IX : Grandes nouvelles et bain moussant

La troisième enveloppe que tenait Hermione avait été expédiée par ses parents ; la jeune fille reconnaissait l'écriture fine, pleine de déliés, de sa mère. Elle la rangea dans la poche de sa robe, afin de la lire plus tard.

Enfin, il restait un parchemin entre ses mains ; il était jauni, comme s'il avait été écrit il y a plusieurs mois. Elle le déplia, curieuse :

" Chère Hermione,

Ça fait plus de vingt-quatre heures que tu es là, et tu n'as pas trouvé notre salle secrète ?

On est déçus de toi, Hermione. Très déçus, saches-le. Je doute que l'on s'en remette, même.

Puisque tu n'as pas exercé ton implacable logique devant l'indice (niveau première année, franchement) que l'on t'as donné, on réitère : tu ne trouveras cette clé que si tu la veux réellement, à l'endroit où se trouve toute chose voulue.

Georges trouve ça trop facile, mais on va pas laisser notre invention à l'abandon, quand même.
On te laisse, avec beaucoup d'espoir,
Embrasse tout le monde, nous on te souhaite des baisers passionnés avec Ronnie,

Gred et Feorge."

Ça ne rata pas ; Hermione fondit en larmes. Elle renifla, attirant l'attention de Ginny, occupée à choisir laquelle des douze palettes de maquillage sorcier qu'Hermione avait reçu d'une grande enseigne lui irait le mieux au teint. La jeune fille vira au  rouge écrevisse pour la deuxième fois de la journee en lisant les noms des expéditeurs, et arracha la lettre des mains de son amie.

- S'il te plaît, ne cries pas, la pria Hermione, tandis que ses méninges s'activaient.

Un indice.
Si je le veux.
À l'endroit voulu.

Elle avait une idée sur le bout de la langue, inexprimable. Elle savait, elle le sentait, et pourtant...

Une fois que Ginny eut fini sa lecture, elle eut l'air perdue.

- Hermione, s'il te plaît, trouves cette clé rapidement.

Ces mots ressemblaient à une plainte, tant Ginny s'était exprimée faiblement ; Hermione se promit de faire tout son possible pour accéder, coûte que coûte à l'invention des jumeaux.

- Je te le jure, répondit-elle gravement, devinant la peine de son amie.

Il était déjà l'heure d'aller en cours, constata-t-elle après un regard à la pendule ; elle ramassa ses papiers importants dans son sac, et pris une des piles de cadeaux qu'elle avait reçu.

- Gardes-les surtout, fut-elle dans un essai de gaieté, à son amie.

Sa gaieté était fausse à vomir ; Hermione essaya autre chose.

- Écris ton annonce pour les sélections aujourd'hui, on l'affichera ce soir.

Ginny sourit doucement.

- Merci.

Ce mot signifiait beaucoup. Il voulait dire : " Je te remercie d'être là et d'être joyeuse.
De me remonter le moral.
D'être là quand le fantôme de mon frère m'assaille.
De me soutenir alors que je tombe."

Hermione comprit ces significations implicites et se tut.
Le silence est parfois la seule bonne réponse.

🌘🌗🌖🌕🌔🌓🌓🌒

Les cours d'Histoire de la Magie étaient bien là seule chose que la guerre n'avait pas changée : même pour Hermione, ils restaient incroyablement soporifiques

Septembre déversait ses derniers rayons sur Poudlard ; le château, fait d'immenses pierres, filtrait l'excès de chaleur : le temps y était donc agréable. Mais la petite salle où le Professeur Binns donnait ses cours avait la caractéristique particulièrement agaçante d'être située au dernier étage, sous les toits (la place idéale pour qui voulait carboniser en été et geler en hiver), et de posséder des vitres qui concentraient la chaleur, même durant la matinée.
Le tout était assez peu propice à la concentration, pourtant indispensable  si l'on voulait suivre un cours d'Histoire de la Magie.

Hermione, qui avait passé deux mois à parcourir des déserts australiens à plus de 40°C, avait acquis une certaine résistance et supportait relativement bien la chaleur. Elle prenait tout de même ses notes en serrant les dents.

Elle était bien la seule ; le reste des élèves avait abandonné dès la première phrase, et essayait de ne pas trop rôtir.

Ces deux longues et insupportables heures de cours terminées, Hermione et son sac se transformèrent en bureau des réclamations sur le thème "Comment arrêter l'Histoire de la Magie en septième année". En s'épongeant le front, elle promit d'en toucher un mot à McGonnagal.

Après le four, Hermione enchaîna de manière logique avec le réfrégirateur, c'est-à-dire le cachot, pour un cours de Potions avec les Serpentards.

Le Professeur Slughorn les accueillit avec un grand sourire et les fit asseoir en binômes. Hermione se retrouva avec Daphné Greengrass, tandis que Ginny échouait avec Crabbe. Le professeur leur tint son petit discours de bienvenue ("Vous allez mourir tant vous aurez de travail") et leur posa quelques questions élémentaires :

- Voyons, hem.. Miss Brown, c'est très basique, bien sûr, mais de quoi est composé la Goutte du Mort-Vivant ?

La main bien entraînée d'Hermione se leva immédiatement ; cette question était si simple, que même un deuxième année aurait pu trouver la réponse. Les Gryffondors, encore en sueur, ne furent pas très réactifs ; et chez les Serpentards, seul Theodore Nott leva la main.

Slughorn, après un clin d'oeil destiné à Hermione (qui réalisa sans aucun bonheur qu'elle venait de se réserver une place au club de Slugh) et une petite moue appréciatrice pour Nott, soupira devant l'ignorance de Lavande.

- Miss Brown, sachez juste que cette question est extraite du manuel Mille herbes et champignons magiques. C'est le manuel des premières années. J'enlève deux points à Gryffondor.

Les Serpentards, au grand étonnement d'Hermione, n'eurent aucune réaction.

- Quoi ?! Mais, Professeur c'est atrocement injuste !,
rouspéta Lavande.

Slughorn l'ignora superbement et fixa Hermione, qui levait une main vengeresse comme si sa vie en dépendait  :

- Oui, Miss Granger ?

- La Goutte du Mort-Vivant, qui est un très puissant somnifère, s'obtient à partir du mélange de racine d'asphodèle en poudre et d'infusion d'armoise.

- Deux points pour Gryffondor. Après le constat désolant que nous venons de faire, au travail. Je sens que l'année s'annonce... compliquée.

Hermione était contente d'avoir rattrapé la piètre performance de Lavande, et pas fâchée de lui avoir rendu la monnaie de sa pièce -le souvenir de ses quolibets malveillants restait désagréablement imprimée elle- mais elle n'avait aucun mérite.

En première année, elle avait appris par cœur la composition de chacune des 136 potions au programme.

Le cours commença réellement par une réalisation pratique. Hermione et Lavande durent exécuter une potion réputée pour sa difficulté : l'Irae.

- L'Irae est une potion permettant de prédire l'avenir d'un personne dans une limite de dix secondes. C'est une des seules potions aux pouvoirs divinatoires, si l'on peut les appeler ainsi.

Hermione, qui n'avait jamais ressenti  beaucoup d'amour pour la Divination, soupira profondément, faisant rire Ginny à deux tables de là.

- La potion la plus réussie fera gagner au binôme l'ayant préparée deux flacons d'Armortentia.

Les têtes se soulevèrent ; l'Armortentia était un mélange compliqué et il était assez exceptionnel d'en avoir à sa disposition. Parvati et Rachel, qui s'étaient miraculeusement retrouvées ensembles commencèrent leur préparation avec une vigueur nouvelle.

- Au travail ! lança Slughorn.

Hermione se retourna vers Daphné qui n'avait pas déserré les lèvres en dix minutes.

- Tu pèses les orties séchées, j'écrase les épines de porc-épic ?

- Très bien.

Daphné avait prononcé ces mots d'une voix sèche, sans mépris toutefois, ce qui, pour Hermione, était une petite révolution.

Daphné n'était pas idiote, et en une heure et demie, les filles avaient achevé leur potion. Elle était bleu marine, et un halo gris flottait au-dessus du chaudron, ce qui correspondait aux attentes du livre. Hermione observait même les reflets violets attendus par le Professeur pour une potion parfaite. Assez contente de leur travail, la jeune fille contempla les réalisations des autres : la potion de Lavande et de Dean était catastrophique, celle de Parvati et Rachel moyenne (il n'y avait pas d'halo de fumée) ; Ginny était assez forte, mais avait dû supporter la nullité abyssale de Crabbe, ce qui avait résulté en une potion bleu clair qui crachait des étincelles. Le seul binôme ayant obtenu un aussi bon résultat qu'elle et Daphné était celui de Theodore et de Drago Malefoy.

Après inspection comparée des deux chaudrons, le professeur les déclara vainqueurs ex-aequo, et leur remis quatre fioles d'Armortentia.

- À présent, testons une de ces potions... Mr Malefoy, passez-moi votre chaudron.

Le jeune homme tendit l'instrument sans un mot.
Hermione était troublée par Malefoy. Il ne lâchait pas un mot, ne regardait personne. Il avait un air torturé qui en devenait presque effrayant. Même à Theodore, qui était un de ses amis de longue date, il ne disait pas un mot.

Hermione se fit sauter dessus par Ginny pendant qu'elle lavait le chaudron (son amie voulait absolument sentir la potion) et lui passa la bouteille de verre dans le couloir. Ginny l'ouvrit délicatement et inspira ; l'Armortentia devint doré et Ginny rougit.

- Alors ?, lui demanda Hermione avec un sourire.

- Nettoyant pour balai, feu de cheminée, chocolat au lait. C'est l'odeur d'Harry, avoua-t-elle, toute rose.

Hermione lui reprit rapidement la fiole : le professeur McGonnagal approchait.

- Bonjour Mesdemoiselles. Miss Weasley, vous avez pris connaissance de votre nomination ?

- Oui Professeur, je vais afficher la date des sélections ce soir, lui répondit Ginny.

- Bien. Miss Granger, avez-vous repensé à notre petite discussion d'avant-hier ?

Hermione avait bien profité de son association avec Malefoy pour les travaux en commun, aussi répondit-elle avec peu d'enthousiasme :

- Oui, Professeur. Je pense qu'il serait intéressant de mettre en place un système permettant de réunir des élèves de différentes maisons. Du tutorat, par exemple, ou des groupes sportifs. Cela serait une sorte de bénévolat. On pourrait le récompenser par des points spéciaux.

- L'idée du tutorat est intéressante, je vais y réfléchir. Oh, et Miss Granger, pourriez-vous faire passer le message que les rendez-vous d'orientation des septièmes années auront lieu la semaine prochaine ?

- Bien sûr, Professeur.

- Merci jeunes filles.

Ginny et Hermione se rendirent ensuite en Sortilèges, et en revinrent avec assez de travail pour deux semaines ; or, les trois dissertations données par Flitwick étaient à rendre le lendemain.

À cinq heures, les filles étaient épuisées. Après avoir travaillé deux heures à la bibliothèque, Hermione décida d'aller prendre un bain, tandis que Ginny alla préparer ses affiches de sélection.

Comme à son habitude, Hermione entendit des murmures sur son passage. Les murmures, les ragots, les rumeurs l'avaient toujours effrayé ; elle se souvint comment elle se sentait diminuée lors de ses premières semaines à Poudlard, en entendant les commérages des Gryffondors sur sa solitude et sa bizarrerie. Harry aussi avait eu à subir des chuchotements constants, où qu'il soit, chaque année. Elle se retrouvait à sa place, maintenant. Heureusement, les bruits de couloirs n'avaient plus d'effets sur elle, ils l'agaçaient simplement. Quand on a vécu en fugitive durant des mois, vu des dizaines de morts, s'est faite torturée par Bellatrix Lestrange, et autres joyeusetés, nos peurs changent.
On est plus forte.

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La salle de bain des Préfètes-en-Chef était véritablement magnifique. La voûte de l'immense pièce lui donnait une dimension de cathédrale, les joyaux sur les murs, une allure de palais. Dire que cet endroit enchanteur ne servait que pour deux personnes chaque année !

Des vitraux représentant des Appolons aguicheurs étaient placés sur chaque mur ; Hermione voyait vraiment un air de famille, entre un de ces dieux à moitié nu, et Lockart, ce qui la perturbait quelque peu.

Le sol était constitué d'un bassin de la taille d'environ deux piscines olympiques, et de rebords marbrés. La baignoire, ou plutôt le bassin, comportait trois marches, et un de ses bords était uniquement composé de robinets de toutes les tailles, les couleurs et les formes.

Une grande psychée ovale au bords dorés avait été posée sur un rebord. La jeune fille s'y contempla longuement. Elle ne savait pas vraiment si ce qu'elle y voyait lui plaisait ou non.

Ses boucles brunes étaient plus lisses que dans son enfance, ou sa chevelure se rapprochait plus de la tignasse hirsute ; ses dents lui plaisaient, depuis que Mrs Pomfresh les avaient rétrécies ; son corps s'était remplumé depuis la fin de la guerre. En fait, elle ne s'était jamais vraiment demandé si elle était jolie. Elle était Hermione, point.

Hermione laissa tomber son peignoir de bain, déclenchant les sifflements des vitraux. Elle dû se faire violence pour se rappeler qu'ils n'avaient rien d'humain.

Elle plongea avec délice dans l'eau tiède, et nagea souplement jusqu'aux jets d'eaux. Elle en ouvrit un, au hasard, et vit jaillir dans l'eau claire une myriade de petits poissons. Ils vinrent lui chatouiller les chevilles, la faisant éclater de rire.
Elle tourna un autre robinet, et un délicat bain moussant qui sentait divinement bon la rose vint parfumer l'eau de son bain. Un autre encore... Des bulles argentées jaillirent du tuyau cuivré qu'elle avait choisi.

Hermione ferma les yeux, et enfonça son corps sous l'eau. Elle adorait se sentir ainsi immergée, complètement isolée du monde et de ses difficultés. Le bain moussant devait certainement contenir une huile essentielle relaxante ; elle sentait toutes les tensions de son dos se dissiper. La réalité était loin, et que ça faisait du bien...

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