X : Titanium


You shout it out
Tu cries

Harry courait à en perdre haleine. Il ne voyait plus rien autour de lui ; il était pure vitesse, pure adrénaline. Il entendit vaguement son instructeur, Callum Anderson, hurler "Plus vite !". Il prit sur lui, serra les dents et accéléra.

But I can't hear a word you say
Mais je ne peux pas entendre un seul mot que tu dis

À la faveur d'un rayon de lune, il devina une touffe orangé qui se positionnait à ses côtés ; Harry aperçut le visage clair de Ronald Weasley, son meilleur ami. Il vit que ce dernier articulait quelque chose ; mais le vent redoublait d'intensité et ses mots se perdirent dans le ciel.

I'm talking loud not saying much
Je parle fort sans dire grand chose

Allez, Harry, allez !, se hurla-t-il intérieurement. La première partie du parcours avait à peine commencée ; il allait devoir faire preuve d'un peu plus de cran que ça, s'il voulait devenir Auror.

I'm criticized but all your bullets ricochet
Je suis critiqué, mais toutes tes balles ricochent

Des phares s'allumerent d'un seul coup, révélant la présence de balais embourbés dans la vase, à ses pieds ; habitué, il ne sursauta pas et se concentra pour trouver le sien, et détacher l'objet du sol le plus rapidement possible.

You shoot me down, but I get up
Tu m'abats mais je me lève

Il enfourcha son Éclair de Feu et fonça dans la nuit d'encre. Le temps se transforma en une pluie glaciale. Harry avait enfilé ses lentilles de contact conçues pour les raids de ce genre ; mais machinalement, il essaya de se rappeler de la formule qu'Hermione utilisait pour imperméabiliser les verres de ces lunettes. Les vieux automatismes, c'est du solide.

Harry s'orienta vers l'Ouest, où se trouvait le point d'arrivée de son balais. Un sympathique arrêt : un gentil Détraqueur, parmis les derniers de son espèce, signalé par une ampoule verte.

I'm bulletproof nothing to lose
Je suis à l'épreuve des balles, rien à perdre

Harry se prépara à la descente, violente. Ne penser à rien. Ne pas se déconcentrer. Les gouttes d'eau s'infiltraient dans son uniforme académique, le faisant frissonner.
La terre devenant plus proche, il freina, se préparant à atterrir.

La monstrueuse créature se tenait à quelques pas de lui. Il sauta de son balai et saisit sa baguette.
Comme toujours devant un Détraqueur, un nœud lui nouait la gorge. Il avait tellement invoqué son Patronus que le sort lui paraissait aussi naturel que de faire sortir de la pâte de son tube de dentifrice le matin ; mais cette incarnation de la peur, ce concentré de noirceur l'effrayait toujours aussi profondément.
Il respira, la cape noire se rapprochait.

Fire away, fire away
Allez-y, faites feu

Il leva sa baguette ; son souvenir heureux n'eut pas à se faire attendre. Comme toujours, c'était le visage de Ginny, riant aux éclats, qui faisait jaillir un magnifique cerf dans le ciel. Sa petite amie n'avait pas à craindre d'être oubliée, elle était constamment dans son esprit, tel un porte-bonheur. Elle était le bonheur, qui triomphait de cette peur intense qui le paralysait.

Ricochet, you take your aim
Ricochet, vous prenez votre cible

- Spero Patronum !, lança-t-il d'une voix forte, l'image d'une magnifique rousse dansant dans ses yeux.

Fire away, fire away
Allez-y, faites feu

L'animal majestueux s'échappa de sa baguette, aussi fascinant que d'ordinaire, et repoussa le détraqueur à des kilomètres, assainissant le terrain d'un cercle de lumière.
Harry avait réussi la première partie du raid, mais n'eut pas le temps de s'appesantir sur son succès ; son temps était compté, et déjà, il lui fallait reprendre sa course jusqu'à l'immense bâtisse, repérable à une dizaine de kilomètres.

You shoot me down but I won't fall, I am titanium
Vous m'abattez, mais je ne tomberai pas, je suis en titane

Harry avait appris à aimer la course, au fur et à mesure des entraînements. Il n'était peut-être pas le plus rapide, mais il était un des meilleurs en endurance. Il maîtrisait chaque foulée, chaque respiration. Après une vingtaine de minutes, il libérait enfin des endorphines ; il appelait ça la magie moldue : ces hormones de détentes lui donnaient des ailes.

You shoot me down but I won't fall
Tu m'abats, mais je ne tomberai pas

Le bâtiment du centre officiel d'entraînement des futurs Aurors n'avait pas été construit dans un but esthétique. L'immense "boîte de ferraille", ainsi que la nommait Ron, servait pour tous les entraînements intérieurs. Protégée par les meilleurs sortilèges, elle était imprenable, invisible, introuvable à quiconque ne comptait pas dans les rangs de l'académie des Aurors. Le logo de l'académie, deux "A" formant un losange transpercé par la rune du courage, est jumellé des deux "M" du Burau des Aurors, au ministère de la Magie britannique. Les deux enseignes brillaient, de nuit comme de jour.

I am titanium, I am titanium, I am titanium, I am titanium
Je suis en titane, je suis en titane, je suis en titane, je suis en titane

Harry y était presque, la grande porte magique était à quelques mètres. Quand, enfin, il sentit son corps transpercer la paroi ensorcelée, il s'autorisait un soupir de soulagement.

Cut me down
Coupe moi

La seconde étape constituait en un parcours fondé principalement sur des aptitudes intellectuelles. Harry entra dans "sa" salle. Chaque élève avait, pour deux ans, une pièce attitrée. L'académie ne manquait pas de place ; le centre était long de trois kilomètres.

Il posa rapidement son badge ; il était chronométré, il ne pouvait pas se permettre de s'attarder.

Une vitre enchantée de la même manière que la porte d'accès de la bâtisse se matérialisa devant lui. Il réintensifia sa pression sur sa baguette magique et passa à travers la vitre.

But it's you who has further to fall
Mais c'est toi qui doit encore tomber

Il tomba dans un couloir noir, et se crispa. De toutes les illusions qu'il avait eu à combattre, celle-ci était une des pires ; elle se basait sur ses peurs pour composer les obstacles.

Harry dût courir à petites foulées dans un noir absolu. Soudain, il tomba. La chute était vertigineuse, longue, infiniment longue ; la pression était si douloureuse qu'elle lui arracha des larmes.

Ghost town, haunted love
Ville-fantôme, amour hanté

Enfin, il finit par atterrir.

Raise your voice, sticks and stones may break my bones
Élève la voix, des bâtons et des pierres peuvent me casser les os,

Harry essaya de conserver un rythme cardiaque apaisé, de maîtriser sa respiration ; il devait combattre sa peur du noir, son effroi, qu'il avait découvert lors d'un raid, de tomber en chute libre.

Le monde, à l'arrivé se transforma en une rue, qu'Harry reconnue comme le Chemin de Traverse ; un homme en costume sombre marchait à grands pas rageurs devant lui ; instinctivement, Harry comprit qu'il devait le filer, et découvrir ce qu'il cachait.

Pour ce type de charmes, le Bureau des Aurors se basait à une potion comparable au Felix Felicis : la Vocat Officium. Cet élixir, ingéré en petite quantité par tous les élèves chaque matin était inoffensif en dehors des heures d'entraînement ; il ne s'activait que lors des illusions. Son fonctionnement était simple ; comme le Felix Felicis, elle diffusait un message dans le cerveau, qui entraînait le consommateur à agir d'une façon qui lui était favorable ; la Vocat Officium transmettait l'appel du devoir. L'élève sait ce qu'il avait à faire, de manière intuitive.

I'm talking loud not saying much
Je parle fort, sans dire grand-chose

Harry lança d'un coup de baguette imperceptible un sort d'Invisibilité momentanée ; en quelques secondes, il se grima magiquement, processus douloureux qui lui faisait profondément envier les aptitudes de Métamorphomage de Tonks, et fit de son mieux pour rester aussi naturel que possible. Il se composa un faciès préoccupé (les cours de théâtre font partie intégrante de la formation) et prit discrètement l'antidote qui empêchait d'être soumis à l'Imperium ou au sortilège de Confusion.

Il dût traverser la rue, retardé régulièrement par des passants distraits, renouveler régulièrement les sorts de protection qui l'entouraient, tout en continuant de suivre l'homme mystérieux.

I'm bulletproof nothing to lose
Je suis à l'épreuve des balles, rien a perdre

Enfin l'homme s'arrêta dans une ruelle déserte ; une femme, sa complice assurément, dissimulée derrière la capuche d'une longue cape brune vint à sa rencontre. Harry fit glisser une Oreille à Ralonge tout en feignant de lacer ses chaussures.

- Tues cet homme, entendit-il murmurer. Sa filature n'a rien.de discrète... Tues-le. Maintenant !

Son associée darda sa baguette sur Harry. Ce dernier se leva d'un bond, parant l'attaque. D'un geste, il stupéfixa la femme, et arracha sa baguette au suspect. Il s'approcha doucement, tandis que ce dernier, nullement décontenancé, reculait.

- Dites-moi ce que vous cachez.

Fire away, fire away
Allez-y, faites feu

L'homme lui offrit une face goguenarde.

- Et vous, mon jeune ami, qui êtes- vous pour exiger cela de moi ?

Sa voix était maîtrisée, sa diction, impeccable. L'homme n'était pas un rustre, il lui rappelait étonnamment quelque-un... Une lumière se fit.

- Vous êtes le fils de Wilkes. Oliver.

- Mais c'est un fin limier que je découvre là ! N'est-ce pas, Monsieur... Harry Potter ?

Harry écarquilla les yeux une fraction de secondes. Un instant plus tôt, il contemplait son reflet dans une flaque d'eau de la ruelle, et le visage qui lui apparaissait ne lui ressemblait en rien.

- Vous faites erreur, Oliver. Je ne suis pas plus Harry Potter que vous. Mais il me semble que vous n'êtes pas vraiment en posture de discuter.
Dites-moi ce que je dois savoir. Dites-le-moi tout de suite.

- Oh, cela, vous l'apprendrez avant le solstice... Le Maître est peut-être mort, Monsieur Potter. Et oui, vos fables me laissent indifférent. Je n'ai qu'un message à vous délivrer : la revenche se prépare, les bons luttent pour la vérité... Ce qui se prépare sera une douce redite... et vous ne pouvez imaginer de quoi. Vous êtes prévenu, Potter. Nous sommes toujours là. Et pour preuve : nous sommes plus fort que le bureau des Aurors et leurs simulations si faciles à infiltrer...

Il releva sa manche, dévoilant le tatouage qui hantait les cauchemars d'Harry, puis transplana, dans un tourbillon frigorifiant.

Ricochet, you take your aim
Ricochet, tu prends ta cible

Une des portes magiques familières à Harry apparut devant lui. Une voix informatique le coupa de son mutisme et de ses réflexions :

- Mr Potter, le temps imparti est écoulé. Le raid est terminé. Sortez, vous êtes toujours chronométré.

Harry était loin du temps, du chronomètre, du raid, mais il obéit, et repris sa course. Il pénétra dans la matière indéfinissable qui composait l'accès au centre, et en ressorti à petites foulées. Devant lui, une piste d'athlétisme avait été déroulée. Il la parcourut en une vingtaine de secondes, et se retrouva face à son entraîneur, Mr Anderson.

- Pas mal, Potter. 31 minutes et 7 secondes. Vous êtes le premier.

L'immense salle d'arrivée ressemblait à un stade. Un grand sablier égrénait chaque seconde, grain de sable par grain de sable. L'équipe d'entraînement discutait doucement, l'air préoccupé.

Si ça se trouve, ils s'en sont rendus compte, pensa Harry. Que quelque chose d'anormal vient de se passer juste sous leur nez.

Mais la seule chose que le directeur lui dit, après s'être levé de sa chaise, c'est :

- Bravo, Potter. Encore une fois.

Harry avait toujours réussi les raids. Ils lui donnaient confiance, enchaîner les épreuves lui rappelait son road-trip de l'année passée.

Aujourd'hui, il sentait quelque chose de malsain, d'abject, lui retourner les entrailles. Il ne put que répondre :

- Merci, Monsieur.

À cet instant, une autre élève apparut sur la piste, courant si vite que l'on avait du mal à la distinguer.

Rose Eliott avait toujours suscité chez Harry un respect admiratif. Gryffondor d'un an plus âgée que lui, Née-Moldue, boursière et première de sa promo, c'était Hermione en blonde. Cette fille possédait une ténacité et une volonté hors du commun.

Elle arriva au bout de la piste, reprit son souffle et jeta un regard autour d'elle. Elle grimaça quand elle aperçut Harry : elle l'égalait ou le surpassait dans toutes les matières, faisait des entraînements sur le terrain chaque jour, mais n'arrivait toujours pas à le dépasser en raid.

- Rose, c'est très bien. Vous êtes deuxième, 33 minutes et 12 secondes.

Heureusement, la jeune fille était d'une nature profondément honnête et fair-play, ce qui n'était pas le cas de tout le monde à l'Académie. Elle serra la main de Harry et s'écarta pour une série de gainage.

Elle ne s'arrête donc jamais !,pensa Harry, impressionné. C'est un monstre, cette fille.

Le reste de la promotion commença à arriver, et les scores furent affichés sur les grands écrans que possédait le centre d'entraînement. Les futurs Aurors y retrouvaient toutes leurs statistiques... et un classement.

Ron s'approcha d'Harry, tout sourire :

- Hé, Harry ! Ceux qui ont une progression supérieure à 40% depuis le début de l'année ont une permission à Pré-Au-Lard !

Pré-Au-Lard ! Comme tout cet univers paraissait lointain à Harry... Depuis presque un mois qu'ils étaient ici, il avait changé, s'était endurci d'une façon nouvelle. Mais il réalisa que oui, il mourait d'envie de retourner au village. Si seulement Ginny avait pu être là... Elle lui manquait tellement que la douleur en était presque physique.

Fire away, fire away
Allez-y, faites feu

Harry attendait anxieusement que son profil apparaisse sur les écrans. John Carlos, Peter Norman, Alexia Biles, Aly Nemenz...

Enfin, les écrans affichèrent son portrait.

Harry Potter

Temps : 31 min 07 sec
Progression depuis la dernière course : + 21 %
Progression depuis le 13 août : + 68%
Rang "raid": 1er
Rang "académie" : 4e

Harry laissa échapper un soupir de soulagement. Premier ! Il s'attendait à moins. Ron, lui, était dix-neuvième au raid, vingt-et-unième à l'Académie, ce qui était très correct sur une classe de 45 élèves. Son pourcentage de progression était de pile 40%, ce qui lui fit pousser un cri de joie.

Il aperçut rapidement le profil de Rose. Elle était seconde aux raids, première à l'Académie. Une combattante.

You shoot me down but I won't fall
Tu m'abats mais je ne tomberai pas

I am titanium
Je suis en titane

🌒🌓🌔🌕🌖🌗🌘

Le groupe d'élèves autorisé à se rendre à Pré-Au-Lard fut accompagné par des instructeurs à l'extérieur, afin de pouvoir transplaner (le centre était protégé par les mêmes sortilèges que Poudlard).
Harry était vraiment heureux de pouvoir enfin sortir de la base. Depuis le treize août dernier, ses contacts avec l'extérieur s'étaient résumés à de simples lettres. Il commença à planifier ses achats chez Weasley, où Georges, aidé de nombreux stagiaires, noyait sa peine en s'exténuant au travail. Cela avait plutôt profité à la boutique, qui n'avait jamais enregistrée d'aussi bonnes recettes !

Harry se nota dans un coin de tête de trouver un cadeau pour Ginny et pour Hermione, dont l'anniversaire n'était plus que dans quelques jours. Se souvenant d'un détail crucial, il interpella un des instructeurs qui les menait à l'extérieur :

- Excusez-moi, est-ce que je pourrais aller chercher mon argent ?

L'instructeur le regarda bizarrement.

- Accio, ce n'est pour les trolls, Potter !

Ce dernier leva les yeux au ciel. Le centre était extrêmement modernisé, et il avait parfois plus l'impression d'être chez les moldus que chez les sorciers.

- Accio porte-monnaie !

Les autres l'imitèrent aussitôt ; Ron lui demanda alors :

- Au fait, c'était quoi ta simulation ?

Harry sentit un poids s'abattre sur ses épaules. Il mentit avec peine :

- Une armée de détraqueurs.

- La chance... J'ai encore eu les mygales. Une fois par jour, ça commence à devenir dangereux pour mes nerfs. Si Hermione et Maman savaient ça...

Ron n'avait, lui, pas tellement changé.

Harry n'écouta pas sa réponse. Ses méninges se consacraient à la seule chose qui lui paraissait digne d'intérêt : l'avertissement d'Olivier Wilkes.

Soudain, sortir dans le monde extérieur lui paru d'une imprudence folle. Et si des Mangemorts l'attendaient aux Trois Balais ? Il eut l'impression d'être un parfait inconscient. C'était quinze personnes, dont Ron, qu'il mettait en danger. Et pourtant, rien que l'idée d'expliquer la situation à Mr Anderson le rebutait profondément. Sa langue était comme nouée... Il comprit immédiatement que ce nœud n'avait rien d'imaginaire. On l'avait ensorcelé. Il ne pouvait rien dire à personne.

Cela signifiait donc que la menace était réelle.
Que ses adversaires étaient extrêmement puissants.
Et que cette fois, il n'y avait ni connexion, ni prophétie pour les trouver.
Et absolument rien pour les arrêter.








NdA :

J'espère que ce chapitre vous a plu ! Je reprends enfin un peu plus assidûment Perfectly Wrong, merci Fleur_grb :) J'avais un peu arrêté quand j'avais épuisé mes chapitre d'avance, ayant du mal à trouver le temps d'écrire...
Les chapitres "pose de décor" sont à peu près fini, je rentre réellement dans mon intrigue maintenant (les éléments perturbateurs faisaient leur entrée dans ce chap'). Et ce n'est pas fini !!!

XXX

Constance ❤

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