Le ciel, la mer, la terre, tout était rouge. A genoux, haletant, pleurant, il releva la tête. Il ne pouvait plus respirer. La fumée noire l'enveloppait entièrement, lui brûlait la gorge et les yeux.

Il regardait les arbres calcinés, les cadavres noirs de cendre, et il ne pouvait rien y faire. Autour de lui, il n'y avait plus personne.

Plus personne... Alors qu'une poignée de seconde auparavant, l'endroit résonnait des bruits de course des bêtes qui fuyaient désespérément, courant en tout sens. Mais maintenant, plus rien.

Autour de lui, il n'y avait pas un bruit, mais peut-être étaient-ce ses oreilles qui ne percevaient plus les sons.

Un long gémissement, rauque et primitif, s'échappa du plus profond de lui. Il se dressa, debout sur son rocher et hurla jusqu'à ne plus avoir de voix.

Puis il se laissa retomber, accablé d'avoir assisté à la destruction de tout ce à quoi il tenait. En l'espace de quelques minutes, tout était mort.

Il resta longtemps là, à contempler tour à tour les squelettes noirs des arbres autrefois verts et vivant ; les flots bouillonnants couleur de sang autrefois limpides et calmes ; les traces d'une cité ensevelie sous les pierres noires et brûlantes ; le ciel noir autrefois clair et dégagé.

Le soleil s'était couché sur cette scène atroce, teintant de rouge tout ce qui ne l'était pas déjà, et maintenant des nuages gris s'amoncelaient au dessus de sa tête.

Le tonnerre gronda, et un éclair déchira le ciel noir de tempête et de cendres. Il s'abattit sur un immense tronc qui s'enflamma aussitôt, trouant l'air noir d'une colonne de lumière rougeoyante.

Il ne pouvait plus le supporter.

Il en avait déjà trop vu.

D'un pas lourd et traînant, le jeune ours se détourna et s'enfonça dans l'eau écarlate, sans un regard de plus à l'île en feu.