Chapitre 0: Le début d'une histoire
Février 2021.
Une année comme les autres où toutes les journées se ressemblent.
Pas pour ce qu'il y a dehors mais ce que je ressens moi, à l'intérieur. Tout comme ce que nous éprouvons dehors c'est le chaos dans tout mon être. Je vis, mais que physiquement. Je prends le rythme de la vie, cette vie si monotone tel un pantin. Mon corps se déplace mécaniquement, comme réglé tel une horloge de coucou et je me laisse emporter par le rythme de cette vie interminable.
Si il n'y a que mon corps qui fonctionne aussi monotonement soit-il, qu'en est-il de moi?
Moi, je n'en sais rien... Depuis comment bien de temps je suis comme ça? Je ne sais plus... 1 an... 2 ans... 4? Je fais tout pour me battre, pour rester en vie parce que chaque jour est une épreuve. Vivre dans mon corps est une bataille que je mène sans relâche. Pas parce que je suis malade, non.
Parce que je suis une femme.
Aux yeux de la société que conserve officieusement ses pseudo traditions qu'elle essaie tant bien que mal de cacher, je me dois d'être douce, gentille, bienveillante, drôle mais pas trop non plus, ambitieuse mais réservée que je donne une image parfaite. Car il ne faudrait qu'un seul faut pas pour que tout dérape. C'est ça la vie. Si une seule fois vous montrez votre vrai visage, si vous montrez en vous une seule once d'humanité qui vous est propre, qui définit ce que vous êtes, vous qui étiez rentré dans une case, vous échappez à tout contrôle de la société.
Et ce n'est pas bon vous savez?
Seule l'élite le peut. Mais caché bien sûr. La perfection ne se donne pas aussi facilement au commun des mortels. Pour cela il faut cacher nos crimes car si pour vous cela n'était que banalité il ne l'est pas forcément pour les autres et tout le monde sait que le cercle vicieux prendra un malin plaisir à vous infliger toutes les misères du monde.
Pourtant, dans mon corps, au plus profond de moi-même il y a ce sentiment. Cela monte, grandit, se comprime dans ma poitrine et ne demande qu'à se décharger partout, maintenant. Cette chose, qui veut tellement se faire entendre est un sentiment.
C'est la colère. Ma colère. Cette colère qui pourrait déferler sur tout ce quelle touche, ce sentiment d'injustice. Pas seulement pour moi, pour ma condition, mais pour tout le monde. Pourquoi les gens ne voient pas que peut importe comment l'humain se définit, comment il peut ressembler, parler ou autre c'est la puissance de chacun au sein d'un groupe qui évolue.
Toute leur haine, qui s'acharne les uns sur les autres, ne les conduisent qu'à leur perte. L'humanité est vouée à l'échec peut importe les avancées minimes de chacun.
Mon esprit qui vagabonde ne cesse de rêver d'une utopie où la tolérance est la clée pour préserver l'humanité où le mot respect est marqué sur toutes les bouches et que tout le monde aide à bâtir un monde meilleur et ne reste pas là, à s'entre déchirer pour leur apparence. On dit que Narcisse était le seul dieux à aimer son reflet en tant qu'un autre, mais l'humain est capable de détruire quelqu'un juste pour qu'il lui ressemble en se positionnant en tant qu'être parfait.
Cette monstruosité me laisse sans voix. Cette injustice me déchire et me lacère le cœur et moi, spectatrice, je reste là, observant ce chaos le plus totale, déchirer le monde dans lequel je vis.
Et je pense.
Je pense à ce que serait ce monde si il existait une telle utopie. Je me demande ce que cela ferait d'être accepter pour ce que je suis et non parce qu'il faut de la diversité, un quotas sans quoi cela serait mal vu. Quelle est la différence si une personne possède des qualités qu'elle a elle-même façonnée pendant des années pour atteindre son but? Peut importante l'apparence tant que tout le monde peut bénéficier de son don. Il n'y a aucun mal à être doué pour quelque chose et de vouloir en faire profiter tout le monde.
Et ce serait tellement beau, oui, si...
- Aélice! On mange, dépêche toi de mettre la table, j'en ai marre de tout faire dans cette maison!
Février 2021. Moi, Aélice, 18 ans maintenant et étudiante, je me dois de mettre la table, en étant consciente que mon frère joue probablement à la console et que mon père boit son alcool dans le garage, seule condition à laquelle ma mère a réussi à négocier, pour que nous, ses enfants, ne voyons pas que notre famille qui, d'apparence, si parfaite, ne se déchire.
Je vous passe les détails du fond de ma pensée comme quoi c'est ma mère qui se charge de la maison et donc du repas et que ce soit moi qui mette la table. J'aimerais dire plus cliché tu meurs mais bon...
- Aélice! Je ne le répéterai pas!
- J'arrive! Je t'avais déjà entendu la première fois c'est bon! T'avais qu'à demander à Kayde de le faire je ne suis pas ton seul enfant dans la maison, et il est où papa, il ne peut pas t'aider ?
Je descendit les escaliers qui se trouvaient près de ma chambre, à l'étage, et avança vers la cuisine. Mon père venait de fermer la porte à clé qui menait au garage puis dit:
- Qu'est-ce qu'il se passe ici?
- Oh non rien de bien méchant Arold, elle fait sa crise d'adolescence, en ce moment elle joue les féministes hahaha, on voit vraiment de tout aujourd'hui c'est fou non?
- J'espère que ça lui passera assez vite, ce n'est pas avec ça qu'elle se trouvera quelqu'un. Les jeunes de nos jours, c'est plus ce que c'était...
J'ai 18 ans. Je ne fais pas de crise d'adolescence. J'ai une pensée, mon propre jugement et ce n'est pas une passade c'est normal de penser comme ça. Normalement c'est la personne qui est le moins occupé ou qui est le plus prêt qui vient aider.
- Normalement sur le réfrigérateur il y a une liste de tâches, et dans cette liste c'est à Kayde de le faire aujourd'hui donc ce n'est pas à moi tout simplement.
- Mais Aélice chérie, ton frère travaille pour ses études, et toi il faudra bien que tu saches t'occuper d'une maison pour plus tard!, s'exclama ma mère le plus naturellement possible.
- Oui c'est sûr ! Quand j'aurais enfin mon propre appartement, quand je serais enfin indépendante !
- Ah mais non non non je ne parlais pas de ça mais quand tu seras marié enfin! Quand tu connaîtras enfin la joie du mariage!
JE RÊVE. S'IL VOUS PLAÎT RÉVEILLEZ MOI.
- Et si je ne veux pas me marier?
- Oh mais ma colombe! Moi non plus je ne veux pas que tu partes aussi vite, dit mon père en me caressant la joue, mais un jour tu partiras avec un jeune homme super et avec ce que t'a enseigné ta mère tu n'auras plus une minute à toi car tu devras t'occuper de ta maison!
- Ou de ton mari, dit ma mère en me pinçant le nez affectueusement.
Je me contiens tant bien que mal... Réfléchis Aélice, rend leur la monnaie de leur pièce.
- Et si je préfère les filles ?
- Et bien tu te marieras avec elle et vous vous disputerez pour savoir qui fera le ménage ou la cuisine enfin on est assez évolué avec ta mère sur ça tu le sais bien! Pas vrai Meg?
- Mais oui enfin Aélice quand même c'est mal nous connaître de penser qu'on est vieux jeu!
Achevez moi. Maintenant. Sur place. C'est pas possible c'est une caméra cachée...
Inconsciemment et parce que mon corps était conditionné à reproduire à la perfection l'obéissance aveugle que je portais envers mes parents, je finissais de mettre la table.
Je ne savais que dire. Et pour couronner le tout mon frère vient enfin se pointer. Bien sûr tout est déjà prêt.
Plus les jours passaient et plus ma colère ne faisait qu'augmenter et ce soir, elle se logea le plus profondément possible dans mon cœur. Pourquoi gaspiller autant d'énergie? Ce n'est qu'un jour comme les autres, je devrais être habituée.
Le repas se faisait dans la joie et la bonne humeur d'une famille idéale, le hic étant que nous n'étions plus dans les années 20 mais au 20ème siècle!
Absorbée par ma haine, je n'entendis pas mon père m'appeler puis il vient claquer des doigts devant mes yeux ce qui me fit les relever.
- Oui?
- Alors pour ce week-end ?
- Ce week-end ?
- Oui ce week-end ! Tu es libre pour aller chez grand-père ? Tu n'as rien de prévu avec tes amis?
- Il faudrait déjà qu'elle en ait, dit mon frère en ricanant.
- Kayde, ça suffit! Ou peut de respect envers ta sœur! Me défendit ma mère.
- Non je n'ai rien de prévu, et ne t'en fais pas maman, Kayde dit la vérité, ce n'est un secret pour personne seulement moi je préfère être seule que mal accompagnée comme toi parce que tu sais très bien qu'au fond les personnes avec qui tu traînes te tirons tous vers le fond. Je n'ai pas faim. Je sors de table.
Et c'est dans le blanc le plus totale que je débarrassa mon assiette avant d'aller me réfugier dans ma chambre et de me blottir sous les draps de mon petit lit douillet.
Je sais que je ne suis pas comme eux, que je suis le mouton noir de la famille. Oui je n'ai pas d'amis, personne pour me soutenir, pour être présent, à mes cotés, dans les moments les plus difficiles et Kayde savait très bien que cela allait m'affecter. Je suis au dessus de ça mais, quand un membre de votre propre famille, qui est le genre parfait, à avoir cette facilité déconcertante à réussir à se faire autant d'amis, d'être parfait aux yeux de tous et être un parfait connard à la maison, vous avouerez que ça donne envie d'en vouloir au monde entier.
Moi je me suis toujours renfermée sur moi-même... de peur d'être jugée pour ce que je suis... ça n'a pas toujours été le cas... je ne dis rien, pour ne pas brusquer les autres, je suis donc ce qu'on appel une personne solitaire. Des fois je ne peux pas le nier j'envie mon frère. Si je n'avais pas ce sentiment d'injustice, la solitude m'aurait déjà consumé entièrement de l'intérieur. Il faut que cela cesse. Dans peu de temps je serais assez indépendante pour pouvoir partir d'ici sans un retour en arrière! Oui je partirais et je pourrais enfin être heureuse!
C'est avec ces quelques pensées que je m'endormis dans les bras de Morphée.
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