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Mais il y en avait bien un qui ne s'amusait pas vraiment. Il s'était enfermé dans la chambre de Lucie et observait la rue occupée par des lycéens qui se dirigeaient par groupe vers son immeuble. De l'autre côté de la porte, des fêtards provoquaient un chahut monstre, la musique était à son apogée. Et dire que Rebecca avait interdit toutes boissons alcoolisées. Quel dommage, cela l'aurait certainement aidé à oublier ses déboires sentimentaux. Tout du moins, le temps d'une soirée. C'était peine perdue, elle veillait au grain.
Quelle galère... Comment en était-il arrivé jusque-là , à se morfondre à cause d'une fille déjà en couple ? Cela avait des relents d'une mauvaise série B. et dire qu'il n'était pas fan de ces scénarios était un euphémisme. Triturant sa chaîne au cou, il soupira. En réalité, il n'avait plus la force de pleurer, il était comme anesthésié. Sa mine ne devait pas être présentable alors qu'il y avait dans son appartement plus d'une cinquantaine de camarades. Et encore, il était certain que quelques-uns d'entre eux lui étaient totalement inconnus. Lucie aurait fait une syncope en voyant ce barda ; cette pensée le fit légèrement sourire. En pensant à elle, il se souvint qu'il l'avait dégagée violemment...
Mais elle l'avait écouté cette orgueilleuse! Elle aurait dû lui tenir tête et lui résister! Maël shoota dans la corbeille de bureau qui atterrit de l'autre côté de la chambre. Toute sa frustration s'était concentrée dans ce geste mais cela ne suffisait pas. Cela ne suffisait plus. Il lui manquait quelque chose... Il aurait dû lui demander son numéro de téléphone, ainsi il aurait pu la harceler et si elle ne répondait pas, lui envoyer des messages pour s'excuser platement pour ses sautes d'humeur que personne n'était parvenu à corriger jusqu'à présent. Il ne restait plus que sa chambre, ses vêtements, ses produits et son odeur...Sentir sa présence, des effluves d'elle d'une douceur voluptueuse et entêtante. Où était-elle...?
-Hey! Maël! Qu'est-ce-que tu fous dedans?!
Et des poings tambourinèrent sur la porte. Une voix féminine l'appelait en riant. Le blond se tourna vers la source de nuisance et se félicita d'avoir actionné le verrou. Ça devait être une de ces filles du groupe de Pauline qui venait le faire chier. À moins que ce soit Pauline en personne, elle en était capable. Alors il garda le silence.. Mais, dans ce brouhaha, il reconnut la voix de Maurane, une camarade qu'il appréciait:
-Ouvre cette porte Mamelle! Dis, pourquoi on peut pas te voir?
Maël s'étouffa aussitôt. Il maudit Rebecca et Daniel en cet instant, tout comme leur jeu stupide des surnoms. Maurane n'y était pour rien, mais ces deux là allaient déguster.
Enfin, il consentit à déverrouiller la porte et par l'entrebâillement, vit sa camarade un soda à la main.
-Enfin on voit ton visage. C'est quand même toi l'organisateur de la soirée!
-Pas vraiment non...
-Pourtant on est bien chez toi ?
Antoine se dandinait non loin en rythme sur une musique electro-pop, entouré de Pauline et Julien. Lorsqu'il aperçut Maël, il rappliqua aussitôt. En une démonstration d'accolade supposée virile, il brailla:
-MAËLOU! Enfin te voilà!
-Je t'interdis de m'appeler comme ça.
-Allez, pète un coup mon pote! On est tous venu pour toi.
Le blond prit sur lui pour ne pas répliquer une pique acerbe, Antoine n'était pas un mauvais bougre mais ce n'était pas sa tasse de thé. Trop brute de décoffrage pour lui. Julien le salua de la piste et Pauline s'approcha, ondulant des hanches, le regard prédateur.
-Elle a cru que t'étais de la bouffe ou quoi? Railla une voix qui ne lui était pas inconnue.
-Thimothé! Salut mon pote! Tu me sauves, aide-moi à m'en débarrasser!
-Je suis de passage, désolé. Je m'expatrie aux toilettes, Rebecca veut ma peau et malheureusement j'ai pas encore écrit de testament, s'excusa-t-il, faussement repentant. Mais fais gaffe, ta tigresse fonce droit sur toi.
Maël soupira. C'était bien sa veine !
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