Je dois aller chez... Loan, prononça-t-il difficilement.

— Quoi ? Hors de question que tu conduises dans cet état ! gronda-t-elle.

Mais Eliel ne l'écouta pas et tenta tant bien que mal de rejoindre le parking, sortant ses clés de sa main non-blessée, toujours suivit de son amie qui l'intimait de ne pas conduire, surtout avec une main en moins. Il ne remarqua même pas tout les étudiants qui les regardaient, intrigués par le spectacle étrange qu'ils offraient. Alors qu'il allait s'installer sur le siège conducteur, elle lui vola les clés de ses doigts et aussitôt, le brun lui lança un regard meurtrier.

— Ok on va aller chez Loan, mais c'est moi qui conduit et c'est non négociable !

Le brun ne réfléchit pas longtemps et céda sa place, se mettant du côté passager rapidement. La voiture enfin démarrée, Eliel se plia en deux, sentant des remontés dans sa gorge, prêt à vomir de nouveau. Il était en train de se vider, autant mentalement que physiquement. Son corps lâchait tout comme son esprit. Il avait l'impression de devenir fou, il devait connaître la vérité ! Pour sa santé mentale, il devait savoir ce qu'il était arrivé à Hisae, qu'est-ce qu'ils lui avaient fait... S'ils avaient.... S'ils avaient abusé de lui...

Il frappa de nouveau le tableau de bord sous les cris apeurés et suppliant d'Isys, totalement effrayée et dans l'incompréhension la plus totale devant le visage fermé de son ami. Elle ne l'avait jamais vu comme ça, ce qui ajoutait cette peur incommensurable en elle.

Quand ils arrivèrent enfin à destination, Eliel lança difficilement, sa gorge le faisait souffrir :

— Tu... Tu restes ici.

Il n'attendit pas de réponse et descendit du véhicule, manquant de tomber et se retenant contre la portière. La petite distance qui le séparait de la porte d'entrée n'avait jamais été aussi longue qu'aujourd'hui et une fois devant, il frappa de sa main en bon état sans s'arrêter, jusqu'à temps qu'on lui ouvre.

Ce fut sa mère qui répondit, et celle-ci poussa un petit cri en le voyant.

— Hisae... Est là ?

— Non, non il est à l'école... Mon dieu Eliel, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Entres !

Quand il tomba dans ses yeux paniqués, il fit deux pas à l'intérieur et s'écroula au sol, ses jambes lâchant prises et il mit à pleurer tout ce qu'il avait retenu depuis plusieurs heures, laissant couler son angoisse profonde, les mains tremblantes.

— Je... Je vous en supplie, dites moi... Dites moi ce qu'il lui est arrivé, s'il vous plait, par pitié... J'ai besoin de savoir. 

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