Ô nature.... de l'Humain.
Le soir tombe lentement sur la ville. Les nuages avaient délibérément laissé une fine pellicule de pluie à mon intention. Les gouttelettes perlaient sur les quelques toiles d'araignées parsemées de ça et là sur mon chemin. J'ai toujours trouvé ces travaux d'une beauté infinie. Le sol n'étant pas parfait, les pentes et les défaut de ce dernier forment des flaques. Ces manifestations d'imperfection m'ont toujours étonnées, ou du moins consternées. Pourquoi la nature met-elle ainsi ses défauts bien en vu ? Elle qui est si magnifique au quotidien, quelque soit son humeur. Chaque temps météorologique possède sa propre beauté qu'il faut apprendre à voir et à aimer. Je ne peux pas considérer tous ceux qui la détruisent, la sous estime, la pense comme accise ou de droit, l'exploitent sans la remercier, ou la transforme pour la rendre belle pour leurs yeux. La beauté de la nature est originelle, rajouter tout artifice ou retirer quoi que ce soit ne la rendra que plus laide.
Je m'approche d'une flaque. Une flaque difforme, calme et étonnamment insignifiante. Mes beaux yeux se perdent dans ses multiples reflets et dans son interstice entre sa surface et son fond. Regarder dans une flaque c'est comme se sentir dans plusieurs endroit à la fois. Il n'existe pas de sensation plus dérangeante selon moi. C'est comme si votre âme se disloquait pour se perdre en plusieurs lieux. Comme si votre âme se perdait et se sentait incapable de revenir. Comme si votre âme, en dehors de votre corp, s'était déchirée en plusieurs morceaux qui n'étaient plus, à jamais, re-cousible entre eux. Comme si vous deveniez une coquille vide...
Un frisson me fait détourner le regard de cette abîme de l'esprit. J'attrape une branche que la nature avait délicatement déposé sur un tapis de feuilles brunes et, d'un mouvement ample et gracieux, l'étale de tout son long d'une puissance dont je ne me sers que rarement pendant mes colères dévastatrices dans cette zone de perdition de la cohérence de l'esprit. Le choc est violent, des gouttes volent, la branche, usée par les insectes et le temps, se brise et mon regard revient à cette eau qui est redevenue calme et las.
Ce silence, il ressemble à un affront. Comme si cette chose venait à l'instant de décider de m'ignorer tout simplement alors que je viens de la frapper. Que répondre dans cette situation ? Dois-je recommencer ? Ou user d'un stratagème plus mesquin pour m'en prendre à elle ? Je peux l'ensevelir, la vider, que de possibilités... Ne sachant pas quoi choisir, je décide de mettre en marche ces deux plans. Je sors un coquillage de mon sac, grand et creux, récupéré sur une plage pendant des vacances sous le soleil. Petit à petit, je vide l'eau au pied d'un arbre. La flaque n'est pas si grande mais cette entreprise me prend bien du temps avec un coquillage. Désormais, il n'y a plus d'eau dans la flaque. Je prend alors un peu de terre sans faire de trou pour reboucher celui-ci afin que plus jamais une flaque semblable se crée à cette endroit précis, pour que plus jamais je ne me sente insulté de la sorte. De nouveau, j'avance lentement, mais sûrement. Tout semblait allait pour le mieux jusqu'à la visite d'un animal majestueux non loin de l'arbre que j'avais arrosé. Son pelage roux des plus touffu ondule à la moindre brise d'air et ses oreilles pointues s'arrêtent de remuer dès qu'il me voit. Tout semble très calme, mais dans le regard de l'écureuil, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Il est assis par terre, dans les feuilles que les arbres lui ont offert comme siège, à me fixer et à fixer ce que je fais, immobile, choqué. Il ne cligne presque pas des yeux. Je plonge alors mon regard dans les siens afin de pouvoir comprendre.... Mon âme se perd. Elle voyage à une vitesse époustouflante à travers une pupille infiniment sombre, traversant les portes de l'iris je me retrouve dans un noir complet. Contrairement à la flaque, rien n'est vide ici. Les images, sons, odeur, touchers me parviennent peu à peu. Ainsi je me vois, en lui, et par lui. Une humaine qui creuse, dans la terre, avec un objet étrange et coloré. Les humains ne cesseront-il jamais de transformer la nature à leurs goût ? Le choc est violent. Mon esprit percute mon corps d'une force si puissante que je tombe à la renverse. J'y ai vu par les yeux de ce noble animal la chose que je déteste le plus au monde. Lui, fuit devant mon immondicité, grimpe en haut d'un arbre et s'y cache. Je regarde l'arme de ce crime infâme quelques instants et la lance furieusement contre le tronc de l'arbre qui fut arrosé. Le coquillage se brise en deux parties distinctes, une pour mon ressenti premier et une autre pour mon refus de me regarder dans une flaque, dans un miroir au fond... Et dans le fond de cette dernière, il n'y a rien de mauvais si ce n'est mon reflet.... Celui qui, par la vitre de mes yeux, représente un reflet de mon âme. Sur les genoux, jusqu'au deux morceaux symboliques et réels je vais. Je les prend, chacun dans une main, en sanglotant. Je me hais. Je décide de garder ces deux morceaux, et de les exposer chez moi, l'un séparé de l'autre pour me rappeler qu'il y a plusieurs facettes de mon âme dans mon corps comme les feuilles dans un arbre. En voici une qui représente la haine de ce que je déteste, et une qui représente ce que l'autre montre du doigt. Je ne les garde pas pour me morfondre. Je les garde pour me rappeler qu'il faut que je trouve bien d'autre facettes de moi-même à travers les expériences que la vie m'offrira. Des bonnes comme des mauvaises, il faut que je puisse remplir cette étagère de coquillages.
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