11

Il était déjà 23 heures. Le couple se trouvait à l'entrée et passait sur leurs épaules leur manteau respectif. La jeune femme leur adressa un aurevoir chaleureux mais quelqu'un manquait indéniablement à l'appel. Cécile soupira avant de lever sur Lucie un regard peiné. Elle lui saisit les mains et dit inquiète:

-Je te confie Maël. Dans une heure, c'est son anniversaire, je pensais le fêter ensemble. Alors,s'il te plait, soutiens le.
-Mais il a peut être des amis avec qui il préférerait le fêter.
-Je t'assure que non, dit-elle tristement. C'est juste une impression.
-C'est étrange. Il aime pourtant faire la fête en leur compagnie. Enfin je crois...

Paul, contrarié, plongea ses paumes dans les poches de son par-dessus. Il s'adressa à la jeune fille d'une voix tenue :

- Il fanfaronne beaucoup comme tous les jeunes de son âge, mais au fond, Il a peut être peur de la solitude . Nous te demandons juste de le soutenir pour ce cap. Penses-tu en être capable?

Lucie ressentit alors tout le poids d' être parent. La mère et le père la regardaient comme si sa présence était essentielle à leur fils alors qu'elle les connaissait tous si peu. Mais pour cette fois, l'écrivaine voulut bien prendre cette responsabilité et les apaiser pour qu'ils partent l'esprit tranquille.

-Je veux bien essayer. Mais je ne sais pas si..
-Tu y arriveras très bien! surenchérit Cécile, soudainement enjouée. En plus, Maël t'aime beaucoup !
-Je n'en suis pas si sûre! Chuchota Lucie mais pas assez discrètement car Cécile s'empressa d'ajouter :
-Il est parfois maladroit pour exprimer ses sentiments, je te le concède. Mais il ne trompera pas sa vieille mère!

Et elle lui flanqua dans les mains deux paquets cadeaux enrubannés avant de partir. La jeune femme resta figée dans le vestibule. Clignant des yeux, elle reprit ses esprits et posa les présents sur la table fraîchement débarrassée. Durant la séance vaisselle, son cerveau tournait l'équation Maël dans tous les sens. Quel était ce genre d'adolescent? Un grand enfant ou un enfant dans un corps de presqu'homme? Capricieux et à la repartie cinglante. Tellement irritant et parfois si bouleversant. Narcissique et fougueux . Horriblement rancunier et sensuel perfide. Mais terrifiant car attachant et attendrissant au fond.

A une minute des douze coups de minuit, Lucie toqua à la porte du jeune homme. C'était la première fois depuis qu'elle vivait dans l'appartement. Aucune réponse... Elle tenta à nouveau, plus fort cette fois-ci. Un grincement. La porte s'ouvrit doucement, laissant la place à un homme, torse nu. Il avait les cheveux ébouriffés et sur ses lèvres pleines, aucune expression . Seule la chaîne en or à son cou luisait. Lucie le trouva divinement beau. Un adolescent, un éphèbe et pourtant un homme en devenir ; il était cet équilibre complexe si troublant.

-Qu'est ce que tu veux?
-Te poser ma question du jour.
-T'es sérieuse?! Tu fais chier, j'y répondrai pas.
-Tu ne fais que ça, fuir.
-T'as qu'à dégager si t'es pas contente.
-Justement, c'est ce que je viens te demander. Quand est ce que je te rends les clés ?

Un silence. La main de Maël se crispa sur la poignée de la porte et sa respiration s'accéléra, elle ne put percevoir l'éclat de son regard derrière ses mèches en bataille.

-Tu.. Tu vas par..tir?

Lucie se mordit la langue, désolée de mentir pour le faire réagir. Mais elle devait savoir. Alors elle acquiesça imperceptiblement.

-Pars pas! Pas toi Lucie!
-Je suis déso..
-NAN MAIS.. PUTAIN! Steuplait...nan

Maël s'agrippa au chambranle avec désespoir pour ne pas  choir. Sa poitrine se comprima et son cœur se fit lourd. Puis dans un sanglot, il enlaça Lucie. Avec rage, rancune, tristesse et désir. Elle ne savait pas trop... L'adolescent s'accrocha au corps de la jeune femme, en larmes. Celle-ci eut enfin sa réponse. Minuit était passé. Elle caressa donc la chevelure blonde et lui murmura au creux de l'oreille:

-Joyeux anniversaire Maël.

Et il sanglota dans ses bras longtemps. Un enfant perdu dans ce monde d'adultes.

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