Chapitre 12

Percy était allongé dans son lit, les pieds sur son oreiller, la tête à l'envers. Toute sa chambre semblait être à l'envers.

« Quelle soirée, soupira-t-il comme s'il n'y croyait même pas. Quelle nuit merveilleuse. Quel rêve magnifique. »

Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Pas depuis qu'il avait ramené Audrey chez elle. Pas depuis la victoire de sa sœur et tous ces petits contacts avec elle. Sa main dans la sienne, ses bras autour d'elle, cette félicité folle qui les avait pris n'était toujours pas retombée. Il avait un peu pleuré en rentrant chez lui, séparé d'elle. Il avait laissé couler quelques larmes sur son sourire inextinguible. Elle était trop belle, ça le ravageait.

Ils avaient fait le tour du stade main dans la main pendant ce qui avait semblé une éternité. Ils avaient écouté les sons de la nuit et avaient échangés plus de regards que de mots. Percy sentait encore la douceur de ses lèvres qu'elle avait déposées comme une caresse sur sa joue écarlate pour lui dire au revoir. Ses lèvres, ses pupilles, ses sourcils, ses dents plantées dans ses lèvres quand elle se retenait de rire.

« Emmenez-moi où vous voudrez la prochaine fois, Monsieur Weasley, avait-elle glissé à son oreille. C'était une très belle soirée. »

Quelle belle soirée en effet. Il aurait aimé qu'elle se prolonge encore et encore mais il avait fallu prendre le dernier Portoloin. L'homme qui lança leur départ les avait regardé presque avec de la jalousie dans les yeux.

Percy était encore en extase, dans un état second. L'aube était pourtant passée depuis longtemps. Il restait dans son lit, à naviguer dans ses souvenirs de la nuit, sur un nuage, entre les étoiles brillantes de ses yeux qu'il avait l'impression de voir partout autour de lui.

On frappa à la porte.

Percy se redressa. Ça ne pouvait pas être elle. Il retomba sur son lit.

Il alla ouvrir quand il entendit à nouveau toquer. Il découvrit le grand sourire de Bill et les cheveux longs de Ginny.

« Salut Perce, firent-ils en cœur en entrant chez lui.

– On vient voir comment ça va, commença Bill en l'observant de près.

– Comme je n'avais pas pu plus te parler après le match, ajouta Ginny avec un sourire malin. Tiens, tu étais déjà habillé comme ça, hier soir ? »

Ginny avait un air espiègle. Bill se retenait de rire. Percy soupira. Il alla faire un café et sortit trois tasses. Il se servit la plus grande. Sa petite sœur et son grand frère savaient. Il en avait un peu marre d'être incapable de dissimuler ses joues rouges. Triste destin de la famille Weasley, cette rougeur envahissante.

« Alors ? l'interrogea Bill en buvant un peu de café. Bien dormi ?

– Je n'ai pas dormi, bougonna Percy.

– Ah bon ? Mais pourquoi donc, Percinouchet ? fit Ginny en battant des paupières. Peut-être que tu n'étais pas ... seul ?

– Je pensais, soupira Percy. Peu importe. Ça va très bien, ne vous inquiétez pas.

– Oh, on ne s'inquiétait pas, mon grand. »

Bill secoua la tête en échangeant un regard amusé avec Ginny. Percy but une grande goulée de café. Il se brûla un peu la langue mais fit mine de ne pas s'en soucier. Comme il essaya de ne pas se soucier des regards insistants de son frère et de sa sœur.

« En tout cas, déclara Ginny, j'étais très surprise de te voir au match. Mais ça m'a fait vraiment plaisir. Tu as passé un bon moment ?

– Très bon, répondit Percy laconiquement.

– Et c'est marrant que tu y sois allé avec Audrey, je l'ai toujours trouvée très sympa. N'est-ce pas Bill ?

– Ah oui, Audrey est une très bonne amie. Elle est pleine de qualité. Elle est toujours attentionnée, intelligente, pleine de vie ...

– Vraiment charmante, appuya Ginny.

– C'est chouette que tu y sois allé avec elle, finalement. »

Percy haussa un sourcil en secouant la tête. Il était fatigué et ces deux idiots ne l'aidaient pas. Il finit par laisser échapper un sourire.

« Vous pensez m'apprendre quelque chose ? »

Bill éclata de rire.

« Désolé, Perce. On veut pas t'embarrasser. On était juste content pour toi. »

Ginny approuve d'un signe de tête.

« Non mais vous êtes mignons, soupira Percy.

– Pas aussi mignons que toi, Perce, ne put s'empêcher de dire Ginny en gloussant. Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu comme ça et il faut dire la vérité, Perce, ça m'avait un peu manqué. D'autant plus que je t'avoue que je la préfère à ... »

Elle s'interrompit et ne finit pas sa phrase. Elle prit sa tasse de café et plongea dedans. Elle reprit, une fois sa gorgée avalée.

« Enfin bref, un peu de positif, ça fait du bien, ces temps-ci. Entre ça et ce merveilleux bébé qui va bientôt naître, c'est juste bien.

– Fleur va bien ? interrogea Percy pour essayer de changer de sujet.

– Oui, ça se passe très bien pour le moment. De toute façon, cette femme est incroyable, dit Bill dans un sourire tendre. Elle est très forte. Je pense qu'on aura un bébé extraordinaire.

– Regardez-moi ces hommes amoureux, soupira Ginny.

– Tu peux parler, Ginevra, renchérit Bill. Il me semble que sur le chemin pour venir, c'était Harry par-ci, Harry par-là...

– Très bien, capitula-t-elle. On ne vaut pas mieux les uns que les autres. Est-ce vraiment un mal ? »

Percy haussa les épaules et regarda dans le vide. Un homme amoureux, voilà ce qu'il était. Il était obligé de l'admettre. Tous les trois souriaient en s'échangeant des regards plein de tendresse.

Au milieu de l'hiver qui s'installait, c'était comme un doux soleil, un petit été.

Percy leur demanda juste de ne pas en parler à leur mère. Il ne se sentait pas encore prêt à l'entendre poser mille questions et chercher mille prétextes pour l'inviter au Terrier. Il voulait juste profiter de ce qu'il se passerait peut-être. Une fois Bill et Ginny partis, il travailla un peu. Il avait déjà un peu d'avance dans ses dossiers. Il finirait à temps et il aurait même le temps de faire un peu de zèle. Il avait une soudaine envie de se faire bien voir. Il voulait que le monde remarque qu'il n'était peut-être pas que le pauvre petit rouquin nerveux et incapable d'aligner trois phrases. Il voulait revivre sans arrêt l'euphorie. Revivre le regard plaisant d'Audrey sur lui. Revivre cette étreinte soudaine et douce. Revivre cette soirée.

Il se décida à sortir dans l'après-midi, pour marcher un peu dans les rues froides de Londres, rejoindre par hasard le Chemin de Traverse, se laisse guider par ses pas vers la petite librairie. Il avait toujours cette petite peur en posant la main sur la poignée qu'elle ait soudain changé d'avis, qu'elle ne lui dise plus bonjour, qu'elle ne lui adresse pas son habituel sourire.

« Bonjour, Monsieur Weasley. »

Elle souriait. Elle était en plein milieu de la librairie et c'était comme si elle l'attendait. Percy ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il avait le cœur qui ne décélérait pas depuis bien longtemps. Elle était encore et toujours belle. Cette fois, elle avait une jupe marron avec des collants épais et un pull beige qui devait être d'une douceur incomparable. Ses cheveux bruns étaient attachés et quelques mèches lui tombaient pourtant un peu dans les yeux. Elle souffla pour les repousser mais ses bras étaient pleins de livres et elle tenait sa baguette du bout des doigts.

« Tu as besoin d'aide ?

– Je vais m'en sortir. Mais un monsieur m'a apporté deux cartons remplis à ras bord alors il faut que je trouve où les mettre. J'en ai pour quelques minutes. »

Percy esquissa un sourire. Elle regarda vers l'étage. Peut-être espérait-elle aussi trouver un moment pour partager une tasse de thé avec lui. En vérité, Percy n'avait même pas prévu d'acheter un livre. Il n'avait pas réussi à lire ces derniers jours, entre le travail et ses pensées. Il était venu juste pour la voir, passer un peu de temps avec elle. Elle posa sa pile de livre dans un coin et entreprit de les ranger à leur place dans l'ordre alphabétique. Percy ne résista pas à l'envie de s'approcher d'elle. Il prit un livre sur la pile et regarda attentivement la couverture. C'était une sirène langoureusement posée sur son rocher qui regardait un beau sorcier musclé se battre en duel contre un gobelin. Percy ne put retenir un petit rire.

« Il ne donne pas vraiment envie, celui-là, avoua Audrey en lui prenant des mains. Mais j'ai quelques clients peu exigeants, je trouverai bien un moyen de le refiler à quelqu'un.

– Alors c'est ça, soupira Percy. Tu prends tes clients pour des idiots.

– Je t'ai déjà dit que tu étais loin d'être d'idiot, non ? Ou tu veux juste l'entendre dire une nouvelle fois ?

– J'ai tout de même acheté beaucoup de livres ici. »

Elle se mordit la lèvre en secouant la tête. Elle casa la romance de la sirène dans un petit coin et se retourna vers Percy, les mains sur les hanches.

« Tu veux une récompense ?

– C'est toi qui le proposes, bredouilla-t-il pour toute réponse.

– Bien, fit-elle, les yeux plissés. Tu as gagné le droit d'aller me chercher la seconde pile à côté du comptoir. »

Il y alla sans faire d'histoire, content de pouvoir aider un peu. Il essaya de bien les ranger dans les étagères mais Audrey passait derrière lui pour vérifier. Une ou deux fois, il avait été distrait par son sourire et s'était trompé de quelques lettres. Quand les deux piles de livres furent calées dans les étagères, Audrey regarda Percy avec la satisfaction du travail accompli. Elle prit une profonde inspiration.

« Un thé ? »

Percy haussa les épaules. Mais il était évident qu'il ne souhaitait rien d'autre. Ils se glissèrent à l'étage, évitant les regards mutins de la vieille dame qui observait leur petit manège depuis un moment déjà. Audrey fit chauffer la théière d'un coup de baguette et s'assit en face de Percy.

« Tu es bien rentré après m'avoir ramenée alors, hier soir ?

– Oui, j'ai marché un peu, ça ne m'a pas fait de mal, acquiesça-t-il en repensant à cette soirée qui le rendait encore fébrile.

– Tant mieux, chuchota-t-elle. J'avoue que j'ai eu un peu de mal à dormir après ça. J'aurais dû insister pour te ramener et avoir l'occasion de marcher encore un peu. »

Percy sentit son cœur battre de manière anarchique. Il accélérait, s'arrêtait soudainement et repartait de plus belle. Il approuva ses paroles.

« Je n'ai pas réussi à fermer l'œil.

– Le prochaine fois, on n'aura qu'à passer notre insomnie à deux. »

Percy sourit, soufflant sur sa tasse brûlante. Ses lunettes étaient embuées. Il la voyait un peu floue mais il distinguait encore son sourire et ses joues colorées. Il avait envie que la prochaine fois ce soit ce soir-là, qu'ils attendent quelques heures et qu'ils restent éternellement tous les deux, à rêver éveillés.

« Quand ? demanda-t-il d'une petite voix. Ce serait quand cette prochain fois ?

– Quand tu veux, chuchota-t-elle.

– Tous les jours, laissa-t-il échapper. Tous les jours, je suis libre tous les jours. »

Audrey étouffa un petit rire adorable dans sa tasse. Puis elle planta ses yeux dans ceux de Percy. Elle posa sa tasse, un sourire aux lèvres, et se leva pour attraper un petit livre sur une étagère. Il semblait ancien, un peu abîmé mais elle le manipulait avec précaution. Elle l'ouvrit et trouva rapidement la page qu'elle voulait. Elle lut délicatement :

« Vois, tes yeux sont des coquelicots, ils se ferment en douceur et s'ouvre avec légèreté. Ton ovale est étoilé et ton nez constellé. Ta bouche dessine un collier de perles entouré de fruits mûrs. Tes cheveux sont d'automne et ta joue de printemps. Tu es tout un monde. Que tes charmes sont envoûtants, ils valent mieux que les encens et les vins d'orient. Mon cœur chavire de l'aurore au crépuscule. Et la nuit durant, je rêve de tes traits au milieu d'un champ de fleur, les astres brillants hauts dans le ciel. Que demain, à l'heure où la rosée s'illumine, vive l'amour sous tes paupières fines. »

Audrey s'arrêta de lire. Percy avait les yeux humides. Il ne pouvait rien dire. Il ne voulait rien dire. Il avait trop à dire. Son souffle était coupé, sa bouche entr'ouverte et son cœur infernal. Elle esquissa un petit sourire embarrassé en reposant le livre sur la table. Elle dit simplement.

« J'avais pensé à toi en le lisant. »

Bouleversé, Percy n'arrivait pas à faire autre chose que la regarder. Il voulait imprimer à jamais cet instant dans son esprit, que sa mémoire toujours se souvienne de la douceur de ses mots, de sa voix, de ses yeux, de son corps tout entier et de son âme aussi. Elle était aussi tout un monde. Le plus beau des mondes. Audrey n'attendait aucune réponse. Elle allait se rasseoir quand soudain, il jaillit de sa chaise, faillit tout renverser, le thé, son cœur, le livre, la table. Il attrapa sa main avec fièvre et la garda tout près de lui. Elle était juste là, à quelques centimètres. Elle le regardait, divine dans l'ombre poétique de l'étage.

Ses traits étaient purs, légers, fins, faits de soie. Ses cheveux l'ensorcelaient par leurs arabesques et leurs circonvolutions. Ses yeux l'attiraient vers les profondeurs de son âme. Sa bouche, comme une rose, exhalait un parfum sucré.

Il ne put s'empêcher de se pencher pour y goûter.

Elle posa sa main sur sa joue. Elle glissa vers ses boucles rousses. Elle l'enlaça tout entier.

Il se sentit mourir un instant. Revivre encore plus fort. Se gonfler de sentiments passionnés.

Il l'embrassait. Elle l'embrassait.

Comme un bouquet de fleur. Les tiges s'entrelaçaient. Les pétales se touchaient. Les feuilles se confondaient.

Un petit instant d'harmonie dans l'espace.

**

hihi.
Passez une belle journée, mes amis ;)

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