La terreur de la cave

Vous savez peut-être que les moments où le soleil apparaît et disparaît à l'horizon sont des moments de la journée où tout devient possible... L'entre-deux du Royaume des Ombres et de Celui de la Lumière, cet instant unique où les morts reviennent à la vie, où les ombres de la nuit s'allongent à l'infini, et où toutes les créatures de la nuit s'aventurent hors de leur tanière.

C'était un matin ordinaire, comme il en existe tant dans une simple vie humaine. Un samedi matin humide et glacé d'hiver, où je quittai la maison bien emmitouflé dans ma parka matelassée qui me protégeait chichement contre le froid mordant. Il faisait encore nuit lorsque que je me dirigeai vers la grange, cartable sur le dos, pour prendre mon vélo qui me servirait à me rendre au collège. Un vent sinistre soufflait et sifflait à travers les arbres, sous la lune blafarde qui s'attardait dans le ciel voilé de sombres nuages.

En levant les yeux vers le ciel, je réprimais un frisson qui n'était pas dû au froid. Le cri d'une chouette perdu dans le lointain figea un instant l'air autour de moi. Saisi d'effroi, j'avais cessé de respirer en m'immobilisant au milieu du chemin. Je détestais sortir seule dans le noir, par ces nuits de pleine lune, à l'instant même où le soleil pointait à l'horizon. Une brume légère se levait toujours à ce moment-là, rendant le paysage alentour encore plus angoissant.

Après un regard inquiet autour de moi, je repris ma route en me tenant sur mes gardes. Quelques mètres à peine séparaient l'entrée de la maison du hangar où était rangée ma bicyclette, mais cette courte distance me semblait s'être changée en dizaines de kilomètres. Je hâtai le pas, sans même oser regarder par-dessus mon épaule. Et l'aurais-je fait, sans doute aurais-je gagné quelques minutes de plus pour laisser le soleil apparaitre enfin, et chasser les ombres de la nuit.

Après une courte minute qui me parut une heure, je pénétrai dans le hangar avec soulagement. Ce n'est qu'en constatant que, malgré mes essais répétitifs sur l'interrupteur, la lumière ne fonctionnait plus, que je commençais à appréhender les ténèbres profondes qui m'entouraient.

_ "Voyons... Ma bicyclette n'est pas très loin... me dis- je en tentant de reprendre mon courage à deux mains. Je n'ai qu'à laisser la porte entrouverte, j'aurais juste assez de clarté pour trouver mon vélo."

Mais l'obscurité ambiante avait un je-ne-sais-quoi de vraiment angoissant. Une odeur étrange s'exhalait dans le noir, une senteur de renfermé et terre humide. Et il avait aussi cette sensation de froid intense, comme un souffle malsain s'échappant de quelque tombeau entrouvert.

_ "Hé, réveille-toi ma grande! me gourmandai-je intérieurement. Les fantômes, ça n'existe pas!"

Prenant une grande inspiration, je me ressaisis et ouvris la porte du hangar en grand pour avoir le maximum de lumière du crépuscule naissant. Malgré cela, il faisait toujours sombre. J'observais pendant une minute les ténèbres, dans la direction probable de ma bicyclette et, une fois mes yeux habitués à l'obscurité, je distinguai enfin l'objet de mes recherches. Avec un petit sursaut de joie, je me précipitai vers le fond du hangar, quand soudain....

Le sol se déroba brusquement sous mes pieds, et je chutai dans un immense trou noir. Un hurlement m'échappa alors que je dévalais douloureusement les escaliers de la cave. J'essayai de me retenir aux étagères qui descendaient au fil des marches, mais mon cartable trop lourd m'entrainait vers le fond. J'atterris avec un bruit mat sur le sol humide de la cave. Le corps meurtri et les idées confuses après cette dégringolade, je me redressai finalement pour comprendre ce qui m'était arrivé.

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