8. Se chercher dans le ciel

Maman,

Le soir, quand je n'arrive pas à dormir, je vais voir mes sœurs. Mon frère, lui, vit déjà la nuit. Il ne dit pas un mot et me suit. Ils me suivent toujours, tous les trois. On se faufile dehors, sur la terrasse, même s'il fait un peu froid, c'est le seul endroit où on peut être ensemble et en paix. On s'allonge par terre et on se tient chaud en se collant les uns aux autres. Là, on se cherche dans le ciel. Orion trouve toujours sa constellation en premier, il la connaît bien et pourrait la trouver les yeux fermés, j'en suis sûr. C'est le seul moment où je le vois sourire vraiment, d'ailleurs. Ensuite, il aide Naos et Altaïr à trouver leurs étoiles. Elles adorent ça et tendent toujours les bras comme si elles pouvaient toucher du doigt toutes ses petites lumières. Moi, j'oublie souvent de chercher ma constellation, je suis trop occupé à les regarder être heureux tous les trois. Alors, ils cherchent l'Eridan pour moi et Orion nous répète qu'elle contient trois cents étoiles.

Un jour, Naos m'a dit que c'était pour ça que j'étais si lumineux. J'ai beaucoup d'étoiles avec moi. Je lui ai répondu que ces étoiles, je les lui offrirai quand elle en aura besoin ; à Orion et à Altaïr aussi.

C'est la première fois que j'écris dans ce carnet. Naos l'a laissé sur mon lit exprès pour que je me confie. Je crois que ça l'aide beaucoup. C'est elle qui a eu l'idée – Naos a toujours les meilleures idées, elle est la seule à nous empêcher de tous tomber – et elle a incité Altaïr et Orion à écrire aussi. Moi, je n'ai jamais vraiment montré que j'en avais envie.

J'aime pas parler de toi, maman. Je te déteste d'être partie. Tu es partie et maintenant tu es morte. Comment je peux te pardonner ça, moi ?

Il est quatre heures du matin. Tout le monde dort, sauf Orion et moi. La nuit, Orion fait ses affaires. Il dort au collège, sur sa table, quand il ne fait pas l'école buissonnière. D'ailleurs, il m'est arrivé de partir avec lui. On a souvent séché les cours pour se balader sans but dans la ville, tous les deux. Tu ne serais pas contente, si tu étais encore là, maman. On montre le mauvais exemple à nos sœurs, tous les deux. Pourtant, elles vont toujours à l'école. Elles sont sages, elles. Les maîtresses disent qu'elles sont vraiment adorables, quand on vient les chercher l'après midi. Avec Orion, ça nous fait rire, parce qu'elles ne nous aiment pas et nous lancent toujours des regards froids en même temps qu'elles compliment les filles. Un jour, un surveillant a même dit que Naos et Altaïr « rattrapaient les résultats médiocres de la famille Sinavih ».

On préfère en rire plutôt qu'en pleurer. Et puis, c'est notre vie qu'on fout en l'air, pas la leur, alors pourquoi nous critiquer autant ?

J'ai seize ans, tu sais. Sept ans que tu t'es barrée et que tu es morte. Je suis encore au lycée, même si je pourrais arrêter, maintenant. Je reste parce que j'ai des amis et puis, sinon, je m'ennuierais.

J'écris n'importe quoi et je suis fatigué.

Retiens deux choses : je t'en veux toujours et je vais bien. C'est le plus important.

Eridan
(le truc qui te sert de fils (le premier))

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