Libre - partie 8/8
La ville avait changé depuis que Céleste y avait été la dernière fois. La voiture roulait seule dans les rues. Finalement, Lola s'arrêta devant une maison.
— Tu bouges pas de là, Céleste. Je t'enferme dans la voiture. Te fais pas remarquer, je reviens dans une minute.
Céleste ne bougea pas. Elle observa Lola toquer à la porte de la petite habitation. Elle plissa les yeux quand une fille ouvrit la porte.
Elle semblait plus âgée que Céleste de seulement un an ou deux, mais elle était plus petite qu'elle en taille. Ses cheveux noirs et courts étaient arrangés en dizaines de petites couettes-palmiers attachés par des élastiques colorés. Céleste n'avait jamais été très intéressée par les vêtements – l'internat lui avait arraché ce droit en ne donnant que des habits identiques à tout le monde – mais ceux de l'inconnue étaient fascinants. Ils avaient quelque chose qui rappelaient les tenues des esquimaux, comme s'ils étaient en peau de quelque chose, mais semblaient en même temps très légers, très confortables. Céleste n'avait jamais vu ce genre de vêtements, on aurait dit qu'ils n'existaient que dans des rêves. Mais ils rendaient la fille encore plus jolie.
La fille n'avait pas l'air ravie de la présence de Lola. Son visage restait fermé alors qu'elle l'écoutait parler. À un moment cependant, elle dirigea son regard vers la voiture et sembla sourire en direction de Céleste.
Après de longues minutes de discussion, Lola se dirigea à nouveau vers son véhicule. La fille inconnue resta là où elle était, dans l'encadrement de la porte d'entrée. Céleste remarqua quand elle se tourna comme pour parler à quelqu'un derrière elle et elle repéra son geste agacé, qui trahissait une certaine angoisse. Elle se dit que cette fille cachait quelque chose. Quoi que ce soit, il ne fallait pas que Lola soit mise au courant, vu le regard qu'elle jeta ensuite à la tortionnaire.
Lola ouvrit la porte de la voiture et se plaça devant Céleste.
— Écoute-moi bien.
L'internée acquiesça. Était-elle encore internée ? Elle se dit qu'elle en avait marre que les autres lui demandent sans cesse de comprendre ou d'écouter.
— L'internat ne t'élimine pas parce que tu es encore utile. Mais il est hors de question qu'on te garde avec les autres, vu que tu n'es pas capable de te tenir tranquille. Alors, on va te mettre avec Opale. Tu as deux règles à respecter : premièrement, ne plus t'approcher de l'internat ; deuxièmement, ne jamais faire de mal à Opale ou lui attirer de problèmes. À part ça, tu peux tuer autant de gens que tu veux et aller faire chier absolument le monde entier, tant que tu fais pas chier l'internat. Si tu respectes pas ces règles, tu sais ce qu'ils peuvent te faire. Et n'oublie pas qu'il y a encore tes sœurs à l'internat et tous tes amis. Reste avec Opale si tu veux survivre, au moins le temps d'aller mieux, parce que t'es dans un état de merde. Commence pas à t'attirer des problèmes maintenant, d'accord ?
Céleste resta sous le choc pendant un moment. Puis elle se rendit compte que Lola-Dolorès attendait qu'elle réagisse et elle réussit à hocher la tête sans vraiment savoir ce qu'elle acceptait. La scientifique sourit et ouvrit un peu plus la portière.
— Vas-y, alors.
Elle était libre. Elle était libre.
Un élan d'euphorie s'empara d'elle.
Mais même dans cet état, Céleste était rancunière.
— Dis, tu reviendras me voir ?
Lola parut surprise. Après un temps, elle acquiesça.
— Peut-être.
Satisfaite par cette réponse, Céleste se leva. Elle le fit un peu trop vite et manqua de tomber. Lola la rattrapa et l'aida à rejoindre la dénommée Opale et quand la scientifique la lâcha, Opale était là pour la soutenir. Elle attendit que Lola s'en aille avant de pousser la porte du pied et d'aider Céleste à entrer à l'intérieur.
— On risque d'être un peu à l'étroit ici, mais je te jure que jamais on te fera du mal dans ma maison. Tu n'es plus à l'internat, Céleste. Tu es en sécurité. Viens, tu peux t'asseoir ici. Je peux aller te chercher de l'eau. Et des vêtements propres.
Céleste s'assit sur le canapé désigné par Opale. Elle observa les deux petites créatures assises sur un fauteuil et le dragon assit à côté d'elles. Elle se dit qu'elle était entrain de rêver. Opale la recouvrit d'une couverture.
— Plus doux que ça, tu crèves, murmura Céleste en s'enroulant dans l'espèce de fourrure qui n'était pas réellement de la fourrure ; Céleste était incapable de définir cette manière, mais elle était indéniablement confortable.
Opale rit. Elle se dirigea vers les deux créatures bizarres et leur chuchota quelque chose. L'un d'eux ronchonna une réponse et se dirigea vers une autre pièce. L'autre, qui ressemblait à un petit garçon à moitié bouc, alla à la rencontre de Céleste. Il lui caressa les cheveux et lui sourit.
— On va te protéger, promis.
C'était irréel. Totalement irréel. Céleste s'entendit rire puis s'endormit.
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