10. Dans mon travail au supermarché (2)

* La guirlande

Avant Noël, au travail. Un collègue m'appelle par téléphone : « Tu peux venir m'aider ?» Je le rejoins aux décorations de Noël. Une dame tient dans ses mains un sac en plastique. A l'intérieur, une guirlande qu'elle a apportée de chez elle. Elle voudrait fixer cette guirlande sur une porte mais elle ne veut pas coller et ne veut pas percer... et surtout, elle ne veut pas l'abîmer. Je l'emmène au rayon papeterie où nous avons quelque chose de transparent pour fixer les posters : cela se retire aisément après emploi. La cliente ne cesse de répéter : « Je ne veux pas l'abîmer. » En voyant que je ne peux pas la convaincre, je finis par lui dire très calmement : « Madame, si vous ne voulez pas l'abîmer, laissez-la dans l'armoire !» Et j'ajoute : « Vous savez, je ne suis pas Harry Potter avec sa baguette magique ! Je n'ai pas la solution. » Un petit sourire se dessine sur son visage. Pour me faire pardonner, je lui dis encore : « Peut-être pouvez-vous encore aller voir en face, au brico-loisirs ?» Elle me répond : « J'y suis déjà allée. » !!! Et je me fais mon cinéma intérieur : « C'est peut-être la guirlande de sa maman. La maman est décédée. Etc. »

* Un « Dachbett »

Cette fois, c'est une collègue qui me dit : « Va voir dans ton rayon. Il y a un client qui cherche quelque chose. » L'homme est très grand, il ne me dit pas bonjour. Il dit seulement : « I will es Dachbett ». Il veut un ??? Je le regarde, interloquée : « Pardon ?» « I will es Dachbett ». Je lui explique que je suis de langue française et que je ne comprends pas bien ce qu'il veut. Au lieu de me l'expliquer, il répète : « I will es Dachbett » A ce moment-là, je me mets à réfléchir à toute vitesse. Qu'est-ce que ça peut bien être ? Traduction littérale : Dach = toit ; Bett = lit

Peut-être cherche-t-il un drap de dessus ?

Je lui explique que, actuellement, tout le monde dort avec un drap housse et un duvet. Nous n'avons pas autre chose. Il semble fâché. « Comment ça, vous n'avez pas de Dachbett. Mais vous devez avoir cela !» Je l'invite à aller voir dans une brocante ou un magasin spécialisé... ou à téléphoner au service-clients. Et je le « plante » là, car je ne sais plus quoi faire. Je fuis dans l'entrepôt. Un peu plus tard, je raconte l'histoire à ma cheffe. Elle sourit : « C'est un mot typiquement de cette région. Ça veut dire 'duvet', un duvet chaud, avec des plumes. » Ça alors ! Pourquoi alors n'a-t-il pas réagi quand j'ai parlé de duvet ? Et je me fais mon cinéma intérieur : « Peut-être vient-il de la campagne ? Peut-être parle-t-il seulement le dialecte ? Peut-être est-il perdu dans ce grand magasin ? Peut-être sa femme est décédée ? Peut-être n'a-t-il pas l'habitude de faire des achats ?» Et peut-être c'est pour cela qu'il me fait l'effet d'être arrogant. Trop tard pour me rattraper ! Mais j'ai appris un nouveau mot en dialecte.

* Stress ?

C'est presque 13 heures. Au vestiaire. Je me prépare à aller travailler. Une porte s'ouvre brusquement et une collègue entre tout essoufflée en soupirant. Je m'exclame :« Oh, quel soupir !» Natacha, qui travaille à la caisse, me dit : « Ah, c'est toi ? » « Oui, je suis presque en retard. Je suis stressée. Je dis toujours aux clients qu'il ne faut pas stresser. Et moi, je stresse aussi. Pourtant je m'étais levée tôt ce matin. Mais j'ai lu tout l'évangile de Jean : il parle toujours de l'amour. C'est tellement beau. » Avez-vous déjà pensé que la caissière chez qui vous passez au supermarché a lu l'évangile de Jean avant de venir travailler ?


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top