Chapitre 1 |MLBB|

Dimension n°25, 4686, 16 de Ganès.

— Chers auditeurs, c'est une belle journée qui commence sur Kenamer ! Le temps sera ensoleillé toute la journée, prenez garde aux coups de soleil !

Elior s'extirpa péniblement de son lit. Une belle journée ? Tu parles ! Elle devait se rendre à l'Académie pour le pire examen de sa vie. D'accord, elle avait un don extraordinaire pour la magie de lumière mais ce n'était pas une raison pour lui en demander plus que les autres. Ce n'était pas juste. Si elle faisait la moindre petite erreur, on le lui reprocherait. Alors que ses camarades avaient le droit de se tromper.

Elle se prépara machinalement sans se soucier de la voix criarde de sa radio. D'habitude, elle écoutait les nouvelles avec un peu plus d'assiduité, mais ce matin-là, c'était vraiment un sale matin. Elle sortit de son logement d'étudiant et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles. Elle avait deux bus à prendre et il était terriblement tôt. Elle espérait qu'un peu de musique la tiendrait éveillée et l'empêcherait de rater son arrêt.

D'apparence ordinaire, les passants qu'elle croisait se disaient qu'elle était simplement une étudiante allant à l'Université tôt le matin, sûrement l'une de ces intellectuelles qui aimaient arriver plus qu'en avance à leur cours, pour potasser ou lire un quelconque bouquin scientifique. En vérité, l'Académie n'avait rien d'une école ordinaire. Et Elior n'avait rien d'une étudiante ordinaire.

Elle étudiait la magie depuis son plus jeune âge. Parce qu'elle était née ainsi. Son école était secrète, bien que tout le monde pouvait la voir, personne ne savait ce qu'il se passait réellement entre ses portes. On y apprenait l'art d'affronter le mal sous toutes ses formes. Que ce soit de la douleur physique ou psychologique d'un patient, ou encore les ténèbres du cœur froid d'un criminel. C'était un peu des apprentis héros qui agissaient, cachés, et qui répandaient le bien autour d'eux. Du moins, autant qu'ils le pouvaient, sans éveiller les soupçons quant à l'existence de leur pouvoir.

Le second bus d'Elior s'arrêta en pleine rue et elle retira ses écouteurs afin de comprendre ce qu'il se passait. Il n'y avait pas l'air d'y avoir eu d'accident mais plusieurs voitures s'étaient simplement arrêtées au milieu de la route et ne semblaient pas vouloir repartir. Le chauffeur invita alors les passagers à descendre du véhicule tout en s'excusant de ne pouvoir rien faire pour eux. La jeune femme finit alors son trajet à pied et arriva en retard de quelques minutes. Elle ne s'en inquiétait pas, elle savait qu'elle avait droit à une marge et que l'examen ne commençait pas dès la première heure.

— Elior ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? T'as pas écouté la radio ce matin ou quoi ?

James, un autre étudiant de sa classe l'avait interpellé d'une étrange façon. Il avait l'air agité dans sa chemise trop large. Quelque chose clochait. Elior réfléchit à ce qu'elle avait pu entendre sans vraiment y prêter attention mais rien ne venait. À part, peut-être, ce cri strident qu'elle avait perçu et qui avait interrompu l'émission du matin.

— Heu... Pas vraiment. J'ai manqué quoi ?

— Tu devrais être dans le centre-ville ! T'es l'une des meilleures d'entre nous ! Ils ont besoin de toi là-bas !

— Attends, il se passe quoi, exactement ? Et s'ils ont besoin d'aide, pourquoi t'y es pas ?

— Alors de un, je te rappelle que je suis nul. Et de deux, ils ont pensé que je serais plus utile à prévenir ceux qui n'ont pas de radio.

— ... Ils sont combien sur place, au juste ?

— Ils ont besoin de tout le monde. C'est inédit. Il y a un truc qui est sorti de terre.

— Quueeee-ooooiiii ??!

— Un château, genre immense et ténébreux, j'ai vu des images, ça fait froid dans le dos ! Bon, tu te bouges ou bien ?

Elior soupira et secoua la tête. Un château qui sort du sol, et puis quoi encore ? Elle se retourna et partit en direction du centre. Bien sûr, cette histoire n'avait pas tellement de sens mais James était incapable de mentir. Même la fois où il avait essayé de toutes ses forces, il s'était trahi dans la seconde qui avait suivi.

À quelques rues de l'endroit où devait se trouvait le fameux bâtiment, Elior croisait des personnes affolées qui s'enfuyaient de toute part. Le monde semblait être devenu fou. En relevant la tête, la jeune femme put apercevoir la plus haute tour du palais sombre. C'était impressionnant. Et James avait raison, ça faisait froid dans le dos. Avec ses allures de cathédrale gothique et cette brume noire qui émanait de sa pierre, il n'y avait aucun doute de ce dont il s'agissait. Le palais du tueur des mondes. Celui du Mal Absolu.

L'apprentie gardienne se figea. Elle ressentait la douleur et la mort si clairement qu'elle ne pouvait avancer davantage. Un petit groupe de gardiens arriva vers elle et on lui cria de se replier. Elle ne bougeait toujours pas et c'est ainsi qu'elle vit ce qui arrivait au monde entier.

Un voile noir commençait petit à petit à s'étendre vers elle. Elle n'y voyait rien. Les ténèbres étaient sur le point de la happer toute entière quand une main s'agrippa à son épaule et l'entraîna dans un recoin.

— Je sais, c'est flippant, mais il ne faut pas succomber à l'obscurité.

— Qu... Qu'est-ce que c'est au juste ?

— C'est le Mal Absolu. Il est revenu. Et il s'étend déjà à travers le monde. Les autres gardiens ont répertorié de nombreux foyers. Ici, c'est le cœur de tout. Là où il y a le palais, là où Il est présent physiquement.

— C'est pas possible... C'était que de vieilles histoires...

— Toutes les histoires sont basées sur une part de vérité. Les anciens dieux nous ont offert la possibilité de combattre cette force, et depuis des générations, c'est ce qu'on fait... Mais le Maître des Gardiens l'a dit quand tu es née... Si les dieux t'ont offert un don aussi exceptionnel, c'est parce qu'ils savaient que ce jour arriverait. Le jour où le mal à l'état pur se présenterait à nous.

— Mais... Je ne peux rien faire... Je sais à peine faire une lueur ! Je sais à peine guérir un bleu ou encore faire cicatriser une coupure au papier ! Comment veux-tu que je combatte ÇA ?!

— Tu as plus de pouvoir que n'importe lequel d'entre nous ! Et tu es pleine de ressources, non ? Je suis sûr qu'on trouvera un moyen.

— ... Dis, pourquoi ça s'est arrêté ?

— De quoi tu parles ?

— La noirceur, elle aurait dû continuer d'avancer, non ? On n'a rien fait pour la contenir... Et... Est-ce qu'il y a des gens à l'intérieur ?

— Je ne sais pas pourquoi ça a arrêté, on ne voit pas à travers, je te signale. Et oui, on a vu des gens se faire engloutir. Mark est parvenu à voir au travers quelques instants seulement et nous a dit qu'à l'intérieur, les gens devenaient fous, violents. Cette chose touche directement au cœur et fait ressortir les plus sombres de nos désirs.

— Mark était avec vous ? Je le vois pas.

— ... Il a été pris... Avec d'autres gardiens... Il n'y a plus que nous.

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