Chapitre 07.


le lendemain – Londres –

Hailee –


Je suis à la boutique depuis maintenant trois heures. Je m'occupe d'une commande pour un mariage, qui dit mariage dit beaucoup, beaucoup de travail. Nous nous y sommes toutes mises. Alternant lorsqu'il faut s'occuper des clients.

Et justement, en parlant de client, la sonnette retentit indiquant l'arrivée de quelqu'un dans la boutique.

- C'est à qui le tour ? Demande Shelly.

- Moi. Soupiré-je.

Je m'étire, affiche une faux sourire masquant ma fatigue puis je me lance dans la boutique.

- Bonjour !

- Hailee...

Mon cœur rate un battement et j'arrête de bouger, même de respirer face à cette voix qui malgré les années, n'a pas changé.

- Elie ! Je m'exclame en portant une main à la bouche.

Elle est là, elle est venue.

Je me dépêche de passer de l'autre côté du comptoir où m'accueille Elie à bras ouverts. Je la sers dans mes bras et inspire son odeur... Profitant du moindre détail de sa personne. Je ne retiens plus mes larmes et elle non plus, je la sens sangloter dans mes bras.

- Tu m'as tellement manqué. Dit-elle entre deux sanglots.

- Tu n'imagines pas à quel point toi, tu m'as manqué.

Après encore quelques minutes enlacées, nous nous séparons.

- Ton mascara a coulé. Gloussé-je.

- Je m'en doute. Elle répond avec le même rire étouffé que moi.

- Tu es vraiment venu... Murmuré-je en l'observant attentivement.

- On s'est promis d'être là l'une pour l'autre. Elle me rappelle.

- J'ai plutôt échoué... Dis-je en baissant la tête.

- Tu te moques de moi ? C'est moi qui ai échoué ! Je n'ai rien vue. Pendant trois ans je n'ai rien vu...

Un nouveau sanglot sort de sa bouche, mais elle essaie de le cacher avec sa main.

- Elie ! Tu ne l'as pas vu, car je ne voulais pas que tu le voies ! La rassuré-je.

Elle baisse la tête. Je sais que ça fait sept ans, mais je la connais quand même... Elle s'en veut énormément de ne rien avoir vu.

Si elle savait le nombre de sorties que j'ai annulé parce qu'il m'avait trop amoché pour que je le cache la veille...

- Oublions ça, tu veux ? Dis-je en prenant ses mains dans les miennes. On a tellement de choses à rattraper !

Énormément.

- Tu as raison ! Dit-elle avec un léger sourire.

- Va visiter un peu la ville ! Je finis de travailler à dix-huit heures trente !

- Je serai devant la boutique à dix-huit heures trente.

J'acquiesce et lui fais un câlin avant qu'elle ne parte puis je sèche mes joues encore humides et souffle un peu pour reprendre mes esprits avant d'aller dans l'arrière-boutique. Quand j'entre, Shelly voit directement que j'ai pleuré.

- C'était qui ? Pourquoi est-ce que tu as pleuré ? Elle s'empresse de me demander.

Elle s'approche de moi les sourcils froncés et l'inquiétude gravée sur son visage. Maintenant, je m'en veux de ne pas lui avoir parler d'Elie plutôt...

- Calme-toi, c'était Elie. Je lui réponds donc.

- Elie ? Elie Williams ? Demande-t-elle, surprise.

J'acquiesce. Marley ne comprend pas et fait mine de retourner à son centre de table, comme si elle n'était pas présente.

- Elle t'a retrouvé ? Et il sait ? Demande-t-elle en me prenant les épaules.

- Non et non. J'ai repris contact avec elle. Je la rassure rapidement.

Ses yeux sortent presque de ses orbites face à cette nouvelle qui la surprend.

Lorsque le choc est passé, elle me prend le bras et me dirige vers la réserve pour plus d'intimité.

- Tu as quoi ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Elle demande.

- C'était hier, j'ai appris qu'elle allait se marier alors j'ai voulu... Tout lui expliquer.

- Jason, tu es sûr qu'il ne sait absolument rien ?

- Oui, elle m'a promis de garder ça pour elle.

- Oh ! Si elle t'a promis, tout va bien ! Ironise-t-elle.

- Je lui fais entièrement confiance.

- Même sept ans après ? Demande-t-elle peu confiante.

- Oui, même sept ans après. Confirmé-je en la regardant droit dans les yeux sûre de moi.

Elle soupire et ferme les yeux.

- Très bien, si tu lui fais confiance...

- Elle ne dira rien. Dis-je avec conviction.

- Tu lui as parlé d'Eden ?

- Non pas encore, je ne voulais pas lui parler d'une chose aussi importante par message. Elle revient ce soir. Expliqué-je.

- Ok, si tu as besoin que je sois là... tu me le dis.

- Ne t'inquiète pas, ça va aller. Je t'appellerai après.

Elle acquiesce plusieurs fois et nous nous redirigeons vers l'arrière-boutique.

Marley nous lance un sourire un peu gêné et nous nous remettons au travail comme si de rien été.


(...)


La journée m'a paru extrêmement longue. Nous venons de fermer la boutique et je repaire Elie de l'autre côté du trottoirs. Je la rejoins et nous nous prenons dans les bras.

- Tu veux aller prendre un café pour parler ? Me demande-t-elle.

Je grimace légèrement.

- Non, il faut que je rentre chez moi. Prenons un café chez moi. On sera... Plus tranquille.

Si on oublie la présence curieuse d'Eden.

- Oh, oui pas de soucis. Je pensais juste que tu ne voudrais pas que...

- Si si ! Je la coupe en devinant la suite de sa phrase.

Sur le trajet, nous parlons de quelques banalités, attendant d'être rentrées pour parler des choses sérieuses.

Plus l'ascenseur monte, plus le stresse monte en moi.

Si je faisais une énorme connerie ?

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

- Tu vas bien ? Demande Elie en fronçant les sourcils.

Nous sortons de l'ascenseur et je n'ai plus guère de chance pour rebrousser chemin.

- Disons que... Nous avons beaucoup de choses à rattraper.

Elle acquiesce, pas plus rassurée.

J'ouvre la porte de l'appartement sachant que je ne peux plus faire marche arrière une fois celui-ci ouvert.

- Maman ! Crie Eden dans tout l'appartement en courant dans mes bras.

Je sens Elie se tendre derrière moi et j'entends sa respiration se couper lorsqu'elle comprend.

- Coucou, mon ange.

Je lui fais un bisou sur le front et il se détache de moi.

- Salut ! Dit Piper en entrant dans la pièce.

- Ça s'est bien passé ?

- Comme toujours.

Nous n'échangeons pas plus de banalités, elle part assez vite en comprenant que j'ai de la visite.

Elie n'a toujours pas bougé, Eden la regarde curieusement de loin et moi j'évite son regard.

- Entre... L'invité-je après m'être raclé la gorge.

Elle ferme la porte derrière et il lui faut plusieurs secondes pour oser ouvrir la bouche.

- C'est... ?

- Elie, je te présente mon fils. Eden. Fais-je les présentations tout en répondant à sa question.

- Bonjour ! Dit-il avec un petit sourire chaleureux.

- Salut...

Elle me lance un regard, je comprends suite la question derrière celui-ci. « Jason est le père ? » alors j'acquiesce en me pinçant les lèvres.

- Eden chéri, tu veux bien aller jouer ? Je dois discuter avec Elie.

Il acquiesce et part jouer dans sa chambre sans discuter.

Je le regarde partir puis me tourne vers Élie pour l'inviter à se mettre à l'aise, mais ma respiration se coupe lorsque je la vois fondre en larmes.

Elle cache son visage avec ses mains. Je la sers fort dans mes bras et fond en larmes aussi.

Nous restons l'une contre l'autre un long moment, jusqu'à ce que nos larmes ce stop.

- Allons-nous installer dans le canapé. Dis-je.

J'enlève mon manteau et prends le sien. Je nous prépare du café et nous nous installons dans le canapé.


A suivre... 

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