06
— On approche tout doucement ! se réjouit Persée en évitant de faire trop de bruit.
Le passage chez les Grées s'était approximativement bien passé. Ils avaient eu la réponse de leur chemin et désormais ils avançaient, évitant de se faire repérer par une des gorgones.
— C'est terrifiant de se dire que toutes les statues que nous trouvons sont en fait des êtres humains, déclara légèrement dégoûté le soldat.
— Oh, je ne pensais pas que tu serais si vite découragé ! se moqua la demi-déesse.
— Fais attention à ce que tu dis !
— Ouh j'ai vachement peur !
Les deux interrompirent leur progression, laissant échapper un rire. Du mieux qu'ils pouvaient, ils essayaient d'évacuer la pression qu'ils accumulaient petit à petit qu'ils se rapprochaient de Méduse.
— J'espère que les trois sœurs dormiront, ce sera plus simple pour les battre.
— Rêve pas trop monsieur le chevalier galant.
— Il ne faut omettre aucune alternative ma chère.
Persée leva les yeux au ciel. Elle ne supportait pas quand il l'appelait ainsi, chose qu'il prenait malin plaisir à continuer pour l'embêter.
— La grotte n'est plus très loin au vu du nombre de statues qui s'accumulent, supposa la jeune fille.
Effectivement, à mesure qu'ils avançaient, une collection de plus en plus importante de statue décorait le chemin, annonçant que le repère de Méduse n'était plus très loin.
— Comment on affronte un monstre qu'on ne peut pas regarder ?
— En fermant les yeux ? répondit Eleon. Mais ça risque d'être fortement embêtant pour le combat quand même.
Persée semblait réfléchir ralentissant un peu plus l'allure. Elle voulait avoir le temps d'établir une stratégie avant de se retrouver face aux trois sœurs, bien que secrètement, elle espérait que Méduse soie seule, ou comme l'avait souhaité Eleon, qu'elles soient toutes trois endormis, évitant ainsi tout combat et leur faisant gagner du temps.
Le sentier se rétrécissait petit à petit, devenant de plus étroit et plus dangereux encore que le chemin pour rejoindre les Grées, jusqu'à s'arrêter subitement. Face à eux, une grotte. Très certainement le repère qu'ils cherchaient depuis quelques jours désormais.
— Et maintenant, on fait quoi ? questionna Eleon.
— Les sandales ! devina Persée après quelques réflexions.
Le cadeau d'Hermès leur permettrait d'arriver de l'autre côté. Du moins, s'ils parvenaient à contrôler les chaussures qui n'étaient pas réputées pour être facile d'utilisation quand les personnes n'y sont pas habituées.
— On a pas vraiment le choix, argumenta-t-elle.
— Hâte de me retrouver dans le vide ! ironisa-t-il.
— Si t'as une meilleure option, je t'en prie ! Mais faire le tour prendrait trop de temps. Poséidon est patient, mais plus pour très longtemps. Dois-je te rappeler les paroles des Grées ?
Eleon secoua la tête en signe de négation. Il n'avait pas besoin de se remémorer leur rencontre avec les trois sœurs. Rien que de les imaginer, un frisson parcouru son échine.
— Quand il faut y aller, faut y aller ! se dit Persée principalement pour se donner du courage.
Les deux aventuriers se jetèrent dans le vide. Les yeux fermaient, ne souhaitant pas voir si une catastrophe se produisait. Cependant, miraculeusement, les sandales leur permirent de voler sans grande difficulté. Comme si Hermès veillait personnellement sur eux. Chose qui n'étonnerai guère Persée depuis qu'elle avait appris l'identité de son père.
— Une bonne chose de faite !
— Plus qu'à trouver Méduse et lui trancher la tête..., souffla Persée.
Sans perdre leur concentration et toujours sur leur garde, ils s'avancèrent vers la sinistre grotte. Les épées en main, prêts à se défendre si nécessaire, aucun n'osait faire du bruit, dans l'espoir de ne pas attirer directement les gorgones.
— Fichu chauve-souris, grommela Eleon alors que quelques-unes passèrent au-dessus d'eux, lui faisant peur.
Persée les observa s'envoler et quitter les lieux, dérangées par leur arrivée imprévue. Gardant ses yeux bleu électrique bien ouvert, elle détailla les alentours. Tout était sombre. Pas une once de lumière à l'horizon. Rien d'étonnant étant donné qu'ils étaient dans une grotte. Néanmoins, la demi-déesse s'attendait à un endroit légèrement plus illuminé. Ils continuèrent leur avancée, s'enfonçant encore un peu plus dans la caverne.
— Tout est un peu trop calme à mon goût, déclara Eleon, tenant fortement son épée, prêt à sortir son bouclier.
Persée hocha de la tête pour affirmer ses dires. Elle se préparait également mentalement à se retrouver à tout moment face à Méduse ou une de ses sœurs.
— Qui ose s'aventurer ici, sans ma permission et lorsque je dors ?
Méduse venait de parler. Sa voix sifflante semblait encore un peu éloignée d'eux, mais elle ne tarderait pas à se retrouver face aux deux humains qui avancèrent encore, fermant les yeux pour se protéger de toute malédiction. Un œil s'ouvrait très légèrement afin de déterminer rapidement un itinéraire, cependant la menace de la gorgone était trop grande pour qu'ils puissent les garder entièrement ouverts, à moins de vouloir terminer en statue de pierre, servant ainsi de décoration.
Ils arrivèrent finalement dans un endroit plus grand, plus large. Méduse les avait trouvés. Dos contre dos, ils tenaient leur épée face à eux prêt à combattre, même si leur mouvement serait extrêmement limité.
— Mes chers amis, je vous en prie, ouvrez donc vos yeux, je suis certaine qu'ils sont magnifiques, fit-elle d'une voix mielleuse.
— Non merci, ça ira je pense, répliquèrent les deux en même temps.
Médusa sembla déçu. Pourtant, elle ne se découragea pas, s'approchant de Eleon qu'elle jugea comme étant le plus apte à flancher en premier. Les serpents en guise de cheveux ne cessaient de siffler contre le jeune homme qui se forçait à garder ses yeux fermés. Toujours sans sa vue, il se décala, cherchant à éviter au maximum le contact avec Méduse. Il laissa tomber son bouclier aux pieds de Persée alors que la gorgone suivait les mouvements du soldat, s'éloignant de la fille de Zeus. Cette dernière se hasarda à ouvrir un œil vers le sol, découvrant la scène qui se déroulait face à elle.
— Mais bien sûr, le reflet ! s'exclama-t-elle, ayant trouvé une potentielle solution, un peu trop fort car elle s'attira l'attention de Méduse qui changea de cible. Eh merde, jura-t-elle.
Eleon semblait avoir compris en entendant les pas de Méduse s'éloignaient de plus en plus de lui pour revenir vers Persée. Il se tourna pour être face au monstre et épée à la main, il pouvait grâce à elle voir Méduse sans être transformé en statue. Il pouvait aussi observer que la châtain était en mauvaise posture. Elle ne pourrait jamais s'en sortir seule. Il savait surtout que dans ce combat, jamais ils n'en reviendront sains et sauf les deux. Il avait pris conscience lors de leur visite chez les Grées. Un sacrifice pour un autre. Des deux, Eleon se doutait qu'il fallait que ce soit Persée qui revienne vainqueur de cette quête. Comme ça, elle pourra montrer aux autres ce qu'elle valait réellement.
— Persée, t'as intérêt à rentrer à temps !
Il s'élança, retenant de nouveau l'attention de Méduse. Il avait fermé les yeux, tenant son épée à deux mains prêt à frapper, même dans le vide. La demi-déesse avait directement compris son intention, mais elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas sacrifier sa vie afin qu'elle puisse vaincre Méduse.
— Je te laisse pas le choix, t'as pas intérêt à faire n'importe quoi !
Persée secoua la tête, elle ne voulait pas le croire. Pourtant, elle savait au fond d'elle qu'elle n'avait pas le choix. Elle devait accepter sa décision. Attrapant le bouclier afin de s'en servir comme œil, elle n'attendait plus que le signal pour attaquer et mettre un terme à sa quête.
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