Chapitre 11
PDV Soon.
En manque total d'inspiration, je tapotais continuellement la mine de mon crayon sur la feuille vierge : je manquais d'inspiration. Et je m'ennuyais terriblement. Enfin jusqu'au moment où...
- Salut, dit Yeonjun en entrant timidement.
- Salut... héros qui a sauvé mes frères, le saluais-je.
- Arrête ! rit-il gêné en s'asseyant sur la chaise à côté de mon lit. Et puis crois moi... ils n'avaient pas besoin de mon aide.
- Il est amoché ?
Je parlais évidemment de mon harceleur.
- Oui. T'es frères t'ont bien vengée. Et j'ai convaincu Shang de ne rien dire.
- Comment ça ? dis-je avec étonnement.
- Les menaces marchent toujours, dit-il avec un sourire espiègle.
- Tu es pire qu'eux !
- J'assure leurs arrières ! se justifia-t-il.
Un petit silence apaisant s'installa entre nous, durant lequel je me mis à fixer les oiseaux qui chantaient dehors.
- Ce n'est pas seulement à cause de Shang que tu restes aussi longtemps ici... pas vrai ?
Je soupira.
- Oui... C'est pour mes problèmes de sommeil.
- Et après ?
Je remonta ma couverture jusqu'à mon menton et fit mine de dormir.
Mais je rouvris les yeux aussitôt quand je m'aperçus qu'il me fixait toujours.
- Je veux sortir d'ici... murmurais-je. Des jours que je pourrie dans cette chambre.
- Alors je t'emmènes faire un tour ? me proposa-t-il en me tendant sa main.
Je n'avais pas le droit, me dis-je.
Mais trop tard. Ma main était déjà dans la sienne et nous courions à travers les couloirs.
- Où est-ce qu'on va ? lui demandais-je.
- Sur le toit ! Il n'y aura personne.
Alors je me mis simplement à rire.
A rire pendant de longues minutes. De si belles minutes.
**
- Échec et math, dis-je en gagnant au jeu.
Yeonjun soupira.
- Encore ?! Je suis vraiment naze à ce jeu...
- Moi c'est Namjoon qui m'a appris.
- Ton frère a l'air intelligent.
- Il l'est, affirmais-je. J'aimerais avoir son cerveau pour réussir à l'école.
- Je pourrais t'aider pour les cours si tu veux ? Enfin... quand tu reviendra.
Un petit silence s'installa.
Je n'avais pas hâte de revenir au lycée. Et aucune envie de recroiser Shang.
Jungkook m'avait révélé qu'apparemment il... aurait des sentiments envers moi ?
Beurk. C'était gênant. Je plaignais sa petite-amie.
- Pourquoi t'es venu me voir, Yeonjun ? lui demandais-je subitement.
Il redressa vivement la tête et sembla très étonné par ma question.
- Parce que tu es mon amie, répondit-il sur le ton de l'évidence.
Moi ? J'avais un ami ?
- Amie ? Je pensais que tu t'en étais fait d'autre dans la classe...
- Pour être honnête, commença-t-il en triturant son bracelet. Personne à part toi n'es venu me parler. Les autres élèves me trouvent bizarre. Ma couleur de cheveux est trop étrange à leur yeux... c'est dommage. Il pense que je ne suis pas « fréquentable », termina-t-il en mimant les guillemets avec ses doigts.
Je le comprenais vraiment.
- Alors qu'est-ce qui était différent chez moi ? lui dis-je en soudant son regard au mien.
- Tu es mystérieuse, répondit-il immédiatement. Tu es le genre de personne qui mérite d'être écoutée car elle a beaucoup de chose à dire. Et que derrière cette enveloppe de jeune fille solitaire, je pense que tu n'es pas n'importe qui. Enfin... c'est ce que je pense, moi, termina-t-il.
Je le fixais en silence, touchée par cette déclaration si soudaine.
- Soon ! dit une voix en interrompant notre moment et en brisant cette bulle que l'on s'était créée.
C'était Jin et Namjoon.
Ils étaient tous les deux en chemise, signe qu'ils sortaient du travail ou d'un examen important.
Chemises qui moulaient parfaitement bien leurs carrures imposantes, d'ailleurs.
- Ils ont l'air vachement intimidants... bégaya Yeonjun.
- Salut, sourit Jin. L'hôpital nous a appelé pour nous dire que tu avais quittée ta chambre ?
- C'est sa faute, dis-je en pointant mon ami.
- Désolé ! s'excusa aussitôt ce dernier.
- Je comprend, dit Jin pour le détendre. Une petite escapade n'a jamais fait de mal à personne.
- Jungkook nous a parlé de toi, intervint Namjoon avec un air beaucoup plus froid que notre frère. Tu est l'ami de Soon, c'est bien ça ? dit-il en insistant bien sur le mot « ami ».
Sa question sonnait plus comme une menace alors Yeonjun hocha positivement la tête, ayant trop peur de parler.
Mes frères ne sont pas si effrayants ?
- La médecin t'attend, me dit Nam. Alors... au revoir Choi Yeonjun et à jamais j'espère !
- Namjoon ! le réprimanda Jin.
- Il connaît carrément mon nom de famille ! me chuchota Yeonjun sur un ton de panique.
- Il dit ça pour rire...? tentais-je de le rassurer.
***
- Tu te sens mieux aujourd'hui ? me dit Jin en me lançant un magnifique sourire réconfortant.
- Oui. Grâce à la visite de Yeonjun ! répondis-je pour provoquer un peu Namjoon qui serra légèrement la mâchoire.
- C'est ton copain ? me demanda Jin avec un air malicieux, comme une copine de lycée.
- Son ami, rectifia Nam.
- Joon ! m'exclamais-je. Arrête de vouloir paraître effrayant. Ça te va pas...
Je me pencha et lui fit un câlin.
- C'est Jin qui en fait toute une histoire, mentit Nam.
- Quoi ?! Qui en fait tout un drama là ?! dit Jin outré.
Il fixa son frère avec un regard noir et en faisant les gros yeux. Namjoon, lui, semblait embarrassé.
Moi, je souris en regardant cette scène.
- Comment va Taehyung ? Je veux dire... avec le retour de papa ? demandais-je même si je connaissais déjà la réponse.
- C'est... compliqué, expliqua Namjoon. Il ne mange plus avec nous et rentre tard le soir. Il s'est à nouveau fait chopper par la police en train de grapher sur des murs de la ville.
- Il a recommencé ?
- Papa fait ressortir les pires choses en lui.
- Il exprime juste sa colère, dit Jin.
- Ils sont revenus à cause de moi, dis-je en culpabilisant.
- Ils repartiront quand tu seras à nouveau à la maison, me dit Namjoon avec un sourire qui fit ressortir ses adorables fossettes.
- Je vais faire en sorte de guérir vite ! Je suis désolée...!
- Ne te presse pas, dit Jin. Tout va bien, on gère la situation.
- Tu n'as pas à gérer toute une famille à 26 ans, Jin, dis-je.
- Tu as bien murit, remarqua Nam.
- Pas le choix...
Un air d'inquiétude passa sur leur visage à l'entente de ma phrase.
- Mais j'aurais bientôt réglé mes problèmes de sommeils. Et mes crises. Et je reparle aussi !
J'essayais de paraître positive, mais c'était peine perdu.
C'était compliqué en ce moment.
Et je savais pertinemment que mes traitements me suivraient jusqu'à chez moi et que mes crises ne s'arrêteraient pas en un jour. Que je détesterais toujours autant l'école.
Et que mes envies suicidaires étaient toujours là.
**
La pièce était beaucoup trop blanche.
Ça me donnait mal à la tête.
Une trappe s'ouvrît sur le côté et je me redressa vivement, quittant ma position allongée.
Une vague de médicament s'écroula alors jusqu'à moi.
Enfin des somnifères...
J'en pris un. Ou deux. Ou même trois. Sûrement quatre.
J'entendais juste le grattement d'une plume.
Le médecin m'analysait du regard et gribouillait quelque chose sur un bout de papier.
- Je veux rentrer chez moi, lui dis-je.
- Quand tu seras guéris, me répondit-il. Prend tes médicaments, ça te fera du bien.
- Je ne suis pas malade.
Étais-je encore en train de mentir ?
Il s'en alla sans même me répondre et la lumière dans la pièce s'éteignît.
Plongée dans le noir, je leva la tête pour voir un tableau accroché au mur.
Je m'avança et sourit.
- Maman... murmurais-je en voyant son sourire et ses larmes.
Ainsi que cette barre de chocolat entre mes doigts.
Ma chambre était plongée dans le noir quand je me réveilla.
Je voulais ma maman...
- Je ne suis pas malade, dis-je alors en avalant un comprimé.
**
J'écrivais. J'écrivais jusqu'à en avoir mal à la main.
Assise sur un banc du jardin de l'hôpital, je m'ennuyais.
Mes écouteurs posés sur mes oreilles, le monde autour de moi semblait être devenu silencieux.
Je fixa mon bandage autour de ma main. Briser le miroir de ma salle de bain n'était pas la meilleure idée que j'avais pu avoir. Et cela m'avait valu quelques temps de plus ici...
Et Yoongi me manquait.
Il était le seul à ne pas être venu me voir. Mais je savais pourquoi.
Il pensait qu'il aggraverait mon cas s'il venait. Il pensait toujours qu'il faisait du mal aux autres.
Il ne faisait que s'éloigner encore plus.
Il se reprochait de ne pas avoir été là à tant.
- Mademoiselle Kim ? me dit une infirmière.
A contrecœur, j'enleva un écouteur pour l'écouter.
- Votre mère est passée vous voir.
Je souris en regardant le soleil.
Maman.
*
Ma mère ressemblait beaucoup à Hoseok. Intemporel, sans âge, et empreint de bonne volonté.
Elle me souriait avec dignité.
Je lui tendis mes mains qu'elle attrapa. Son regard signifiait l'accomplissement de mes vœux et la bienvenu à la maison.
Le ciel est bleu et le soleil brille.
- Tu as maigrie, constata-t-elle avec un regard inquiet.
- Comment vont les garçons ? lui demandais-je en redoutant sa réponse.
Si Namjoon, Hoseok et Jin avaient finis par lui pardonner, ce ne serait sûrement jamais le cas de Jungkook, Taehyung, Yoongi et Jimin.
Ma mère ne parlait jamais à ses fils.
Je crois qu'elle ne les a jamais aimés. Comme elle n'a jamais aimé mon père.
- Yoongi ne viens plus à la maison... dit-elle dans un murmure. Et hier soir, ton père est allé chercher Taehyung au commissariat.
Je baissa la tête, déçue.
Pourquoi étais-je la seule à avoir droit à la douceur de mes parents ?
Pourquoi maman et papa n'aimait pas mes frères ?
- Pourquoi tu n'aimes pas les garçons, maman ? dis-je en la fixant intensément.
- J'ai commencé à détester les hommes à partir de l'âge de 17 ans, me dit-elle, son regard ne devenant soudain que haine et mépris.
Je comprenais ce qu'elle voulait me dire.
La vie de ma mère avait été dirigée par des hommes, ne lui laissant aucun droit sur son avenir... mais ses fils étaient-ils responsables ? Ils avaient eux aussi besoin d'une mère... et d'un père.
—-
Publié le : 02/09/2023
Texte inspiré de la vidéo : BTS (방탄소년단) WINGS Short Film #6 MAMA.
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