Sama x Sans

Dédié à EcritPerfectEcho , j'espère qu'il te plaira ^^ !

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PDV Sama :

Uniformité : caractère de ce qui est uniforme, régularité, homogénéité, ce qui est sans variété, sans originalité.

Uniforme : Sens 1 : Dont l'aspect est le même.

«Sens 2 : Habit extrêmement chiant que nous forcent à porter les adultes pour aller à l'école et qui ne fait même pas bien son boulot» Grommelai-je en rentrant le bas de mon pull qui gratte dans ma jupe.

Je me dirigeai rapidement dans la salle de bain pour me brosser les dents. Chaque adolescente, même à dix-sept ans et demi, lorsqu'elle dépose le dentifrice sur les fanons synthétiques de la brosse, lève instinctivement la tête vers le miroir. Certaines se détaillent sous tous les angles, affolées de ne pas convenir au millimètre près à la norme de beauté, et d'autres se contentent de se foutre gentiment de sa propre gueule de zombie aux yeux rougis, de ses derniers boutons qui s'en vont, de ses lunettes dont les verres ne sont jamais lavés et de ses tifs brunes mal coiffées. Car franchement, qui se réveille pour petit-déjeuner belle comme la rosée du matin ?

Je crachai dans le lavabo, rinçai ma cavité buccale et filai dans ma chambre choisir mes vêtements civils que je fourrai dans mon sac pour me changer après les cours au cas où, piquai ensuite mon carnet de note laissé à l'abandon sur mon bureau, le balançai dans la poche arrière, et fonçai à l'entrée pour saisir ma veste et mes chaussures.

Avant ces derniers jours, je mâchais les dernières minutes sur mon téléphone jusqu'à ce que ma mère, agacée, finisse par me tirer par la peau des fesses. Mais depuis, la vie à l'école était devenue bien plus intéressante. Pour moi qui aimait les choses bizarres et originales, les cours se transformaient en de véritables terrains d'ethnologie monstru...monstrale... Pour les monstres ? On devrait trouver un nouveau nom que monstrueux, à présent que ces créatures fantastiques émergée de sous la terre se révélaient être plus concrètes que des légendes. Au plus grand désarroi de ma mère.

Moi : Allez, Maman, dépêche-toi ! La pressai-je en disparaissant dans les escaliers de notre appartement.

Je l'entendis crier mon nom, s'interrompre pour soupirer, et enfin enfiler son manteau. Une fois dans la voiture, elle démarra en silence et m'emmena, trop lentement à mon goût, jusqu'à mon lycée. Trop lentement... Une preuve que l'arrivée des monstres avait carrément bousculé ma vie.

Une vague bleue marine d'étudiants s'infilrait déjà entre les hautes grilles lorsque nous arrivâmes à destination. L'établissement accueillait encore peu de monstre en son sein, mais on les distinguait facilement avec leur couleur et leur corpulence polymorphe. De plus, ils se condensaient entre eux par paquets de cinq en moyenne. Un temps d'insertion était long, après tout. Les groupes n'étaient pas encore hétérogènes.

Moi : J'y vais, bisou maman ! Lançai-je en sautant de la Dacia.

Maman : Sama ! Me retint-elle. Je sais que tu es excitée de voir tous ces...ces...

Moi : Monstres ? C'est leur nom, hein, tu peux les appeler comme ça.

Maman : ...Gens. Mais... Fais attention à toi ma chérie, je veux dire... Ils sont arrivés comme ça un matin, on ne les connait pas vraiment et ils ont des...

Moi : Super psycho-pouvoirs de la mort qui tue ?? La coupai-je, tapant des pieds sur place sans contenir mon sourire. Ouiiiiii, c'est trop génial !! Bon, il faut que j'y aille, à ce soir !

Maman : Attends mais...!

Je ne pus l'écouter davantage, l'ouïe égarée dans la foule où je me frayai un chemin afin de rejoindre, au coin de la cours, les trois monstres qu'avait accueillis ma classe. Il y avait une dizaine de gens autour d'eux : des curieux, des copains avec qui ils avaient sympathisé (dont je faisais partie), des passionnés comme moi, mais hélas accompagnés de septiques et de crétins. Je soupirai. Quoi que l'on fasse, il y en avait pour nous faire avoir honte de nos différences, aussi subtiles étaient-elles. Ce qui rendait le port de l'uniforme encore plus débile. Car quoi que je portais, ma différence à moi, je ne pouvais pas la cacher.

Heureusement, la tête blanche et chauve qui dépassait du banc de poisson agglutiné autour de lui se défendait plutôt bien. Et pourquoi t'es si monstrueusement osseux ? Se moquait celui d'en face, ce à quoi il expliqua d'une voix forte. Je comprends que toi, humain, n'as peut-être pas assez d'esprit pour encore appréhender la culture monstre ! (tiens, monstre est comme un adjectif, faudrait que je note). Mais je t'en prie, moi, le grand Papyrus, me ferait un réel plaisir de te confier ce secret ! En fait... (Il prenait un réel ton mystérieux.) Je suis comme ça depuis toujours, nyehehe ! Hein ? Mais c'était une question rhétorique, ostie de con ! Ah, non !! Pas de jeu de mot avec moi, mon frère en fait déjà assez comme ça ! Je t'insultais, mec. (On voyait que le gars était lassé.) Je comprends ta jalousie envers moi, humain, après tout je suis bien plus cool et intéressant que toi ! Mais dans ce cas-là, tu dois au moins utiliser un langage compréhensible ! À moins que ce soit trop dur pour toi, humain, de te faire comprendre. Mais n'aies crainte !! Moi, le grand Papyrus, assistant social professionnel auto-proclamé, suis prêt à également te donner des cours pour apprendre à parler correctement, comme ça tu pourras aussi te faire des tas d'amis !

Les élèves se tordaient de rire. Prenaient-ils Papyrus pour un clown ou tournaient-ils l'idiot au ridicule, peu importe. Le grand squelette les considérait sans comprendre, mais fit quand même une pose héroïque, poing sur la cage thoracique, tout fier. À vrai dire je ne me contenais pas non plus, pouffant à quelques mètres d'eux. Ayant beaucoup parlé avec lui, je le connaissais à présent assez pour savoir que c'était dans sa nature et qu'il n'y avait aucune intention de sa part de clasher cet élève comme il le faisait. Son égo innocent était une armure impénétrable, une cuirasse à pointe que personne ne pouvait entraver.

Le garçon, afin de ne pas perdre la face, se mit à éclater de rire lui aussi, un rire jaune, amère, encouragé par ses potes.

Mec : Non mais wesh ! Tu comprends vraiment rien au second degré, toi ! Et j'ai pas besoin d'un teubé comme toi, moi j'ai des amis ! Vous vous êtes seuls et personne ne vous aime, Miskines !

Moi : Moi je suis leur amie.

Mon ton était calme, neutre, tandis que m'interposai entre eux, le défiant du regard. Moi qui était pourtant quelqu'un d'assez réservée, lorsqu'il fallait faire face à l'adversité, un élan de courage s'emparait de moi le temps d'un instant, comme si une aura guerrière m'enveloppait toute entière. J'observai le garçon avec plus d'attention. Ouais... C'était le profil type du kekoss pitoyable. Mèche trop grasse à cause des tonnes de couche de gel, allure de vedette, étirements des lèvres le rendant encore plus abruti, ne prenant même pas la peine de donner des remarques constructives tant qu'il égayait son public.

Mec : Toi t'es leur amie ?

Lui aussi me détaillait. Des pieds à la tête, s'arrêtant sur ma forme, puis sur mon visage. Comme s'il avait décidé que, après une leste observation, je n'étais pas une menace, il ricana finalement.

Mec : Ouais, qui se ressemble s'assemble, quoi.

Il y eu des "ooooooooh !" Dans l'air. Satisfait, il tourna les talons à la manière de Brice de Nice qui aurait "cassé" quelqu'un, et traîna son fan-club jusqu'aux grands bâtiments. Les curieux et les passionnés se hâtèrent vite de rejoindre leur salle respective, nous laissant seuls excepté quelques camarades fidèles, dont Nina, la gentille blondinette de la classe qui posa une main sur mon épaule.

Nina : L'écoute pas, c'est un abruti et malheureusement il y en a encore plein d'autre comme ça. Le mieux c'est juste de ne pas lui porter l'attention qu'il recherche.

J'haussai les épaules, indifférente. J'avais juste plus de gras que la moyenne, mais apparemment ça suffisait dans ce bas monde. Enfin je savais que c'était surtout pour avoir le dernier mot et que ce crétin n'avait rien trouvé de plus original que de viser mon poids.

Moi : C'est à lui d'avoir honte de ne pas avoir pu trouver une contre-attaque plus intelligente. La rassurai-je avec un clin d'œil malicieux. Mais merci...

Nina était l'une des personnes avec qui je n'avais pas trop de peine à parler. On ne pouvait pas dire qu'on était amie ou copine, mais quand elle était là elle était d'une compagnie agréable. Autant que les trois nouveaux, d'ailleurs (je l'avais inscrit dans mon carnet) ; ce qui était magique avec les monstres, c'est qu'on pouvait devenir ami avec eux en moins d'une journée, et que, même dans une attitude égocentrique comme Papyrus ou pipelette comme Catty et Gatty, on y voyait quelque chose de chaleureux, d'attachant. La première fois j'avais eu un peu peur de les noyer sous une avalanche de questions, mais ils s'étaient montrés si extravertis et cancannants que la timidité avait vite fait de s'estomper.

Catty : Minette, t'es dix fois... Euh... Non attend cent... Mille fois plus mieux que lui, genre ! T'as vu comment l'autre il nous a parlé, genre ? Genre il a pas autre chose à faire, genre ? Fit la bonne femme chat, son tic de langage plus accentué avec l'excitation.

Gatty : J'avoue comment il est trop, trop, trop pas à notre cheville, quoi ! Renchérit la maigre crocodile vert pâle. Et surtout pas à celle de toi et Papyrus, vous avez trop assuré, quoi !

Le grand squelette, à ce compliment, plaqua ses mains sur ses pommettes rosies, les orbites gonflées de reflets comme dans les animés, aspirant un grand coup. (Les squelette avaient-ils besoin de respirer ou était-ce facultatif ?) Puis il reprit un air hautain.

Papyrus : Ne t'inquiète pas, Sama. Un jour tu seras PRESQUE aussi douée que moi pour répondre aux petits humains dénués d'esprit, NYHEHEHEHEHEHEHEHE !

Je rigolai doucement.

Moi : Merci Papyrus. T'es un bon chum.

Papyrus : Encore ces expressions incompréhensibles ! Râla-t-il. Il faut vraiment que les monstres vous apprennent à parler !

Moi : Ah non, sans expressions rigolotes c'est la fin des haricots ! Repris-je trop amusée pour arrêter.

Papyrus : Mais !

Moi : Haha, tu bâtis des châteaux en Espagne, Pap's.

Papyrus : Humaine Sama !

Moi : Allez, au moins, je ne suis pas comme l'autre qui se prend pour le Boss des bécosses !

Papyrus : NoOOoOOon ! Cria-t-il au désespoir. Déjà que Sans ne cesse de m'importuner avec ça !

Moi : C'est qui, Sans, ton petit frère ? Gloussai-je.

Le grand squelette se perdait dans un étrange bégaiement, remuant sa main au niveau mi côtes, les mimiques du visage penchant d'un côté puis d'un autre, visiblement mitigé, quand la sonnerie se mit à ricocher entre les bâtiments.

Moi : Tiens, c'est l'heure on y va ? Dis-je en les entraînant avec moi.

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J'en apprenais décidément un peu plus sur les monstres chaque jour. Aujourd'hui, Papyrus m'avait révélé les pouvoirs qu'il possédaient. Des attaques d'os ! Prévisible mais il fallait trop que je note ça. Comme il leur était interdit de les utiliser au lycée, le grand squelette m'avait promis qu'il me montrerait dès que l'occasion se présenterait. J'avais tellement hâte d'avoir une démonstration de magie ! Mais bref, l'heure du dernier cours pointait enfin le bout de son nez, et cela faisait quinze bonnes minutes que nous attendions seuls dans le long couloir. La plupart des élèves s'étaient déjà enfuis, et au bout de la seizième minutes, je perdis patience moi-même.

Moi : Bon bah il est pas là. On y va, les gars ?

Papyrus, en bon élève, demeurait cloué sur place, les manches de son uniforme neuf lui bénéficiant d'un volume charnel de part leur droiture.

Papyrus : Il ne faut pas sécher les cours, Sama ! Undyne n'aurait jamais accepté !

Moi : Mais... C'est pas Undyne, là, t'inquiètes pas, les profs ne le prendrons pas mal. Tentai-je, voulant absolument sortir avec lui pour qu'il me déploie ses pouvoirs.

Papyrus : Il faut montrer le bon exemple si on veut que les humains aient confiance en nous ! C'est ce que le roi...enfin monsieur Dreemur a demandé !

Catty et Gatty levèrent leur museau de leur téléphone, s'échangèrent un regard mutuellement entendu. Ça se tenait. Alors, en petits soldats, elles se campèrent derrière le grand squelette en position de garde à vous.

Catty : On est trop digne de confiance genre !

Gatty : Ouais, et on va leur montrer, quoi !

Leur volonté de s'intégrer et de prouver leur valeur... m'émut sur le coup. C'était dommage, mais je comprenais. Je leur souhaitai donc un bon cours sans trop y croire et me dépêchai de trouver les sanitaires afin de me débarrasser de ce costume ridicule, extirpant mes vrais vêtements de mon sac. Le pull que je conservai mis à part, dans mon pantalon ample et mon tee-shirt lâche et décontracté, je me sentis enfin moi-même.

Au dehors les rayons du soleil, prudes, faisaient ramollir les derniers tas de neige aux bords des rues, poussaient doucement l'eau des gouttières à tomber en plic ploc sur le goudron. L'air était froid encore à cette période, goudronné du fioul que crachotaient les voitures. Ce fut les mains à l'abri dans mes poches qu'en me promenant (presque) au hasard, je passai devant les deux premières boîtes monstres de la ville. Un bar, tenu par un homme à la tête enflammée nommé Grillby je crois, et une pâtisserie gérée par une femme araignée dont je ne connaissais pas le nom.

Je faisais virer mes pupilles sur l'un puis sur l'autre, hésitante. Entre pâtisserie ou malbouffe, je n'avais pas grandement de préférence, et puis goûter la gastronomie monstre, quelle qu'elle soit, était dans mes projets. Cela dit... L'idée de huits grands yeux globuleux me dégustant de loin me mettait mal à l'aise. J'optai donc pour le Chez Grillby's, poussant mes paumes frileuses sur la barre glacée de la porte.

Les clochettes se mirent à tinter. Une bouffée de chaleur mêlée au parfum des frites m'explosa au visage, faisant couler mon nez rougi au contraste des deux températures. La majorité des clients étaient des monstres de toute sorte : pingouin alcoolo, poisson aux écailles pâles, créature étrange aux dents pointues et acérées. Cela dit, plusieurs humains avaient déjà pris place dans le décors. Certains, même, semblaient parfaitement à leur aise.

Les conversations fuitaient allègrement tandis que je marchai jusqu'au comptoir et m'installai sur la première chaise haute que je vis. Bientôt le barman, qui devait être Grillby, situé à l'autre bout de la longue table festoyée de mets commandés par mes voisins et de machines à boissons, vint à moi, un verre en main et un torchon dans l'autre, me faisant immédiatement me poser mille et une question. Avait-il une tête ou un combustible quelconque sous ses flammes orangées ? Pourquoi son torchon ne cramait-il pas ? Comment tenaient ses lunettes ? Sans, voyait-il juste flou ou rien du tout ? S'il n'avait pas de mains, comment tenait-il son verre ? Ses flammes ne brûlaient donc pas ? Je pouvais le toucher si je voulais ?

Grillby : Qu'est-ce qu'elle veut la p'tite dame ? S'enquit-il en posant le récipient à l'envers.

Moi : Oh, euh...

Je me mis à bafouiller, perdant un peu mes moyens. Parfois mes pensées criaient si fort que j'avais l'impression que tout le monde pouvait les discerner. Je jetai un coup d'œil aux contenus proposés sur les diverses tables avant de déclarer d'une petite voix :

Moi : Un... un hamburger...?

Grillby : Gri-gri t'apporte ça tout de suite. Aquiesça-t-il en disparaissant dans les cuisines.

Mains pressées entre les cuisses, j'épiais discrètement chaque comportement, chaque interaction, quand mon oreille capta à ma droite ce qui ressemblait à un ronflement. Intriguée, je posai mes mon regard sur un homme à la peau blanche... Euh non. Un squelette. Plus petit que Papyrus, tête large, corps et crâne collant le plateau de bois lustré, orbites fermées. L'épaisseur de son manteau d'hiver qui lui léguait une rondeur massive montait et s'abaissait au rythme de sa respiration posée. Une bouteille de ketchup, à moitié compressée, expirait entre ses phalanges. Il dormait à poings fermés.

«Sans...» Devinai-je, la phrase de mon ami me revenant tout à coup à l'esprit, en m'approchant un peu pour l'examiner.

De tous les monstres que j'avais vu, chacun avait son style propre. Ce gars... N'avait juste aucun style, aucun critère que je pourrais qualifier, si ce n'était le beauf avec son sourire d'idiot. Qui portait un short de sport avec des pantoufles ? Un short léger avec un gros blouson pour le froid ? Rien ne concordait dans sa manière de s'habiller, un mélange anarchique, inopiné, fascinant. J'étais sûre que c'était Sans, la brève description qu'en avait fait son frère était suffisante et je n'avais remarqué aucun autre squelette à part ces deux là jusqu'à présent. Pourquoi n'était-il pas au lycée ? C'était ça dont Papyrus parlait quand il hésitait sur petit frère et grand frère ?

Grillby : Voilà pour vous mademoiselle.

Je sursautai, n'ayant pas entendu Grillby arriver, et me recroquevillai comme un Bernad l'ermite se cachant dans sa carapace. Bon sang il m'avait surprise en train de lorgner un mec à deux centimètres, il avait dû me trouver tellement bizarre...!

L'homme de feu, sans apparemment y prêter plus attention, se plaça en face du squelette et le secoua, ses flammes se mettant à crépiter.

Grillby : Sans. Sans ! Tu déranges les clients avec tes ronflements.

Le squelette lassa échapper des "hein..?", "quoi..?" de bailleurs de corneilles, se redressant à moitié, nuque avancée par rapport aux épaules, abruti par la fatigue, en clignant simultanément ses orbites à moitié ouvertes dans ma direction, révélant deux pupilles blanches ternies. Un filet de ketchup, telle une boisson alcoolisée, pendait à sa bouche dénuée de lèvres. Je secouai vivement les mains devant moi, gênée au possible du quiproquo qui s'annonçait.

Moi : Hein ? Mais... Mais non ! Tu ne me dérangeais absolument pas ! Je veux dire... Tu peux continuer de dormir, enfin.. je... Désolée, je ne te dérange plus...!

Je me statufiai alors, fixant mes pieds comme si j'y étais enchaînée par les globes. Je pouvais me montrer cool et sûre de moi avec mes amis. Devant des inconnus, surtout lorsqu'il y avait méprise... C'était une autre histoire. Il y eut un léger rire, plus grave que ce à quoi je m'attendais, me faisant sortir de ma coquille de honte. L'endormi essuyait le liquide qui coulait de sa manche, un zygomatique osseux haussé.

Sans : Y'a pas de problème, gamine... De toute manière fallait pas que je traîne, je dois rentrer avant Pap's.

Grillby : Sans, un peu de respect, ce n'est pas une gamine. Contesta l'homme de feu.

Sans : C'est une gamine, Gril'. Détrompa-t-il en levant l'index. Elle a le même pull que mon frère, qui vient de l'uniforme qu'on donne au lycée d'à côté. Conclusion : c'est une gamine.

Moi : Majeur dans quelques mois, s'il vous plaît. Objectai-je avec une petite moue. Et toi, tu es le grand frère de Papyrus ?

Il pivota son carpe osseux d'un côté et de l'autre, idem au grand squelette tout à l'heure, ce qui me fit ajuster un sourcil interrogateur.

Sans : Ch'ais pas. Avoua-t-il enfin. Je crois qu'on est né en même temps mais ça reste à prouver.

Grillby : Sans et Papyrus sont arrivés un matin à Snowdin sans que quiconque ne sache d'où ils viennent. M'apprit le barman.

Une dizaine de milliards de question jaillit dans mon cerveau. C'était pour ça qu'il n'y avait que eux comme squelettes ? Avaient-ils des parents ? Ils avaient un passé mystérieux, alors ? D'où venaient-ils ??

Moi : Pourquoi tu n'es pas au lycée comme lui alors ? Fut, à mon plus grand regret, la seule demande que je trouvai adéquate. Si vous êtes jumeaux en quelque sorte...

Il fit mine de réfléchir, ses pupilles montant aux coins gauches des deux trous noirs qui leur servaient de logis, avant de revenir vers le centre. Il lâcha alors, sans pression :

Sans : Mmmmh... Flemme. Je crois.

Mes paupières papillonnèrent, pensant à moi-même et à ma mère durant une seconde. Ouais. Au moins c'était clair, les frères squelettes n'avaient pas de parents.

Grillby : D'habitude il paie son ardoise en ramenant des clients, mais... Les humains sont bien moins sensibles aux blagues que les monstres, en plus ils se méfient encore de nous du coup pour l'instant je me contente du plus simple.

Sans : M'enfin au moins tu n'es pas au bord du précipice comme Muffet, c'est plutôt cool, non ?

Je sentis les flammes de Grillby augmenter leur température, puis la redescendre (il contrôlait donc son feu en fonction de son humeur ? Valait mieux pas le mettre en colère dans ce cas). Il frotta son comptoir avec plus de vigueur, comme si cela l'avait blessé.

Grillby : Quand Muffet a ouvert sa pâtisserie, peu d'humains étaient venus contrairement au bar, parce qu'apparemment la plupart ont une peur bleue des araignées. Il y a eu plusieurs plaintes à ce sujet et à cause de ça elle va peut-être devoir fermer sa boutique. Enfin bon elle l'a mérité, pour penser qu'elle serait meilleure que Gri gri.

Quand il partit changer de torchon, Sans, malicieux, me murmura à l'oreille d'un air complice :

Sans : Il met de l'argent de côté pour l'aider financièrement, mais il le nie farouchement.

Le sourire éternel et le ton facétieux de ce squelette ce livrait une sensation vraiment bizarre... C'était à la fois apaisant, me retirant cette impression que j'avais de marcher en équilibre sur un fil lorsque je parlais avec des personne que je venais de rencontrer, et en même temps cette attitude passible le pigmait d'un irrespect, d'une insolence, comme s'il se moquait sans vergogne de cette pauvre Muffet (je regrettai de ne pas avoir pris sa boutique maintenant).

Sans : Au fait, je m'appelle Sans. Sans le squelette, même si tu le sais déjà. Se présenta-t-il officiellement en tournant ses jambes dans ma direction.

Moi : Sama... Répondis-je seulement, étant donné que j'avais déjà mon hamburger entamé dans ma bouche.

Sans : Sama... Répéta-t-il, songeur, en portant un doigt à son menton. J'aime bien ce nom, Sama.

Moi : Ah bon...? Pourquoi ?

Sans : Ben, étant donné que Samarive de faire des jeux de mots à tout va, ce genre de prénom, Samarange. Blagua-t-il, faisant un clin d'œil.

Mauvaise idée de l'écouter la bouche pleine. Je laissai échapper un pouffement nerveux, des morceaux de steak et sauce tomate s'éclatant sur l'assiette et sur le comptoir. Un long silence se fit, où je n'osais plus ouvrir la bouche, les joues en feu, jusqu'à ce que Grillby m'apportât un sopalin pour m'essuyer. Je me confondai en excuse, balbutiant, honteuse, pendant que Sans rigolait à côté.

Moi : On me l'a déjà faite cent fois, cette blague... Marmonnai-je, vexée, en rendant le papier à l'homme de feu.

Sans : Oh, Samatriste ce que tu dis là...

Bougonnant, je finis mon repas après avoir barbouillé au barman une centaine de fois ma culpabilité. Mais il ne paraissait pas s'en soucier. Il devait avoir l'habitude, et visiblement, tant qu'on ne parlait pas de Muffet, rien ne pouvait entacher sa neutralité. La cuisine monstre était tout de même délicieuse. En tout cas celle de Grillby. Je mordai tendrement dans la dernière bouchée lorsque j'eus le bon réflexe d'analyser ma montre. Je bondis brutalement de ma chaise. Maman devait déjà m'attendre sur le parking !

Moi : Pudding ! Je dois y aller ! Merci pour le hamburger, il était super bon ! Et désolée pour le dérangement ! Ah non, mince, l'argent.....! Paniquai-je en sortant maladroitement mon portefeuille de mon sac, mes lunettes se déchaussant à moitié.

Sans : T'en fais pas, je vais te le payer. Répliqua calmement le squelette. Grillby, tu mets ça sur mon ardoise ?

À voir les flammes de l'homme de feu, ce geste était plutôt monnaie courante.

Moi : Non, c'est bon, je m'en charge ! Assurai-je tandis qu'il se levait.

Sans : Pas besoin, je te jure que ça ira. Insista-t-il en posant une main sur mon poignet faisant quelques pas vers moi.

Moi : Mais lâchez-moi !

Les secondes défilèrent au ralenti, bien que tout se passa très vite. Je retirai vélocement mon bras, qu'en réalité il ne serrait même pas, perdis un peu l'équilibre. Mes lunettes, secouées, décidèrent de vivre leur vie de lunettes pour s'envoler, avant tomber au sol. Cling-cling. Soudain, une pantoufle maladroite. Et crac.

Sans leva son pied d'une lenteur dramatique. La branche était toute tordue, si ce n'était démembrée. Je m'accroupis, les yeux écarquillés, prenant consciencieusement ma vieille amie entre mes doigts. Merde merde merde... Je dévisageai le squelette, m'attendant à des excuses, une gêne palpable, quelque chose.

Sans : Whouaw... On peut dire qu'elles ont été désossées, héhé.

Comme prise d'une irrésistible envie de meurtre, je me redressai, les traits du faciès tordus de colère, indignée de sa réaction, et en lui secouant la pauvre carcasse sous la cavité nasale, lui hurlai à pleins poumons :

Moi : Non mais ça va pas la tête, bordel ? T'AS VU CE QUE ÇA COÛTE, CES TRUCS LÀ ?!!

Blanc total. Tout le monde nous jaugeait, étonnés, curieux. La scène s'était arrêtée avec le temps, avec le sourire de Sans qui s'était entièrement figé. Ma colère chuta d'un coup. Putain qu'est-ce que j'avais fait ? Je venais de faire un scandale dans un bar qui avait du mal à se faire bien considérer par les humains ! M'affolant peu à peu, je fis un pas en arrière, un autre, puis fit volte-face et décampai hors du bistrot en leur jetant :

Moi : Je... Je suis désolée !!!

Je courus tête baissée, le vent glacé me giflant les joues. Autant pour rejoindre le lycée que pour les fuir au final. Je serrai les dents, énervée contre Sans. C'était sa faute, aussi, pourquoi il avait fait ça ? Il se foutait de tout, il n'avait de regret pour rien, il était complètement insensible, au point de flâner toute la journée alors que son frère faisait des efforts considérables pour se faire accepter ! Et puis c'était lui qui avait cassé mes lunettes. Il se croyait drôle et bien il n'était pas drôle, à cause de lui j'allais créer des problèmes à Grillby !

Ce fut suffocante de mauvaise foi que je me laissai tomber sur le siège arrière, inspirant et expirant de grands coups pour oxygéner mon cœur irradié.

Maman : Sama, est-ce que ça va ? S'enquit ma mère anxieuse, à l'avant, tordant le cou pour me voir. Où est-ce que tu étais, ça fait un quart d'heure que je t'attends et tu es marquée absente !

Sama : Quoi...?? Soufflai-je, ne pouvant en dire davantage.

Elle sortit immédiatement pour m'aider à calmer mon asthme. Au bout d'une longue minute, mon pouls ralentit enfin. On rentra dans la bagnole et nous mîmes sur le chemin du retour.

Maman : Maintenant dis-moi ce qu'il s'est passé... Soupira Maman, sur les nerfs.

Moi : Mais le prof n'était pas venu, je croyais qu'il était absent, alors je suis allée me promener et je n'ai pas vu l'heure... Presque tout le monde était déjà parti, j'étais dans les dernières !

Ce n'était pas un mensonge... Plutôt une semi vérité... Ma mère jeta un coup d'œil dans le rétroviseur du milieu et fronça les arcades.

Maman : Dis plutôt que tu es allée piquer un croc dans un bar de monstres, il y a des traces de sauce tomate sur ton pull. Et qu'est-ce qui est arrivé à tes lunettes ?

Mes lèvres suivirent une ligne droite imaginaire face à ma défaite. On ne pouvait rien cacher à une maman, elle découvrait toujours la vérité. En même temps si Sans ne m'avait pas fait postillonner partout tout à l'heure elle n'aurait rien remarqué !

Moi : Ben elles sont tombées quand je courais et un passant les a écraser...

Je n'avais vraiment pas envie de tout lui expliquer. Déjà, c'était chiant à relater, une mauvaise expérience, et en plus elle serait encore plus septique vis à vis des monstres. Elle sembla me croire, cette fois, et soupira encore.

Maman : Bon. Tu sais où est ta deuxième paire ?

Moi : Oui...

Maman : Qu'est-ce qui ne va pas, tu es fâchée ?

Moi : Non.

Maman : Ça s'est pas bien passé, c'est ça ?

Moi : Oui.

Maman : Tu vas bouder ?

Moi : Non.

Maman : Mais si, qu'elle boude, ma fille !

Moi : Nan !

Maman : Elle boude, elle boude, elle boude !

Moi : Mamaan !

Maman : Héhé... Oh, ça va, moi aussi j'ai connu des plans foireux ! Et même des super foireux. Tu t'en remettras, hein ?

Moi : Oui...

Maman : Bon, elle arrête de bouder, ma fille ?

Je voulus pousser un râle, mais cela avait plus l'apparence d'un rire. Elle ricana elle aussi, amusée, en garant l'auto près de notre appartement.

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PDV Extérieur :

Le grand Papyrus avait bien fait de patienter. Le professeur de lettre était venu juste après que l'humaine Sama fut partie. Il fut d'ailleurs fort déconcerté de ne trouver qu'une demi-douzaine d'élèves à son cours malgré son retard, dont la totalité des trois monstres. Le grand squelette s'était ensuite porté volontaire avec d'autres élèves pour donner les cours aux absents. Il rentra chez lui, où Sans dormait encore, affalé sur le canapé, une bulle gonflant et dégonflant lui sortant de la cavité nasale.

Papyrus : Sans ! Réveille-toi tas d'os fainéant ! Le réveilla-t-il. Tu n'as encore rien daigné faire, hein ?

Sans : Oh, tiens, salut Pap's...! Baragouina le paresseux, encore engourdi, la bulle éclatant en un "pop". Alors cette journée ?

Papyrus descendit les arcades. Il faisait tout son possible pour que les humains acceptent les monstres, et lui, son frère, faisait tout l'inverse. Il n'était vraiment pas possible.

Papyrus : J'ai discuté avec un élève dénué d'esprit, j'ai découvert que les humains ont un langage vraiment bizarre par rapport au nôtre et je dois rendre les cours à mes amis qui n'étaient pas là en dernière heure ! Nina et Sama s'en sont allées avant !

Le petit squelette tilta à l'entente de ce nom. L'épisode du bar lui revint à l'esprit, ainsi que le violent coup de torchon de Grillby qu'il s'était pris en pleine figure après la fuite de l'humaine.

Sans : Sama ? T'es dans sa classe ? Fit-il semblant de s'étonner.

Papyrus : Sans, ça fait une semaine que j'en parle, d'elle et de mes autres amis...! Désespéra le plus grand.

Sans : Oh.

Sans n'avait pas une mémoire sélective. Il balayait toute information qu'elle fût dans son sommeil, les perdaient entre les remous de ses pensées qui capotaient doucement, se mêlant en une masse uniforme d'indifférence et de sérénité coupable. Il pouvait tout y retrouver, user de son intelligence et de sa perspicacité ; pour autant cela dit, qu'il eût la motivation de chercher.

Sans : Oui, oui, c'est vrai je m'en souviens. Mentit-il, ayant trop la flemme de se souvenir.

Papyrus : Pourquoi tu parles comme si tu la connaissais, d'abord ?

Sans n'était quasiment jamais gêné. Rougir, donc, que ce soit l'embarras ou la honte, était encore plus rare ; mais trois symptômes remplaçaient aisément cette incapacité. En premier, son sourire incessant qui se cripsait, figé, gelé. En deuxième, une ou deux gouttes de sueur glissant des temporaux. Papyrus connaissait bien son frère, et cela ne lui échappa pas.

Papyrus : Saans...?!

Sans : J'ai pété ses lunettes chez Grill'.

La mâchoire hyperactive de Papyrus s'arrêta d'un coup.

Papyrus : ...

Sans : Ma pantoufle l'a écrasée sans faire exprès.

Papyrus : Tu t'es excusé au moins ?

Sans : Euh...

Troisième et dernier symptôme, ses pupilles qui disparaissaient, complètement, comme si elles allaient se terrer dans les profondeurs de son crâne creux. Là, ce fut au grand squelette d'être freezé. Sans compta : un... deux...trois...

Papyrus : QUOOOOOOIIIIIIII ?????

Papyrus souleva le plus petit et commença à le secouer dans tous les sens, bouillant de rage. Sans se laissa faire, tout mou, comme du caoutchouc s'élançant à la merci du mouvement.

Papyrus : Tu es vraiment un irresponsable, Sans ! Non seulement tu embêtes les humains mais en plus tu embêtes aussi mon amie !!! Demain je vais lui donner son cours et tu viens avec moi !!!!!

Sans : Papyrus y'a un problème... Tenta de placer le paresseux.

Papyrus : TU VAS T'EXCUSER !!!

Sans : Ok mais elle habite où ?

Le grand squelette se stoppa soudainement, clignant des orbites avec un air ahuri. Oh...

❄︎ ❄︎ ❄︎

PDV Sama :

J'écrivais des histoires farfelues à base de monstres et de magie sur mon téléphone, colonne vertébrale moulant le matelas sur lequel je flânais, lorsqu'une forte voix hautaine et pincée que je reconnus bien traversa les murs. Je sautai de mon lit, déboulant dans les couloirs pour trouver Papyrus en train de parler avec ma mère.

Papyrus : Excusez-moi, Madame ! Serait-ce ici la maison de Sama ?

Maman : C'est MA maison ici. Rétorqua Maman qui, je le sentais, se peinait à ne pas paraître trop tranchante. Pourquoi cherchez-vous Sama ?

Papyrus : Vous la connaissez, donc ? Parfait ! Pouvez-vous m'indiquer où elle habite ? Je dois lui donner les copies du cours qu'elle a manqué !

Maman : Parfait, alors passez-les moi, je les lui donnerais. Maintenant si vous pouviez...

Moi : Salut, Pap's ! Intervins-je joyeusement, de peur qu'elle lui referme la porte au nez.

Ma mère s'écarta à contre-cœur de mon chemin, dégoûtée. J'imagine qu'elle aurait bien voulu ne pas prolonger la conversation plus longtemps.

Papyrus : Humaine Sama ! S'exclama le grand squelette. Alors comme ça tu passais chez cette dame ? (Il se baissa sur moi pour me murmurer discrètement à l'oreille, affichant une mine septique.) Elle n'est pas un peu âgée pour être ton amie...?

Moi : C'est ma mère, enfin ! Gloussai-je. Comment tu as fait pour savoir où j'étais ?

Papyrus : C'est simple ! J'ai toqué à toutes les portes de la ville jusqu'à trouver la tienne !

Ma mâchoire tomba toute seule. Ce type était un grand malade ! Mais l'imaginer en train de déranger tout le monde dès le matin m'arracha malgré moi un fou rire nerveux.

Sama : Tu veux entrer ? Maman, on lui montre notre maison ?

Piégée, la p'tite Maman ! Et se retint de se pincer l'arrête du nez et, en toute diplomatie, l'invita docilement à passer le seuil.

Papyrus : Magnifique ! J'adore visiter la maison de mes amis ! Je poserai les documents sur ton bureau, ça te laissera le temps de te réconcilier avec Sans !

Moi : Haha, d'acco... Attends quoi ??

Le grand squelette disparut alors derrière l'encadrement de la porte, en extirpa une silhouette déjà vue à l'allure mollassonne et la planta droit devant moi.

Papyrus : Maintenant, Sans, excuse-toi pour avoir cassé ses lunettes !

Sans ne bronchait point, contracté au possible. En même temps, la situation se révélait inconfortable pour lui...comme pour moi.

Maman : Sama...! Releva ma mère avec le ton de la réprimande. Tu m'avais dis que c'était un passant qui les avait écrasé.

Moi : Mhmh...euh... Maman, et si tu présentais la maison à Pap's ? Proposai-je, malaisée, en poussant le squelette énergique sur elle.

Elle résista, puis abdiqua, partant donc accompagnée de Papyrus en me lançant un regard qui voulait clairement dire : «Cette discussion n'est pas close, jeune fille...»

Une fois le danger écarté (du moins pour l'instant), je me tournai vers Sans, croisant les bras, attendant de voir ce qu'il avait à me dire. Je n'étais pas en colère... Enfin si un peu... Mais j'étais surtout embarrassée. Je n'avais eu qu'un souhait à ce moment-là : courir loin des problèmes, loin des conflits, ne pas le revoir, juste oublier tout ça. Apparemment c'était raté.

Sans : Salut... Euh... Elles sont jolies tes nouvelles lunettes... Tenta-t-il, les mains dans les poches, le sourire incertain.

Regard noir. Mauvaise pioche, Sans. Il détourna les pupilles d'effroi, comme si j'étais apte à lui lancer les éclairs.

Sans : Euh... Ben c'est vrai que j'ai été désagréable hier et pas très cool. Même plutôt lourd, et en plus je ne me suis pas excusé. Alors je voulais te demander pardon pour mon comportement, et...et tout.

Moi : Si c'est Papyrus qui te force à faire ça alors tes excuses ne servent à rien.

Ses pommettes se hissèrent un peu, encaissant ma remarque clinglante. Il ajouta néanmoins :

Sans : Il m'a donné le coup de pied au coccyx mais... Je ne voulais pas non plus rester fâché avec toi. Alors... Je t'ai apporté un cadeau pour m'excuser. Mais il est chez moi, faut que j'aille le chercher. Tu m'attends ?

Il tourna alors les talons et s'évapora progressivement dans le relief de l'escalier. J'inclinai un peu la tête, dubitative en vue du peu d'énergie qu'il y mettait. À peine me dis-je que j'allais devoir attendre que le curé mouchât, qu'il réapparut aussi vite avec un papier cuisson enroulé en cône, comme un bouquet de fleur. Stupéfaite, les questions m'envahirent à nouveau, chassant contre mon gré l'amertume que je m'étais forcé de conserver. Il le gardait caché en fait, c'était une blague le coup de la maison ? Ou il pouvait se téléporter ? S'il pouvait se téléporter, Papyrus ou c'était un trait particulier chez lui ? Y avait-il des conditions, genre... Personne ne devait le voir ? C'était peut-être un portail magique aussi. Comment, juste comment ??

Sans : J'ai emprunté un de mes raccourcis. M'apprit-il avec un clin d'œil, devinant mes pensées, en me donnant son présent ma foi très classique.

Du moins c'est ce que je croyais, avant d'inspecter le contenu et le petit papier Canson avec marqué au gros feutre rouge un "Désolé :<" maladroit. Je levai un sourcil étonné.

Moi : Un bouquet de lunettes ?

Sans : Ouais, euh... Je me suis dis que comme ça tu n'auras plus peur de les casser. Se justifia-t-il en se grattant l'arrière du crâne.

Je coinçai un silence pesant entre nous deux, retardant ma réaction. Plus je fixais Sans, plus il se tendait, jusqu'à ce que des gouttes de sueur perlerent son front. Merde, j'ai encore fait une connerie, elle a du mal le prendre, devait-il se dire. Et puis soudain, voyant son effort pour dénicher une idée pareille, voyant son attitude écrasée et confuse alors que jusqu'à maintenant rien ne pouvait l'ébranler, j'éclatai de rire, un rire enjoué, incontrôlé, hilare, pressant le cadeau contre ma poitrine.

Moi : Oh c'est... génial...! M'étranglai-je entre deux hoquets. J'adore, puré !

Qui aurait eu l'idée d'un tel cadeau ? Pas un mec normal en tout cas. C'était original, fortuit, plaisantin... Et bien que je ne connaisse pas encore parfaitement ce gars, je savais que c'était... Bah Sans. Cent pour cent Sans.

Sans : Du coup, euh... Ça veut dire que je suis pardonné...? Hasarda le squelette, hésitant, d'une petit voix.

Moi : Tout est pardonné, hahaha...!!! Articulai-je à peine en me courbant en avant.

Je sentis, à défaut d'avoir les paupières fermées, le souffle soulagé du blagueur se poser sur mon nez. J'essuyai une larme au coin du cil et le regardai à nouveau. Son sourire était à nouveau freezé, il ne me quittait pas des orbites.

Moi : Euh... Sans ? Ça va ?

Aucune réaction. Puis, cinq secondes plus tard, il remit les mains dans ses poches, arqué un peu en arrière, sourire désinvolte et lâcha dans le plus grand des calmes :

Sans : Ouais. T'es juste mignonne quand tu ris.

J'ouvris la bouche, muette. Revoilà le Sans du bar, flegmatique, avec un franc parlé tout à son honneur. Je planquai, gênée, mon visage derrière le bouquet, ce qui le fit ricaner.

Moi : Arrête j'ai un rire hystérique de folle dingue...!

Sans : Ben ouais mais c'est mignon. Surtout quand tu te retiens avec ostentation, Sama fait rire.

Moi : C'est pas possible, tu gagnais vraiment ta vie avec ces blagues ?

Sans : Ben ouais, c'était comme ça que ça marchait avant. Mais vu que c'est plus possible je vends des hot-dogs bon marchés. C'est peu mais ça suffit.

Je risquai un œil sur lui, sortant ma face de sa maigre cachette. Il n'avait encore jamais mentionné ce qu'il faisait de ses journées, alors... j'avais juste imaginé qu'il dormait.

Moi : Ah bon...?

Sans : Yup ! Je compte ouvrir une supérette plus tard, par contre pour l'instant faut que j'économise pour les études de Pap's. Je me lève tôt pour ça, le monde des humains est assez impitoyable, héhé.

Son sourire se voulait moqueur, mais il me renvoya une émotion sincère et triste, balançant aux oubliettes tout ce que j'avais pu penser de lui.

Je croyais que c'était Papyrus qui le gérait, qu'il était égoïste, incapable, indifférent de tout.
Mais en réalité... Il cachait simplement ses mérites ? Il travaillait pour gagner de l'argent, se laissant dans ombre afin de hisser le grand squelette dans la lumière ? Et s'il n'allait pas au lycée... Était-ce parce qu'il sacrifiait son avenir pour celui de son frère ?

Je baissai le bouquet, abattue. Abattue et confuse.

Moi : Désolée, Sans. Je... Je t'ai mal jugé.

Sans : Hein ?

Il ne comprenait visiblement pas ce qui me prenait. Un sourire timide fuita sur mes lèvres.

Moi : En plus... Moi aussi je suis du genre flemmarde.

Sans : Ah bon ? Fit-il, réellement surpris. On aurait pas dit pourtant...

Moi : Ouais...! J'avoue que je voulais paraître cool devant les monstres, en plus que vous me passionnez, mais... Quand c'est pas pour vous, Maman doit toujours me traîner par le col pour me faire sortir !

Sans : Pareil ! Peut-on dire qu'on est des ostentiques flemmards ?

Moi : Aussi flemmards que des pantoufles !

Sans : Alors on est une paire de pantoufle ?

Moi : Une magnifique paire de pantoufle !

Nous riâmes de bon cœur, apaisés. Maintenant que cette mauvaise histoire était passée, je me rendis compte que ça aurait vraiment été dommage de continuer à lui faire la gueule. Maman revint un peu plus tard avec le squelette énergique. Il semblait l'avoir complètement épuisée. En même temps, Papyrus faisait souvent ce genre d'effets aux gens.

Papyrus : Et encore une mission d'effectuée pour le grand Papyrus ! Nyehehehehehe ! Allez, Sans, on doit trouver Nina maintenant !

Il prit le paresseux sous le bras, à la plus grande plaisance de celui-ci (flemme de marcher sans doute), et commença à partir après m'avoir salué.

Papyrus : Tu t'es excusé, Sans ?

Sans : Ouais, frangin. Nous sommes à présent en parfaite symbiose.

Papyrus : Saaaans...!!!

Sans : Héhé.

J'effleurai distraitement le bouquet de lunettes, attendrie devant leurs interactions. Je comprenais maintenant pourquoi ils hésitaient tous les deux sur qui était le grand et le petit frère. En réalité... Il était impossible de le déterminer. Ils se complétaient trop l'un l'autre. Alors qu'ils s'en allaient pour de bon dans les escaliers, je courus les rejoindre et leur criai :

Moi : Eh ! Euh... Si vous voulez revenir à la maison un de ces quatre... Tous les deux ! Vous... Je serais super contente de vous accueillir !

Leur orbites s'illuminèrent, et ils m'offrirent tous les deux un sourire à leur manière.

Sans : Ça marche, gamine !

Papyrus : Et tu es aussi la bienvenue chez nous, humaine Sama !!

Moi : Tu me montreras tes pouvoirs, Pap's ?

Papyrus : Entendu ! À lundi à l'école !

Je fis un au revoir de la main à mes deux amis jusqu'à ce qu'ils disparaissent pour de bon.

____________________________________

Epic : (*lis ma dernière phrase) Eh, p'tite Bruh ! C'est quoi, ça ? C'est pas du tout une phrase qu'on accorde à une fin ! À une transition, au pire...

Ben... Justement ;-;

Epic : (*marque un silence) ...T'as encore écrit plus que tu l'avais prévu à la base, c'est ça...?

...

Epic : Et t'as tranché en deux parties parce que tu te disais que c'était déjà assez long ?

...c'est pô mwa j'l'ai pô fait exprès ;^;...

Epic : P'tite Bruuuuh...

Mais... À chaque fois que j'imagine une histoire ça devient super long sans que je m'en rende compte Q^Q ! En même temps essaie de faire passer de rencontre à romance en UN chapitre !

Nightmare : (*pope) Y'en a PLEIN qui y arrivent–

Mais TwT
Je peux pas arrêter maintenant ! J'ai pas conclu tout ce que j'avais placé dans ce chapitre !

Nightmare : Et le fait que t'as profité que Sama soit québécoise pour glisser des expressions canadiennes ?

...
Mais je suis amoureuse des expressions canadiennes ಥ^ಥ

Epic : Je comprends, Bruh, ce sont les meilleures expressions que j'ai jamais vu de ma vie U-U

Merci Epic ಥ‿ಥ

Bon, j'espère que tu as aimé Sama, à la revoyure pour la seconde partie si ça t'as plu (づ。◕‿‿◕。)づ

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