Journal d'un espion
1 - Jour du soleil, 35 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Par quel état sommes nous passé pour en arriver là ? Depuis la chute des remparts du côté est, nos troupes sont au plus bas. Nous ne savons plus quoi faire pour remonter le moral de nos soldats. S'ils savaient au moins contre quoi ils se battaient, peut-être que l'espoir renaîtrait. Ils pourraient caler leurs haines contre quelque chose. Beaucoup ont besoin de ça. Certain, sous la pression constante, finissent même par se battre entre eux. Les fronts sont dur, les combats épuisants. Ceux qui reviennent vivant, après avoir repoussé héroïquement une attaque contre ce qu'il reste du pays, ne possèdent plus le don de parole. Quelque-uns refusent même de communiquer, que se soit par écrit ou par signe. Mais ils ne sont pas devenus stupide pour autant. Ils comprennent toujours les ordres et ils obéissent toujours à leurs supérieurs.
Les quelques descriptions physiques que nous avons de nos ennemis sont très variées. Aucunes ne se relient entre elles, certaine parlent d'immense queue de serpent, d'autres d'ailes gigantesques, un enfant qui prétendait les avoir vu évoquent des cross immenses dans de massifs bec monstrueux. Ce même petit parle aussi des sons qu'il avait entendu, des sifflements et des sons stridents. Un autre homme parle de museaux de loup, de fourrures grises et brillantes sur des corps bipèdes. Sans parler de leurs armes... Les nôtres semblent bien rudimentaire et anciennes face aux leurs. Sur les quelques attaques a distance que j'ai pu observer, j'y vis des rayon lumineux, des boulets explosifs et des machines volantes. Nos arcs, nos lances, nos épées, nos armures et nos trébuchets semblent bien ridicules à côté.
Aujourd'hui je me retrouve coincé à la capitale. Bien qu'elle soit assez éloigné des conflits, personne ici ne semble avoir oublié que la guerre fait rage.
Beaucoup d'anciens soldats s'y trouvent. Je ne suis qu'un scientifique passionné par la guerre et par ses arts mais par moments je dois bien avouer que le front me faisait envie quand j'étais plus jeune. Maintenant il me terrifie... et me passionne en même temps. J'ai choisi de tenir ce petit carnet pour garder des traces car c'est décidé : je vais me battre au front. Ma mission sera de me faire capturer pour noter tout ce que je vois. J'y risque la vie, mais en ne faisant rien, je condamne tout le monde.
2 - Jour de la pluie, 46 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Cela fait quelques jours que je suis avec les troupes. Je ne suis pas très musclé et malgré l'uniforme, je n'ai pas l'air d'un soldat. Mes camarades ont pris connaissance de ma mission, ils trouvent mon acte courageux et sont très solidaires avec moi. Je m'attendais à plus de méchancetés de leurs part. Mais bon, je ne vais pas m'en plaindre. Nous voyageons vers le front, le temps est gris. Nos bêtes ne ressentent pas la peur comparé à nous. Comme s'il n'y avait rien de dangereux pour elles. Nous marchons en direction du rempart tombé.
Pour me faire capturer, je ne vois qu'une solution, je me blesserais volontairement au combat en restant bien en vue. Avec beaucoup de chance, ça marchera.
2 + 1 - Jour de la boue, 49 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Le front n'est plus très loin, nous n'entendons rien mais selon la carte, rien ne cloche. Comme nous sommes en sous équipement, j'ai donné mes armes excepté une dague à mes camarades.
Le rempart est en vu. tout semble calme, ces lignes sont peut-être les dernières mais je garde quand même espoir sur ce plan fou.
4 - Jour du soleil, 50 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Le mois du dragon noir se finit, demain ce sera le premier jour du mois du dragon doré. Un mois de chance normalement... espérons. Le front été désert, nous n'avons rien vu, aucune de nos troupes, aucune des leurs. Juste un silence glacial. Nos chefs cherchent les lieux à éviter pour des embuscades, mais nous allons bien marcher sur leurs terres.
5 - Jour des feuilles, 1 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Depuis ce matin personne ne parle, tout le monde craint au fond de lui qu'au moindre chuchotement l'ennemi ne fonde sur nous ou que des pièges se déclenchent. Cela semble n'avoir aucun sens mais nous préférons tous limiter les risques. Après tout, il est vrai que nous ne connaissons rien des armes de l'adversaire. Alors seul les bruits de nos bottes battant le sol à un rythme régulier et ceux des objets en tout genre rebondissant contre nos uniformes trahissent notre présence en brisant le calme de mort qui pèsent tout autour de nous. Même le vent s'est tu, aucun animal n'est présent autour de nous. Tout est désertique, mort, en ruine, gris, rien ne pousse. Dans le silence ambiant, les tensions peuvent vite monter. Je ne sais pas si c'est la peur qui rend mes camarades comme ça mais dans tous les cas je les remercie de leurs solidarité. En ville, ceux qui étaient à bout se tapaient dessus pour se faire les nerfs. Je vois bien sur leurs visages que le moindre bruit provenant de notre petit groupe énerve tout le monde autour. Mais les hommes finissent par se comprendre avec quelques gestes rapides.
Au moment où j'écris ces lignes il est tard. Nous mangeons un repas froid, car aucun combustible ne se trouve à proximité et personne n'en a vu depuis hier. Certain de notre équipe pensent que nous sommes en fait déjà mort sans le savoir, ce qui expliquerait le paysage. Je ne suis pas de leurs avis car je pense qu'il n'y a rien après la mort. Si c'était le cas, pourquoi la vie existerait-elle alors ?
6 - Jour des croisboiseaux, 2 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Je pense que je risque d'écrire tous les soirs désormais. Normalement je ne devrais pas car je n'ai pas une réserve infinie de pages mais je pense que j'en ai besoin pour ne pas devenir fou. Tout est trop calme, trop silencieux.
J'ai fini par quémander un soldat pour qu'il m'apprenne les signes qu'ils utilisent entre eux pour ne pas rester isolé. J'ai fait lire mon carnet à quelques uns d'entre eux, ça faisait passer le temps. L'un m'a dit que dans une autre vie j'aurais pu être écrivain. Je lui ai dit que je voulais bien le croire, c'est ma passion à rédiger des texte qui m'a amener à faire ce métier.
En regardant autour de nous, on pourrait se croire en exil. Tous est silencieux, calme. Une atmosphère qui nous fait tous le même effet : on se remet en question. Avec les autres soldats, on s'est vite rendu compte que l'on se posait les mêmes question : "Avons-nous des regret ?" ; "Avons nous réalisé nos rêves d'enfants ?" ; "étions-nous heureux de nos vie avant de venir ici, avant la guerre ?" ; "Avons-nous oublié quelque chose ?" Cette dernière question m'a particulièrement torturé l'esprit. la journée d'hier est tout comme celle qui vient de s'écouler, et si bien plus de 4 jours depuis que je suis avec ces hommes ? J'ai souvent entendu parler de personnes très fines d'esprit qui perdaient toute notion du temps après avoir vécu des jour exactement semblable aux autres. C'est également pour cette raison que j'ai décidé d'écrire au moins moins une ligne par jour dans ce carnet, comme cela je serais rassuré.
7 - Jour des galets, 4 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Je me suis fait la promesse d'écrire au moins un mot par jour et dès le lendemain je ne l'ai pas tenu. Mais je pense que ce que j'ai vu hier restera gravé à jamais dans ma mémoire comme le fameux jour du nuage où j'ai vu l'ennemi.
Il n'y avait aucun nuages dans le ciel, il était bleu, comme toujours, sans aucun oiseau ou insecte le traversant. Et ce jour là nous étions heureux et terrorisés à la fois. Nous avons vu quelques mauvaises herbes ! Les premières depuis 5 jours ! Tous n'était donc pas mort dans ce lieux maudit. Il y avait même deux mouches qui virevoltaient au dessus de la fine verdure. Mais le sol est sec et mort partout ou nous marchons depuis plus de 4 jours. Où les plantes avaient-elles trouvé leurs nutriments ? Réponse : Sur le cadavre.
Il était totalement desséché et en voulant le toucher j'ai cassé une phalange. Le corps ne correspondait à aucune description que j'avais ouïe auparavant mais ce qui était sûr, c'est qu'il ne venait pas de chez nous.
À première vue il ressemblait à un humain de 4m. Mais à la place des pieds, on pouvait voir d'énormes sabots de chèvre et une immense corne lui sortait de par le front. Le mort tenait fermement un bâton terminé à une extrémité par un croissant de lune. Un soldat voulu le saisir mais dès qu'il le toucha, un épais brouillard violet en sortit. Il n'était pas toxique mais nous n'y vîmes plus rien pendant de longues minutes et on ressentait bien chacun de nos mouvement comme si nous avions tous été d'un seul coup parcourut de crampes. Nos chef décidèrent d'enterrer le bâton, soupçonnant une arme ou un piège, s'il cracherait du poison, il ne nous intoxiquerait pas la où il est désormais. Le cadavre étant le seul combustible à des kilomètres à la ronde, nous décidâmes de nous en servir pour allumer un feu. Ainsi, cette nuit fut meilleur que les précédentes, le froid nous mordait un peu moins le visage grâce au braise et les dernières rations qu'il nous restait pouvait être chauffée. Beaucoup voyait cela comme le repas du condamné. Nous pourrions difficilement faire demi-tour et rentrer chez nous sauf si l'ennemi nous attaquait ici. Néanmoins ce cadavre nous rassurait, nous savions que nous étions sur la bonne voix.
C'est donc à cause de tous ces changements qu'écrire ne m'était pas venu à l'esprit. Mais désormais nous sommes le lendemain soir et la journée qui vient de passer était semblable aux autres. Froide, silencieusement malsain, avec un paysage vide. Le relief du terrain varie de temps en tant, à chaque rocher nous barrant la vue nous imaginions et espérions une forêt ou juste un arbre mais il n'en était rien... Rien que le sol, sec et ferme tel de la roche. Cette nuit je vais devoir essayer de trouver la paix avec le grondement incessant de tous ces estomacs de soldats affamés. Je le demande combien de jour nous allons tenir sans vivres.
8 - Jour du toruto, 10 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
J'ai enfin retrouvé mon carnet, j'ai compté le nombre de jour que j'ai passé dans cette cellule en regardant la course du soleil dans le ciel pour ne pas me perdre. On s'est tous fait avoir, rien n'est sûr mais je doute que nos ennemis auraient laissé un des leurs sur les ruines du champs de batailles alors qu'ils avaient les moyens de le ramener à ses proches. C'était bien un leurre. Je ne sais pas vraiment comment, peut-être le bâton au croissant de lune, mais quelque chose sur ce corps leur permettait de savoir quand nous nous en approchions. Alors ils sont allés à notre rencontre et nous ont tous assommés d'un seul coup.
Quand je me suis réveillé j'étais en cellule. Toutes mes affaires m'avaient été subtilisé et je me retrouvait avec seul mes sous vêtements pour me tenir chaud dans cet humide et froid cachot. Je n'ai malheureusement pas vu mes ravisseurs. Mais ce matin, mes liens étaient défait et une porte de ma cellule était ouverte, j'y trouvai des vêtements inconnu et à ma taille et également mon carnet. Je ne peux aller plus loin, mais visiblement, ils ne me veulent pas de mal, ou ils veulent me garder en bonne santé pour je ne sais quelle raison.
9 - Jour de la lumière, 11 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Quel beau jour que celui de la lumière pour voir enfin l'ennemi vivant. Ce matin, un être est venu ouvrir la porte massive de ma cellule. Il me fit signe de le suivre. C'était une sorte de petit animal poilu et bipède, il arborait une très grande moustache bien touffu et tenait dans sa main un objet, qui m'étais inconnu, pointé sur moi. J'en déduisis que c'était une arme au cas où je réagirais mal à son approche.
Je le suivis dans un dédale assez long de cellule, toutes ou presque vides. Dans l'une d'entre elle j'y vit une jeune fille aux cheveux bleus avec deux tresses, elle marmonnait des choses incompréhensibles et je ne sais pas depuis combien de temps elle n'avait pas vu le soleil mais sa peau était plus blanche que celle de tous les cadavres que j'avais pu voir dans ma vie.
Nous finîmes par sortir de ce souterrain par un escalier en pierre taillé dans une salle immense où siégeait un trône gigantesque. Un autre être que je n'avais jamais vu avant mais qui correspondait enfin à une des descriptions qu'un soldats fou avait faite en descendit. C'était une femme avec des oreilles de loup, des moustaches de chat sortait de son visage et plusieurs queues grises sortaient de sa tenue étrange. Quand elle s'approcha, je vis que ses doigts étaient griffus.
Elle me demanda dans notre langue, sans aucun accent étranger, quel était mon rôle dans notre hiérarchie. Si elle parlait parfaitement bien notre langue c'est qu'elle avait du lire mon carnet. Elle voulait juste savoir si j'allais lui mentir ou non. Je lui avouai donc la vérité. Elle me regarda alors avec un regard malicieux et continua en me demandant si je savais pourquoi notre peuple se faisait décimer par le leur. Je répondis également la vérité, soit que je n'en savais rien. Elle lâcha alors quelques mots à mon geôlier qui me repoussa jusqu'à ma cellule. J'en déduisis que c'était fini pour aujourd'hui.
10 - Jour de la pluie, 12 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Je note ces mots alors que le soleil vient de se lever, après tout je ne sais pas quand je trépasserais ou quand on me séparera de mon carnet. Autant noter avant et après l'action dans ce cas. Mes ravisseurs ne semblent pas me vouloir de mal mais ne sait-on jamais.
Cette journée fut longue, je n'avais rien à faire dans ma cellule et personne ne vint me voir. Cette chère dame-louve avait peut-être des préoccupations plus importantes que d'expliquer ce qui lui arrive à un prisonnier dans son cachot. Pour passer le temps j'écoutais, les gens au dessus de ma tête, la vie qui s'y déroulait. Très loin au dessus de moi. Mais au moins je n'étais pas totalement isolé. Plusieurs intonations de voix fusaient dans tout les sens, parlant une langue dont j'ignore tout. Il y avait un marché, ou du moins un commerçant. J'essayais de retenir des mots isolés, comme la fois où je m'étais retrouvé chez le peuple Mahooyoi, mais sans les images c'était bien plus compliqué. Je seulement retenu le mot "kintakku", à mon avis cela doit être la monnaie locale. Je ne suis pas dans le noir à l'intérieur de mon cachot, grâce à plusieurs ouvertures entrecroisés d'épais barreaux d'aciers, ou je ne sais quel matériaux, j'ai une vue vers l'extérieur. Mais je n'ai rien pu voir par cette colonne de lumière excepté quelques oiseaux tout à fait commun.
Je n'ai pas écrit durant cette journée longue et ennuyante. Je ne voulais pas gaspiller trop de papier.
Je n'ai pas essayé d'appeler qui que se soit par cette ouverture. Peut-être que mes geôliers en serraient mécontent et m'auraient changé de cellule, une sombre et oppressante comme celle de la fille aux cheveux bleus, ou pire me retirer mon carnet !
Au final je vais simplement prier pour pouvoir, demain, reparler à cette femme qui semble diriger tout.
11 - Jour de l'ombre, 13 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Il est tôt, rien à dire de plus, je suis toujours vivant et dans mon trou.
Ironiquement, c'est au moment où tout commence à s'éclaircir que j'écris un jour de l'ombre. Je n'ai jamais écrit un jour de l'ombre dans ce carnet depuis que cette expédition a commencé. Aujourd'hui j'ai réalisé deux choses.
La première est que nos ennemis ne sont pas si différent de nous. Je veux dire, dans leurs attitudes. Il vivent ici en paix, une ville normale, tout est calme ; sans véritable danger j'entends, les gens parlent fort dans la rue, surtout les commerçants, les enfants jouent, crient comme des enfants le feraient. Ces même enfants, se sont les premiers civils qui m'ont vu. C'était pour ça que je n'en avais jamais vu avant. Ils n'ont pas pour habitude de venir ici. Ils sont venus pour me voir, voir un homme probablement condamné. Je me souviens, j'ai fais la même chose étant petit. Il y avait un cachot où croupissait un voleur, un rebut de la société promis à la potence. On voulait voir à quoi ressemblait la tête d'un homme qui allait mourir. Je me souviens qu'il était plongé dans ses pensées, il ne daignait pas nous porter attention. Chaque instant devait être précieux pour lui. Ou alors il avait juste sommeil, vivait l'instant présent comme il l'avait toujours fait et se fichait de la suite. Je me suis souvent posé cette question durant ma vie : à quoi pense-t-on quand il ne nous reste plus qu'un jour à vivre dans une cellule ? Et heureusement, encore aujourd'hui je ne connais pas la réponse. Cela signifie que je ne suis pas résigné ! Il me reste ma mission à accomplir ! Et puis, je ne vais pas non plus mourir demain. Ils n'ont, enfin... Elle n'a rien prévu à mon avis. Enfin bref, les enfants...
Ils étaient adorable. Les premiers visages heureux que j'ai pu voir depuis longtemps, aucun n'avait peur de moi. En même temps, même si je voulais leurs faire du mal, ils étaient à dix mètres au dessus de moi, et dix mètres nous séparait. L'un d'entre eux fit tomber un petit caillou. Il percuta plusieurs barreaux avant de toucher mon sol. Je l'ai ramassé et j'ai regardé l'enfant qui l'avait lâché. Je ne sais pas s'il pouvait me voir mais je lui ai souri. Je ne les voyais pas distinctement mais je remarquais tout de même les oreilles et queues de loup de deux d'entre eux et la peau rouge et bleue d'un autre. Ce détail me rassurait sur le fait que je ne rêvait pas.
La deuxième chose est le fait que je ne suis pas si important... Pourquoi me gardent-ils ? hein ? Parce qu'ils ont besoin d'informations ? Mais dans ce cas pourquoi ne passent-ils pas des heures à m'interroger ? Sûrement parce que je ne suis pas le seul à interroger, d'autre ont du être bien plus éloquent que moi. Ce doit-être avec eux qu'"elle" discute. J'hésitais à appeler de toute mes forces mon geôlier mais je me souvins du trajet que j'avais déjà parcouru, des centaines de mètres, plein de cellule toute vide sauf une... Personne pour écouter à par cette fille. Qu'avait-elle fait, elle ? Elle n'a pas l'air humaine au final, les cheveux bleue comme un ciel sans nuages ne sont pas commun vers chez moi en tout cas...
J'ai hésité pendant un moment à l'appeler. Il y a peu de chance pour qu'elle comprenne ce que je dis. Mais je l'ai finalement fait. J'ai crié, pour que le son aille jusqu'à elle, un :"mademoiselle ? Vous m'entendez ?"
Elle me répondit des mots que je ne comprenais pas, sa voix était cassé, aigue, et enjoué. Je ne me souviens pas de tout mais j'entendis quelque chose comme "komoshi ?" ou encore "tu som por aïe !" Puis des "tatatatataaaa !" Le cachots l'avait peut-être rendue folle...
12 - Jour du carrousel, 14 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Le jour du carousel est souvent considéré comme un jour maudit. On dit aux enfants qui font des bêtises qu'il doit y avoir une erreur sur leurs carte d'identité et qu'ils sont sûrement né ce jour là. Une légende veut également que ce soit ce jour-ci que les prisonniers craquent. J'espère que ça ne va pas m'arriver... Je suis pourtant à deux doigt. Bon, ne gaspillons pas le papier. Le soleil vient à peine de se lever.
Finalement ce jour m'a été bénéfique ! Mon geôlier est venu me chercher peu de temps après avoir écrit les lignes précédentes. Il me guida dans le même dédale de cellules que la dernière fois. (Je dois avouer qu'au début, je croyais que ce n'était que mon imagination. ) Chose amusante, il pressa discrètement de nouveau le pas devant la cellule de la petite fille folle qui visiblement ne nous avait pas remarqués, trop occupée à répéter des mots en boucle. Je remarquai néanmoins un écriteau à côté des barreaux dans une des colonnes de pierre. Je ne pouvais pas lire ce qui été écrit mais j'essayai tout de même de retenir les symboles. Si jamais j'apprenais cette langue, je pourrais toujours savoir pour quel motif cette jeune femme totalement folle est enfermé ici.
Mon geôlier me guida de nouveau dans la grande salle flamboyante de couleur vive. Le trône y était toujours et la grande dame louve également. Elle me dit bonjour, de manière tout à fait normale comme si nous nous étions vu hier. Sachant que ma vie était peut-être en jeu, je ne répondit à cette provocation que par un "bonjour" tout à fait poli. Elle s'excusa de l'attente que j'avais pu subir et rajouta qu'elle était très occupé ses derniers temps. Je m'en étonnai, mon séjour derrière ou plutôt sous les barreaux n'était donc pas vraiment volontaire... Elle reprit en me demandant où est-ce que nous nous étions arrêté la dernière fois. Je répondis que je j'avais oublié et en ironisant que l'obscurité des prisons n'est pas très bonne pour la mémoire. Paroles que je regrettai en voyant son regard sombre. Elle continua néanmoins :
"Pourquoi vous obstinez-vous ?
- Pardon ?
- Pourquoi vous obstinez-vous à survivre ? Et surtout à resister ?
- Enfin, ça me parait normal pour n'importe quel peuple de ne pas vouloir disparaître et de tout mettre en œuvre pour survire.
- Votre roi nous avait pourtant promis que vous n'opposeriez aucune résistance !"
Je ne savais pas si elle voulait tous simplement me faire craquer, mais cela me paraissait logique. Nous ne connaissons rien du peuple dans lequel je me trouve actuellement et une leader de ce même peuple m'affirme que notre roi a passé une sorte de pacte de non-résistance. C'est dur à accepter, surtout quand on connaît les convictions de notre roi. La dame continua :
"Et puis non, votre peuple devrait légitimement mourir. Votre cher roi l'a reconnu.
- Je connais le tempérament de notre roi et il ne ferait jamais ça. Peut-être ne parlons nous pas du même ? répondis-je passablement ennuyé.
- Théodore 4ème du nom ?"
C'était effectivement un roi de notre peuple... mort il y a 52 ans. Tué par son fils pour que ce dernier prenne la succession. Depuis nous avons eu 4 rois, dont deux d'entre eux sont supposés mort au combat face au peuple de cette dame louve. Je repris :
- Il est mort depuis longtemps cher... ?
- Ne m'appelez pas c'est mieux ainsi.
- Puis-je au moins connaître votre rang dans votre hiérarchie ? Vous connaissez le mien.
- Si vous y tenez. Je suis la général des armées de Iopna et première mage du régiment."
Cette dame prétendait être mage... Je n'accordais que peu de considération aux légendes des magiciens, déjà dans mon enfance je n'y croyais pas. Je lui lançai un regard qui signifiait "mais oui bien sur". Elle me lança à son tour un regard noir, j'entendis alors un étrange bruit qui claqua dans l'air et ma jambe m'abandonna. Je me retrouvais genou au sol pour ne pas tomber de manière ridicule sur les dalles de l'immense pièce. Je me demandais un instant si ce qui venait de se produire était de la magie mais en jetant un coup d'œil aux alentours, je vis le petit animal poilu bipède qui pointait son arme fumante vers le plafond. Il prononça quelques mots que je ne comprenais toujours pas avec un sourire malsain. Comme si elle lisait dans mes pensées la prétendue mage continua :
"J'imagine que vous n'avez rien compris à son verbe, ai-je tort ?
- Non, effectivement.
- Sachez alors dans un premier temps que me manquer de respect n'est pas sans conséquences. Et puisque vous n'avez pas l'air de me croire, voilà un aperçu qui pourra vous être utile."
Elle commença alors à prononcer des incantations étranges et de la fumé bleue-voilette sortie de sa main pour former une sphère qui lévitait en cillant doucement. Je supposais un tour de passe-passe comme le faisaient les marchants itinérants quand j'étais enfant mais elle me la lança subitement dans la figure. J'eu des acouphènes pendant quelques secondes puis mon ouïe redevint normale. Mon geôlier me dit en se gaussant que ce n'était pas le peine de me prosterner si longtemps mais je ne pouvais toujours pas me relever de par ma jambe non fonctionnelle.
"C'est un sort brisant les barrages linguistiques. Vous comprenez dorénavant tous ce que l'on dit, reprit la mage." Ce qui signifiait que cette femme-louve n'avait en fait jamais parlé ma langue ! Je ne savais pas vraiment comment prendre ça, je me sentais abusé... Puis soudains je me souvins de l'écriteau à côté de la jeune femme aux cheveux bleus. Je remerciai alors la magicienne qui me fit comprendre que c'était tout pour aujourd'hui.
Le geôlier me guida alors jusqu'à ma cellule en me pointant de nouveau avec son arme. J'avais du mal à marcher mais c'était de nouveau possible. Quand nous passâmes devant la fille au cheveux bleus. Je m'arrêtai un instant sur l'écriteau, voyant cela, mon geôlier me chuchota :"Ne vous arrêtez pas pauvre fou !" et en voulant me percuter il tapa son arme contre la colonde de pierre. Il se figea alors de peur et une petite voix rauque, aiguë, amusée et cassée se fit entendre : "Qui est là ? Vous venez me délivrer ? Je suis une pauvre princesse ! En plus des méchant messieurs m'on pris mes jouets... Si je les avais je pourrais faire plein de choses géniales !!"
Elle s'approcha de la grille en marchant. Elle pris deux barreaux dans ces mains, ces mains blanche, lumineuse si elles n'étaient pas pleine de terre, et relié à des poignets enfermé dans de solides chaînes. Elle colla sa son visage d'enfant entre ces deux barreaux et regarda dans notre direction. "Je sais que vous êtes là..." Elle ne pouvait pas nous voir, cachés par la colonne. "C'est toi ma proie ? Tu sais je te l'ai déjà dit hier... ou avant hier... je sais plus ! Si je réussi à sortir je te rattraperais ! ET TU MOURRAS POUR MOI !! TATATATTATAT ! AHAH HAHAHA AHAHHAAHA ! TU ES MA PROIE À MOI, ATTEND MOI POUR MOURIR !"
Et nous finîmes par partir discrètement pendant qu'elle répétait des infamies à mon sujet en chantant. Elle paraissait totalement taré... je pensais que c'était pour cette raison qu'elle était enfermée mais une fois seul dans ma cellule. Je me souvins de ce qui j'avais lu sur l'écriteaux : "Premier général du bataillon d'extermination ; ATTENTION spécimen extrêmement dangereux ; à n'ouvrir que sous présence de mage puissant ou si la cité est attaquée et qu'elle ne peut plus se défendre."
13 - Jour de la boue, 15 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Je n'ai pas pu dormir de la nuit. En partie parce que toutes les révélations que j'avais eu la veille me trottaient en tête et chassaient le sommeil qui venait à moi à chaque instant, mais également car la jeune femme aux cheveux bleus... pardon, la "Première général du bataillon d'extermination" a repris ses chansons insupportables. Je me demande si la mage le savait au final. Car maintenant, je comprends ce que cette folle dit. Imaginez ma nuit : dans un cachot froid, me torturant l'esprit avec des informations peut-être fausses et une psychopathe dans une chambre voisine qui me hurle qu'elle veut m'attacher et faire couler mon sang pour son bon plaisir... Cela fera toujours une question de plus : La général des armées de Iopna savait-elle que grâce à son sortilège je comprendrais toutes les chansons de l'autre taré ? Ainsi je subirais une torture de plus... Je pense qu'elle s'en doutait. Peut-être pour me punir de lui avoir manqué de respect avec cette histoire de magie ? Enfin bref ! Arrêtons là les questions sans réponses. Positivons et essayons de voir quelles options je peux avoir.
Maintenant que je comprends tout et peux m'exprimer je pourrais toujours essayer de communiquer avec les gens qui passeront au dessus de ma tête. Je pourrais toujours obtenir des informations sur leurs modes de vie, ça me sera utile.
Quelles informations - vrai ou fausse - ai-je obtenu hier ? Un roi nommé Théodore 4° du nom, mort il y a 52 ans, a accepté que son peuple se fasse décimer parce qu'il le méritait... Cette information me rend perplexe. Dans les livres d'histoires, ce roi est considéré comme le plus sage et intelligent qui nous ait gouvernés. Mais... quand cette offensive contre notre peuple a-t-elle commencé ? Il y a 50 ans environ... On pourrait croire que cette information est vrai. Mais peut-être que cette guerre a commencé sur une confusion de langage, un quiproquo. Le sort de langage n'était peut-être pas au point. Ou même inexistant ! Ou peut-être que notre roi avait vraiment décidé que son peuple devait disparaître. Mais dans ce cas il devrait y avoir une raison. Et moi cette raison je ne la connais pas... Il faut absolument que je la découvre, sinon je ne l'accepterais jamais. De plus cela semble lui paraître normal, à elle, que notre peuple doit disparaître ! Cette raison doit être vraiment conséquente.
J'espère qu'ils ne vont pas me laisser poireauter de nouveau plusieurs jours...
14 - Jour du soleil, 16 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Une nouvelle semaine commence. Ça me fait réaliser que je suis ici depuis bien trop longtemps. Qu'a-t-il bien pu se passer pendant mon absence ? La capitale est peut-être déjà tombée... Je devrais penser à ma famille mais je n'en ai plus depuis longtemps. Peut-être qu' "elle" veut tout simplement me voir désespérer. Peut-être qu' "elle" me parle de temps en temps pour se divertir. Si c'est le cas, restons noble, ne lui faisons pas plaisir.
15 - Jour des feuilles, 17 du mois, année 749 après l'apparition des lézards volants.
Mon geôlier est venu me chercher. Une fois de plus nous avons zigzagué dans les dédales des cellules, et cette fois, je reproduisis exactement les mêmes mouvements que mon guide devant celle de la folle. Même si c'était inutile, la jeune fille dormait à poing fermé, elle était exténuée. Et pour cause, la nuit qui venait de passer avait été mouvementée. Un énorme orage avait éclaté. Je l'entendais chanter et danser toute joyeuse qu'elle était. Ça me faisait plaisir de la voir dans cet état, avec d'autre pensées que vouloir me tuer. Je le lui réservai qu'un coup d'œil, le temps de passer. Il fallait admettre que malgré tout, elle était mignonne.
Une fois de plus je me trouvais dans la même immense salle. Et la mage se tenait debout devant moi. Elle commença :
"Votre nouveau petit séjour vous a-t-il fait du bien à votre mémoire ? Vous vous rappelez désormais de quoi je vous parlais ?
- Bien sûr, rien de tel que les froids et l'humidité pour les méninges..."
La mage me regarda bizarrement, elle se demandait si je me moquais d'elle, mais voyant que je continuais elle n'en fit rien :
"mais, rappelez moi juste, en quelle année, avec une date que je comprends bien sûr, était-ce ?
- Pour votre calendrier, qui débute au moment où nous nous sommes exilé chez vous, c'était en... 681, je crois bien, mais peut-être que je fais une erreur de calcul d'un an ou deux. Pourquoi cette question ? En quoi est-ce important ?
- Vous étiez présente à cette fameuse négociation avec notre roi ?
- Bien sûr ! Je ne me permettrais pas d'en parler sinon ! Je laisserais ce droit à quelqu'un qui connait bien le sujet !
- Mais... quelle âge avez, ehrm... aviez vous ?"
Je me retins de lui demander directement, lui manquer de nouveau de respect pour revenir bredouille d'information une fois de plus était la dernière de mes envies. Elle semblait être étonnée par ma question, mais répondit néanmoins :
"Entre 25 et 30 pourquoi ? Je ne vous donnerez pas plus d'informations plus précises, après tout vous bluffiez peut-être quand vous disiez ne rien connaître à la magie. Et vous alors quel âge aviez vous ? Puisque vous êtes lancé là dessus.
- Je n'étais pas né.
- Vraiment ?
- Vous avez donc entre 93 et 98 ans aujourd'hui. C'est la magie qui vous confère cette longévité impressionnante ?"
Elle me regardait de plus en plus bizarrement.
"Combien d'années vivent ceux de votre espèce en général ?
- Les plus anciens que nous avons ont entre 50 et 70 ans."
Elle me regardait, choquée.
"Ceux de mon espèce vivent entre 250 et 400 ans pour les plus anciens...
- Et je ne vous cache pas qu'en ce moment nous dépassons rarement les 35 ans. En même temps la guerre n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la longévité. Enfin, à mon avis on ne devrait pas parler de guerre, mais plutôt de massacre ou d'extermination. Si ce n'est pas trop indiscret, puis-je vous demander à combien s'élèvent vos pertes depuis que vous avez commencé à nous attaquer ?
- Ah parce que nous avons commencé par vous attaquer ? Première nouvelle ! Est-ce que vous vous fichez de moi espion !?
- Non ! Pas le moins du monde ! J'essaye juste de comprendre. De notre côté il n'y a que le chaos et la désolation, tous le monde a oublié pourquoi vous nous avez attaqués il y a 50 ans !
- Nous vous avons attaqués car c'est ce qui était prévu !
- Par qui ?
- Par ceux qui nous dirigent ! Votre roi et les nôtres.
- "Les" vôtres ?
- Nous sommes cinq royaumes en vous comptant, vous aviez oublié cela aussi.
- Nous n'avons absolument aucune information sur vous, certains pensaient même que vous n'existiez pas, que ce n'était que les dieux qui nous faisaient disparaître....
- Vous n'avez plus rien, vraiment plus rien ? Ce n'est pas une ruse ?
- Je le jure sur ma vie et celle de mon royaume.
- Inutile de jurer sur votre royaume, il va disparaître.
- Mais qui des 5 rois l'a voulu en premier ? Dites le moi, je vous en prie...
- C'est votre roi.
- Pourquoi ?
- Quand il a pris conscience de ce que les membres de son peuple faisait par leur simple existence... Il a décidé que c'était la meilleur des solutions... Votre roi était quelqu'un de très courageux et terre à terre. Il est respecté dans les 4 royaumes, ce n'est pas le cas chez vous ?
- Il n'a pas vraiment eu le temps d'être célèbre j'ai envie de dire. Il était connu comme sage mais il est mort en 697. Tué par son fils.
- Je vois, il n'a rien dû dire a son peuple, pour ne pas provoquer la panique."
Logique, qui ne paniquerait pas en apprenant que lui et tout ceux qu'il aime vont mourir parce que son roi l'a décidé. Mais je ne sais toujours pas les raisons... Pourquoi notre roi en est venu à cette conclusion ! Qu'est-ce que son peuple a fait de si terrible pour qu'il en arrive là ?! Elle ne me laissa pas le temps de lui demander et continua :
"D'ailleurs il y a une choses que je n'ai jamais comprise avec vous... Pourquoi avoir décimé tous les dragons ?
- Excusez moi, les quoi ?
- Vous appelez ça des lézards volants je crois.
- Euh, ils mettaient en cause notre survie, un seul représentant de leurs espèces pouvait détruire un village entier.
- Et alors ! Il suffisait de les dresser ! C'est ce qu'ont fait les yordeüls, ils ont toujours vécu avec et ne s'en sont jamais plaints, c'est d'ailleurs ce qui faisait leur seule véritable puissance. Vous les avez condamnés à ne plus pouvoir se défendre contre une invasion.
- Excusez moi mais les dragons n'étaient que des légendes pour moi. J'ai toujours cru que le fameux "Après l'apparition des lézard volants" dans le calendrier était une reference à une guerre semblable à la puissance d'un de ces... "dragons" ?
- Pour dire vrai cette date correspond à vos premiers contacts avec le royaume yordeül. Ces charmantes personnes possèdent des dragons domestiques mais supervisent surtout les sauvages, ceux que vous avez exterminés, par simple ego ou désir de vengeance... Les yordeüls vous ont apporté la prospérité, c'est ainsi que vous les avez remerciés.
- Les yordeüls sont-ils différents de mon peuple, je veux dire physiquement.
- Votre geôlier est un yordeül."
Je le regardai alors, cet être de petite taille, de la fourrure châtain sur tout le corps, ces énormes lunettes de protections, ces oreilles immenses, pointues et touffus, ces petites griffes au bout de ces doigts. Puis je l'imaginai chevaucher un dragon puissant, immense, cruel et impressionnant. J'eu du mal... Il me coupa dans mes pensées :
"Madame, il va bientôt être l'heure.
- C'est vrai, le temps file. Ramenez-le à sa cellule. Je n'ai pas toute la journée. Votre fameuse cité va être détruite après demain, cela demande de l'organisation."
Le yordeül me poussa de son arme et je me précipitai alors de dire :
"Attendez, s'il vous plait, dites moi au moins ce que mon peuple a fait de si grave !
- Leurs existences avaient un impact sur le monde. Je n'ai pas le temps aujourd'hui mais demain je vous expliquerai. Prenez votre journal d'ailleurs. Je vous dirai ainsi pourquoi je vous le laisse.
-bien..."
Je pensais être seul avec mes pensées en attendant demain dans ma cellule quand tout à coup la "Première général du bataillon d'extermination" m'appela :
"J'ai cru que tu étais parti pour toujours ma proie ! Tu m'a manqué tu sais, je ne t'ai pas vu passer ce matin !
- Ah oui ? lui criais-je pour qu'elle m'entende.
- SILENCE ! Les proies ne parlent pas ! Elle n'ont que le droit de hurler ! Compris ?!
- ...
- Tu hurleras pour moi ?
- Si vous me torturez il y a des chances...
- D'accord ! J'y penserai !
- Non ! Ce n'est pas ce que...
- SILENCE !"
Cette nuit allait être longue...
16 - Jour des croisboiseaux, 18 du mois, année 749 après l'apparition des dragons.
Le soleil se lève. Finalement je n'ai pas eu de problème avec l'autre général tarée... (excusez mon language mais au point où j'en suis je n'ai plus d'honneur à récolter avec cette mission et je n'en ai, à mon avis, plus pour longtemps, alors je vous prierai majesté de juste bien vouloir lire ou écouter ce que je raconte car cela vous permettra juste de savoir. Il est évident que nous sommes foutus.) Je sais enfin pourquoi ils... enfin, "elle" m'avait laissé mon carnet et de quoi écrire. Elle voulait que je note tout pour pouvoir vous l'envoyer à la fin. Avant que votre royaume ne s'écroule sous leurs assauts. Cela me parait évident que mon geôlier va venir me chercher pour m'amener à cette mage afin qu'elle me montre l'étendue de la puissance qu'elle compte déverser aujourd'hui sur la capitale. Elle cherche simplement à vous décourager. Même si, entre nous, je me demande bien où vous trouvez votre courage. (si vous n'avez pas déserté entre temps.)
ça n'a aucun rapport mais comme ma vie est en jeu, je vais vous en raconter un petit bout. Je n'ai pas essayé de rappeler des gens dans la rue à travers les barreaux. Maintenant que je les comprends, je pourrais leur parler. Je vais surement essayer dans la matinée. Je suis curieux de savoir comment ils vivent pendant que notre peuple meurt à petit feu.
Finalement mon geôlier est venu assez tôt. Je l'ai suivi et il prit pour la première fois un chemin différent. La général me vit partir cette fois et me lança un "Je sais que tu reviendras ! Sinon c'est moi qui viendrai à toi !" ou quelque choses comme ça... Il me guida donc jusque dans une salle bien plus petite que celle du trône. Le plafond était bas mais il y avait un balcon de pierre et vu le nombre de marche que j'ai dû franchir, la vue devait être assez impressionnante. Néanmoins je ne m'en approchai pas de peur que le yördeul pense que je tente de m'enfuir. Des rideaux de velour rouge sortaient des colonnes apparentes des murs. Excepté ce détail la salle était sobrement décorée. Une large table de pierre trônait en son centre, la carte de notre monde y était gravée. J'essayai de me repérer dessus pour savoir dans quel coin du monde je me trouvais mais je n'y parvint pas. Il n'y avait aucune inscription, seulement les reliefs des montagnes et des villes. La porte du fond, différente de celle que j'avais utilisée pour entrer, s'ouvrit brusquement par un homme immense dans une armure tout aussi impressionnante. Il avait un visage grave, et me pointant du doigt il beugla :
"C'est lui ton jouet général des armées de Iopna et première mage du régiment ?
- Tu sais, tu n'es pas obligé de prononcer tous mes titres à chaque fois que tu m'adresses la parole cher Premier Général de la défense armé du pays. Mais, oui."
"jouet" ? Moi ? J'étais donc encore plus insignifiant que ce que je pensais. Je n'avais aucun intérêt militaire ou politique. J'étais juste un jouet que l'on range dans un coin, - ou dans un cachot, qu'elle différence au fond - et que l'on ressort de temps en temps quand ça nous amuse. D'autre personnages tout aussi impressionnant que le premier firent leur apparition et se placèrent autour de la table. Certains étaient d'espèces que je ne connaissais même pas. D'autres paraissaient humain malgré leurs tailles imposantes mais au fond je ne pouvais pas deviner ce qu'il y avait sous ces casques représentant des animaux divers. La mage dont j'étais le simple jouet prononça quelques mots en posant sa main sur la table, et de la fumée opaque et bleutée en sortie. La mage la mania légèrement avec ses mains et elle commença à prendre forme. Je voyais désormais notre monde en relief sur la table et en temps réel ! Je finis par reconnaître la capitale de notre peuple. Elle était encore immaculée de tout massacre mais je me doutais bien, avec ce que j'entendais, que ça n'allait pas durer. Mon geôlier était toujours avec moi. Il semblait s'ennuyer autant que moi... J'écoutais alors d'une oreille désintéressée leur stratégie d'attaque. Comme s'ils en avaient besoin... Je remarquais néanmoins qu'ils parlaient très souvent de ce qu'allait faire un général qui n'était pas dans la pièce.
Au bout de longs échanges, parfois querelleur, une femme avec une queue de serpent en guise de jambe qui n'avait pas vraiment ouvert la bouche jusqu'alors lança :
"Mais où est-elle d'ailleurs ? Depuis tout à l'heure vous dites que l'on va s'adapter à ce qu'elle fera en prévoyant ses actes mais comment vous pouvez savoir qu'elle fera tout ça dans cet ordre précis ?"
Tous se turent et la regardèrent. Certains retenaient leurs rires. L'homme dans l'armure doré avec un casque en forme de tête d'oiseau lui répondit :
"Ces paroles prouvent que vous êtes depuis peu à ce poste.
- Effectivement, mais tout ceci me semble absurde. Vous m'aviez dit qu'elle était dans la ville qui plus est. Pourquoi ne prend-elle pas par au réunion stratégique ?
- Parce que ça l'ennuie... continua la mage qui semblait diriger tout le monde depuis le début. C'est une gamine après tout.
- Faites comme tout le monde, continua une dame aux oreilles étonnamment longues et pointues, considérez-la comme une arme dangereuse qu'il faut manier avec soin, pas comme une personne.
- Cela fait plus de quatre ans que nous nous battons au côté du Premier général du bataillon d'extermination, enchaîna l'homme imposant au visage grave, nous savons à peu près comment elle fonctionne.
- Et vous pensez sérieusement qu'elle pourra faire face seule contre une dizaine de soldat bien entraînés ?
- Elle a déjà fait ses preuves face à une centaine de soldat bien entraînés, et ceux là n'étaient pas moralement à bout."
Leurs discussions continuèrent, ma voisine de cellule est donc si dangereuse que ça ? Je pensais qu'elle possédait ce titre, puis suite à une bavure elle avait été mise en prison où elle était devenue folle...
Finalement, au bout de plusieurs minutes supplémentaires, les grands généraux se dispersèrent. La mage vint de nouveau me voir :
"Je vous avai promis que je vous expliquerait la raison de la destruction de votre peuple. Je tiens mes promesse comparé à vous.
- Je ne vous ai jamais rien promis.
- Quand je disais vous je le disais de manière générale.
- Le peuple n'avait pas promis de se laisser faire, le roi avait décidé tout seul que je sache.
- Si on veut... donc vos souverains sont des menteurs. Suivez-moi."
Mon geôlier et moi lui emboîtèrent le pas. Le temps de nous en aller, je jetai un coup d'œil en direction du balcon. La vue était dégagée. Une cité resplendissante se trouvait sous mes yeux, un port au loin, où des navires de toutes tailles étaient appareillés, des toits allant à des teintes de rouge au mauve, des rues pavées et des personnes de toutes sortes portant des costumes très variés. C'était une ville magnifique et riche. Je n'eu malheureusement pas le temps de m'attarder sur ce paysage. Tandis que nous passions dans les différents couloirs, je lui demandai :
"Pourquoi détestez-vous autant mon peuple ?"
Elle ne répondit rien quelques longues secondes puis :
"Parce que je ne vous pardonnerais jamais les atrocités que vous avez commises.
- Vous parlez des dragons ?
- Les dragons ne sont qu'un point de détail de votre immense catalogue."
Je me tu alors. Et suivis ses pas résonnant contre la pierre. Nous finîmes par arriver dans une longue salle au plafond haut. Elle ressemblait plus à un immense couloir avec, de chaque coté, d'immenses bibliothèques allant presque jusqu'au plafond d'un blanc sali par la poussière. La mage sortie quelques cartes. Me pointant du doigt une forêt elle me demanda : "Tu connais cette endroit ?" Je fixai donc la carte plus attentivement, mais rien ne m'était familier. Je regardai la date de cette dernière et vis qu'elle avait plus de 200 ans. Le lieu ne me disait rien... Il avait sûrement changé depuis. La mage rajouta pourtant : "C'est ici que l'on vous a récupéré avec les troupes qui t'accompagnait." Les soldats... qu'étaient-ils devenu ? Je les avait totalement oublié ! Je lui demandai, et la réponse ne me plu pas, mais elle ne m'étonna pas pour autant : tous morts. La mage insista de nouveau sur sa carte.
"Je ne me souviens pas être passé par une forêt en tout cas. Peut-être que le terrain à changé depuis, il n'y avait aucun arbre sur notre route.
- Bien, pourtant il devrait y en avoir, à quoi cela est-il dû à votre avis ?
- Je rêve ou vous êtes en train de me dire que les dégâts collatéraux que vous faites quand vous nous attaquez sont de notre fautes ?
- Ce n'est pas du à la guerre, ni à mon peuple. Et manquez moi de respect encore une fois et je me débarrasse de vous une fois pour toute ! Et vous n'aurez jamais la réponse à cette question qui vous torture tant.
- Ex... Excusez moi. Mais je ne pense pas qu'une arme de mon peuple soit capable de faire une choses pareille.
- Et vous avez raison. Mais ce n'est pas du à une arme, c'est du à votre peuple.
- Mais de quelles manière ?!
- Leurs façon de vivre, de cultiver, d'élever, tout est fait pour en tirer le plus gros bénéfice mais vous ne pensez jamais aux dommages collatéraux comme vous aimez les appeler. Vous ne pouvez pas changer les mentalités, votre peuple s'était trop étendu, votre roi n'était écouté que par ceux qui étaient proche géographiquement parlant. Vous détruisiez tout. As-tu la moindre idée du nombre d'espèces animale que vous avez anéanti ? Du nombre de source où la magie jaillissait que vous avez taries ? De peuples que vous avez chassés voir assassinés de cette manière ? Votre roi l'avait reconnu et l'extermination de votre peuple avant qu'il ne cause trop de dégât était la chose la plus évidente qui soit.
- Mais... la surface désertique était énorme ! On m'avait dit qu'une forêt se trouvait ici, votre carte en atteste ! Nous n'avons pas détruit ça du jour au lendemain, en pleine guerre !
- Vos rois qui ont suivi le sage ont du se rendre compte du problème et le cacher. Augmentant ainsi de plus en plus le nombre de vos victimes, coincé dans votre territoire devenu incultivable, la moitié de votre population mourrait de faim, nous n'avons fait que très peu d'attaque au final mais suffisamment pour vous désorganiser et amener la paranoïa dans vos rangs."
Je ne savais pas comment réagir face à ces révélations. J'hésitais entre crier que tout était faux et être septique ou terrorisé. Une expression désordonnée s'affichait peu à peu sur mon visage. J'étais perdu. Elle rangea la carte dans le mur et me fit signe de la suivre.
Nous étions désormais sur un immense balcon, la vue était incroyable mais je ne pouvais pas la regarder, j'étais... Je ne sais pas.
"Croyez moi ou non, je m'en fiche, je ne fais que vous dire ce que je sais comme promis.
- Vous... Vous avez vécu à cette époque ?
- Laquelle.
- Quand le roi a abdiqué, à cette époque, comment était mon peuple ?
- La plupart se croyaient supérieur à tout. Ils considéraient la nature comme un bien, et non comme un don. Et surtout, ils considéraient comme monstre ceux qui leurs ressemblaient sans être humain. Bref, des enflures. Tu comprends maintenant pourquoi je vous déteste ?
- Parce que mes ancêtres vous on détesté ? Alors c'est légitime de leurs rendre ?
- Non ! Vous avez volé les terres de ma famille en les détruisant ! Vous avez anéanti tout ce qui était mon environnement ! Vous avez décimé sans le savoir des amis qui ne voulaient pas quitter la terre qui les avait vu naître. Et vous avez assassiné des gens de mon peuple car vous les trouviez monstrueux. Vous êtes des monstres.
Je ne dis rien. J'attendais. Je n'attendais rien de particulier mais j'attendais car je ne savais pas quoi faire d'autre. Et mon attente fut récompensé en quelque sorte. Je vis un masse de cheveux bleu clair sortir sur le balcon en se cachant les yeux. Elle dit de sa voix aiguë et rauque :
"éh ben ! Il m'avait pas manqué celui-là ! Il me brûle les yeux..."
C'était bien elle, armée de deux objets qui paraissaient complexe et lourd, peut-être magique dont j'ignorais tout. La mage se taisait et baissait la tête en guise de respect.
"Oh ! Tu m'as gardé ma proie Rihrih ? C'est gentil de ta part !" La gamine s'approcha de la mage et l'embrassa, un baiser qui ne semblait pas vraiment partagé. En ont-ils si peur qu'il la laisse faire tout ce qu'elle veut ? Ou alors est-elle tout simplement leur supérieur hiérarchique ? La mage est général et la folle est "Première général"... Et "Rihrih", ça ressemble plus à un surnom qu'à un nom. Je devrais faire attention à ne pas l'utiliser si ce n'est pas son nom, elle me tuerait sûrement. La fillette posa son doigt sur moi, attendit quelques instants puis me chopa au cou. Elle me souleva presque et me chuchota à quelques centimètres de mon visage :
"Je vais partir ma proie... Mais je vais revenir, tu as intérêt de m'attendre ! Et que je reviendrai... tu vas courir. Courir comme tu ne l'as jamais fait pour que je puisse te poursuivre. Et si tu ne cours pas, crois-moi, je vais te faire courir, et ça, ça ne va pas te plaire..."
Elle me reposa rapidement et fit une sorte de mini bond en arrière et cria avec un sourire :
"Compris ?"
Je hochai de la tête, en tremblant. Elle m'avait coupé la respiration et je fus surpris sur le coup. Je ne pouvais réagir autrement que par soumission. Et elle s'en alla.
Je n'osais pas regarder la mage, elle devait sûrement être furieuse que je puisse la voir en position de faiblesse devant l'autre tarée. Je l'entendis s'éloigner à son tour, après quelques pas elle s'arrêta et dit froidement : "au pied." Elle était en colère...
Le soleil est bien bas majesté, s'il ne vous restait que quelques jours à vivre, que feriez vous ? Une question qui risque de vous occuper l'esprit une fois que vous recevrez mon carnet... Moi je regarde mon futur assassin à l'œuvre. Cette folle combat seule face à une partie de nos troupe que vous aviez du lancer à ma poursuite peut-être... Même si honnêtement je ne pense pas que j'étais si important à vos yeux. Au final je qualifierais plutôt ça de massacre que de combat. La folle décime à tour de bras sans prendre un seul coup. Ses armes sont des mécanismes visiblement assez complexes qui font un vacarme assourdissant. Je vais devoir fuir cette chose, comme elle me l'a "gentiment" demandé.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je suis si certain que vous êtes en train de lire ce que j'ai écrit en ce moment. La mage m'a dit pourquoi elle m'avait laissé mon carnet. Je devais écrire pour vous expliquer de quoi on vous accuse, vous montrer leurs puissance et surtout amener la peur en vous, car il était prévu que vous le receviez une fois ma mort venue. Mais finalement, les généraux ont avancé la date de l'attaque, alors elle m'a tout révélé et m'a demandé d'écrire mes derniers ressentit afin de vous l'envoyer quand même. Vous le recevrez peut de temps avant l'attaque. Je pourrais donc rajouter ironiquement que je n'attends pas de réponse à cette lettre. Je vous demande donc de réfléchir à ce que vous allez faire, mourir (volontairement) au combat, vous faire capturer, affronter cette folle ou fuir ? Si vous voulez mon avis, la fuite n'est pas la meilleur idée, ils vous traqueront où que vous soyez... Enfin, j'aurais une belle vu sur la scène si vous affrontez la... "Première Générale du bataillon d'extermination". Grace à la magie de cette chère dame-louve, je peux voir tout ce que fait ma futur prédatrice...
Sur ces belles paroles je vous laisse, veillez agréer la considération de mes sentiments distingués Votre Majesté Alias Le Futur Cadavre.
17 - Jour du Nuage, 19 du mois, année 749 après l'apparition des dragons.
J'ai la profonde conviction qu'ils vous renverront ce carnet si je vous écrit quelques lignes. Déjà félicitation pour votre parcours, vous avez fait honneur à votre royaume et à votre race si je puis dire. Voyez ce que je fais avant de mourir, je me bas, je fais ce que je comptais faire si j'étais certain de rester vivant. Je vais défendre ma ville ! Je suis dans la salle du trône avec ma garde rapprochée. Si vous voulez tout savoir, nous ne les avons même pas vu arriver, l'attaque était d'une rapidité fulgurante et des monstres en tout genre étaient lancés sur le champ de bataille. Par monstres, j'entends qu'il y en avait dans les deux camps si vous voyez ce que je veux dire...
Vous vous demandiez, je crois je n'ai pas vraiment le temps de tout relire, si j'étais au courant pour les terres que nous avons détruite. La réponse est affirmative, mais en même temps, que pouvais-je faire ? Hein ? Je vous le demande.
Je les entends arriver, je me doute bien que la porte ne risque pas de tenir longtemps alors je vais vous laisser. Et regardez bien ! (si vous me voyez grace à la magie) Je vais me battre comme quelqu'un qui a la certitude que rien n'est encore perdu !
(écriture saccadé:) Fuis ma proie, fuis... je vais m'amuser à te chercher dans la ville. Cache-toi bien, ne fais pas de bruit... et sens bien la peur au fond de toi. Je vais te retrouver quoiqu'il arrive <3
FIN
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