Chapitre 7 |MLBB|

— Excusez-moi de vous déranger... Je sais que vous allez probablement refuser mais... Je voudrais sortir du palais.

— Tu as raison. Je refuse.

— Est-ce que je peux quand même vous en expliquer la raison ?

— Ça ne m'intéresse pas...

— Et si j'insiste ?...

— Pfff... Je t'écoute...

— Eh bien, ça fait un moment que je suis ici et je pense que les gens de l'Académie s'inquiètent. Même si vous avez retiré le voile sur notre ville, personne là-bas ne sait ce qu'il se passe... J'aimerais pouvoir les rassurer. Surtout James.

— Qui est ce James ?

— Un ami. Alors, vous voulez bien que je sorte ? Je reviendrai. Après tout, vous avez mon sceptre...

— Vous êtes proches ?

— On se connaît depuis des années, c'est mon meilleur ami... C'est oui ou c'est non ?

— Tu l'aimes ?

— Bien sûr que je l'aime, c'est mon ami ! Vous... Attendez... Vous êtes jaloux ?

— Jaloux ? Ha ! C'est ridicule. Je n'ai aucune raison d'être jaloux d'un simple humain.

— ... Même si lui et moi, on se connaît par cœur pour avoir partagé de nombreux moments ensemble ?

— ... Quel genre de moment ?...

— Alors vous êtes jaloux !

— Non ! Absolument pas ! Je me fiche complètement de ce que tu as pu faire avec lui ! D'ailleurs, tu sais quoi ? Je t'autorise à sortir. Vas le voir si ça te chante, ça ne me dérange absolument pas !

— Super ! Merci !

Elior lui fit un immense sourire avant de tourner les talons et de s'en aller gaiement. Alistair eut l'étrange impression de s'être fait manipuler. Mais c'était ridicule, n'est-ce pas ? Il avait simplement essayé d'être gentil, exactement comme la fille lui avait demandé, et seulement pour pouvoir l'amadouer et l'approcher... Sauf que si ce James était plus qu'un ami... Face à ce doute, il n'avait qu'une solution. Il appela Gornant.

— Que puis-je faire pour vous, Maître ?

— J'ai besoin que tu surveilles le palais quelque temps. Je dois... Sortir... Faire un tour. Peu importe.

— B-Bien... Hum, est-ce que je devrais vous dire que... V-votre prisonnière s'est échappée ?

— Je suis au courant.

— Ah. Oh. C'est pour ça que vous sortez, pour la récupérer ?

— Non. Enfin, si. Je veux dire... Oui, c'est pour ça.

— Vous ne voulez pas être accompagné ?

— Non, ça ira.

— Mais les autres gardiens...

— Je m'en moque, des autres gardiens ! Je peux compter sur ta discrétion ?

— O-Oui ! Bien sûr, Maître !

Alistair sortit d'un pas rapide. Il passa un vêtement plus discret et rejoignit la rue. Les habitants passaient à nouveau normalement dans le centre-ville, sans prêter attention au palais ténébreux qui se dressait là. Il avait presque envie de leur arracher des membres pour les punir d'ignorer sa toute-puissance. Mais il devait se contenir. Il devait retrouver Elior et la suivre discrètement. Il fila la jeune femme jusqu'aux portes de l'Académie.

Alistair s'arrêta. Il n'avait pas tellement envie de pénétrer ce lieu rempli de gardiens... Enfin, il n'y en avait plus beaucoup mais le bâtiment entier était protégé par des sceaux de lumière qui, même s'ils ne pouvaient pas le tuer, risquaient de lui brûler la peau. Il commença alors à faire les cent pas, espérant voir ce fameux James. Au bout de quelques minutes, il perçut un mouvement à l'intérieur de l'enceinte et se glissa dans une ombre pour observer.

— Je t'assure que ça va, regarde-moi, je suis en pleine forme !

— Mais... Mais il a ton sceptre !

— Et alors ? Il ne lui sert à rien. Puis à moi non plus d'ailleurs... Je sais pas m'en servir correctement...

— Mais... Tu vas vraiment retourner là-bas ?

— Oui... C'est le seul moyen. Puis tu vois, j'ai quand même réussi à lui faire retirer le voile de Kenamer !

James la suivait d'un air dépité. Ils allèrent s'installer à une table à l'extérieur d'un café de l'autre côté de la rue. Un serveur vint prendre leur commande et ils continuèrent de discuter.

— Donc, Elior, si je te suis bien... Le Mal Absolu veut faire de toi sa compagne pour quoi au juste ? Et... Je comprends que tu ne l'aies pas vaincu à cause de tes pouvoirs instables mais pourquoi LUI ne t'a rien fait ? Tu n'as pas peur qu'il te force à quoi que ce soit ?...

— Je sais pas trop... Ce n'est pas très clair... J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose. Peut-être que c'est un moyen pour lui d'accéder à mes pouvoirs, d'une certaine façon ?

— Attends... Tu crois que s'il parvenait à te corrompre, à corrompre tes pouvoirs, il pourrait les absorber ? Mais c'est affreux ! Il faudrait surtout pas que ça arrive !

— ... Tu m'as bien regardée, James ?

— Oui... Enfin, je veux dire... Il n'a aucune chance de parvenir à ses fins, pas vrai ?

— Il a l'air de vouloir que je l'aime absolument... Alors... Je suppose qu'il n'y a aucune chance que ça arrive.

— Tu penses que tu auras plus de chance de le changer ?

— Il est plutôt borné mais... Je crois qu'il fait sincèrement des efforts. Regarde, il m'a même laissée sortir !

Le Mal Absolu, qui avait suivi toute la conversation, sourit. Son plan marchait. C'était parfait, la petite idiote le croyait sincère. Il n'avait qu'à suivre le livre La Drague pour les Nuls et c'était dans la poche. Selon son estimation, il ne lui faudrait pas plus de quelques mois pour atteindre son cœur et le posséder. Et la posséder, elle. Toute entière. Il resta encore un temps, pour s'assurer que ce James ne poserait pas de problème. Mais quand il vit les deux gardiens s'enlacer, son sang ne fit qu'un tour.

— Elle est à moi !!

L'airaë fonça sur James et le projeta brutalement à l'autre bout de la rue. Elior, stupéfaite, fit un geste dans la direction de son ami et l'autre l'empêcha de s'en approcher. Il déploya ses ailes maléfiques, attrapa la fille et s'envola jusqu'au sommet du donjon où il l'enferma à double tour.

Sa colère, incontrôlable, se répandit dans toute la ville, qui fut presque entièrement prise par son pouvoir ténébreux. Seule subsistait l'Académie, où commencèrent à se réfugier quelques pauvres malheureux poursuivis par les plus sensibles déjà devenus fous de rage. Kenamer était plongé en plein chaos.

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