Chapitre 13
Je m'ennuyais dans ce foutu hôpital.
Encore et toujours.
Personne n'était venu me voir hier, et je voulais rentrer à la maison.
Quasiment trois semaines que c'était la seule chose que je souhaitais.
Je devais maintenant me déplacer en fauteuil roulant à cause de mes évanouissements devenus trop fréquents.
Les médecins avaient émis l'hypothèse de la narcolepsie... Je ne savais pas vraiment ce que c'était. Hoseok n'avait jamais voulu m'expliquer.
- Attention ! dit une voix alors que je m'arrêtais à trente centimètre d'un jean noir.
- Bangchan ? m'étonnais-je.
Je fus surprise de voir le meilleur ami de Taehyung dans l'entrée de cette prison blanche qui puait les médicaments.
Le jeune garçon tenait un bouquet de fleur à la main. Et vu l'état, il l'avait apparemment cueillit lui-même.
- Salut, dit-il en rougissant. Euh... t'es frères sont pas au courant que je suis là mais je voulais quand même passer.
- Merci ! dis-je en souriant. Les journées sont vraiment longues ici !
Il rit et dit :
- Tiens, c'est pour toi.
Il me tendit les pivoines en ignorant soigneusement mon regard.
- Est-ce que tu rougis ? le charriais-je.
- Non ! Il fait chaud ici, c'est tout...
***
- Alors ? Comment se passe la vie ici ? demanda Bangchan en poussant mon fauteuil.
- Je me sens vraiment inutile et fatiguée, répondis-je en sentant son bouquet de fleur.
L'odeur m'apaisait.
- Comment se passe le lycée ?
- Shang vit l'enfer, rit le jeune garçon. Il n'osent plus croiser tes frères dans les couloirs et à demandé un changement de classe.
- La vache... soufflais-je.
- Et il se pourrait bien que Han lui ai mit une droite. T'aurais dut voir ça ! Elle était bien visée...
Je ris à cette pensée.
- Et toi ? Tu l'as aussi frappé ?
- Non... moi je lui ai juste fait un croche-patte.
- Vous êtes vraiment irrécupérables !
Il eut un rictus et dit :
- Ça fait des années qu'on te connaît, tu es comme une petite sœur pour nous.
Touchée, je lui lança un grand sourire.
Quelques minutes après, nous nous arrêtèrent sous un arbre, profitant de cette douce journée.
- Pourquoi es-tu venus ? lui demandais-je soudainement.
- Pour te voir, dit-il avec sincérité. Et... pour te parler. De Taehyung.
- Je sais déjà ce que tu vas dire, le coupais-je. Il a recommencé à faire n'importe quoi !
- Oui... écoute il a... simplement besoin de temps ! Quand tu reviendra tout ira mieux.
- T'en es convaincu ?
Je ne croyais plus en cette famille. En ces parents.
- Non, rit Bangchan. Mais faut bien y croire, pas vrai ?
Je ris.
- Je ne crois plus en grand chose ces derniers temps...
- Qu'est-ce qu'il s'est passé, Soon ? demanda-t-il sérieusement. Comment tu en es arrivée... là ?
- Du stress, de l'anxiété et une fatigue perpétuelle... ça m'a mené à m'évanouir. Et je n'arrive plus à convaincre mon cerveau que tout va bien alors il me fait m'évanouir souvent, croyant que mon corps est fatigué.
Bangchan lâcha un soupir.
- Merde alors... hein ?
- Quelle vie de chien.
Nous rions.
- Je veux rentrer chez moi, et voir Yoongi. Sortir, me lever, manger de la vraie nourriture... fin' vivre quoi...
**
Le soir même, je regardais mon reflet dans le miroir. Encore.
« Mon visage devenu si étranger.
Elle commence à s'assombrir, la lumière de mon futur.
J'ai crié, mais j'ai tourné le dos à ma conscience,
Au fil des jours, la dure réalité me heurte plus encore.
Transpercé par la réalité, mon sang rouge vif coule.
Je n'avais jamais pensé, que ma vie deviendrai semblable à l'enfer.
Le souffle court,
Fermant les yeux sur une réalité déformée chaque soir,
Les orgues jouent ma tragédie.
Mais pour me libérer de ce péché,
Je ne peux pas abandonner et oublier,
Quand je me suis réveillée,
J'étais entouré de pièges.
Entourée de regards froids et intouchables.
Tellement mauvais, mais c'est tellement doux.
C'est tellement mal. »
Ma main tremblait sur la feuille.
Encore.
Je poussa un hurlement de colère en frappant le mur.
Je voulais m'en aller d'ici !
Je me mordais pour m'empêcher de crier à nouveau, les larmes dévalants mes joues.
La haine l'emportant sur la raison.
Il n'y avait plus de calme, plus de joie, plus de rire... seulement des pleurs, des silences et des pensées sombres.
Mon téléphone se mit à sonner, me déconcentrant de ma fureur.
Je le prit et décrocha.
- Allo... articulais-je faiblement.
- Soon... c'est Yoongi. Ça va ? souffla sa voix à l'autre bout du fil.
Trois semaines que je n'avais pas eu de nouvelles.
- Yoongi ?
- Ouais... ça fait un moment qu'on s'est pas vu. Enfin... Comment tu vas ?
- Je ne veux plus rester ici. Emmène moi loin... suppliais-je en essuyant mes larmes.
- Je sais... j'aimerais prendre une moto, un sac et me barrer loin d'ici.
- Partir tous ensemble ?
- C'est ça. Nous huit. Entre frères et sœur. Sans personne.
Je souris.
Moi aussi.
Appuyée contre le mur de la salle de bain, j'écoutais sa voix apaisante.
Je commençais d'ailleurs à m'endormir.
- Va te coucher, me conseilla mon frère. Tu me manques beaucoup. Quand est-ce que tu sors ?
- Dans quelques jours. Il était temps !
Il rit.
- Oui ! Je passe mon temps enfermé dans ma chambre, marmonna-t-il. Papa fais chier tout le monde.
- Veille sur Tae, le suppliais-je. J'arrive pas à croire que je suis à l'hosto. J'avais l'habitude d'y voir Jimin quand j'étais petite. Où Hoseok, il y a quelques années...
- Ouais... quelle famille.
Silence.
- Je préfère être ici plutôt que de vous y voir vous, avouais-je. Je vous aime trop.
- Nous aussi. Mais ça nous manque de ne plus te dire bonne nuit le soir...
- Yoongi ?
- Oui ? répondit-il.
- On a pas besoin des parents pour être une famille. Je préfère quand on est juste entre nous.
Et personne d'autre.
**
Les rayons du soleil se frayaient un chemin parmi les nuages et venaient s'échouer sur ma peau pâle.
Assise à côté de mon fauteuil roulant, j'écoutais de la musique en dessinant.
Un dessin de moi.
Moi en train de tomber.
En chute libre.
Comme depuis un moment déjà.
Je déchira la feuille en la jetant rageusement à la poubelle.
Qu'est-ce que je dessinais mal !
- J'en ai marre, dis-je en me levant.
Me rattrapant de justesse au mur, j'abandonna ma chaise pour sortir de l'hôpital.
Je parvins à la sortie sans trop me faire remarquer et pour la première fois depuis des jours, je respira un autre air que celui des médicaments et des gens malades.
Les voitures roulaient et klaxonnaient, les immeubles étaient grands, les oiseaux volaient dans le ciel, les gens marchaient sans se préoccuper de moi, les magasins faisaient leurs affaires et moi... je me retrouvais mélangée à tout ça.
À Séoul.
Mes lèvres se penchèrent vers le ciel pour sourire et fixer les nuages d'un blanc laiteux.
J'accéléra le pas pour partir me promener. Et m'éloigner d'ici.
Je ne portais qu'un simple jogging, un sweat et une casquette.
Juste... moi et ma fatigue.
**
Je profitais du calme, assise dans une parc comme une vieille mamie qui aurait finie par oublier ce que c'était que de vivre.
- Salut, la rescapée de l'asile, dit la voix d'un garçon.
Je me retourna vivement pour me retrouver nez à nez avec Han.
- Han ?! dis-je étonnée. Comment tu...
- Je t'ai aperçu de loin. Non, je n'en suis pas encore au point de te suivre, ria-t-il en descendant de son scooter.
- Tu vas finir par avoir un accident, un jour, dis-je en fixant son deux-roues d'un œil mauvais.
- Comment tu vas ? me demanda-t-il en s'asseyant à mes côtés.
- Ça va... et toi ?
Il hocha simplement la tête. Les rayons du soleil faisaient briller sa peau laiteuse et illuminaient son regard.
- Je te ramènes ? proposa-t-il en me tendant son casque.
- Non. Me ramène pas là-bas, le suppliais-je en croisant son regard.
Il s'humecta les lèvres.
- Et si... et si tu me racontais un peu tout ce qu'il s'est passé ces dernières semaines ? dit-il en rompant le silence qui s'était installé. Parce que, je reconnais que... j'y comprend plus rien. Et que par-dessus tout : je suis ton ami.
- Tu veux à partir de quand ? Du moment où je me suis évanouie ou quand j'ai tout avoué à mes frères ? le charriais-je.
- Les deux, répondit-il.
Je lui sourit en fixant son visage.
Je me sentais bien avec Han.
Un confident.
L'ami de mes frères.
Un garçon.
***
Il faisait presque nuit, et j'avais reçu BEAUCOUP d'appels de ma famille.
Mais j'avais juste répondu à Jin.
- Je te promets que je rentres bientôt, lui dis-je.
- D'accord... soupira-t-il à l'autre bout du fil. Fais attention.
- Je sais que je complique les choses mais j'avais vraiment besoin de sortir prendre l'air. Et puis je suis accompagnée.
Je tourna la tête vers Han qui marchait quelques mètres plus loin derrière moi.
Ce dernier fixait les lumières de la ville depuis le pont où nous nous situions.
- Accompagnée ? répéta Jin. Qui ?
- Han.
- L'ami de Jimin ?
- Oui.
- Jimin est au courant de ça ? s'étonna-t-il en laissant échapper un léger rire moqueur.
- Ce qu'il ne sait pas ne peux pas lui faire de mal, répliquais-je simplement.
J'entendis presque le sourire de Jin. .
- Dis comme ça... concéda-t-il. Rentres bientôt parce que je crois que Namjoon est sur le point de casser tous les murs de sa chambre.
- Tu gères à la maison ?
Je m'inquiétais énormément pour lui.
- Oui. Bon... je te souhaites une bonne nuit. Je t'aime !
- Je t'aime aussi...
En raccrochant, je lâcha un immense soupir.
La lune était presque pleine, et je me demandais si elle ne se sentait pas seule, elle aussi, des fois. Si belle, si blanche, mais sans personne d'autre...
- Elle nous tient compagnie, à nous, les âmes paumées... soufflais-je à voix basse.
- On rentre ? me proposa mon ami.
- Vas-y. Moi, j'y vais à pied.
- Tu es sûre ?
- Oui. L'hôpital est à trois rues.
- Envois-moi un message, dit-il avant d'enfiler son casque et de partir.
Il me fit un signe de main que je lui rendis.
Profitant de son absence, je me mis - sans trop savoir pourquoi - à courir.
A sprinter jusqu'à ne plus pouvoir respirer, ne plus pouvoir tenir debout. Tout extérioriser.
Pour peut-être pouvoir dormir.
Je m'arrêta une dizaine de minutes plus tard, pleine de sueur et de larmes dévalants l'intégralité de mon corps.
J'agrippa la barrière du pont qui m'empêchait de tomber dans l'eau, et poussa un cri.
Un cri de douleur.
De détresse.
De rage.
D'exaspération.
Le silence me répondit. Mais au lieu de me sentir plus soulagée, je me sentais maintenant vide.
Le poids qui pesait habituellement sur mes épaules venait de s'en aller temporairement.
Mais il ne tarderait pas à revenir...
Continuant ma route et fixant toujours les lumières de la ville, je m'arrêtât soudainement lorsque je vis un garçon au loin, plié en deux car il hurlait lui aussi.
Que t'es-t-il arrivé à toi ?
Il serrait sa veste contre lui et regardait le ciel comme s'il le suppliait de le faire partir de ce monde.
Mais ce garçon n'était pas n'importe qui.
C'était Hoseok.
—-
Publié le : 16/09/2023
Musique : Intro : Boy Meets Evil - BTS
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top