VIII : Percage de tympans
Après une première journée désagréable et une nuit tourmentée, Hermione avait repris les choses en main. Elle s'était levée de bonne heure, avait pris une douche chaude sans être embêtée par personne, et était descendue chercher une boîte de thé aux cuisines. Il ne lui restait qu'un problème, sur lequel elle n'avait aucune emprise : Malefoy.
- Ah, te revoilà Hermione !
Ginny avait joyeusement surgi de sa couette pourpre en entendant Hermione rentrer dans la chambre. Ses yeux ne portaient aucune trace de sommeil -Ginny était une boule d'énergie dès le réveil.
- On va avoir Défense contre les Forces du Mal avec cette prof bizarre aujourd'hui, et cours de Potions avec les Serpish', on va s'éclater !
Lavande, qui venait de se lever avait parlé d'une voix endormie. Traînant son vanity, ou plutôt sa valise de produits de maquillage dans une main, et son attirail de coiffure de l'autre elle passa devant Hermione le nez en l'air, sans lui jeter un seul regard, et claqua la porte de la salle de bain.
Ginny se mit à pouffer :
- Les choses ne s'arrangent pas, visiblement !
Hermione leva les yeux au ciel, maussade.
- Ça fait un an qu'elle me traite en parjure, je devrais bien supporter une année de plus !
- Et dire que tu n'as pas dit trois mots à Ron-Ron de l'été !!!
- Salut les filles..
- Salut, Parvati.
La jeune fille, les yeux encore pleins de rêves, s'avança vers la porte de la salle de bain.
- Attention, chuchota Ginny à l'oreille d'Hermione, le spectacle commence dans 3,2,1...
- LAVANDE !!! ON AVAIT DIT QUE J'AVAIS LA PRIORITÉ AUJOURD'HUI !!, hurla Parvati, à présent bien réveillée. Sors de là !
Le bruit de l'eau qui coulait lui répondit.
- LAVANDE, reprit la jeune fille à pleins poumons, TU NE ME LAISSES PAS LA PLACE, JE DIS À TOUT LE MONDE POUR TON RENCARD DE CET ÉTÉ !!!
- Eh, eh, murmura Ginny, là ça commence à devenir intéressant...
La douche ne s'arrêtant pas, Parvati devint cramoisie et lança encore plus fort (Hermione eut peur pour ses cordes vocales) :
- ET BIEN, TU L'AURAS VOULU ! Elle courut à travers la pièce et ouvrit la porte à l'opposé :
- ET, TOUT LE MONDE ! LAVANDE BROWN EST SORTIE AVEC ALAN CUNNER DE POUFFSOUFFLE CET ÉTÉ AU FESTIVAL DE BATH ! ET ILS SE SONT EMBRASSÉS !!!
Une petite foule d'élèves de Gryffondor, dont une bonne dizaine de filles de septième année, s'approchèrent à l'affût de ragots.
- JE RÉPÈTE : LAVANDE BROWN, DE GRYFFONDOR, EN PASSANT, LA PIRE IDIOTE DE POUDLARD, EST SORTIE AVEC ...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, puisque Lavande, entourée d'une serviette représentant Archi Flower, un chanteur de ballades adolescentes sorcières tout à fait niaises, sortit de la salle de bain furibarde.
- ESPÈCE DE SALLE PETITE GARÇE, ON N'EST PLUS MEILLEURES AMIES À COMPTER DE MAINTENANT ! COMMENT AS-TU OSÉ DIRE POUR ALAN, C'ÉTAIT UN SECRET !
- Jolie vue, Brown !
- Je comprends Cunner maintenant !
Lavande, incrédule, tourna la tête. Quelques garçons de Gryffondor, attirés par le bruit, s'étaient postés dans l'embrasure de la porte et commentaient la descente dangereuse de la serviette de Lavande.
Rougissant de honte, et ayant maintenant la couleur d'une tomate bien mûre, Lavande poussa un cri de rage, et courut se réfugier dans la seconde partie de la pièce, à l'intérieur du baldaquin écarlate entourant son lit.
Ginny, à la limite de la crise d'apoplexie à force de rire, alla refermer la porte en hoquetant.
Pendant ce temps, Parvati, avec un air de reine offensée, s'était réfugiée dans la salle de bain, sous le regard ébahi de Rachel, réveillée par les éclats de voix de ses amies :
- Euh... Qu'est-ce qui se passe ?
🌒🌓🌔🌕🌖🌗🌘
Ginny riait encore à la table du petit-déjeuner :
- Mais quelle histoire ces filles ! Je te jure, hier aussi c'était la même chose, ça m'a permis de savoir que Parvati avait un faible pour les garçons blonds et tatoués, et que Padma avait de l'acné dans le dos.
- On va être gâtées si c'est la même chose chaque matin !
- Elles me mettent de bonne humeur, au moins !
- Il y a un truc chez les Moldus, la téléréalité, je les verrai bien dedans... Le principe est de rassembler une dizaine de personnes mentalement déficientes dans un bel endroit, et de les regarder sortir ensemble, se disputer, devenir amies et se ridiculiser. Ça pourrait leur convenir...
Une jeune fille, assise seule à côté d'elles éclata de rire. Hermione et Ginny se retournèrent intriguées (est-ce que cette fille était sénile ?)
sur une grande adolescente blonde, aux yeux noirs ourlés de longs cils et au capital physique assez avantageux.
Quand elle s'aperçut que ses voisines la dévisageait avec un air intrigué, elle se calma, et s'excusa gentiment :
- Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre... J'ai entendu parler de la scène que Lavande Brown et Parvati Patil ont faite, et je suis née-moldue, alors la téléréalité je situe bien... C'est complètement ça !
La fille dégageait un charisme particulier, comme une aura de grâce : on avait envie de l'écouter parler pendant des heures, et de la regarder encore et encore.
- Est-ce que tu connaîtrais pas une certaine Fleur Delacour, toi ? lui demanda Ginny, avec un air dégoûté.
- Euh, non, ça ne me dit rien... Fleur, c'est français, non ? Je ne suis jamais allée en France...
Hermione, conscience de ce que la situation pouvait avoir de gênante pour leur interlocutrice, s'empressa de la rassurer :
- Ne t'inquiètes pas, c'est juste sa belle-soeur, et tu lui ressembles un peu... Tu t'appelles comment, au fait ?
- Jane, répondit la jolie blonde, en souriant. Je suis à Serdaigle.
- Oh, tu dois connaître Luna Lovegood alors. Et la sœur de Parvati, Padma Patil.
- Luna, oui, je vois qui c'est, elle un peu inratable, et Padma... c'est une fille indienne non ? Elle traîne beaucoup avec Mandy Brocklehurst.
- Oui, elle aussi a une jumelle dans notre dortoir, Rachel... On ne l'a pas encore vu dans notre épisode des Anges, ajouta-t-elle pour détendre l'atmosphère (Ginny regardait Jane comme si elle était un furoncle particulièrement laid).
Jane éclata de rire, d'un de ces rires de gorge rauques et séducteurs qu'Hermione aurait adoré posséder.
- Exactement ! Et vous les filles, vous êtes bien Hermione Granger et Ginny Weasley ? Les héroïnes ?
- Héroïnes, on va quand même pas s'ériger des châteaux verts, bougonna Ginny. Se vanter, c'est une expression de sorcier, precisa-t-elle devant le regard étonné de Jane et d'Hermione.
- Et bien... quand même, regarde !
Hermione sortit de la pile de courrier qui avait atterri devant-elle, La Gazette du Sorcier, qui titrait glorieusement "La rentrée de nos héros".
Ginny écarquilla les yeux :
- Cette photo est atroce ! Harry à l'air de sortir d'une dragoncelle, et Ron... D'une fièvre de troll ! Et ça n'est pas peu dire !
- Harry Potter et toi, vous êtes proches non ? questionna Jane d'un ton innocent. Parce que si non, je me le prendrai bien... Il est plutôt très beau gosse, ajouta-t-elle d'un ton gourmand.
- Et il est surtout malheureusement pris ! C'est mon copain, et on est plutôt du genre très, très proches... répondit Ginny, qui n'en croyait pas ses oreilles.
- Ce n'est pas trop dur à gérer une relation à distance, dans ce cas ?
- Oh, on garde très bien contact, ne t'inquiètes pas, lui assura Ginny au quart de tour.
- Je pense qu'ils sont carrément responsables de la montée du prix du papier, lança Hermione, soucieuse d'apaiser l'atmosphère. Ils en sont à neuf lettres par semaine en moyenne ! Et toi, Jane, lui demanda-t-elle avec empressement, tu as un copain ?
- Oui, à Illvermorny, annonça-t-elle fièrement. Il s'appelle John King, et il est très populaire.
- Tant mieux. Bon, il va bientôt être l'heure d'y aller, et on doit aller chercher nos... brosses à cheveux, lança-t-elle en voyant Ginny serrer les poings, exaspérée. Salut Jane !
Avec un sourire un peu forcé, elle empoigna le bras de son amie, et balança son courrier dans sa sacoche.
- Salut Mione ! À la prochaine ! lui répondit-elle d'une voix douce. On se verra peut-être un de ces jours, ajouta-t-elle en secouant ces cheveux dorés.
- Oui, bye, j'ai été ravie de faire ta connaissance. Allez, on va être en retard, à bientôt !
Ginny s'éloigna à grands pas furieux, Hermione sur les talons.
Les filles parcourent les escaliers de pierre moyenâgeux en silence ; d'expérience, Hermione savait qu'avec Ginny, il valait mieux laisser passer la tempête.
Cela ne manqua pas ; sitôt la porte de la salle commune, vide à cette heure, franchise, Ginny eut une petite moue dépitée :
- Excuses-moi, je n'aurai pas dû m'énerver comme ça.
Hermione la regarda avec un petit sourire moqueur :
- Harry est une propriété intouchable, hein ?
- Elle m'a énervé cette fille stupide, avec ses petites manières de princesse ! Et que je te connais depuis trente secondes, et que je t'appelle Mione ! Et que j'agite mes cheveux comme une peste !
Et sa façon de parler d'Harry... alors qu'elle a son petit ami siii populaire, rouspéta-t-elle en singeant l'attitude un peu affectée de Jane.
Je me demande qui compte encore dans sa petite cour d'admirateurs !
- Qui ne doit pas être bien grande, elle était assise toute seule à table !
- Alors qu'elle pourrait diriger un petit gang de prétentieuses de Serdaigle avec cette attitude ! Ça m'étonne qu'elle n'ait pas de sang Vélane, elle a la même, tu sais, aura, que Fleur.
- On pourrait demander à Luna des renseignements ! Puisque elle est "inratable", elle doit bien savoir quelques trucs sur cette Jane.
Hermione s'était assise dans son fauteuil favori, face à la cheminée ouvragée. Le tissu grenat était d'une douceur plus qu'agréable ; quand Hermione avait fini ses devoirs, généralement assez tard, elle s'y posait quelques instants, devant le feu toujours ardent.
Elle entreprit de sortir la masse de courrier qu'elle avait reçu, comme chaque jour ou presque depuis le 2 mai dernier ; où qu'elle aille, Australie, Terrier, Chaudron Baveur, les hiboux la retrouvaient toujours, et elle finissait invariablement avec cinq kilos de parchemins à ouvrir.
Hermione repérait assez bien les enveloppes d'admirateurs et les passa à Ginny, qui adorait lire les idioties qu'on lui écrivait (et garder les cadeaux qui y étaient associés). Elle pris sur ces genoux quatre enveloppes qui lui paraissaient plus sérieuses.
La première était tachée, et son nom y était écrit à coup de grands caractères inégaux. Avec un bon pressentiment, Hermione ouvrit la lettre :
"Chère Hermione,
Si tu es libre un de ces jours, aurais-tu envie de venir prendre un thé avec moi ? Je voudrais bien que tu me racontes ta première semaine. Je suis libre de trois à sept heures l'après-midi.
Hagrid."
Ce mot griffonné à la hâte fit plus plaisir à Hermione que n'importe quelle autre missive. Prendre le thé avec Hagrid, comme au bon vieux temps ! Cette perspective lui mit du baume au cœur. Car pour l'instant les cours, qu'ils avaient communs avec les Serpentard en presque toutes les matières étaient vraiment une épreuve.
Hermione montra le parchemin à Ginny, qui avait pour l'instant récupéré six bouteilles de parfum, des chaussons à l'effigie de Ron (elle proposa de les offrir à Lavande pour son anniversaire), des gâteaux et quatre robes de soirée, et jeté au feu presque autant de lettres. La jeune fille était ravie d'aller goûter les sablés d'Hagrid, qu'Hermione lui vanta comme moelleux et délicieux.
Hermione saisit sa plume et écrivit rapidement au dos du morceau de papier : "Cher Hagrid, merci beaucoup pour ton invitation. Je viendrai volontiers avec Ginny ce week-end. Est-ce que ça ira ? Affectueusement, Hermione", et se promit de la porter rapidement à la volière.
La seconde enveloppe portait les armes de Poudlard ; Hermione espérait qu'elle ne concernait pas cette histoire de réunification des maisons...
"COLLÈGE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE
Chère Mademoiselle Granger,
Nous avons le plaisir de vous informer que votre camarade Ginny Weasley à été nommée capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Mlle Weasley est priée d'organiser des sélections pour la fin de cette semaine, afin de reconstituer notre équipe.
Minerva McGonnagal
Directrice du collège de sorcellerie Poudlard
Directrice de la maison Gryffondor"
Hermione sentit un grand sourire naître sur ses lèvres et tendit le parchemin jauni à son amie. Sa réaction ne se fit pas attendre :
- CAPITAINE !!!! JE SUIS CAPITAINE !!!!! HERMIONE, JE SUIS CAPITAINE DE L'ÉQUIPE !!!!! DE GRYFFONDOR !!!! CAPITAINE !!! QUAND HARRY VA LE SAVOIR !!
- C'est vraiment génial, mais si tu pouvais juste hurler un peu moins fort... Lavande et Parvati ont déjà bien abîmé mes tympans tout à l'heure, répondit Hermione avec une grimace comique.
- Oh, pardon.. Mais Hermione,
JE SUIS CAPITAINE DE L'ÉQUIPE !!!! LA. CAPITAINE. DE. GRYFFINDOR !
OH MERLIN, JE N'Y CROIS PAS !
- Mes oreilles aussi ont un peu de mal à réaliser !
- Oh désolée.. Mais Hermione c'est incroyable, je suis CAPITAINE DE GRY..
- Oui, oui, oui, c'est vraiment génial ! On pourrait aller fêter ça avec Neville, Luna, et Hannah !
- Avec tout le monde tu veux dire ! On va faire ça ce soir dans la salle commune. Je vais demander à Lee de ramener des boissons, et pas juste de la Bièreaubeurre, ajouta mon amie, avec un clin d'oeil
- Ginn', même si j'acceptais de laisser entrer des boissons alcolisées accessoirement volées à Poudlard, ce qui serait impardonnable en tant que préfète, je ne vais quand même pas autoriser une beuverie de septième années devant les petits nouveaux !
Cela ne découragea pas le moins du monde Ginny :
- On va faire ça dans la salle sur demande alors ! Encore mieux !
Et évidemment que ma meilleure amie va me laisser faire la fête à fond pour ma nomination, hein Hermione ?
Cette dernière, devant la moue adorable de Ginny, eut un sourire :
- Bon...
- OUIIIIIIIIII !! T'ES LA MEILLEURE !
- Ok, mais pas ce soir. C'est super, mais tu ne voudrais pas faire ça quand tu auras ton équipe, plutôt ce week-end, ou la semaine prochaine ? Parce que, sans vouloir faire la rabat-joie de service, on est déjà en retard dans notre travail, et c'est notre troisième jour de cour...
Ginny eut l'air un peu fâchée de cette douche sur son enthousiasme, mais l'idée d'une fête en son honneur lui redonna le sourire.
- Je n'arrive pas à réaliser ! PAR LE CALEÇON DE MERLIN, JE SUIS CAPITAINE !!
La petite première année qui était remontée précipitamment, vu son air essoufflé et sa respiration saccadée dût avoir bien peur en entendant les cris de joie de la rouquine !
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