Aveugles
A Emeline
Avec une infinie tendresse,
Je tourne ces quelques pages,
Ces quelques images de nos souvenirs ensemble.
Ont-ils un jour effleuré ta joue, les chauds rayons
De ce soleil de juillet où nous nous sommes baignées ?
Les as-tu jamais entendus, au soir, résonnant au loin,
Ces éclats
De rire
Échappés de nos cœurs enfantins ?
Les mots me fuient
Que dire, que penser
Face à ton regard si lourd d'indifférence
Aujourd'hui.
Et que faire pour combler le vide et le silence
Qui ont remplacé
Les moments de joie qui nous étaient à venir ?
Le futur nous a oubliées.
J'ai peur, chère petite sœur,
Que le temps, que les heures ailées
Portées par le vent
Soufflent et effacent ces merveilleux instants.
Le peu qu'il me reste.
Je t'ai tendrement aimée,
L'as-tu jamais remarqué ?
Puisses-tu un jour, sombre beauté endormie,
Te libérer
De cette prison vermeille
Ses barreaux sont d'amour, ses chaines souriantes
Mais les condamnés malheureux,
Éblouis,
Y sont aveugles.
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