Lolita - partie 1/8
Céleste inspira brusquement et ouvrit les yeux. Il ne lui fallut qu'une fraction de seconde pour chasser le flou que laissait le sommeil quand il s'en allait. Sans y penser, elle leva la main pour la passer sur son visage.
Mais sa main ne bougea pas.
Pendant un instant, l'horreur se répandit dans son corps comme si son sang se glaçait. Elle était à l'extérieur de son corps, encore une fois. Elle ne contrôlait pas ses actes. Ce n'était pas elle. Ce n'était pas elle.
Non, non. Elle était bien dans son corps. Si elle voulait, elle pouvait bloquer sa respiration et sentir ses poumons s'enflammer quand le manque d'air devenait trop dur à supporter. Elle pouvait ouvrir la bouche et avaler tout l'oxygène qu'elle souhaitait. Elle était dans ses corps.
Ses mains ne répondaient pas car elles étaient immobilisées. En tournant la tête, Céleste le vit bien. Ses poignets étaient prisonniers d'anneaux argentés qui provoquaient un contact froid contre sa peau.
Elle était allongée au sol. Et elle pouvait voir.
Une femme était agenouillée près d'elle. Elle ne semblait pas avoir remarqué que sa prisonnière était réveillée, puisque son regard restait perdu dans le vide. Rapidement, Céleste remarqua aussi qu'elle fumait. Quand la femme souffla, l'internée sentit l'odeur désagréable de la cigarette et fronça le nez.
— Eh, tu veux essayer ?
Merde, se dit Céleste. Elle savait qu'elle était réveillée.
— Non.
La femme se pencha vers Céleste. Quelques mèches de cheveux bruns caressèrent les joues de la blonde et instinctivement, elle se tendit. La femme avait une tête à s'appeler Lolita. Comme le chien des Barbapapas, parce qu'elle avait cet air un peu débile sur le visage. Mais Lolita était assez long à dire et l'esprit de Céleste était très embrouillé. Elle décida de raccourcir son surnom par Lola.
— Je suis déçue. Je pensais que tu avais un plus grand goût du risque.
— Pas quand je suis attachée, désolée, répliqua vivement Céleste.
Lola sembla réfléchir à ces paroles et Céleste espéra très fort qu'elle la détache. Mais elle se contenta de sourire.
— C'est bien ce que je disais. Je suis déçue. Sûre que tu veux pas essayer ?
Et alors que Céleste allait répondre, Lola glissa la cigarette entre ses lèvres.
Prise de panique, l'internée blanche tourna la tête dans une tentative de se soustraire à cette attaque inattendue. Puis la fumée brûla sa gorge et elle se mit à tousser. Elle se mit à tousser si fort qu'elle cru cracher ses poumons. C'était difficile, de tousser dans la position dans laquelle elle se trouvait, allongée sur le dos ainsi. Lola se mit à rire et éloigna la cigarette.
— Je savais que ça te plairait.
— Je vais te tuer, articula Céleste.
— J'en doute. On m'a dit de ne pas trop t'abîmer, essaye de ne pas m'interrompre, que je puisse faire attention.
— Ne me touche pas.
Lola rit encore. Elle riait beaucoup. Quand elle riait, elle rejetait sa tête en arrière et fermait les yeux. Céleste aurait adoré pouvoir entourer ce cou exposé de ses mains et serrer, serrer, serrer.
— On t'as laissée tranquille un moment. Tu te rappelles comment tu es arrivée ici ?
Oui, Céleste se rappelait, maintenant qu'elle y pensait. Elle était en salle d'isolement. Reece était parti. Puis d'autres scientifiques étaient arrivés pour elle. Oui, elle s'en souvenait. Mais la suite ? La suite, non. Elle avait du s'endormir dans les bras d'un des gardes. Cette idée la dégoûtait.
— Oh non, commence pas à ne pas me répondre. Ton amoureux était plus bavard.
Cette fois, ce fut au tour de Céleste de sourire.
— Lequel ? Histoire que je puisse lui raconter comme je t'ai tuée.
— Simon.
— Oh, tu vas souffrir, souffla Céleste.
Lola n'était pas de cet avis, mais cette réaction la fit rire. Encore. Céleste trouvait ses gloussements incessants insupportables.
— Tu menaces beaucoup, pour une fille attachée qui ne peut pas bouger.
Elle se pencha encore en avant et se délecta de voir que la respiration de la plus jeune s'interrompait un court instant.
— Pauvre petit chien qui aboie mais ne peut pas mordre.
Et avant que Céleste ne puisse répondre, elle vint appuyer le bout incandescent de sa cigarette au niveau de sa clavicule.
La douleur explosa. Céleste hurla, tendit tout son corps et lutta contre ses liens. Ses yeux se remplirent de larmes, ses mains se refermèrent dans le vide. Un sanglot se logea dans sa gorge.
Lola s'amusa à faire glisser le bout de sa cigarette sur la peau de sa victime, remontant l'objet brûlant au niveau de sa gorge. Puis, elle s'éloigna enfin comme pour observer le résultat de son œuvre.
— On va passer de belles journées, toutes les deux. Je sens qu'on s'entend bien.
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