1] Journée pluvieuse
"I can save you from your nightmares..."
- Skyfall beats.
J'ai mal au crâne. Ran n'a rien trouvé de mieux à faire que de venir soulever une meuf dès l'matin. Et ça fait à peu près une demie-heure que ses gémissement résonnent dans tout l'appartement. Visiblement, il a une bonne endurance, à mon plus grand malheur.
- TA GUEULE PUTAIN !
Ha ça, c'était Rindō. Comme quoi j'étais pas la seule à ne plus en pouvoir. Cependant, ce n'eut pas l'effet désiré, car les cris ne firent que s'intensifier. J'vais rentabiliser leurs flingues si ça continue. Fin pour l'instant, je suis simplement allongée dans mon lit en pyjama licorne. Pas très crédible la menace. Fait chier.
Bon, je suppose qu'il est temps de se lever. Je m'étire avant de m'extirper difficilement de mon confortable lit. Je hais le matin. Les membres engourdis de sommeil, je saisis simplement un pantalon de cuir, un t-shirt rose et une veste noire. J'aime bien le cuir, ça me donne un air rebelle. En revanche, j'attache simplement mes cheveux blonds en chignon.
Quand je sors enfin de ma chambre, il n'y a plus de bruit. Ils ont enfin terminé leur affaire. Je traverse le couloir en direction du salon. Rindō est en train de faire la cuisine, l'air très concentré. Je ricane en l'enlaçant.
- Hey, grand-frère !
- Mon trésor, tu es réveillée ? S'exclame-t-il en me rendant mon étreinte.
- Nan j'dors encore, ça se voit pas ?
- Idiote. Murmure-t-il en me frottant les cheveux.
- On mange quoi ?
Je tente de regarder par-dessus son épaule. Quelle idée ! Il fait une bonne vingtaine de centimètres de plus que moi.
- Des œufs et du riz.
- Miam !
Soudain, des bruits de pas dans le couloir coupent court à notre discussion. C'est sous notre regard ébahi qu'une jeune femme métisse apparaît devant nos yeux, en jupe courte et débardeur. Ses lèvres sont pulpeuses, et ses formes absolument divines. Je ne l'envie pas, je la désire. Cependant, mon cher frère semble moins ravi que moi par cette apparition soudaine.
- J'ai pas fait de p'tit dèj pour toi, tu peux remballer. Crache ce dernier.
- Je ne comptai pas m'attarder plus ici. Souffle la femme.
- Tant mieux. Raille son interlocuteur.
Ses sourcils noirs se tortillent joliment, puis elle se dirige vers la porte d'entrée. Quelques secondes plus tard, la porte claque, laissant un silence morne dans l'appartement. Moi qui pensais être la plus aigrie de la baraque au réveil...
- C'est pas cool ça, t'aurais pu m'la laisser. Grommelle la voix de Ran.
- Pour que tu nous cassent les oreilles le reste de la journée ? Sur la vie d'mes couilles, jamais.
- Salut Rapunzel ! Je lui adresse.
Son visage s'illumine et en quelques enjambées, il s'approche de moi pour me faire un câlin. Je couine cependant lorsque ses doigts serrent un peu trop ma taille. Aussitôt, il me lâche avec un air inquiet.
- Trésor ? Demande Rindō, la voix étranglée.
- C'est juste ma blessure en moto, elle est pas complètement guérie.
Ils soupirent de soulagement.
- Il te reste assez d'onguent pour les bleus ? Me questionne l'ainé.
- Oui, mais on a plus de désinfectant.
- J'irai en acheter après manger.
- En parlant de ça, à table !
- On mange quoi ?
卍卍卍
Je regarde les vitres sur lesquelles les gouttes zigzagent par dizaines, d'un air dégouté. J'voulais sécher, moi ! Quand je pense que mes frères me prennent pour une écolière assidue... La blague. Dès que l'occasion se présente, je sèche pour rejoindre le Toman ou me bastonner avec des racailles. Comme c'est mère qui a ma garde légale et qu'elle s'en fiche complètement de moi, elle justifie mes absences sans rien demander.
La voix robotisée retentit dans le silence apaisant des autres passagers. C'est mon arrêt. Avec un soupir lassé, je saisis mon parapluie et sors du bus, en remerciant poliment le chauffeur. Racaille, peut-être, mais toujours polie. Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin devant la grille. Je tends mon carnet à la surveillante, mais alors que je m'apprête à lui fausser compagnie dans la cour, cette dernière m'interpelle.
- Haitani ? Le directeur vous a convoquée dans son bureau, veuillez vous y rendre.
- Ho merde.
Je m'assois dans la salle d'attente. Le directeur est occupé à parler avec un professeur, et connaissant cette commère, il en a pour vingt bonnes minutes.
- Qu'est-ce que j'ai pu faire encore, moi ? Je marmonne, mécontente.
- À part des semaines entières d'absences ? Des passages à tabac d'élèves ? Des provocations et insultes à l'égard des professeurs et camarades ? Des séchages de cours ? Des-
- Tu peux t'arrêter là, Keisucouille. Je coupe.
Le noiraud ricane à côté de moi. Je ne l'ai pas entendu arriver, un vrai félin ce type. Sans parler de ses grandes canines et de ses airs de diablotin.
- Et toi, qu'est-ce tu fous là ? Je lui demande, intriguée.
- Je suis venu là pour te tenir compagnie, Yananas.
- Menteur.
- ...
- ...
- J'ai posé un coussin péteur sur la chaise du prof de maths. Avoue-t-il.
- Lequel ? Je redemande, déjà morte de rire.
- Celui avec le nez à Gru.
J'éclate d'un rire franc. Ce prof est tellement aigri et sévère que cette blague a dû lui faire tourner la tête. Keisuke, Chifuyu et moi sommes le trio infernal du collège. Littéralement, on fait les 400 coups. Et on a pas eu de mal à asseoir notre autorité : un membre du Toman qui est le chef de la première division, son vice-capitaine et la sœur des Haitani. Bon, moi aussi, je suis une membre fondatrice du gang, mais ça, c'est secret.
Mon meilleur ami me raconte la suite de l'histoire, entre deux fous rires. Le professeur s'est alors énervé et a menacé de punir toute la classe. Sous la pression, un des élèves a fini par rapporter et après avoir attribué une heure de colle au fautif, il l'a envoyé dans le bureau du directeur.
- J'vais m'faire niquer par ma mère... Gémit-il.
- Moi c'que j'vais niquer, c'est cette poucave. Il se prends pour qui à se rebeller - comme ça ?! Je grogne.
- J'te suis. T'as vu Chiffon ce matin ? Réponds le garçon.
- Nope, je crois qu'il commence à 10h, ce con.
- La chance ! Bon après nous on va sécher les premiers cours grâce à nos conneries donc c'est pas grave.
- À votre place, je n'affirmerai pas cela. Baji et Haitani, rentrez. Gronde la voix du directeur.
Tout penauds, nous acceptons notre sort et tête baissée, nous rentrons dans le bureau. Le directeur nous présente deux chaises, sur lesquelles nous nous asseyons. Un silence glacial règne quelques instants dans la pièce. Je déglutis difficilement. On est peut-être de sales garnements, mais le directeur a une aura beaucoup trop écrasante pour oser tenter le moindre geste.
- Je vais commencer par vous, Haitani.
Je tripote nerveusement mon ongle en le voyant soupirer. Sa main vient masser l'arrête de son nez. Là, j'suis dans la merde.
- Vous avez littéralement omis plus de cinq mois de cours. Et bien qu'ils soient tous justifiés, l'équipe éducative n'est pas dupe. Vous avez beau avoir des problèmes familiaux que je reconnais, vous rentrez cette année en quatrième ! Ce sera l'année décisive pour votre avenir Mademoiselle Haitani. Ça ne pourra plus continuer comme cela.
- Je comprends.
- Il ne suffit pas de comprendre, jeune fille. Je ne peux pas indéfiniment vous couvrir auprès des autres professeurs. Je vais devoir convoquer votre mère.
- Non ! Je m'écrie.
Tout, mais pas ça. Je ne veux pas revoir mère, pas après ça. Si elle et mes frères découvrent la raison de toutes mes sèches... Je n'ose même pas imaginer.
- Monsieur ? Ma mère peut venir à la place de la sienne ? Demande soudainement Keisuke.
Je me retourne vers lui, surprise. Une nouvelle lueur d'espoir ravive mon cœur.
- Votre mère ? Pourquoi donc ?
- Comme ça, vous pourrez lui parler de moi en même temps qu'elle !
- Bon. C'est juste parce que c'est vous. Maintenant, dégagez de mon bureau, et qu'ça saute !
- Merci monsieur !
Nous marchons en silence dans les couloirs. Un silence sombre, plein d'angoisse et de reproches. De notre trio, niveau études, je suis très sincèrement la pire. Chifuyu arrive à combiner le gang et études, Baji décroche à cause de ses difficultés et moi... J'veux tout simplement pas étudier. Travailler m'ennuie. Moi, mon rêve, c'est de passer ma vie dans un gang. J'adore me battre, vivre en tant que délinquante. J'men fous de ce système scolaire de merde. Mais mes frères veulent pas. Ce sont des gros cons, ils ont toujours vécu en bastonnant des gens alors pourquoi ils ne comprennent pas ?! C'est injuste. À mon avis, c'est parce que j'suis une fille.
- Keisuke. J'vais plus revenir au collège. J'annonce soudainement.
- Pourquoi ?
- J'aime pas.
- Et t'iras où ?
- Dehors.
- Toute seule ?
- Ouais.
Il semble réfléchir quelques instants. Puis, il me regarde intensément. Je fronce les sourcils d'incompréhension. C'est un scanner le boug'?
- C'est dangereux, t'es une fille. Pis qu'es-c'tu branleras les jours de pluie ? En plus, tes frères risquent de cramer. Essaie-t-il de me résonner.
- Balec d'être une meuf, je sais m'battre ! Pis les jours de mauvais temps j'trouvrais bien un endroit où aller. Pour mes frères, j'ai juste à traîner ailleurs qu'à Roppongi,
- Pas con. Mais si t'as un blème, appelle nous, hein ?
- Hmm hmm. J'me tire !
Sans attendre de réponse, je fais immédiatement demi-tour en courant. Adieu bahut de merde, à moi la liberté ! Mes pas résonnent dans les couloirs, je vois les élèves assis dans les classes me jeter un coup d'œil curieux. Tiens, Chifuyu ! Il va me gueuler d'ssus quand il apprendra la nouvelle.
Arrivée dans la cour, je prends un peu d'élan avant de sauter par-dessus la grille. Ma jupe se retrousse à cause du vent, mais d'un geste habile de la main, je la maintiens pour éviter qu'on voit ma culotte. Uniforme de merde. Ça me rappelle le jour où un type avait volé mes culottes alors que je les avais étendues dehors ( à l'époque nous habitions au rez-de-chaussée).Il les avait revendues sur un site, sur lequel mes frères étaient tombés. Le lendemain, je les avais retrouvées soigneusement pliées dans mon panier à linge. Quelques mois plus tard, Ran et Rindō m'avaient avoué avoir rendu une petite visite au pervers et à tous ceux qui avaient liké le post.
Je ricane à ce souvenir. Mes frères sont quand même de sacrés numéros, mais ils sont tous pour moi. Ma seule famille, avant le Toman. Je secoue simplement la tête et me reconcentre sur le paysage. Tokyo est quand même une ville absolument magnifique, surtout après la pluie. Je laisse la nostalgie m'emporter lorsqu'un souffle de vent vient s'échouer sur mon corps. Amusée, je laisse mes chaussures traîner dans les flaques.
Au loin, les cris des enfants s'amusant dans un jardin d'enfants résonnent dans le silence rythmé par le passage sans fin des voitures sur la route trempée. Une rare heure de calme. Je crois que je suis toujours dans le quartier d'Omotesarido. J'aperçois même le parc un peu plus loin devant moi. Tant mieux, ça veut dire que je suis pas loin de Shibuya.
Soudain, de forts éclats de voix me parviennent. Voilà enfin un peu d'animation. J'aime bien les ragots et les disputes. Je me rapproche sans faire de bruit et me planque derrière un buisson. Je jette un coup d'œil intrigué, mais la scène qui se déroule devant moi me fait perdre peu à peu mon sourire. Devant moi, une bande de six racailles semble emmerder une jeune fille et ce qui semble être son petit frère.
- Allez, poulette, arrête de faire ta rebelle et donne-nous ton fric.
- Et ton num' aussi, ma coquine. Rajoute un de ses compagnons.
- Je... je vous ai dit non ! Et... et... puis je... n'ai pas d'argent. Pleurniche la jeune fille.
- Tu commences à faire chier p'tite garce. S'énerve le leader du groupe.
- Laissez moi tranquille... Tente encore une fois la brune.
- Vazy tu casses les couilles.
D'un coup, un des gars saisit le col du gosse. Celui-ci commence à crier et à se débattre dans tous les sens, sous un hurlement affolé de son aînée. Bordel, pourquoi personne ne les arrête ? Son acolyte sort un canif de sa poche qu'il lui tend. Et là, il le fout sous la gorge du p'tit. Mon cœur s'accélère radicalement. Ok, là, c'est du sérieux.
Je vais devoir intervenir.
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Bon bah voilà, mon premier chapitre est sortit.
Qu'en pensez-vous ?
Au fait, quel est votre crush ultime dans Tokyo Revenger ? Beh moi c'est Mikey hein, tout le monde s'en doutait-
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