Chapitre 3

Chapitre 3


Je me sens tellement ridicule, vraiment... Un geste qui pourrait être totalement anodin vient de me transformer en ... En tomate. Oui, je suis devenue une tomate, une tomate avec deux jambes qui va au lycée. Vous vous demandez surement ce qu'a fait Gabin pour me faire rougir comme ça ? Eh bien, vous allez être déçu. On pourrait imaginer qu'il m'a plaqué contre un mur pour m'embrasser sauvagement, quelque chose dans ce genre-là, terriblement sensuel. Sauf que vous oubliez qui je suis, moi la petite Alicia avec un retard considérable par rapport au reste de l'univers. Eh bien, pour tout vous dire, ce matin, Gabin m'a fait la bise. Il aurait pu me saluer comme d'habitude, mais non, il s'est approché de moi et a déposé sa joue contre la mienne pour me dire bonjour. Et moi, je suis devenue rouge vif, ma température intérieure a surement doublé, je crois même que mon cœur a raté un battement. Oui, pour un simple bonjour un peu plus intime je m'enflamme, bonjour la loose. Gabin en bon gentleman n'a pas fait de remarque sur ma réaction, j'espère qu'il n'a rien remarqué, mais je doute que ça soit possible. Ahlala.


-       Oh la belle tomate, déclara Sophie en me voyant arriver le feu aux joues. On dirait moi après mon premier baiser, hum, quand j'avais 10 ans ? se moqua-t-elle gentiment.

-       Je te déteste, espèce de bombasse blonde, rétorquai-je en fronçant les sourcils.

-       Ne fait pas cette tête Alicia, ça t'enlaidit, commenta Thérèse qui se maquillait devant son miroir de poche.


Elle avait la flemme de le faire au saut du lit, alors chaque jour elle venait avec tout son attirail en classe. D'après elle, les mecs trouvaient qu'une fille se mettant du rouge à lèvres était particulièrement sexy, j'en doutais sérieusement.


-       Merci de te soucier de moi, Cindy, mais contente-toi de te regarder dans la glace.

-       Je disais simplement ça pour que tu fasses attention. Ça fait déjà deux semaines que tu fais les trajets avec Gabin et vous n'êtes toujours pas ensemble...

-       Deux semaines, ce n'est rien du tout, répliquai-je en levant les yeux au ciel.

-       Oh tu sais, ironisa Marina qui avait des lunettes rouges pour une fois, c'est assez pour que Cindy se trouve un mec, couche avec et s'en lasse.

-       Tout à fait, répondit Thérèse avec un grand sourire. Rien de tel pour pimenter sa vie !

-       Si tu le dis, soufflai-je, de toute façon Gabin doit bien se moquer de moi après avoir vu ma transformation en tomate géante.

-       Alicia, tu es la plus belle des tomates, tenta de me rassurer Emeline, ma meilleure amie, en me tapotant l'épaule. Je suis sûr qu'il a trouvé ça adorable.

-       Mouais...

-       Emeline a raison, Mathieu, un des amis de ton cher et tendre, m'a raconté que Gabin en pinçait sévère pour toi, avoua Sophie avec un grand sourire.

-       Non Sophie ! Ne me dis pas que t'es parti enquêter ! La honte, mon Dieu la honte...

-       Ne t'inquiète pas, il ne dira rien, jura-t-elle en levant la main droite.

-       Et qu'est-ce que tu lui as promis en échange ? Nan, ne me dit rien.

Je me ratatinais sur ma chaise. L'arrivée de la prof de philo mit fin à notre discussion et ce n'était pas plus mal. J'avais besoin de réfléchir. Mes amies voulaient m'aider et m'entourer, mais j'aurais tellement apprécié que mon histoire avec Gabin n'appartienne qu'à nous deux. C'était surement impossible... surtout dans un lycée. Il aurait fallu qu'on soit seuls au monde pour avoir un minimum d'intimité. On était espionné de partout, mes amies guettaient la moindre avancée, et j'étais prête à parier que ses amis faisaient pareil, en lui balançant des phrases dans le genre « ça y est tu te l'es faite ? » « Elle est bonne ? » Rien que dit penser j'en avais la nausée. Peut-être qu'il fallait commencer par ça, coucher ensemble et après voir comment ça se passe. Les gens qui nous entourent seraient satisfaits des ragots dès le début et nous laisseraient tranquilles ? Enfin, bien sûr si Gabin s'intéresse à moi... Apparemment oui... Il fallait impérativement que je parle à Sophie à la fin du cours !

Deux heures c'est long, deux heures de philo c'est vraiment très long. À aucun moment la prof ne réussit à capter mon attention, j'étais trop occupée à penser à toute cette histoire. Emeline, par contre, réussit cet exploit en dessinant discrètement sur ma feuille. Elle me disait de déstresser, facile à dire pour elle qui vit une relation heureuse et épanouie depuis plusieurs années. On n'avait jamais parlé de sexe ensemble. Contrairement à Thérèse qui nous expliquait tout en long et en large et en travers, Emeline, ne disait strictement rien. Elle nous avait expliqué un jour, que sa sexualité c'était aussi celle d'Adrien et que par conséquent si elle nous en parlait, elle nous dévoilait forcément des choses sur lui. Je respectais sa vision, vraiment, j'enviais même Adrien d'avoir su trouver une personne avec tant de respect. Pourtant, je mourrais d'envie qu'elle me raconte comment ça se passait vraiment ! Les versions de Thérèse étaient trop... trop libertines, celles de Sophie trop édulcorées et celles de Marina peut-être un peu trop bizarres.

C'est sur cette dernière pensée que le cours prit fin. Je rangeai mes affaires en septième vitesse et je sautais presque à la gorge de Sophie pour savoir ce qu'elle avait appris d'autre.


-       J'étais sûr que tu voulais en savoir plus, ria-t-elle gentiment.

-       Ne te fais pas prier Sophie, je vais devenir folle !

-       Mais non, alors d'après Mathieu, Gabin t'aurait remarqué il y a déjà un bout de temps. Il te trouve mignonne, et encore plus depuis qu'il a l'occasion de parler avec toi chaque jour.

-       Comme c'est romantique, déclara Emeline en souriant.

-       Ça fait plaisir de penser à autre chose qu'aux révisions, ajouta Marina, mais ne te laisse pas emporter par ce tsunami d'émotions.

-       Qu'elle rabat-joie tu fais, laisse-la vivre pleinement les joies du lycée, rétorqua Thérèse qui était étrangement sympathique en ce moment.

-       Donc il s'intéresse à moi, conclus-je, mais tu sais comment il parle de moi à ses amis ?

-       En bien, très bien même. Les autres le charrient beaucoup, mais il laisse couler. Il ne parle jamais en terme vulgaire. Ça a l'air d'être un chic type. Ils sont contents qu'ils s'intéressent enfin à une fille, apparemment il n'a jamais eu de copine.

-       Jamais de copine ? s'étonna Thérèse. Laisse tomber ce gars, c'est forcément un gros boulet !

Elle comprit sa boulette trop tard et baissa le regard tandis que je la fusillais méchamment. Je retirais aussitôt ce que j'avais pensé d'elle quelques instant plus tôt.


-       Mathieu aussi a fait une remarque dans ce genre, avoua Sophie en haussant les épaules. D'ailleurs, il pensait que Gabin était gay.


Ouais, OK, donc un mec de 17/18 ans qui n'a jamais couché avec une fille est soit gros boulet, soit gay. Je n'étais pas si mal loti avec mes chromosomes X, au moins, moi, je pouvais passer pour une fille pure et innocente. *tousse*

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