bilan
hello
j'espère que vous allez bien
ça fait longtemps
trop longtemps
j'aimerai vous dire que je vais bien, mais ça serait vous mentir.
j'aimerai tellement retourner au mois d'avril, et au mois d'avril je voulais retourner au mois de janvier, et ainsi de suite.
le temps est passé beaucoup trop vite, j'ai l'impression d'avoir perdu six mois en un clin d'oeil.
d'avoir perdu bien plus du temps, en fait
d'avoir perdu des gens, trop de gens, morts aux yeux de la vie ou au miens, ça ne change plus grand chose.
d'avoir perdu mon talent et cette petite flamme à l'intérieur de moi qui avait réussi à rester allumée tout ce temps.
la vie, c'est des cycles on m'dit, mais putain dans les cycles t'as des retours, l'hiver implique le printemps. mais je vois aucune amélioration possible.
et puis, étrangement, le pire et le meilleur c'est de voir les gens autour de moi s'épanouir. le meilleur, parce que je suis contente pour eux, qu'ils avancent, véritablement. mais le pire parce que moi aussi je veux vivre et rire et sortir comme je le faisais avant, et sortir du lot par autre chose que mes états d'âmes pessimistes comme je le faisais avant.
j'ai perdu ma plume. non, j'ai l'impression de l'avoir perdu.
le problème de cet épisode, c'est qu'il mêle impression et vérité.
j'ai l'impression que la vie est une fête à laquelle je n'ai pas été invitée. plus été, en tout cas.
et fondamentalement, tout le monde s'en foutra. j'ai entendu des amis proches me dire qu'ils s'en foutaient de moi, après des années, en fait je peux vivre et mourir et tout le monde s'en fout, mais alors autant vivre,et je n'y arrive pas, je n'y arrive plus.
certains blameront la crise d'ado. je veux pas être une adolescente ou une adulte ou même une enfant. je veux rester dans la zone grise et floue et confortable ou les gens sont la et sont en vie et rien n'est demandé de moi si ce n'est d'exister le mieux possible.
un des pires symptômes d'un épisode comme ça, c'est la perte de recul. la perte du concept de solutions, de l'idée qu'un jour on pourra te tenir la main mais pas par violence, pas comme on te l'a tenue avant, qu'un jour les gens pourront t'aimer comme t'ont aimé, vouloir de toi comme ils ont voulu de toi, que t'es pas qu'un désir passager. que t'es pas qu'un désir, que t'es une personne.
que c'est cet épisode, ce moment de douleur, l'exception, et pas le reste de ta vie.
que ta douleur n'est pas absolue.
et évidemment il y a la culpabilité du privilège qui me colle à la peau, parce que je suis en vie, je respire malgré moi, et c'est tellement énorme pour certains, que tout le monde à raison, objectivement, de s'en foutre que tu n'arrives plus à te lever de ton lit quand certains n'en n'ont plus.
et puis, personne ne va te donner une médaille parce que t'as réussi à prendre une douche. à sortir de chez toi. à manger.
enfin, si, toi, mais tu te détestes trop pour le faire.il y a cette créature à l'intérieur de toi qui t'en veux d'exister et tu dois l'ignorer chaque matin, avec plus ou moins de succès.
et je suis dans la peur permanente et auto-imposée que je vais passer pour une énième adolescente de quatorze ans, qui poste des émojis larmes de #depression.
c'est hypocrite. on crée une société où les outils pour se faire entendre sont ceux de l'attention simple, et on critique ceux qui les manient.
parce que c'est bien plus simple de commenter un coeur que d'aimer.
donc c'est un paradoxe incéssant, parce que si je présente mes tourments avec une forme de complexité, je suis une narcissique dramatisante, une pseudo-poète insupportable et ridicule, une fille qui se noie dans ces propres sentiments inconséquents.
à l'inverse, si j'essaie de rendre les choses simples, je suis la personne ininteressante, dont les problèmes sont facilement solutionnables, sauf que si ils l'étaient, putain, je les aurai réglé.
la seule solution est donc d'aller bien, mais quand ce n'est pas le cas, c'est double peine.
et puis, moi aussi, j'la veux, ma putain de belle histoire.
et j'ai pu la vivre, un peu, avant, mais j'ai l'impression d'avoir perdu tellement de composantes de moi-même et du monde que ça n'a plus lieu d'être.
et personne ne veut d'une petite amie qui a peur que tu la touches. personne ne veut d'une adolescente à moitié rebelle, qui pleure et qui ne t'inspires rien que de la pitié, personne ne veut de la fille compliquée mais pas complexe.
ce monde n'a ni envie ni besoin d'écrivains. de poètes.
et je m'en veux d'avoir cédé au joug de l'existence, celui qui fait que te mettre des claques jusqu'à ce que tu te relèves plus.
je vais pas faire de conneries, vous inquietez pas.
mais le problème de ce genre d'épisode, c'est qu'ils arrivent à rentrer dans ton crâne malgré toi, et à te convaincre, qu'au vu de ton état et de celui monde, la connerie c'est de rester en vie.
je vous aime. prenez soin de vous et des autres.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top