Chapitre 5 |MLBB|
— Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? Le sommet d'un donjon, ça ne fait pas un peu cliché ?
— Écoute. Tu es ma prisonnière. D'accord, tu es venue par toi-même, mais ici, c'est mon palais. J'ai retiré le voile de Kenamer mais pas celui du reste du monde, j'ai envoyé la plupart de mes combattants là-bas mais ceux qui restent se posent des questions alors...
— Alors je suis votre prisonnière.
— Voilà.
— Et je vous ai suffisamment affaibli pour que votre premier voile cède mais pas les autres et vous avez fini par me vaincre et m'enfermer.
— Exactement. Et... Je récupère ceci.
— Quoi ? Non ! Hors de question !
— Les prisonniers sont toujours désarmés.
Alistair lui arracha le sceptre des mains et le relâcha aussitôt.
— C'est pas vrai, c'est quoi ce délire !
— C'est un sceptre de lumière, c'était évident qu'il allait vous brûler les doigts ! Vous réfléchissez jamais ou quoi ? Je croyais que vous aviez des milliers d'années d'existence !
— Je... Je n'ai pas... Je ne suis pas si vieux ! Dormir plus de quatre mille six cent ans, ça ne m'a pas fait vieillir, d'abord ! Alors je n'ai que... Heu... Peu importe, ça ne te regarde pas !
— ... Vous savez plus votre âge ?... Mais vous avez raison, peu importe. Bon, vous voulez que je le mette où, mon sceptre, que vous me confisquez ?
— ... Suis-moi.
Elior ramassa son bâton et suivit le Mal Absolu jusqu'à l'autre bout du couloir où il ouvrit une porte.
— C'est tout ?
— C'est... Personne ne viendra jamais à cet étage alors c'est tout aussi simple de le laisser ici...
— On dirait un placard à balai.
— Parce que c'en est un. Bon, tu le poses ? Je dois t'enfermer dans ta chambre.
— Quoi, maintenant ? Mais... Je peux pas visiter le palais plutôt ? Il a l'air cool, surtout maintenant qu'il n'y a plus cette atmosphère angoissante qui...
— ... Tu parles de mon pouvoir sombre que vous appelez le voile ?
— Ou... Oui ?
— ... C'était si angoissant que ça ?
— Heu, je dirais... Oui ? Oppressant surtout. Comme si on manquait d'air pour respirer... Vous êtes sûrs que c'est pas à cause de ça que les gens deviennent mauvais ? Je veux dire, n'importe qui pourrait devenir fou ou hargneux s'il manquait d'air, non ?
— ... Ce n'est pas comme ça que ça marche. Enfin, sur les humains ordinaires, en tout cas... J'imagine que pour les gardiens, c'est différent. C'est un pouvoir qui s'oppose au vôtre, alors c'est normal que vous vous sentiez... menacés.
Sans un mot de plus, il la ramena dans sa cellule. Enfin, dans la chambre qu'il avait préparée pour elle. C'était une situation des plus étranges. Elior se demandait comment elle en était arrivée là. Elle allait devoir être inventive et patiente, si elle voulait vraiment changer les choses. Tout aurait sans doute été plus simple si elle avait su utiliser ses pouvoirs...
Elle s'effondra sur le lit en soupirant. Est-ce que ce type avait toujours été comme ça ? Est-ce qu'il était une incarnation du mal, une chose sans sentiment ni état d'âme ou était-il une vraie personne ? Ça, on ne la racontait pas dans les cours d'histoire qu'elle avait suivis. C'était toujours une question qu'elle s'était posée. On le nommait le "Mal Absolu", mais est-ce qu'il avait un vrai nom, un nom de naissance, et des parents ? La meilleure façon de le savoir était sans doute de lui poser directement la question. Mais peut-être qu'il le prendrait mal, ou qu'il n'aurait aucune envie de répondre. On disait que c'était un monstre, mais si, ça aussi, ce n'était que des inventions ? Les livres parlaient également peu de la personne qui les avait enfermés, lui et son armée... Et si tout ça n'était qu'un malentendu, déformé par des siècles et des siècles d'ignorance ?! Elior commençait à douter de sa mission. Était-elle vraiment du bon côté, si cet airaë avait subi une injustice ?
— Ne jamais rester sur un lit à tergiverser. Ne jamais. Faire ça. Jamais. Absolument jamais.
La jeune femme se redressa et s'approcha de la minuscule fenêtre qui offrait un peu de clarté à la pièce. Dehors, la ville qu'elle avait toujours connue s'étalait, comme endormie, paisible. Il n'y avait que peu de passants dans les rues les plus proches mais elle entendait plus loin les voitures qui continuaient de circuler comme si de rien n'était. Comme si un château n'était pas soudainement apparu dans le centre-ville...
Plusieurs jours passèrent sans qu'Alistair ne lui rende visite. Un homme aux allures de bouquetin venait lui apporter ses repas et s'enfuyait toujours avant qu'elle ne le voit. Elle avait fini par l'apercevoir et lui demander son nom mais il était reparti plus vite encore que les fois précédentes. Elior pensait l'avoir vu lors de son intrusion au palais et elle avait raison. C'était Gornant et elle l'avait sonné d'un simple geste. À cause de ça, il avait terriblement peur d'elle, même s'il savait qu'elle était désarmée. Peut-être aussi que le fait que son Maître l'ait dissuadé de trop s'en approcher avait augmenté ses craintes vis-à-vis de la jeune femme.
Finalement, c'est le jour où elle avait ouvert la porte de sa chambre et fait fuir Gornant en lui demandant son nom, qu'elle s'était dit qu'il était temps d'aller faire un tour. Elior avait rapidement avalé son déjeuner et était partie en exploration de la tour où elle se trouvait. Elle espérait pouvoir changer d'étage voire même trouver le maître des lieux. Elle devait absolument lui parler. Elle avait des tas de questions à lui poser et la première était : pourquoi n'était-il pas venu la voir ?
La porte qui menait aux escaliers n'était pas verrouillée alors la jeune femme descendit les marches. Elle connaissait le chemin jusqu'à la salle du trône pour l'avoir déjà fait une fois. Elle avait toujours réussi avec brio les exercices d'orientation de l'Académie. Sans savoir à quel point ça lui serait utile dans le palais gothique de la pire créature qui soit. N'importe qui de sensé se serait servi de ce don pour s'enfuir le plus loin possible mais Elior n'était peut-être pas une personne sensée, aussi, elle partit à la rencontre du Mal Absolu, une fois de plus.
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