Chapitre 6
- Mais je ne comprend pas... maugréa Manon, les sourcils froncés.
Cela faisait au moins une heure qu'elle et ses amis patrouillaient autour des arbres en cherchant la vieille tente rapiécée, allant vérifier même dans les recoins les plus absurdes, comme dans les serre des oiseaux ou sous leurs pieds.
Manon poussa un cri de frustration en donnant un coup de pied dans des petites fleurs bleues, en faisant voler nombre de pétales. Ses amis se rapprochèrent d'elle pour la réconforter et lui assurer que tout irait bien, et qu'ils la retrouveraient, cette tente ! Pourtant, cela faisait longtemps que ses camarades lui disaient ça, et toujours aucun signe du vieux bout de tissu. Et comment allait-elle faire pour dormir alors ? Roupiller tranquillement dans les branches d'un vieux marronnier ? Pendant que ses amis étaient lovés dans leurs sacs de couchage en coton ?
Rose se leva de la souche où elle était confortablement installée et tourna la tête de Manon qui boudait de façon à la regarder dans les yeux.
- Tu sais, si on ne la trouve pas tu peux toujours venir dans ma tente ! Enfin, je ne sais pas si elle est assez grande pour deux personnes...
Sa copine grommela inintelligiblement et retourna sa tête en soufflant.
- Assez grande ? lança Yann d'un ton sarcastique. C'est une villa, est-ce que tu en as conscience au moins ?
Rose papillonna des yeux et secoua sa chevelure noire, ce qui avait pour effet de l'énerver plus que tout. Si elle ne tenait pas à ce que ses amis lisent son journal intime, Manon avait quand même deviné ce qu'il se passait entre Yann et elle. On aurait dit qu'elle avait son journal imprimé sur le front, bonjour la discrétion !
- Oh, je ne faisais que rigoler ! Elle est assez grande pour trois, tu ne veut pas venir ?
Manon toussa pour masquer un rire. Elle savait que "tu veut venir" signifiait, en langage Rose, manucure, poneys, princesses et paillettes. Oui, beaucoup ( trop ) de paillettes. C'était souvent l'image que les garçons se faisaient d'une fille. Pourtant elle doit bien être la seule se la planète à avoir cette personnalité aussi "girly", comme dirait sa mère.
Yann accepta. Il avait l'air d'accepter à contrecœur, d'hésiter et surtout d'appréhender, mais bon. Pour la toute première fois, il allait visiter l'univers Rose. Le pauvre. Manon le plaignait. Dans quelques heures, il allait regretter son choix...
Tandis que Miss Princesse s'avançait fièrement vers sa tente, la maligne tapota l'épaule de Yann, compatissante.
- Hé, pourquoi tu me tapotes l'épaule ?
- Pour te souhaiter bonne chance.
- C'est si terrible que ça ? appréhenda t-il.
Son interlocutrice eut un regard malveillant digne d'un film d'horreur.
Il eut un regard effrayé et traina la patte pour suivre Rose.
Manon entra dans le "palais". Elle faillit avoir une attaque en remarquant combien la tente était fournie en vernis. La manucure, elle n'allait pas y couper ! Des flacons, des flacons de toutes parts ! Vert, bleu, rose, jaune...
Ses camarades entrèrent et se mirent dans leur sac de couchage. Manon s'installa dans le sien pendant que son amie scandait :
- QUI VEUT UN SOIN DES ONGLES ?
Ça lui rappelait les vendeurs de chichis qui se baladaient sur la plage, proposant aux vacanciers ces délicieuses sucreries.
- Très peu pour moi, merci. Rétorqua Manon.
- Ah...
- Mais, je suis sûre que Yann aimerait !
Le laissant dans son embarras, elle ferma les yeux et tenta de s'endormir.
Elle ressassa tous les évènements de la journée. 1 chose. 2 chose. 3 cho... ZZZZZZZZ
Elle était dans un palais rose flashy couvert de paillettes. Seule, elle avait peur ! Tout à coup, une reine bonbon surgit. Elle lui demanda de tendre sa main pour une petite touche de vernis. Quand Manon refusa, elle lui mit de force, elle hurlait, tapait, pleurait pendant que ses amis en faisaient de même...
Manon se réveilla en sursaut, le visage trempé de sueur et de larmes. Elle s'extirpa silencieusement de son sac de couchage, s'essuyant le front. Les cris avaient l'air tellement réels... elle s'autorisa un seul coup d'œil à Yann et Rose, pour s'assurer qu'ils allaient bien.
Mais leurs sacs de couchages étaient vides.
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