| Edouard |
Il fit un pas et se retrouva dans le train. Sur le quai, il pouvait observer de nombreuses familles qui se quittèrent, s'embrassant et jetant leurs bras autour de la nuque de leurs enfants, compagnons, frères ou sœurs. Il avait vingt années derrière lui, et, comme pour rester indifférent à ce surplus d'amour, il ferma les yeux et dirigea son regard vers le centre du wagon, ou des étrangers venaient de s'asseoir sur les sièges à proximité. Il les observait de son regard émeraude, scrutant leurs moindres faits et geste, prêt à ronchonner lorsqu'ils feraient un pas de travers. Vêtus de manteau beiges, et de pantalons en jeans, le groupe de touristes étaient tous identique : un sac à dos prune et des chaussures noires. Le tout accompagné d'un chapeau qu'ils tenaient entre leurs mains. La femme la plus âgée de ce cercle devait sans doute avoir une quarantaine d'années, tandis que l'homme semblait avoir cinquante ans. Il allait parler à sa femme, lorsqu'il vit le regard insistant du jeune homme. Alors il le fixa du coin de l'œil, attendant que ce dernier tourne la tête.
Cependant, Édouard, l'être téméraire, ne stoppa pas l'activité de ses yeux sur lui.
Il essaya de poursuivre lorsque les portes s'ouvrirent : ils étaient arrivés à l'un des arrêts qui prenaient de nombreux cadres et quelques touristes. Bientôt, il ne discerna plus du tout la personne qu'il adorait menacer du regard, mais il vit une belle jeune femme, qui lui demanda de s'installer devant lui. Il accepta, et voulu débuter la conversation avec elle, alors il dit :
- Belle journée, hein ? Vous êtes d'où ?
- Oui, la météo annonce des éclaircies. Et je suis de Lyon et vous ?
- Moi de même, c'est étonnant ça alors. Vous faîtes quoi dans la vie ? -lui demanda-t-il, ayant soudain peur d'être impoli et bien trop curieux.
- Et bien je travaille dans une entreprise de construction de bâtiments architecturaux. Et vous ? -lui dit-elle.
- La façon dont vous le dîtes laisse penser que votre métier est passionnant ! Je travaille dans un bureau qui crée de la publicité pour les événementiels, et tout ce qui est animation également.
- J'adore cela, quand j'étais adolescente je voulais tellement travailler dans le graphisme...
- Et vous n'y êtes pas arrivée, mais maintenant vous avez de la notoriété, grâce à votre travail d'architecte. -lui dit-il pour lui remonter le moral.
- Oui oui, si on veut. -répondit-elle, en faisant la moue.
Le train se stoppa encore, et Edouard jeta un coup d'œil par la fenêtre. Il distinguait alors très nettement les personnes qui y étaient statufiés, ils étaient d'anciens collègue de son bureau qui étaient partis en retraite et qui avaient crée une association contre l'illettrisme.
Il revenais à la conversation avec sa compagne de voyage, et lui proposa donc de venir dans son bureau, le temps d'une semaine, pour découvrir un peu le métier, et comment on procède pour attirer les clients et les pousser à l'achat. Elle lui répondit :
- J'aimerais beaucoup, mais la semaine prochaine est très chargée pour moi : nous devons remplir un contrat qui nous obligerait à vendre une plus grande partie encore des parts de l'entreprise, sous peine de procédure judiciaire qui viserait à faire écrouler tout notre travail acharné. Nous avons également la chance de devoir changer de locaux, sous la pression de la mairie qui veut soit-disant récupérer ses terrains pour en faire des logements avec mixité sociale et transports doux, ce qui, entre nous, n'ai pas été réussi dans un autre des quartiers de la ville, puisque là-bas les bagarres s'enchaînent. Alors bon, pour ce qui est de changer d'air en ce moment, je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée.
- Je suis désolé pour vous, j'espère que vous réussirez à garder tout ce dont vous avez besoin. Sinon, je peux vous conseiller un de mes amis qui est avocat. Il est très réputé dans le milieu et il a réussi la plupart de ses procès auprès de ses clients, je pense qu'il saura répondre à vos attentes, financières mais aussi salariales. -lui indiqua Edouard, sûr de lui cette fois.
- Je propose alors que nous restons en contact, je vous note mon numéro où ?-lui demanda-t-elle.
- Ici -lui répondit-il en lui pointant un petit carnet qu'il portait toujours sur moi pour dessiner quand l'ennui pointait son nez.
Elle le prit dans ses mains, aux ongles vernis de bleu pâle splendide, et sortit de son sac à mains de cuir blanc un joli crayon doré. Elle écrivit sur l'une des pages qui n'était pas déjà gribouillée, mais s'attarda ensuite sur l'une d'elles, une petite fille splendide aux boucles lui tombant sur les épaules. Ce dessin était tellement réaliste qu'elle lui demanda si c'était une photo ou un dessin.
- C'est un dessin, voyez l'une de ses mèches effacée par mon doigt qui glissa malencontreusement dessus. -lui répondit Edouard en souriant.
- Oh, et bien sans votre intervention je n'aurais jamais pu différencier dessin et photo ! Vous dessinez depuis combien de temps ? Et puis pourquoi ne pas travailler dans une entreprise d'art manuel, à la place de confectionner des publicités ? -questionna-t-elle.
- Je ne sais pas... Je ne me pensais pas assez bon dans ce domaine, ainsi cela ne devient qu'un passe temps, et rien d'autre. -lui dit-il en lui prenant le carnet des mains, qu'elle avait soigneusement fermé. - Parlez moi de vous, en dehors du travail.
- J'habite seule dans un quatre pièce du centre Est de la ville, mes voisins font un bruit épouvantable et parfois je ne peux même pas m'endormir ! -lui dit-elle en rigolant discrètement. Mais sinon tout va bien !
- Je vois ce genre de problèmes, moi-même j'ai dû changer de logement à cause de locataires à proximité beaucoup trop tapageurs et tonitruants. Je suis parti en portant plainte, comme tout l'immeuble d'ailleurs. Certains sont cependant restés, n'ayant pas les moyens de déménager pour un homme impotent et idiot ne cherchant qu'à énerver ses voisins.
- C'est tellement agaçant. Qu'avez-vous prévu de faire ce soir ?
- Pas grand chose à vrai dire, je dois terminer un document pour une entreprise de meubles, mais, nous pouvons passez la soirée ensemble si vous le souhaitez. Je vous ramènerais chez vous si vous le désirez.
- J'aimerais beaucoup, mais je ne voudrais pas vous déranger plus encore. -lâcha-t-elle.
- Vous ne me dérangerez pas, enfin ! Je vous propose de venir dîner chez moi, c'est que nous pourrons parler pendant que je ferais mon travail, alors vous acceptez ? -lui demanda-t-il, ayant trouvé sympathique ce petit trajet avec elle.
- Et bien j'accepte avec plaisir alors ! Je descends donc à la même gare que vous ?
- Oui, si cela ne vous dérange pas bien sûr. -dit Edouard, en souriant.
Elle lui répondit par un hochement de tête, et continuèrent à discuter jusqu'à ce qu'Edouard se lève et articula qu'il fallait qu'elle le suive, pour ne pas le perdre. Alors, tous deux sortirent du train, Edouard en jetant un regard aux touristes qu'il avait plus tôt fixé intensément, puis se retourna pour admirer la femme qui se tenait à ses côtés.
- Vers quelle rue irons-nous ? -lui demanda-t-elle en le faisant sortir de ses pensées.
- La Rue de la Villette et ensuite la Rue de la Viabert. Prenez mon bras, et allons-y. -dit Edouard.
Ils continuèrent d'échanger leurs passions en se dirigeant vers le logement d'Edouard.
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