John est un tendre qui porte élégamment ses 77 printemps : il a des cheveux neige et une taille élancée. Il travaille encore malgré les douleurs dans les mains et une opération du tunnel carpien qui pourrait arriver bientôt. Le jour où il arrêtera de travailler, c'est son associé qui continuera.

Le salon de coiffure de John se trouve au centre-ville. Il est bien situé, mais on le remarque à peine. Pourtant, il a de grandes vitres, mais l'agencement intérieur ne permet pas de voir ce qui s'y passe. Des affiches sont fixées contre les vitres : non pas des têtes de mannequins avec les dernières coiffures à la mode, mais des programmes de concerts classiques ou d'opéras. John est un mélomane qui chante aussi dans une chorale.

Sur le trottoir, devant le salon de coiffure, il y a des arbres. Ce n'est pas original. Souvent sur les trottoirs les passants apprécient l'ombre des arbres. Mais les arbres devant le salon de John sont au centre de petits jardins : John a planté tout autour des fleurs, des arbustes, des plantes. Il les soigne et les chouchoute. On ne remarque pas le salon de coiffure mais on remarque les arbres et les fleurs. Et quand on lève la tête, on voit aussi des nichoirs pour les oiseaux et un abri pour les insectes.

Ce jour-là, je me suis arrêtée avec une amie pour admirer les fleurs. John est sorti du salon de coiffure et nous a invitées à boire un café à l'intérieur. Nous étions très étonnées mais nous avons accepté avec plaisir. John nous a servi un café et a continué son travail. Pendant qu'il coupait les cheveux, il écoutait sa cliente qui lui montrait sur son smartphone l'arbre qui était près de chez elle. Dany est entré. C'est un homme d'une soixantaine d'années, avec un léger handicap. « Monsieur John, est-ce que vous avez un savon pour moi ? » John a ouvert un tiroir, il en a sorti une savonnette pour Dany qui est reparti tout content. On sent chez John une attention empreinte de respect et de délicatesse pour les personnes qu'il rencontre comme aussi pour ses fleurs...

Quelques jours plus tard, je me trouvais à l'autre bout de la ville. Je marchais sur le trottoir bordé d'arbres. Mon attention a été attirée par un arbre, ou plutôt par le petit jardin autour de l'arbre. Je me suis arrêtée. Une dame est sortie de l'immeuble : « Vous admirez mes fleurs ? » « Oui, ça me fait penser à John, le coiffeur qui aime les fleurs. » « C'est lui qui m'a expliqué ce qu'il faut planter et comment les soigner. »

Un soir, j'aperçois John avec le tuyau d'arrosage bien occupé à soigner ses fleurs. Je le salue. Nous bavardons un moment. Il me remercie de m'être arrêtée pour lui parler...

Merci à vous, John, de cultiver la beauté et la bonté !