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Dans la cuisine de Maël, l'atmosphère était morose. Alors que Rebecca préparait des chocolats chauds, remède miracle contre la déprime selon elle, Daniel s'assit face au blond. Et l'humeur n'était pas à la fête. En effet, l'adolescent n'était pas au plus haut de sa forme et c'est ce que lui fit remarquer Loïc:

-Mec, t'as une sale tête!

Rebecca et Daniel le toisèrent aussitôt. Il haussa les épaules avant de jeter un coup d'œil par la fenêtre, nullement repentant. Le métis remonta ses lunettes et se racla la gorge; engoncé dans son sweat à capuche, il n'en menait pas large. Son ami n'avait pas vraiment eu de peines de cœur auparavant. Pour ainsi dire, presque jamais. Surtout Maël. Il ne savait comment réagir face à une situation comme celle-ci. Les tasses fumantes que Rebecca posa sur la table lui sauvèrent la mise. Elle s'assit à ses côtés et expira un bon coup.

-Bon... Maël qu'est ce qui s'est passé?

Le principal intéressé promena un regard hagard sur sa tasse. Puis il se réfugia dans son mutisme. Ainsi, la rousse réitéra sa question qui resta malgré tout sans réponse. Loïc but son chocolat goulûment, pourquoi se priver? Les déglutitions répétées agaçèrent fortement Rebecca.

-On te gêne pas hein?!
-Bah quoi? On a même plus le droit de boire?
-Le respect, tu connais? Persifla-t-elle.
-Non, tu le sais bien.
-C'est bon vous deux!

Daniel joua à nouveau ce rôle de médiateur qui lui seyait si bien. Il reporta son attention sur Maël, qui à présent se tenait le visage entre les mains, ses épaules secouées de soubresauts. Il...Il pleurait?! Rebecca se leva aussitôt et peinée, entoura son ami aussi tendrement qu'elle le put.

-Mais nan, pleure pas! Sérieux pleure pas! Chouchou, relève la tête. Regarde-moi.. Loïc un mouchoir!!

Celui-ci était paralysé par ces larmes inattendues. Il se mordit la lèvre devant cette scène inédite. Il fallait dire que Maël était pour lui un modèle, un gars insaisissable. Le principal intéressé ne le savait même pas. Depuis leur première rencontre, il n'avait de cesse de l'admirer souhaitant à tout prix faire parti de son cercle d'amis. Impressionné par son assurance et par sa gouaille, il avait toujours voulu lui ressembler. Bien sûr, avec le temps la fascination s'était diluée mais voir ce même garçon pleurer, ça lui avait foutu un sacré coup. Non pas que cela soit négatif, au contraire. Maël était tellement plus humain...

-Respire, respire calmement...Doucement. N'en parlons plus, ok Maël ?

Rebecca tenta de le consoler tout en adressant un air désespéré à Daniel qui savait encore moins quoi faire pour calmer la situation. C'est que Lucie n'avait pas dû y aller de main morte pour le mettre dans cet état.

-Elle est partie.. Elle...est partie...avec...so..son mec, hoqueta-t-il.
-Oh Maël ... S'il te plait, pense à autre chose. Je sais que c'est difficile mais...
-Elle m'a...jeté comme un..un moins que rien.
-Mais non, elle ne pense pas ça! Assura Daniel, la voix douce. Elle reviendra, t'inquiète !
-Nan! Elle s'en fout de moi!

Loïc fut désemparé face à tant de désespoir. Alors il serra les dents et se munit de son téléphone. Il composa sans réfléchir un numéro à la vitesse de la lumière. Dès la première tonalité, l'interlocuteur décrocha:

-Allô Antoine? Ouai c'est Loïc. C'est pour te dire que Maël organise une fête chez lui ce soir. Ouai fais passer le mot, je sais que ton carnet d'adresses est super fourni. Je veux du lourd hein! Allez, je t'envoie l'adresse par message! Ok ! À plus !

Et il raccrocha. Devant les mines interdites de ses amis, il haussa les épaules et dit:

-Il est mal! Faut bien prendre les devants !

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