case 4

L'avancée du mois de décembre signifie un besoin d'énergie toujours plus grand chaque jour ; Lilas n'est pas certaine de suivre le rythme longtemps.

Chaque journée l'épuise un peu plus. Elle doit faire part d'une force surhumaine pour ne pas bailler devant les clients. Elle ne rêve que d'une chose : dormir sans avoir de réveil planifié le lendemain.

-Mais, Lilas, c'était pas ton jour de repos, aujourd'hui ?

Lilas sourit en voyant Servane. Si Jonas est comme un frère pour elle, Servane pourrait être la maman. De par son âge mais surtout par rapport à son comportement maternel envers tout le monde.

-Si. Fatima m'a demandé de venir, exceptionnellement.

-C'est pas très légal, ça, Lilas.

Elle hausse les épaules.

-C'est payé.

Evidemment, Lilas se garde bien de lui dire qu'elle a regretté tous ses choix de vie en se levant le matin-même, en sachant qu'elle aurait pu réaliser son plus grand rêve énoncé plus haut. A la place, elle continue d'aider sa collègue à ranger les cartouches d'encre pour imprimante à leur place.

-Et Jonas, il est de repos quand ?

-Sûrement demain.

-Je crois qu'il va faire un peu de caisse, aujourd'hui. Tous aux abris.

Lilas n'a pas le temps d'en demander plus à Servane : une cliente l'interpelle pour lui demander où se trouve les rouleaux de papiers cadeaux, et la jeune femme abandonne son rayon pour guider la dame dans le magasin. Elle se fait happer plusieurs fois par plusieurs clients, puis prend sa pause sans recroiser ses collègues. Ce n'est qu'à la fermeture qu'elle court presque en voyant Jonas quitter son poste en caisse.

-Alors ? T'as insulté combien de personnes ? plaisante-elle, et il rit.

-T'abuses. Je vais jamais jusque là.

Elle hausse les épaules. Elle sait très bien que Jonas ne veut pas manquer de respect aux clients, mais que simplement, parfois, ils vont trop loin. Elle ne peut que l'admettre.

-En plus, c'était incroyable, il y avait Esteban Ocon qui est passé à ma caisse.

-C'est qui ? Un pote de ta fac ?

Il la dévisage quelques secondes.

-Le pilote de Formule 1, Lilas !

-Ah... je connais pas, ça, moi. Et alors, vous avez discuté ?

-Ouais, il est trop sympa. J'étais trop content. Je vais faire la caisse plus souvent, moi.

Elle hoche la tête.

-Bah, tant mieux. Si ça va à Fatima.

Elle abandonne son ami et collègue pour passer récupérer ses affaires dans son casier. Quand elle revient, un petit groupe s'est formé autour de Jonas, et elle rit en se disant qu'il pourrait faire une carrière d'orateur.

-Nan, mais, c'était improbable ! Genre, Esteban Ocon dans un Action, quoi ! Il est venu acheter une tasse !

Elle l'écoute d'une oreille, cherchant ses clefs de voiture.

-Il m'a dit qu'il allait revenir de toute façon, il s'est fait mettre des perles de côté le jour de la livraison.

Lilas se fige. C'est elle qui a promis à un homme de mettre des perles de côté la veille. Ou alors, quelqu'un d'autre dans le magasin à fait la même proposition à quelqu'un. Ou alors, c'est bien elle. Elle tente de se souvenir de son visage, sans grand succès. Elle se souvient simplement qu'il était très grand. Ses clefs en main, elle rejoint le groupe, où tout le monde se dit au revoir.

-Dis, Jo, il fait quelle taille, Esteban Ocon ?

-Il est super grand, pourquoi ? Tu vois que tu le connais, en fait.

-J'irai pas jusque là. Mais je crois bien qu'effectivement, il me dit quelque chose. C'est moi qui vais lui mettre des perles de côté.

Jonas ouvre la bouche de choc.

-Mais non ?! Je pensais que c'était quelqu'un qui savait qui il était. Parce que bon, on fait jamais ça, mettre des trucs de côté pour des gens random.

Elle hausse les épaules.

-Je fais jamais ça, je sais pas ce qui m'a pris. Il avait une boîte mais il l'a donnée à une cliente qui était sur mes côtes et il avait vraiment l'air content d'aider...je me suis dit qu'il méritait bien ça. Genre, son action était profondément gentil. Et je vois pas souvent des gens comme ça.

Jonas sourit.

-C'est beau, ce que tu dis.

Ils se disent au revoir, et Lilas s'installe au volant en soupirant de fatigue. Elle sourit en voyant le paquet de Duplo posé sur le siège passager. Elle a toujours été obsédé par ces barres chocolatées et profite du fait que le magasin dans lequel elle travaille en vende pour refaire le stock à chaque fois que nécessaire.

Demain est un autre jour, certes, mais un autre jour de travail.

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