Histoire 1 : Le Prince des Vampires


      Le bruit des bottes sur le pavé me fit tourner la tête vers la fenêtre de ma chambre. Je me penchai et vis la Brigade des Forces de l'Ordre entrer dans une maison voisine. Je me réfugiai au fond de ma chambre, maudissant ma malchance. Pourquoi ? Car cette vie n'est pas ma première. Eh oui, je me suis réincarnée. Je suis morte assez jeune, percutée par une voiture me semble-t-il. Et au lieu de profiter tranquillement d'un quelconque paradis, je me suis réincarnée dans un autre monde, très semblable à celui d'avant, avec quand même une petite différence : les vampires existent. Et ils règnent en maître, évidemment. Il y a des règles assez strictes, pour les humains comme pour les vampires. Règles très inégales, d'ailleurs.

      La seule règle des vampires est : essayez de ne pas tuer un humain lorsque vous buvez son sang. Nous les humains, je peux vous assurer qu'on en a plus : ne regarder un vampire dans les yeux, leur obéir, être soumis, et j'en passe. Mais il y quand même quelque chose de bien dans cette vie : il existe des établissements scolaires uniquement pour les humains ! Bon, les professeurs sont des vampires, c'est vrai. Il y en a aussi des mixtes. Ma meilleure amie, Anna, y est, ce n'est vraiment pas sécuritaire.

      Pour vous faire une petite description des vampires : beaux comme... des vampires. Ils sont très très beaux ; leurs yeux sont rouges vifs ; ils ont des canines qui ont la taille de deux phalanges ; leurs ongles peuvent devenir des griffes. Ils sont dirigés par un vieux roi, mais c'est son fils, le Prince Liam, qui gère tout. Et d'après ce que je sais de lui, ce n'est pas le genre de personne avec qui on aime discuter, si vous voyez ce que je veux dire... Il déteste les humains et ne se gêne pas pour tuer ceux qui se mettent en travers de sa route. J'espère sincèrement ne jamais le croiser. Mais rappelez-vous ce que je vous ai dit : moi, Ludmila Anderson, 16 ans, je suis la malchance incarnée.

Mon téléphone sonna et je répondis à l'appel :

- Oui Anna?

- Lila ! Est-ce que tu es libre ?

- Eh bien, oui, pourquoi ?

- Je viens de passer deux heures à réviser un contrôle d'histoire, j'ai besoin de me changer les idées ! déclara Anna à l'autre bout du fil. Retrouve moi sur la Grande Place !

Et elle raccrocha. J'attrapai mes chaussures et ma veste puis griffonnai un mot pour mes parents, les informant que je sortais. Marchant dans les petites rues étroites, je baissai la tête et avançai rapidement. Arrivée sur la place, je vis Anna, adossée à une barrière. Je la rejoignis en quelques enjambées.

- C'est moi ou tu as un contrôle toutes les semaines ? lançai-je.

Elle haussa les épaules.

- Mes professeurs sont des sadiques ! Allons marcher.

      Nous nous engageâmes dans les ruelles, discutant de tout et de rien. Arrivées dans une rue un peu plus large, je distinguai au loin des gens qui s'approchaient rapidement. Lorsque je reconnu celui du milieu, je poussai mon amie dans une ruelle à côté, lui attrapai le bras et me mis à courir comme une dératée. Au bout de quelques minutes, à bout de souffle, elle m'obligea à m'arrêter. Nous étions dans une impasse.

- Mais qu'est ce qui t'as pris ? s'exclama Anna.

- C'était le Prince ! chuchotai-je. Le Prince des Vampires !

Elle pâlit d'un coup puis s'adossa au mur, les yeux fermés.

- Mais qu'est-ce qu'il fait ici ?

- Je ne sais pas, Anna, mais je pense que nous devrions...

      Des bruits de pas firent leur apparition et nous échangeâmes un regard angoissé. Ce n'était pas lui, n'est-ce pas ? Mais il était dit que j'étais réellement la malchance incarnée. C'était bel et bien le Prince.

Dès qu'il pénétra dans la ruelle, nous nous agenouillâmes, comme le voulait la loi. Il nous toisa d'un regard froid et indifférent.

- Des humaines... 

Ses yeux rouges s'arrêtèrent sur moi et me fixèrent. Une angoisse sourde s'installa dans mon ventre. J'avais comme tout le monde entendu parler de ce qui arrivait aux jeunes filles qui croisaient le Prince. 

- Vos noms ! ordonna-t-il.

- Lu... Ludmila Anderson, Votre Majesté, bégayai-je.

- Anna Nalay, dit mon amie à voix basse, les larmes coulant sur son visage livide.

- Et puis-je savoir ce que vous faites dans cette ruelle ?

- Nous nous sommes égarées, Majesté, murmurai-je, le cœur battant la chamade.

J'allais mourir. Encore une fois. Le Prince des Vampires ne laissait jamais un humain indemne. Et, me connaissant, j'allais à tous les coups commettre une idiotie, comme d'habitude. Une main m'attrapa par le col et me plaqua durement contre le mur. J'entendis Anna hoqueter de surprise.

- Dis la vérité, humaine ! cracha le vampire. 

Je me débattis, tentant tant bien que mal de reprendre ma respiration. 

- Nous vous avons vu dans une autre rue et avons pris peur, Majesté, avouai-je finalement le souffle court.

Il ricana et me jeta par terre. Il s'accroupit et 

- Tu fais bien d'avoir peur, faible humaine. Je suis puissant, tu es faible ; je suis important, tu n'es qu'un grain de sable que le vent emporte ; je suis un vampire, tu es une humaine.

      Il me lança un coup de pied dans les côtes, m'envoyant rouler sur le côté. Sa main plaqua mon visage par terre, mais je pus voir son ongle te transformer en griffe, qui dessina un trait sur ma tempe. J'étouffai un cri de douleur et fermai les yeux. Une supplique silencieuse fusa dans mon esprit :

- Grand frère !

Les larmes se mirent à couler sur mon visage. Pourquoi n'avais-je pas été plus prudente ce jour-là ? J'étais pourtant sûre qu'il n'y avait aucune voiture ! Pourquoi moi ? Pourquoi ?!

- Les humains ne sont que de la vermine, cracha-t-il. Depuis toujours et pour toujours.

Il me lâcha, se releva, puis partit enfin. Dès qu'il fut hors de son champ de vision, Anna se précipita vers moi.

- Lila ! Est-ce que ça va ?

- Ne t'inquiète pas, Anna... Nous devrions rentrer.

Point de vue du Prince Liam

Je plaquai son misérable visage contre le sol et la blessai à la tempe. Un cri fusa dans son pauvre esprit humain :

- Grand frère !

      L'image d'un garçon aux cheveux noirs et aux yeux bleus apparut dans son esprit. Intéressant... On aurait dit... Non, j'ai dû rêver. Personne ne peut vivre deux vies. Les larmes se mirent à couler sur son visage.

- Les humains ne sont que de la vermine, crachai-je. Depuis toujours et pour toujours.

Je la lâchai, me relevai puis sortit de cette ruelle. J'entendis son ami se précipiter vers elle et je m'arrêtai, curieux de voir ce qu'elle allait dire :

- Lila ! Est-ce que ça va ?

- Ne t'inquiète pas, Anna... Nous devrions rentrer.

Je repartis en ricanant.

C'est ça... Rentre chez toi, petite humaine... Je finirais bien par découvrir pourquoi il se trouvait dans ton esprit et pourquoi tu as les mêmes yeux que Nozomi Hoshino !

Point de vue de Ludmila

      Je me roulai en boule sur mon lit, les larmes coulant à flots. Je restai plusieurs minutes ainsi, puis fini par m'endormir, vaincue par la fatigue.

Le lendemain matin...

      Lorsque je me réveillai, j'étais déterminée à oublier les événements de la veille. J'enfilai rapidement mon uniforme, pris mon petit-déjeuner puis sortis. Arrivée au lycée, la cloche sonna et j'allai me ranger avec les autres. Dans la classe, alors que nous attendions pour nous asseoir, la professeure, Mme Salvat, nous ordonna de nous agenouiller. Je fronçai les sourcils mais imitais mes camarades. La porte s'ouvrit et un autre vampire entra. Je ne pus deviner son identité, car j'étais tout au fond de la classe. Je vis malgré tout la professeure s'agenouiller. Ce qu'elle dit me glaça le sang :

- Votre présence nous honore, Majesté.

J'entendis ma voisine retenir sa respiration.

- Relevez-vous et asseyez-vous, humains ! ordonna le Prince.

Nous nous exécutâmes, tremblants de peur.

- Je resterai deux semaines dans ce lycée, déclara-t-il. Dans cette classe, plus précisément. Cela afin d'évaluer le niveau scolaire des humains.

J'étais pétrifiée de peur. S'il restait dans la classe, ça signifiait qu'il devrait s'asseoir à une place. Et la seule de libre était... derrière moi. Paix à mon âme.

- Sortez vos affaires, ordonna la professeure.

      Je sortis lentement mon cahier et ma trousse tandis que le Prince avançait vers le fond de la classe pour s'asseoir derrière moi, comme prévu. Mme Salvat écrivit le titre de la leçon du jour et je dus me retenir de ne pas lever les yeux au ciel. Le titre était : "La découverte de la supériorité des vampires".

- Bien. Qui parmi vous saurait comment ont été découverts les vampires ?

Personne ne leva la main.

- Vous me décevez, souffla-t-elle avec exaspération. Les vampires ont été découverts il y a des centaines d'années par un scientifique humain qui s'intéressait de très près au sang, principalement car sa petite sœur avait été retrouvée vidée du sien. Un jour, il a eu l'idée de découvrir si certains humains réagissaient différemment au goût du sang. Pour sa première expérience, il est malheureusement tombé sur un vampire. C'est ainsi que leur existence a éclaté au grand jour. Cet humain a été exécuté peu après. Des questions ?

Une main se leva devant :

- Oui ?

- Quel était le nom de ce scientifique ?

- Nozomi Hashino.

      Je me figeai. Hashino était mon nom dans mon ancienne vie et Nozomi était mon grand frère. Il avait toujours aimé les sciences, mais j'étais loin de me douter que c'était lui qui avait découvert les vampires ! Mais attendez... S'il a existé dans cette société, ça voudrait dire... Que je ne suis pas dans un autre monde et que je pourrais trouver des restes de mon existence sur cette Terre ! Par contre, je ne suis pas morte vidée de mon sang, mais bon.

      Le cours se déroula ensuite comme le reste de la journée, sans incident notable. Lorsque la dernière heure sonna, nous rangeâmes nos affaires en silence. Le professeur sortit, puis les élèves. J'allai me lever lorsqu'une force me cloua soudainement sur ma chaise. Je me débattis pendant plusieurs minutes avant de comprendre que, plus je m'agitai plus la force gagnait en puissance. Je restai donc sans bouger et je vis avec horreur le Prince - que j'avais complètement oublié - contourner ma table pour se mettre en face de moi. Je baissai la tête, ne pouvant m'agenouiller.

- Ludmila Anderson, commença-t-il. J'ai quelques questions à te poser, à commencer par : comment connais-tu Nozomi Hoshino ? J'ai très bien vu ta réaction lorsque son nom a été cité.

- Je l'ai vu dans un livre d'Histoire, murmurai-je.

Pourquoi moi ?

- Je ne te crois pas, gronda-t-il.

- Je vous jure que c'est la vérité, Majesté !

- Ne me mens pas ! tonna-t-il.

Point de vue du Prince Liam

- Ne me mens pas ! tonnai-je.

      Elle se mit à trembler imperceptiblement, mais je pus très bien voir une flamme de défi s'allumer dans ses yeux. Bien, il fallait donc employer les grands moyens. Je l'attrapai par le cou et la plaquai contre le mur. Elle hoqueta de surprise et agrippa mes mains, tirant dessus pour essayer de les décrocher. Typique des humains. Je grondai et ouvris la bouche pour dévoiler mes canines, deux fois plus longues que la moyenne. Je la vis arrêter de se débattre puis pâlir lorsqu'elle comprit ce que j'allais faire. Je ricanai puis m'approchai lentement, me réjouissant de la terreur qui assombrissait ses yeux. Tu vas comprendre ce que c'est de défier le Prince des vampires, petite humaine idiote.

Point de vue de Ludmila

Je recommençai à me débattre, voulant à tout prix éviter la morsure, et la mort. Il leva la tête, les canines bien en évidence.

Non ! hurla une voix dans ma tête lorsqu'il abattit sa mâchoire sur mon cou.

Je ne pus retenir un cri de douleur lorsque je sentis les longs piques acérés entrer dans ma nuque.

Bats-toi Lila, bats-toi ! hurla la même voix dans ma tête. Tu ne peux pas mourir ! Lila !

Mais je n'eu pas le choix. C'est comme ça. La mort ne nous demande pas notre avis.

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