Chapitre 13.


03h30 – Londres –

Hailee –


Je me réveille au beau milieu de la nuit, mon premier réflexe est de regarder l'heure, trois heures trente. Mon second réflexe est de me poncer la peau pour être sûre que je ne rêve pas. Une petite douleur, bien qu'éphémère, est présente, m'assurant que je suis belle et bien réveillée.

Je sors difficilement de mon lit, puis de ma chambre dans le silence pour ne pas réveiller Shelly. Je déteste me réveiller au beau milieu de la nuit comme ça.

Mes cauchemars commencent souvent comme ça : je me réveille et vais boire dans la cuisine ou manger un truc, parfois je vais juste aux toilettes, mais ça finit toujours de la même manière. Jason qui toque à la porte et réussit à entrer dans l'appartement et abattre de nouveau ses poings sur moi.

Dans la cuisine, je me sers un verre d'eau. Je passe par la chambre d'Eden pour m'assurer qu'il dorme bien, puis je retourne me coucher.

Le lendemain – Londres –

Hailee –

Nous sommes réveillées par l'horrible sonnerie de Shelly mélangée à la mienne, ayant oublié d'en désactiver une sur les deux hier soir.

L'avantage est qu'avec une sonnerie pareille, on ne met pas de temps à sortir de la couette pour les faire taire, nous sommes au moins vite sortis du lit.

Shelly prend une douche pendant que je m'occupe de faire le petit déjeuner à Eden et lorsqu'elle revient nous échangeons, elle mange et aide Eden à se préparer pendant que je prends une douche.

Prête, je sors de la salle de bain et rejoins ma sœur et mon fils.

- Tu as mangé ? Me demande Shelly en mettant son manteau.

Non.

- Oui. Je mens pour qu'elle ne me force pas à le faire.

- Menteuse. Répond Eden me trahissant par la même occasion.

Je lui fais des gros yeux lorsque je me tourne vers ma sœur c'est elle qui me fait des gros yeux. Elle m'indique la cuisine du menton. Pas besoin de dire plus, je me dirige vers la cuisine et prends un Kitkat que je me presse de manger devant elle.

Le papier à la poubelle, j'enfile mon manteau et je suis ma famille en dehors de l'appartement que je ferme derrière moi.

Nous croisons Neal en entrant dans l'ascenseur. J'ai le droit à un sourire ce matin, sourire que je lui rends, bien que je trouve étrange qu'on ne se soit pas croisé pendant plusieurs jours après l'autre soir et que maintenant qu'on a parlés nous nous croisons de nouveau. M'enfin, je mets cette idée au fin fond de ma tête.

- Quel sourire ! Dit Shelly avec une danse des sourcils.

- Shelly. Je souffle en levant les yeux au ciel.

- Quoi ! C'est vrai que ton voisin est doté d'un putain de physique ! Dit-elle en posant ses mains sur les oreilles d'Eden pour ne pas qu'il n'entende le vocabulaire qu'elle emploie.

Pour seule réponse, je lève une fois de plus les yeux au ciel et sors la première de l'ascenseur.

Nous ne perdons pas de temps et allons jusqu'à l'école d'Eden puis la boutique.


***


Deux robes de soirée sont posées sur mon lit, une rouge sang et une noire.

- Tu as mis quoi la semaine dernière ? Demande Shelly e entrant dans la pièce.

- La noire derrière. Je montre du doigt la robe noire posée sur une chaise.

- La rouge alors !

Je m'empare de la rouge et vais dans la salle de bain pour l'enfiler. Elle est longue avec une fente sur ma cuisse gauche et un décolleté plongeant pour laisser de nouveau mon tatouage à la vue de tous.

Je sors et Shelly approuve. Elle me boucle les cheveux et moi je les lui lisse. Elle porte une robe dorée à paillette avec un décolleté aussi plongeant que les miens, la robe lui moule à la perfection le corps et lui arrive à mi-cuisses.

Talons aux pieds et sacs à main en mains nous sortons de l'appartement après avoir dit bonne nuit à Eden et salué Piper.

L'ascenseur se ferme, mais Shelly arrive à courir malgré les talons – chose dont je suis incapable – et elle arrive à glisser sa main pour l'en empêcher.

Nous entrons dans l'ascenseur et découvrons Neal, vêtu d'un pantalon et d'une chemise noire ouverte sur trois boutons en haut.

Shelly me lance un regard lourd de sens avant de lui demande :

- Vous sortez ?

Neal détache son regard de mon tatouage et sourit à ma sœur.

- Oui, je vais au bar. Celui de la semaine dernière. Finit-il en me regardant un sourire en coin.

Merde. Je n'ai pas parlé de la semaine dernière à Shelly. Pas qu'il y ait quelque chose à dire...

- La semaine dernière... je vois. Ça tombe bien, nous aussi ! On vous accompagne ?

- Qui dirait non à deux déesses ? Rit-il.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et lorsque Neal avance devant nous, Shelly me prend par les épaules et fait des cris surexcités silencieux.

- Tu y vas souvent ? Je demande à Neal en arrivant à son niveau.

- Assez régulièrement, oui. Rassure-moi, toi non ?

- Euh... non ? Je réponds hésitante.

Comment ça « rassure-moi » ?

- Ouf. Sinon, je me serais vraiment posé des questions. Déjà que j'ai beau réfléchir je ne me souviens pas t'avoir déjà vu à la boutique avant que tu n'emménages.

Oh.

- Oh. J'ai beau réfléchir, moi non plus.

Neal me lance un regard rassuré de ne pas être le seul, puis Shelly intervient :

- En même temps, tu t'occupes rarement de la boutique.

Est-ce un reproche ? Où le verre que je l'ai vu prendre en cachette ?

- Je sais que tu aimes tellement les clients lourds ! Ricané-je en réponse.

Elle bougonne des choses incompréhensibles me faisant comprendre que c'est bel et bien le verre qu'elle a pris en cachette. Je suppose même qu'il n'y a pas eu qu'un verre, mais plusieurs.

Nous arrivons devant l'enseigne et Shelly se positionne devant moi, comme Elie l'a fait il y a une semaine.

- Elie m'a dit qu'il fallait te faire un discours pour que tu lâches prise ! Je te laisse la chambre d'amis si tu veux ramener une...

- Ne t'inquiète pas Shelly. Ça va.

Elle plonge ses yeux verts dans les miens cherchant un savoir si je mens ou non.

- Très bien ! Finit-elle par dire.

Nous entrons tous les trois dans le bar, la musique et l'alcool sont déjà bien présents.

- Là-bas ! Hurle Shelly, en pointant du doigt les cinq places encore libres côte à côte au bar.

Elle marche aussi vite qu'elle le peut pour avoir les places. Neal et moi la suivons de près et lorsque nous sommes aux places libres, un autre groupe de trois hommes arrivent en même temps. Cinq places, six personnes. Je le sens mal.

Shelly étant arrivée un peu avant nous est déjà assise donc je m'assois à côté d'elle et Neal vient se placer à côté de moi. Au moment où il s'assoit, l'un des hommes du groupe s'énerve.

- Hé mec, dégage avec deux putes, on était là avant.

Je me tends alors que Shelly et Neal se lèvent d'un coup en colère.

- C'est qui que tu traites de pute, connard ? S'énerve Shelly en s'avançant vers eux.

- Il... Il rigolait ! Désolé, on va y aller. Réponds un autre.

- Je préfère ça. Crache Neal.

Et voilà que le premier mec par au quart de tour et est retenu de justesse par ses potes.

- On ne va pas dégager alors que ce sont NOS places !

Je vois la mâchoire de Neal se contracter et ses poings se serrer tellement fort que je suis sûr qu'il pourrait s'ouvrir la peau.

Je me lève tremblante et pose une main sur l'épaule de Neal.

- Laisse tomber Neal. Dis-je en cachant ma peur.

Jason partait au quart de tour lui aussi... Je fuis toute violence et je peux me mettre à pleurer de peur si un homme commence à me crier dessus. Ridicule n'est-ce pas ? Après six ans je devrai ne plus craindre ce genre de choses et pourtant je suis aussi effrayé que l'ado que j'étais à dix huit ans.

Je crois les yeux noisettes de l'homme qui retient son pote et ses yeux passent de l'inquiétude que ça parte mal à de la surprise.

- Ok Archis, tu fais peur à la jolie blonde alors on devrait y aller. Dit l'homme aux yeux noisette.

Le dénommé Archis me regarde puis contracte la mâchoire, il se contient finalement et faite volte-face et suivi de son autre ami.

- Désolé.. Rit nerveusement, l'homme, avant de suivre ses deux amis.

Je soupire et m'assied, un silence pesant entre nous trois s'installe, je le brise en demandant un whisky. Shelly prend de même et Neal finit par nous suivre aussi.

- Quel con, ce mec, vraiment. Peste Shelly en sirotant son verre.

- On s'en fout ! Dis-je.

Après un bon nombre de verres, Shelly et moi allons sur la piste de danse et dansons, rions et chantons. Nous ne nous sommes pas amusées comme ça depuis longtemps. À chaque fois, je me rends compte de tout ce que j'ai perdu, je me dis que je ferai ça plus souvent, mais finalement, j'ai l'impression d'être une mauvaise mère et de trop délaisser Eden lorsque je pars en soirée comme ça.

- Ça m'a manqué ! Hurle Shelly à mon oreille, accompagnée d'un sourire.

Je lui souris en retour et la prends dans mes bras avant de lui répondre :

- À moi aussi, ça m'a manqué !

Nous sourions comme deux débiles puis comme si nous ne faisions qu'une, la même idée nous travers l'esprit.


À suivre...

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