2] À coups de bec
"You've been Thunderstruck"
- AC/DC.
Rapidement, j'attache mes ondulations blondes en une queue-de-cheval, sors mes poings américains et un masque noir. Là, j'ai vraiment pas intérêt à me louper. Je déglutis et sans bruits, m'approche par-derrière du mec qui retient en otage le gamin. La pluie recommence à tomber, mais je ne m'en soucie peu. Je suis complètement focus.
Lorsque je suis assez proche du mec, j'inspire. Et à la rapidité de l'éclair, je me glisse sous le bras qui tient le canif. Je profite de la confusion générale pour lui morde violemment la main. Il pousse un cri de douleur, le canif rebondit par terre. Alors qu'il reprend peu à peu ses esprits, mon adversaire tente de me mettre une droite. Je l'anticipe et l'esquive avec facilité. Je saisis son bras pour lui tirer vers moi et lui creuser l'estomac d'un fort coup de genoux.
Il s'écroule au sol en toussant. Le petit semble figé, choqué par la scène. Putain, c'est pas le moment de rester là.
- Dégagez ! Je leur hurle.
Sortant de sa transe, la jeune femme accourt vers son frère. Elle le saisit dans ses bras et immédiatement court dans le sens opposé.
- MERCI ! S'écrie-t-elle à mon encontre.
Deux des mecs se lancent à sa poursuite, mais je me précipite devant eux avant de les faire reculer d'un coup de pied circulaire. Vous restez ici mes cocos.
- Votre adversaire, c'est moi. Alors vous la laissez tranquille. Je grogne.
- Tu crois faire quoi ? T'es qu'une pauvre collégienne face à nous six ! Nous, on est les Serpents ! Le gang le plus fort d'Omotesarido ! Se vante le chef.
- Huh ? Jamais entendu parler. Je réponds très sincèrement.
Mais il a raison. Si encore étaler quatre types toute seule, c'est dans mes cordes, plus, c'est impossible. Et en plus... ho putain. Ils ont récupéré le canif. Ok, c'est vraiment la merde. Mais je ne peux pas fuir, sinon ils vont poursuivre la meuf.
Je sors rapidement mon téléphone et tape un numéro que je connais par cœur. Quelques secondes se passent sous les ragrds intrigués des types, jusqu'à que sa voix sorte de l'appareil.
" - Yana-chou ? Ça va ? Tu m'app-
Ils sont huit, ils ont un canif. J'suis au parc d'Omo, dépêches-toi. Je le coupe en voyant trois des gars s'élancer vers moi. "
Sans plus attendre, je raccroche et éjecte mon portable sur un carré d'herbe. J'esquive avec agilité les deux premiers coups. Mais je me prends le troisième en pleine poitrine. Je geins de douleur, avant de lui porter un coup dans les bijoux de famille. Il s'écroule par terre.
- Salope ! Grince-t-il.
- Œil pour œil, dent pour dent. Je réplique en attaquant un autre d'un coup de pieds dans le ventre.
- Pas b'soin que ton mec arrive, on va te démarrer ici et maintenant. Il va rien comprendre à sa vie. Menace un autre type.
Je l'ignore simplement. Il faut que je m'attaque au chef. C'est la règle dans les gangs. Quand on s'attaque au chef, les autres membres n'ont pas l'droit de nous attaquer en même temps. Question d'honneur.
- Sauf que moi... Je commence en m'élançant à toute vitesse vers mon futur adversaire.
Je lui dégaine un coup à la mâchoire. Mais il l'évite facilement. Je me rattrape en une roue arrière.
- Vous avez devant vous l'une des membres fondatrice du Toman ! Je clame haut et fort.
Je les vois se raidir. Mais bien vite, l'autre se reprend. Un sourire carnassier prend place sur son visage, ce qui me procura une désagréable sensation. Il fit craquer férocement ses poings.
- C'est pas tous les jours que j'ai l'droit à voir la culotte d'une meuf aussi importante.
- ...Quoi ? Je marmonne.
- Et c'est pas non plus tous les jours que j'ai l'droit à défoncer la mystérieuse membre fondatrice du Toman.
On va bien voir ça mon connard. Sans plus attendre, je fonce à nouveau dans sa direction. Je tente lui décoche cette fois avec succès un coup de pieds dans les côtes. Nous échangeons plusieurs coups pendant plusieurs instants. Je m'éssoufle, alternant coups de pieds, esquive et coups de poings. Soudain, mon adversaire trébuche sur une pierre. C'est la faille que j'attendais. Alors, de toutes mes forces, je lui envoie un hight-kick monumental au menton.
Il hurle de douleur, titube quelques instants avant de s'écrouler dans la poussière boueuse. Sa salive se mélange à son sang. Je me détourne de cette vision, dégoûtée. L'expression des autres membres est folle. Une seule meuf en uniforme scolaire vient de mettre à terre quatre de leurs membres et leur propre chef. Épuisée, j'essuie un filet de sang de ma mâchoire.
- Alors ? À qui l'tour ? Je lance à la cantonade.
Attends. Où est le troisième type que j'ai foutu par terre ? Et là. Une énorme douleur aux chevilles me fait perdre l'équilibre. À mon tour, je heurte le sol trempé à une violence inouïe. Je grogne, le souffle court. Mais je n'ai pas le temps de me relever qu'un premier pied s'écrase sur mon ventre, me coupant définitivement le souffle. Je suis foutue.
Maintenant Manjirō, tout repose sur tes épaules.
Au bout de dix coups, je ne compte plus. C'est qu'ils s'y mettent à plusieurs ces fils de pute ! Je serre les poings pour pas montrer ma faiblesse. Mais je dois bien l'admettre, je douille sa mère. Je les entends rire comme des tarés. Encore heureux qu'ils n'aient pas pensé à prendre le couteau. J'ai mal. Trop mal. Je ne vois plus le temps passer. Je gémis de douleur à nouveau lorsqu'un coup de pied s'abat sur mon visage. Ma vision se brouille. Merde, j'veux pas pleurer. J'ai envie de tous les buter.
C'est alors que j'entends le son de l'espoir. Le son de sa moto. J'ai l'impression que mon cœur bat d'un éclat nouveau. C'est pas trop tôt... Mikey. Je réunis les dernières forces pour me redresser et le voir. Ses yeux sont plus noirs que jamais. Mikey n'est pas souvent réellement en colère. Mais là... s'il pouvait les tuer en un seul regard, ce serait déjà fait.
Je n'ai pas le temps d'esquisser le moindre mot, qu'il étale ces types. Mais il ne les mets pas en tapis, comme il aime tant le faire. Non. Simplement, il se précipite vers moi, la mine plus inquiète que jamais. Il jauge mon état rapidement. Dans ses prunelles onyx, je vois successivement passer le soulagement, la rage, l'inquiétude et la tristesse. J'aimerais me relever pour le rassurer lui dire que tout va bien. Mais je ne peux rien dire.
- Je te ramène, Yana.
Avec toute la délicatesse, il me cale sur son dos. Ses bras passent précautionneusement sous mes cuisses meurtries. Je me mords les lèvres violemment. Le moindre mouvement me donne envie de hurler de douleur. Je grimace encore lorsqu'il m'installe derrière-lui sur sa moto. Il le sent, car son expression se rembrunit encore plus.
La moto démarre dans un bruit qui me semble maintenant assourdissant. Malgré la souffrance, je me sens peu à peu portée par le rythme étonnement calme de sa conduite. Mais alors que je m'apprêtai à tomber dans les bras de Morphée, j'entends une phrase qui me brisa le cœur :
- Je suis désolé, Yana-chou. De ne pas être arrivé plus tôt.
卍卍卍
TWS: MENTION DE SCÈNE DE SEXE EXPLICITE, MENTION DE MALTRAITANCE INFANTILE.
Je suis allongée sur mon petit lit. Le matelas me fait mal au dos, il est trop dur. J'aimerais bien le dire à maman, mais elle va encore me gronder. Elle a raison, je ne suis qu'une fille égoïste. Elle fait de son mieux pour me garder vivante. Pis elle l'a dit, elle ne me voulait pas. Donc j'ai de la chance qu'elle me garde avec elle. Maman est incroyable.
- Alors pourquoi j'ai si mal... Je sanglote, la main sur le cœur.
Je me lève de mon lit. J'ai trop mal au cœur, je dois être malade. J'ai oublié de m'habiller ce matin, je suis encore en pyjama licorne. Maman va me disputer... j'ai peur. À petits pas, je sors de ma chambre.
- Haaaaan, oui ! Continue ! Hmmmmm !
C'est la voix de maman. Elle fait quoi ? Je m'approche des barreaux de l'escalier. Elle est là, allongée sur le canapé. Elle est toute nue, et y'a deux monsieurs tous nus eux aussi. Je ne les connais pas. Y'en a un, il a truc bizarre dans la foufoune de maman. Et l'autre, il a aussi un truc bizarre dans la bouche de maman. Elle crie beaucoup, je ne comprends pas.
Tiens ? Pourquoi mon cœur, il bat fort ? Et ? Je pleure ?
Je me réveille en sursaut. Ma respiration est erratique et mon corps trempé de sueur. Je tente tant bien que mal de retrouver ma respiration. Quelques minutes de panique passent avant que je ne retrouve une respiration normale. Je m'enfonce dans l'oreiller que je viens d'inonder en larmes dans mon sommeil.
- Pourquoi ma mémoire ne veut-elle pas oublier... Je donnerai tout pour ne plus m'en rapeller. Je murmure pour moi-même.
- Yana-chou ? Tu es réveillée ? Demande brusquement une voix.
Je sursaute, et une violente douleur se repend dans tout mon corps. Merde. Peu à peu, tous les souvenirs affluent dans ma tête, tout comme la douleur omniprésente vient s'emparer de mon être. Le directeur, le saut du portail, la balade, la prise d'otage, la baston, le passage à tabac, Mikey... Je grogne en me passant la main sur le front.
- Quelle sauce... Je suis réveillée, Mikey ! Je lance en direction de la porte entre-ouverte.
Je n'eus pas à me répéter deux fois que la porte s'ouvrit fortement, laissant apparaître la bouille de mon leader. Il me regarda quelques instants avant de trottiner jusqu'au bord de mon lit.
- Tu vas mieux ? Demande-t-il enfin après un court instant de silence.
- Pas vraiment. Il est quelle heure ? Je demande en fixant le drap.
18 h 30, t'as dormis 6 h. Ema est allée chercher de la pommade et des pansements, tu devrais y aller. M'informe le blondinet.
- Wow ! Où est la salle de bain déjà ?
- Tu ne t'en souviens plus ? Mais tu étais chez-moi la semaine dernière !
- C'est pas de ma faute si j'ai une mémoire digne d'un poisson rouge...
Il m'indique alors la direction à emprunter. Je saisis mon portable à la volée et avec difficulté, marche dans les couloirs. J'ouvre la salle de bain, et me laisse glisser le long de la porte. J'allume mon portable avec appréhension.
15 appels manqués de Rindō
22 appels manqués de Ranpunzel
7 appels manqués de Keisucouille
4 appels manqués de Chifoufoune
20 messages non-lus.
Putain, toujours dans l'abus eux. Pour la peine, je vais encore les snober le temps de penser mes plaies et de mettre de la pommade sur mes ecchymoses. Je retire mon uniforme maintenant tâché de boue et de sang. Je me regarde brièvement dans le miroir. Je suis encore moins belle à voir maintenant. Ma joue gauche est décorée d'un mauvais bleu, tout comme la grande majorité de la surface de mon corps.
Çà et là, quelques égratignures parsèment ma peau. En revanche, je me remarque une plaie à mon bras et mon genou. J'ai dû me les faire en tombant sur le sol. Ça fait longtemps que je hais mon corps. Ma petite poitrine, mes quelques boutons d'acné, mes lèves fines, mes petits yeux mauves, mes cheveux ondulés que je lissaient sans scrupules. En fait, la seule chose que j'aime, ce sont mes muscles. Doux, taillés et qui sculptent ma silhouette.
Je soupire. Ce n'est pas le moment de bâiller aux corneilles. J'ouvre donc le tube d'arnica, le désinfectant et les pansements et commence ainsi ma tâche. Pendant ce temps-là, mes pensées dérivent anormalement vers Mikey. À notre relation. Ça fait maintenant 7 ans qu'on se connaît, le bail ! Et ça fait aussi 2 ans que Shin'ichiro sempaï est mort. Mon cœur ne s'y fait pas. Il ne méritait pas ça.
Il était si...si... Incroyable. D'une gentillesse sans borne. C'est lui qui m'avait aidé à me sortir de ma situation. Il avait aussi un courage et un sens de la justice inexorable : dès que quelque chose d'injuste se passait, il se précipitait pour la régler. Quitte à terminer à l'hôpital. Sans parler de son charisme impressionnant sans savoir se battre, il dirigeait le gang le plus puissant de tout Tokyo. Il a sauvé et changé tellement de vies !
Alors pourquoi... Pourquoi a-t-il fallu qu'il meure comme ça ?! Ses câlins me manquent. J'ai envie de sentir à nouveau son odeur, de la humer pour qu'à jamais elle soit gravée dans ma mémoire. Ses éclats de rires animaient autrefois cette maison, maintenant si... Vide. Notre ange est reparti au ciel, laissant dans nos cœur un vide immense.
Ce matin-là, j'avais cru que la terre m'avait engloutie sous mes pieds. La voix tremblante de papy Sano qui m'annonçait la terrible nouvelle. Tous les souvenirs de nos années passées ensembles, de nos discussions qui s'éternisaient jusqu'à tard le soir, nos rires, notre relation. Tout était parti en fumée à cause d'une stupide méprise. Les jours d'après malgré le soutien de mes frères, je n'étais qu'une poupée sans émotion. Je ne mangeais plus, ne dormais plus. Une poupée cadavérique.
Shin'... Tu nous manques.
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Je suis pas très douée en scènes d'actions haha, j'espère que c'était crédible. À vrai dire j'aime plutôt bien ce chapitre, je le trouve bien écrit.
On en découvre un peu plus sur Yanagi hehe.
Bonus du jour, une image so sexy de Mikeeeeey.
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