Chapitre 14


† Tayler † 

Allongé sur le dos, j'écoute le ronflement orchestral d'Alan qui est emmitouflé dans sa couverture. Il doit être 5h00 du matin et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. J'ai pensé à écrire, mais si je commence à m'agiter dans la piaule je suis sûr de réveillé mon cher frère.

Quelle merde ! Ok avant on était dans une ville minuscule et le studio d'enregistrement était à 5 kilomètres mais au moins, on avait chacun notre chambre chez notre mère.

Maintenant je dois partager 10 mètres carrés avec lui dans une chambre qui a déjà dû accueillir des dizaines de personnes avant nous.

Je me redresse en silence et attrape mon portable pour vérifier l'heure, il est 05h50. Je sens que cette journée va être longue...

Alan se tire vers 08h30 pour aller bosser et il ne reviendra qu'en fin d'après midi. Moi j'ai pas encore trouver de boulot donc mes journées passent au ralenti. 

Quand le réveil d'Alan sonne il se redresse comme un robot, il sursaute en voyant que je suis déjà debout. Nous échangeons un regard endormi avant qu'il prenne la parole.

- Putain Tayler... Tu as encore fait une nuit blanche ? Il peste en sortant de son lit.

- Il faut croire que Morphée ne veut pas de moi dans ses bras. Je ricane avec le nez fixé sur mon smartphone.

- Quoi de prévu aujourd'hui ? Tu comptes sortir ? Il me questionne tout en récupérant différentes affaires de douche.

- C'est quoi cet interrogatoire matinal sergent ? Je m'ébouriffe les cheveux sans lever mon cul de mon matelas.

Il lève les yeux au ciel théâtralement en ouvrant la fenêtre au fond de la pièce étriquée. 

Ça sent le fauve dans la chambre donc je ne fais aucun commentaire. 

- J'ai besoin que tu me passes tes sons avant de partir au boulot. J'ai piger comment marchait le matos au sous-sol, je peux enregistrer.

Il me jauge quelques secondes en fronçant les sourcils avant de sortir une clé USB de son sac à dos. il me jette le petit objet dessus que je rattrape à la volée. 

- Mon carnet de compositions est sur le bureau, il explique en s'agitant au dessus d'une trousse de toilette,et les nouvelles mélodies sont toutes dans le dossier de la clé USB. 

- Ok chef. Je réponds en bâillant.

Je sais que sans moi il ne pourrait pas mettre ses chansons en forme, même si il connaît mieux le sujet que moi, mais je me sens quand même inutile. C'est lui qui fait toujours tout, il écrit, il crée les bandes son et il gère les réglages en post-production... Moi je ne fais que chanter sur ses œuvres. 

Au tout début je ne faisais même pas parti de son projet, il était parti dans l'optique de créer des chansons de les faire lui-même en chant. 

Mais il s'est avéré qu'il n'y arrivait pas comme il le voulait...

Du coup c'est moi qui m'use les cordes vocales pendant des heures dans les cabines d'enregistrement.

Dans un monde parfait j'aurais voulu créer mes  propres textes tout seul mais, j'y arrive pas. 

- Je vais à la douche. Évite de vomir dans les escaliers aujourd'hui. Il souffle en passant la porte de la chambre.

Connard. 

J'ai vraiment la tête de quelqu'un qui a bu de l'alcool là ?! j'ai juste la tronche de quelqu'un qui n'a pas dormi de la nuit.

Je sors du lit et m'étire en récupérant mon paquet de cigarettes. Je sais même pas si Alan s'est chargé de remettre les clopes à la miss d'à côté. J'imagine que si ce n'est pas le cas j'en aurais des nouvelles. 

Je chausse mes bottines en cuir et attrape ma veste avant de quitter la chambre. 

En descendant au rez-de-chaussée je croise les gars du premier étage qui sont en train de boire un café dans le couloir. 

C'est quand même un peu bizarre qu'ils prennent leur petit-déjeuner ici alors que le salon est juste immense. 

Je continue mon chemin sans rien dire et arrive enfin dans la cuisine. 

La coloc de la furie est là. Elle prépare ce qui semble être un thé en se faisant une tresse dans les cheveux. 

Elle est pas mal, enfin elle est pas dégueu. 

Petite blonde aux yeux clairs et aux cheveux ondulés, et a ce que je devine en observant sa robe, un joli petit cul.

- Ha bonjour ! Elle bondit en découvrant que je l'observe depuis l'entrée de la cuisine.

- Salut, je pose une clope entre mes lèvres sans l'allumer, dis-moi ta coloc, elle a bien reçue son paquet de cigarettes ? 

- Hein ? Elle se fige avec les yeux ronds.

Ok... Apparemment la Tomboy n'a pas raconter à sa pote que je lui avait piqué des clopes. 

Sans répondre j'hausse les épaules et me dirige avec nonchalance jusqu'à la terrasse.

J'allume ma clope et m'installe en haut du muret en prenant un minimum d'élan.

J'y reste une bonne heure et fusille la moitié du paquet avant de sortir mon téléphone. Il est 08h45, Alan est déjà parti et la baraque doit être vide, enfin sans compter madame la planche à pain qui va certainement se trouvée en travers de mon chemin a un moment. 

Je me demande bien ce qu'elle peut faire de sa vie... Si ça se trouve elle ne fait rien et c'est sa petite coloc mignonne qui paye tout.

La matinée est passée relativement vite. J'ai traîné dans la chambre sur mon téléphone en écoutant les nouvelles créations sonores de mon frère. Les rythmique sont plutôt chouette, je pense que je vais pouvoir tester le slam sur certains morceaux.

Sans perdre de temps je descends au studio et mets en marche tout le matos avant de m'efermer dans l'aquarium où je vais devoir chanter.

Casque sur les oreilles et carnet dans les mains je lance la musique en appuyant sur une petite télécommande prévue à cet effet.

Je recommence plusieurs fois, le temps d'echauffée ma voix. 

J'ai le réflexe de jeter des coups d'œil en direction de la vitrine qui offre une vue sur le couloir plusieurs fois. La dernière fois j'étais épié par l'hystérique qui me sert de voisine...

J'étais obligé de lui faire un mauvais coup alors j'ai fais mine d'être triste et elle est tombée dans le panneau en beauté. 

Cette pensée me décroche un sourire et je loupe un couplet...

Merde. Ça suffira pour aujourd'hui.

Je sors de la cabine en laissant tout en marche et je sors faire une pause clope. 

En m'installant je regarde mon bras tatoué à 70% et je soupire bruyamment. 

Personne n'a remarqué que j'étais couvert de petites lacérations... J'y gratte avec mon ongle et une plaie s'ouvre légèrement. 

Ça m'arrive quand je ne trouve pas le sommeil, ou quand je bois un peu trop... 

La souffrance, on en tombe vite accro.

Au départ me faire tatouer suffisait, mais maintenant ça ne marche plus. La jouissance ne se déclenche que si je me taillade avec une petite lame de rasoir...

Une putain de drogue... J'aime souffrir, ou plus précisément j'aime me faire du mal. Ça me permet d'oublier tout le reste.

Perdu dans mes pensées je ne remarque même pas mon geste. Je suis en train d'ouvrir toutes les plaies en grattant dessus avec acharnement.

Le sang coule par petits ruisseaux sur le long de mon bras et c'est seulement quand je vois une goutte toucher le sol que je réalise...

Je m'empresse de quitter mon perchoir et d'aller dans la salle de bain. 

Une fois devant le miroir du lavabo je me mets à vomir... Mon cœur me fait mal... J'attrape un rasoir dans la trousse que mon frère a laisser et je le passe délicatement sur mon avant bras.

Je retiens mes larmes en serrant la mâchoire.

Fait chier putain !!

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