Disparition de collants

Ils utilisaient du feux dans le temps. Et maintenant, nous avons l'électricité. Ils utilisaient des lances, et tout types d'outils en bois et en pierre dans le temps. Et maintenant, nous avons ces
innombrables armes à feux. Tellement plus rapide et efficace. Mais pourtant peu importe l'époque, nous avons la violence.

Pendant que je me perdais dans des réflexions sur la préhistoire, mes collègues attendaient avec impatience des nouvelles du labo. Bien sûr, j'en rêvais aussi depuis des mois, mais l'attente avait était tellement insoutenable qu'il m'avait fallu quelque chose pour tenir. Et je m'étais découvert une passion pour les hommes préhistoriques. Ou plutôt pour la violence déjà plus que présente à cette époque là. J'ai du lire en l'espace de quelques mois des centaines d'articles sur des découvertes de squelettes complets mais avec de nombreuses fractures. Plus les corps étaient abîmés, plus cela m'intéressaient. Sûrement mon esprit de flic qui prenait toujours le dessus.

Je me rappelais d'un cas, dans la région du Bas-Rhin, sans me rappeler avec précision où, datant du Néolithique, où une dizaine de squelettes masculins avait été découverts avec des nombreuses fractures sur tout le corps. Ces fractures auraient été causées ante mais aussi et surtout post mortem. Ce qui témoigne d'une violence incroyable. Je me rappelais de certaines images, notamment un acharnement sur certains crânes qui m'ont étonnement fait penser à notre affaire. Je me suis demandé à de nombreuses reprises comment en des millions d'années d'existence et d'évolution nous avons pu si peu évoluer.

Rien que d'y penser, toute la haine pour ce meurtrier remontait. Pourquoi tuer une personne innocente ? Bien sûr le passage à tabac dans ce genre de situation était inévitable, mais ce dernier avait été particulièrement violent, et ensuite cette disparition de ces collants, notre seule et unique piste, un fétichisme des collants selon le psy. Et particulièrement fort puisque le meurtrier avait pris les collants, ce qui apparemment n'était pas courant. Un des traits de caractère de notre meurtrier, si on combinait cela avec une organisation à la minute près et une violence hors norme, nous avons notre profil. Un profil bien léger pour retrouver un meurtrier. Je fulminais intérieurement alors que notre boss entrait dans notre bureau. L'équipe se redressa, comme un seul homme. Nous espérions tous avoir enfin un élément qui fasse avancer l'enquête. À de nombreuses reprises nous avions été retenus par le juge qui nous avait empêché de perquisitionner les maisons des principaux suspects faute de preuves.

Le visage radieux de notre boss nous donna immédiatement le sourire :
-J'ai une bonne nouvelle ! Nous avons enfin la certitude grâce aux expertises de la trace laissé par le gant que c'est une femme qui a fait le coup ! Et en plus la juge d'instruction nous autorise à
fouiller le domicile de Mme Lacroix suite aux visionnages des interrogatoires que nous lui avons fourni et de ce nouvel élément !

Tout le groupe se leva immédiatement et nous partîmes nous préparer avec rapidité. Mme Lacroix, une femme d'une quarantaine d'années d'apparence normale et absolument innocente cachait une adolescence très violente. Et nous supposions que ce trait de caractère n'avait pas disparu. Elle a été condamné à plusieurs reprises pour persécutions homophobes plus ou moins violentes. Sa condamnation la plus importante a été lorsqu'elle a croisé une femme lesbienne qui embrassait sa compagne. Lorsqu'elles se sont séparées et que l'une a recroisé son chemin plus tard, elle a finit à l'hôpital, dans le coma. Elle s'en était sortis grâce à un bon avocat avec seulement trois mois de détentions, plus deux avec sursis. Cinq mois alors que la victime allait passer le reste de sa vie en fauteuil roulant. Ça me rendait fou.

Je me remémorais cette partie du dossier lors du trajet ce qui ne faisait qu'augmenter ma colère. Nous descendîmes tous rapidement de la voiture et la seule femme de l'équipe, lorsqu'elle fut face à notre suspecte, lui dit :
-Perquisition de domicile, nous allons fouiller, et vous vous allez venir avec nous.

L'expression sur le visage de Mme Lacroix nous apprit qu'elle ne s'attendait pas ou plus à être arrêtée. Soit elle pensait être passée entre les mailles du filet, soit elle n'était pas la coupable. Mais dans mon esprit la seconde solution était tout simplement impossible. Je n'avais pourtant aucune preuve concrète contre elle, mais j'en étais sûr. Son comportement, son passé, ses petits regards coupable lors des interrogatoires qui n'avaient échappé à aucun membres de mon équipe. Et puis bien sûr, après des années de services, mon instinct de policier prenait le dessus, et il ne m'avait encore jamais trompé.

Elle lui mit les menottes et d'autres hommes entrèrent dans la maison, en plus d'un de mes collègues et de moi-même. Nous retournâmes la maison pour trouver ce que nous voulions. Des
collants. Et plus précisément ceux de la victime. Mais si nous en trouvions toute une collection, ce serait déjà une prise géniale.

Nous avions cherché une bonne partie de l'après-midi pour finir par tomber sur un petit coffre dans la grenier. Bien sûr, si nous l'ouvrions simplement il n'y avait rien mais dans ce coffre se trouvait
un double fond, avec à l'intérieur des collants. Chacun avait son propre petit sac avec un numéro seulement. Un rangement impeccable. Au centimètres près. Bien sûr, elle ne pouvait pas mettre le nom de la personne à qui appartenait ses collants. Cela aurait été trop simple pour nous et bien sûr trop risqué pour elle.

Après cette magnifique découverte, nous nous sommes empressés, mon collègue et moi de rentrer au commissariat pour envoyer les collants au labo. Après avoir envoyé nos scellés, nous sommes allés retrouver nos collègues près des salles d'interrogatoire où notre principale suspecte était entrain de se faire cuisiner.

- Je vous le répète, ce n'est pas moi qui ai assassiné cette, ... personne, répéta-t-elle avec le même dégoût qu'à chaque interrogatoire. Je sais que j'ai déjà été poursuivi en justice pour ce genre de
délits, bien que moins grave, mais c'était pendant mon adolescence, j'étais jeune ! J'ai changé, je ne suis plus comme ça ! Et les collants que vous avez trouvé m'appartiennent, je n'ai rien de plus à dire la dessus.

Je m'éloignais rapidement, sinon je n'aurais pas pu me retenir de rentrer dans la salle d'interrogatoire pour lui faire cracher ses aveux. Je n'arrive pas à comprendre comment on pouvait commettre un crime aussi horrible. Un homme qui s'habillait différemment et qui n'a jamais provoqué personne. Assassiné parce qu'il était différent et qu'il l'assumait. Voilà ce qui me mettait hors de moi et ce qui m'empêchait de rester professionnel sur cette affaire.

Je me dirigeais donc vers mon ordinateur, sachant que j'allais avoir des nouvelles du labo. Je voulais savoir quand on aurait nos réponses. Et j'avais effectivement bien l'email de réception.
Deux mois d'attente. Putain, pensais-je, deux mois. Je soufflais et me levais.

Et comme l'après-midi était bien plus qu'avancée, je me décidais à monter sur le toit-terrasse du commissariat. Ce toit était pour moi une bouffée d'air pur. Le vent, la mer, les couleurs, les odeurs tout m'apaisait. Alors je regardais l'horizon. La lumière baissait avec le soir. La mer était d'un bleu de méthylène, exactement la couleur du ciel. Et une journée de plus se finissait.

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Voici la deuxième nouvelle policière que j'ai à nouveau écrit dans le cadre de sang d'encre.

Les consignes étaient :
Le texte devra obligatoirement commencer par cette phrase :
- Ils utilisaient du feu dans le temps.
[1ère phrase du livre : « Le camp des morts » de Craig Johnson]- et terminer par celles-ci ( il sera accepté une ou deux phrases après):
La lumière baissait avec le soir. La mer était d'un bleu de méthylène. Exactement de la couleur du ciel.
[Dernière phrase du livre : « Garden of love », de Marcus Malte]

Et voilà, merci d'avoir lu, n'hésitez pas à donner votre avis !

Nuit_Blxnche

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