Le ciel était gris. Parfois, une zébrure lumineuse le déchirait. Accompagné d'un grondement inquiétant, le vent hurlait. Et là, au milieu de la bataille qui faisait rage dans les cieux, il courait. Il galopait, comme un poulain affolé. Il ne savait presque rien, mais il avait comprit qu'il fallait fuir. Alors, aussi vite que son corps le lui permettait, il poursuivait sa course.

   Soudain, une goutte s'écrasa sur son épaule dépourvue d'habits. Suivie d'une autre, qui précéda une averse glacée. Le sol devint boueux, et il grelotta.

– Reviens ! Reviens ici !

   Il accéléra. Hors de question ! Il voulait être libre.

   Mais ses pieds s'enfoncèrent dans la terre humide. Un éclair l'éblouit, et il s'étala sur le sol.

Debout ! Plus vite ! Plus vite !

   Avec détermination, il reprit sa course maladroite. Ses pas se faisaient hésitants et maladroits, heureusement qu'il était endurant.

   Les champs laissèrent place à la forêt. Il soupira, quelque peu soulagé. Les arbres le protégeaient de la pluie, et le terrain était moins glissant. Brusquement, il vira à gauche. Celui qui le poursuivait lâcha un juron. Il n'était donc pas loin.

   Le garçon qui fuyait continua encore sa course, puis, brusquement, il devint un loup. Le temps de cligner des yeux, et il avait détalé.

– Maudites créatures, cria l'autre avec fureur, tu vas voir, quand je te retrouverais, je te ferais la peau !

   Les paroles haineuses du poursuivant furent perdues dans le vent hurleur, si bien que l'intéressé ne put les entendre. Et pourtant, il savait qu'il venait de se mettre dans le pétrin, une fois de plus. Malgré ces pensées, il eut un sourire ; le sourire d'un vainqueur ; le sourire de quelqu'un qui n'en fait toujours qu'à sa tête et qui a raison.