La colère

Je ferme fort mes yeux pour ne pas assister à l'arrivée de mon meurtrier. Il n'est plus qu'à un mètre à présent, son râle funeste me brûle la peau et son cri impatient m'achève. Je compte comme pour mettre fin à cette longue agonie.

10; 9; 8; 7; 6...

Sa voix grave et gutturale me fait frémir, mais mon cadavre informe et apathique refuse de réagir. Les yeux toujours clos, je pense aux gens qui me sont chères, les vivants que je ne reverrai plus et les morts que je rejoindrai bientôt. 

5;4; 3; 2; 1..

Brusquement, j'entends un crissement aigu et sonore qui me perce les tympans puis tout s'arrête. J'ouvre les yeux pour me convaincre que tout est fini mais à la place, mon futur assassin est là devant moi immobile. Dans la lumière crue se découpe une grande silhouette qui s'avance vers moi. Je ne peux m'empêcher de gémir, je soulève mes bras flageolants avec difficulté jusqu'à couvrir mon visage. Je sens qu'on me touche l'épaule, de ma bouche s'échappe un hurlement presque animal. Les mots ne peuvent pas sortir de la bave dégouline de ma bouche, pétrifiée, je suis incapable de bouger et de parler.

La silhouette me parle mais je ne réponds rien, choquée. Elle me porte jusqu'à la voiture, me pose délicatement à l'arrière. Je me rends compte que sa voix n'est pas la seule et qu'une autre se mêle à la sienne. Cette voix je la reconnais...

 Je suis émue pourquoi est-il là? M'a t-il cherché? Où est ce un hasard? Après ces brèves interrogations, je reviens au présent et à la menace qui plane sur moi.Je dois les mettre en garde, ils ne doivent pas rester ici.

-Pfffffiiiii!

Mais mes lèvres sont scellés et aucun son audible ne sort, des larmes impuissantes coulent une nouvelle fois.A la douceur de la voix de mon ami, je sais qu'il tente de m'apaiser mais rien ne peut me calmer.  Au moment où le moteur de la Jeep rugit, prêt à démarrer le sol se met à trembler, la voiture est malmenée, puis  secouer de droite à gauche. 

Je dois les faire partir, ils ne doivent pas périr à cause de moi. L'incompréhension se peint sur leurs traits et ensuite la peur et réussissant à me mettre en position assise sur le siège arrière malgré les cahots provoqué par cet être immonde. J'atteins la poignée, la main chaude d'Hayden se pose sur la mienne. Mes yeux le supplie de me laisser, il me fixe de son regard chaud et rassurant et abaisse la poignée. 

Dès que la portière s'ouvre nous sommes aspirés à l'extérieur de l'habitacle. De grosses fissures se sont formées sur la route la rendant maintenant impraticable. Hayden m'aide à me remettre debout et reste près de moi. Nous sommes tous deux silencieux, je fouille du regard les alentours à SA recherche, c'est beaucoup trop calme!

Soudain, sans prévenir la voiture est projeté sur nous. Il n'a suffit que d'un court instant pour qu'Hayden ait eu le réflexe de nous pousser sur le côté juste à temps avant d'être enseveli sous la lourde carcasse de la Jeep. 

 L'autre jeune homme dans la voiture fait un signe qu'il va bien à Hayden pour le rassurer. La colère de"la chose" est a son apogée elle va déferler sur nous, et nous allons être victime de son courroux. 

Très rapidement, un fort ouragan dévastateur vient dans notre direction. La voix d'Hayden est paniquée.

- Luke! Sors tout de suite de cette voiture l'ouragan arrive.

Je prends appui sur les deux garçons et nous courrons vers la ville cependant nous sommes vite stoppés par une énorme crevasse qui nous oblige à rebrousser chemin. 

Luke s'emporte.

-Fait chier! C'est quoi cette merde! 

Hayden essoufflée dirige sa tête vers la lisière de la forêt.

Nous n'avons pas d'autre choix, il faut que nous partions nous réfugier dans la forêt, ainsi lui échapper pour combien de temps. Le vent est tel qu'à notre passage les arbres se couchent, rendant notre parcours de plus en plus compliqué. Je sens Hayden se crisper à chaque fois qu'un arbre est sur le point de nous tomber dessus, il me serre plus fort.

Mes pieds épuisés  refusent de continuer, l'un deux se coince dans une branche et j'entraîne les deux garçons dans ma chute. Nous avons à peine le temps de nous relever et de reprendre notre course qu'un chêne haut de plusieurs mètres s'effondrent. Je place mon corps au dessus de celui de Hayden et de Luke, me répétant que tout est de ma faute. Dans cette malchance qui me poursuit un infime espoir apparait.Les dégats sont malgré tout importants, une branche est venue se planter dans la jambe de Luke , nous épargnant Hayden et moi. Hayden essaie de toute ses forces de lui retirer, du sang coule abondamment.

 L'oeil du cyclone est là prêt à nous avaler. Dans le ciel d'encre une forme démoniaque se dessine et sur sa face est collé un rire sardonique celui-ci remplit l'espace, "la chose" ricane. Aussi vite qu'elle est apparu, elle se volatilise dans un écran de fumée. 

Quand je peux de nouveau distinguer ce qui se trouve devant moi, je pousse un cri strident et hurle à m'en faire mal à la gorge.L'oeil du cyclone emprisonne Hayden dans les airs, son corps est avachi, sa tête est pendante et ses yeux fermés. Je me précipite comme furie sur l'oeil mais "la chose" m'envoie directement contre un arbre.Je sens son souffle.

- "Tu es à moi! Ta vie m'appartient.Regarde " 

Elle agrippe le bras d'Hayden et le casse comme s'il c'était agit d'une brindille de bois séché. Le long cri de douleur qu'il pousse me fend l'âme et me brise le coeur, combattive j'hurle avec lui à l'unisson, restant à bonne distance, tenant compte des mises en garde de "la chose". 

" Continuons"  son rire cruel se répercute en écho dans toute la forêt. Dans mon esprit tout est clair, elle va le tuer, tout est de ma faute...






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