Chapitre 11

Percy se présenta à la petite librairie avec un peu d'avance. Il voulait tout sauf être en retard. Il s'était bien habillé mais assez décontracté pour ne pas jurer avec l'ambiance du stade de Quidditich. Il avait même mis une écharpe aux couleurs des Harpies de Holyhead que lui avait offert sa sœur à Noël dernier. Il hésita à entrer ou rester à l'extérieur. La librairie devait être sur le point de fermer après tout.

Il avait passé toute la journée à penser à la soirée. Audrey n'avait pas quitté son esprit un seul instant avec son beau sourire, ses cheveux élégamment ondulés et ses yeux doux. C'était certainement par miracle qu'il ait réussi à présenter le début de son projet de loi devant son patron sans que ce dernier ne remarque qu'il rougissait régulièrement à la simple idée de son rendez-vous.

Soudain, il entendit des petits coups frappés à la vitre de la boutique. Il sursauta en se retournant. C'était Audrey qui lui faisait signe de la rejoindre à l'intérieur avec un grand sourire. Percy souffla pour se donner du courage et ouvrit la porte de la librairie.

« Bonsoir Monsieur Weasley, chantonna-t-elle. Je me dépêche, il fallait que je range quelques livres et je n'ai pas eu le temps de me coiffer. »

Percy secoua la tête, comme pour lui signifier que ça n'avait pas beaucoup d'importance, il la trouvait déjà très belle avec ses cheveux lâchés sur ses épaules. Elle ouvrit alors une petite porte derrière le comptoir, laissant apparaître un petit appartement, modeste mais bien arrangé.

« Vous venez ? »

Son regard l'invita à passer la porte avec elle. Percy rougit, peu à l'aise à l'idée d'entrer véritablement chez elle, de découvrir son intimité. Mais il la suivit, les mains dans les poches pour se donner une contenance.

« Alors, dit-elle en attrapant une brosse à cheveux, vous encouragerez quelle équipe ?

– Je me suis mis aux couleurs des Harpies, fit Percy en montrant du doigt son écharpe.

– Très bien, approuva-t-elle avant de retourner vers lui ses yeux brillants de malice. J'encouragerai les Pies de Montrose alors. Comme ça, au moins l'un d'entre nous sera heureux au retour.

– Si vous êtes heureuse, je serai heureux, murmura Percy.

– De toute façon, je n'ai pas prévu que nous soyons malheureux. »

Audrey attacha une petite pince dans ses cheveux et alla chercher des bottes dans un petit placard. Elle remarqua que Percy observait le petit appartement avec curiosité.

« Ce n'est pas très spacieux, commença-t-elle. Mais c'est largement suffisant.

– C'est très ...

– Adapté ? »

Audrey émit un petit rire et hocha la tête alors que Percy rougit encore plus en se mordillant la lèvre.

« Oui, acquiesça-t-il. Il a l'air plutôt confortable. »

La jeune femme révéla un sourire amusé et attrapa son manteau et sa baguette. Elle agita cette dernière pour que la vaisselle dans l'évier se fasse seule et elle pointa ses clés sur la table pour qu'elles lui atterrissent entre les doigts.

Percy était distrait par la petite étagère près de la porte sur laquelle s'empilaient de nombreux livres. Il essayait d'en reconnaître certain pendant qu'elle vérifiait si ses cheveux bruns tombaient bien sur ses épaules. Elle lui tapota l'épaule pour qu'il se détache des livres qui semblaient l'appeler.

« On y va ?

– Je vous suis. Vous avez bien votre place ? »

Elle sortit fièrement de son petit sac de cuir son billet et il esquissa un sourire. Il se sentait presque détendu. Elle referma soigneusement la porte derrière eux et fit descendre un rideau de fer d'un geste de baguette. Voilà la librairie fermée. Voilà Percy seul avec elle dans la ruelle à se dire qu'il allait passer toute la soirée avec cette fille si jolie.

Ils partirent en direction de la rue principale en silence. Percy aurait bien aimé trouver quelque chose à lui dire mais il avait l'impression qu'elle n'avait pas besoin de parler. Calme, elle regardait les lumières de la nuit et gardait un sourire heureux aux lèvres.

« C'est par là, dit-il simplement en indiquant l'aire de départ vers le stade de Quidditch où déjà quelques personnes faisaient la queue.

– Vous allez souvent voir des matchs ? lui demanda-t-elle en le suivant vers les Portoloins.

– Pas très souvent mais j'essaye d'aller voir Ginny jouer de temps en temps. D'autant plus qu'un ami à moi se trouve dans l'équipe d'en face. Et vous ? Vous aimez bien le quidditch ?

– Je m'y intéressais pas mal à Poudlard mais les choses de la vie ont fait que je n'ai pas eu le temps de vraiment retourner voir des matchs.

– Je vous comprends. Cela ne fait pas longtemps que je me permets d'avoir un peu de temps libre. »

Et encore, Bill lui dirait qu'il n'appellerait pas ça du temps libre. Mais Audrey hocha la tête en le regardant attentivement. Elle semblait déjà tout savoir de lui. Il ne savait pas grand-chose d'elle. Cette jolie sorcière aux doux yeux tendres et aux joues rosies par le froid. Elle pouvait être dure mais avec lui, cette soirée-là et le plus souvent, elle était un petit éclat de joie. Que pensait-elle ? De quoi rêvait-elle ?

« Monsieur, Madame ? Nous allons commencé à faire partir les Portoloins. »

La voix de l'homme en charge des départs le ramena à la réalité et Audrey lui prit naturellement le bras pour avancer avec lui vers le Portoloin. Percy avait tous ses sens en alerte. Elle lui tenait le bras. Il essaya de penser à la juridiction sur le voyage en portoloin pour se détendre.

« Vous êtes prêts ? »

Percy croisa le regard amusé d'Audrey qui s'agrippa à la casserole qui leur servait de moyen de locomotion. Était-il vraiment prêt à s'envoler avec elle ? Il serra le bord de la casserole alors que doucement, les doigts d'Audrey frôlèrent les siens. Un couple de jeunes hommes se plaça en face d'eux autour de la casserole. Percy s'était retrouvé presque collé à Audrey et elle ne cessait de le regarder rougir, presque espiègle. Il n'entendit même pas le décompte et il se retrouva projeté en l'air. Comme tiré à quatre épingles, tournoyant dans le vent, Percy avait presque envie de tout lâcher mais une force centrifuge le maintenait à la casserole. Il n'arrivait même pas à tourner la tête pour vérifier qu'Audrey était toujours à côté de lui.

Puis, il se retrouva projeté au sol. Un éclat de rire l'extirpa de son tournis. Il avait atterri les fesses dans la terre et Audrey, campée sur ses deux pieds, le regardait avec un petit air moqueur. Elle lui tendit la main.

« Monsieur Weasley, ce n'est pas très élégant. Je pensais que vous maîtrisiez bien le Portoloin.

– Je maîtrise parfaitement les lois sur les Portoloins, grogna-t-il en acceptant son aide pour se relever.

– C'est déjà une bonne chose. »

Elle passa sa main sur le dos de sa veste pour enlever la poussière de la terre qui était venue s'y coller. Percy la regarda faire, le cœur battant. Il avait toujours une main entre ses doigts fins. Avait-elle l'intention de la lâcher un jour ? Il accepterait volontiers la laisser là pour l'éternité. Ce contact lui donnait un peu chaud mais il pourrait très bien vivre avec cette douce chaleur en lui toute la vie.

« Monsieur Weasley ? Quelle surprise de vous voir là ! »

Percy s'extirpa du regard d'Audrey et de l'étreinte de ses doigts dans un sursaut. Il dévisagea l'homme qui avait parlé. C'était un grand brun en costume sombre. Lui, il était élégant. Il n'était pas plein de boue, maladroit et rouge. C'était Roger Davies et son air de gendre idéal. Bien peigné, le manteau droit et long, des dents blanches, il avait tout l'air d'un client fidèle de chez Fleury et Bott. Il regarda Audrey avant de revenir vers Percy, embarrassé.

« Monsieur Davies, le salua-t-il en serrant les dents. Vous êtes venus assister au match ?

– En effet, répondit l'ancien Serdaigle. En effet ... Et vous êtes accompagné ? »

La voix étonnée de Roger Davies glaça Percy. Il se moquait de lui. Il doutait qu'il puisse être un jour accompagné. Il le jugeait du haut de son petit air fier. Il observait Audrey qui n'avait rien dit. Elle était restée, un sourire délicat aux lèvres, tout près du rouquin. Percy ne savait pas très bien comment la présenter. Il était embarrassé par la présence de ce bellâtre.

« C'est une amie, commença-t-il en essayant de ne pas paraître trop hésitant sur le terme.

– Audrey Mead, compléta-t-elle en tendant une main à Roger.

– Roger Davies, enchanté. »

Il serra sa main et Percy sentit son cœur se révolter contre ce contact et contre les yeux pénétrants de Davies qui fixait toujours celle qui l'accompagnait, lui. Il avait peur qu'elle ne le préfère, lui, ce garçon parfaitement lisse. Mais elle lâcha rapidement la main de Roger pour la poser plutôt ostensiblement sur le bras de Percy qui frémit.

« On y va ? murmura-t-elle en s'accrochant à lui. Si on veut être bien placé, mieux vaut ne pas trop tarder.

– Je ne voudrais pas vous retarder, bien sûr. On se verra au Ministère, Percy. »

Percy hocha simplement la tête et laissa Audrey le tirer vers le petit chemin qui menait au stade. Il était tendu. Il sentait encore sur lui de regard plein de jugement de Roger Davies.

« Un collègue ? demanda Audrey, une fois un peu plus loin.

– En quelque sorte. Il travaille au Département de la Coopération Internationale.

– Je vois. Tiens, là, on devrait être bien installé, non ? »

Elle montra du doigt deux places dans les gradins. Elle était toujours accrochée à lui, le bras enroulé autour du sien. Elle ne parla pas plus de Roger Davies. Elle préféra s'enthousiasmer sur les couleurs que revêtait le stade. Le vert foncé des Harpies mêlé au noir et blanc des Pies. Percy crut apercevoir, à l'autre bout du stade, un petit point orange. Il fronça les sourcils. Était-ce encore Ron qui persistait à encourager les Canons de Chudley alors même qu'ils ne jouaient pas ? Il esquissa un petit sourire avant de sentir l'inquiétude l'envahir. Il se sentit très exposé. Il était là, assis à côté d'Audrey et tout le monde pouvait les voir. Il avait peur de suer trop et que ça la dégoûte. Mais si Ron était là, il allait forcément le voir, s'imaginer quelque chose, en parler à tout le monde.

« Regarde, s'exclama-t-elle, je crois qu'on aperçoit les joueurs ! »

Comment faisait-elle pour être si détendue ? Percy essaya de respirer profondément pour l'imiter. Il pencha la tête, comme elle, pour observer les joueurs. Il crut voir Ginny dans sa tenue verte. Ses cheveux brillants dans la nuit, ses yeux déterminés, sa moue concentrée. Il était si fier d'elle. Elle s'envola dans les airs avec les autres. Il vit Olivier, en noir et blanc, aller se placer près des anneaux. Il sentait les joueurs dans le vent.

Il se surprit à sauter sur ses pieds quand sa sœur marqua les premiers points alors qu'Audrey applaudissait avec un grand sourire. Le stade était comme une petite bulle, qui pétillait de l'intérieur. Audrey faisait exprès de se lever pour encourager les Pies de Montrose. Elle jetait des regards amusés à Percy qui soupirait.

« Attention ! Ginny, le cognard ! »

Sa petite sœur esquiva la balle avec dextérité et filait avec le souafle vers Dubois qui ne la lâchait pas des yeux. Percy retenait son souffle. Il explosa quand il vit Ginny exécuter une figure parfaite pour tromper le gardien et faire glisser dans l'air la balle directement dans l'anneau.

Les Harpies avaient de l'avance. Percy voulait qu'elles gagnent mais il voulait que le match s'étire à l'infini. Qu'il soit là, éternellement, à côté d'Audrey, hilare et belle. Elle râlait quand les joueuses faisaient de belles actions et taquinait Percy quand les Pies revenaient dans le score. Il criait pour encourager sa sœur et ses coéquipières et couvrir la voix des supporters de l'équipe adverse. Il n'avait pas dépensé autant d'énergie depuis longtemps. Il tapait dans ses mains, levait le poing, éclatait de rire devant les moues contrariées d'Audrey. Elle essayait de garder son sérieux et de suivre attentivement le match mais elle ne faisait que sourire et elle regardait bien souvent les réactions de Percy plutôt que le match en lui-même. Elle était si contente qu'il soit enthousiaste et elle aimait simplement le voir vivre.

Quand l'attrapeuse des Harpies de Holyhead attrapa le vif d'or, une vague électrique traversa tout le public. Percy hurla toute sa joie alors qu'Audrey faisait semblait de protester. Dans un élan de joie, il arrêta de sautiller sur place, croisa son regard flamboyant et la serra dans ses bras. Autour d'eux, tous les supporters criaient, chantaient, survoltés, les emportaient dans une vague bouillonnante. Audrey s'accrochait à lui, comme pour ne pas succomber à la foule en délire. Elle se détacha de lui pour plonger dans ses yeux son regard ardent. Percy se sentit fébrile. Il se tourna vers le terrain où les joueuses des Harpies se sautaient dans les bras. Il avait l'impression de tout vivre au ralenti, de voir la scène se dérouler sous ses yeux sans qu'il ne puisse faire autre chose que sourire. Il sentit la main d'Audrey sur sa manche et sa voix atteignit avec peine ses oreilles.

« Tu veux aller féliciter ta sœur ? »

Percy n'arrivait pas bien à répondre. Il se sentait ivre sans avoir bu. Il était perdu dans ses esprits, plus aucune pensée n'avait de sens. Il cligna des yeux plusieurs fois alors qu'Audrey le regardait en s'esclaffant. Elle finit par le tirer, pour descendre les gradins et atteindre les escaliers normalement condamnés qui menaient au terrain. Elle essaya de repérer les cheveux de feu de Ginny. Elle serrait la main d'un adversaire en le félicitant malgré leur défaite. C'est Olivier Dubois qui aperçut Percy dans les spectateurs. Il tapota sur l'épaule de la jeune poursuiveuse pour qu'elle regarde dans sa direction. Ils entendirent une petite exclamation de surprise et elle se précipita dans leur direction. Elle plissa les yeux.

« Merlin ! Percy, je me disais bien que j'avais entendu une voix familière dans les gradins ! Tu es venu ? »

Elle grimpa les quelques marches et escalada agilement la barrière pour serrer son frère dans ses bras. Percy avait un grand sourire.

« Bravo, Ginny, tu as été formidable. Je suis si fier de toi. »

Elle s'écarta de lui et il lui ébouriffa les cheveux joyeusement. Elle sembla soudain comprendre qu'il était accompagné d'Audrey. Elle la connaissait comme l'amie de Bill, pas comme l'amie de Percy mais elle ne dit rien. Elle sourit juste, observant la jeune femme qui rougissait légèrement.

« Audrey, c'est bien ça ?

– Oui, répondit-elle. Je suis désolée, j'ai encouragé les Pies mais c'était un superbe match.

– Ah, voilà quelqu'un qui a du goût, fit Olivier ravi en arrivant à côté d'eux. Je suis content que tu sois venu, Percy, même si ça ne m'a pas vraiment porté chance... »

Percy se sentit rougir et il haussa les épaules. Il échangea un regard joyeux avec Audrey. Il était content lui aussi d'être venu. Elle avait aussi l'air radieuse. Ginny n'avait pas besoin d'en voir plus pour comprendre. Elle finit par dire :

« Il faut que j'aille prendre une douche. Dubois, tu n'as pas une réunion d'après-match ?

– Ah ... Si, bien sûr ! confirma Olivier en lançant à Percy un regard plein de sous-entendu. On vous laisse tranquille.

– On se voit après ? demanda Percy, un peu embarrassé de les voir partir si vite.

– Je suis désolée, lui cria Ginny en s'éloignant. Je dois retrouver Harry rapidement après le match. Mais on se voit bientôt au Terrier, promis ? »

Percy haussa les épaules en les voyant s'éloigner. Audrey émit un petit rire.

« Tu es obligé de rester avec moi, essaya-t-elle de dire avec sérieux.

– Si tu veux encore bien de moi, soupira-t-il.

– Ne fais pas semblant d'être idiot. »

Elle secoua la tête et leva les yeux au ciel. Elle attrapa la main de Percy avec ses doigts chauds et sans un mot de plus, elle l'entraîna vers le chemin éclairé par des petits lampions qui faisait le tour du stade et qui menait aux Portoloins du retour. Elle marchait avec lui, pas trop vite, comme pour retarder le moment où ils devraient rentrer. Les autres spectateurs avaient déjà presque tous déserté le stade, pour aller fêter la victoire dans les bars ou noyer leur défaite dans des verres. Percy n'avait pas envie de quitter la main d'Audrey et ce chemin lumineux. Au loin, résonnaient des chants de supporters avec des tambours qui battaient un rythme rapide. Percy n'osait même pas regarder Audrey, alors qu'il savait parfaitement qu'elle l'observait avec son sourire qui rayonnait plus que n'importe quel lampion.

Il hésita un instant devant la bifurcation qui les ramènerait à la réalité. Puis, ses yeux croisèrent ceux de celle qui l'éclairait. Peut-être pouvait-il rester encore un peu dans cette bulle.

**

Bon, pour les fêtes, voilà une double ration de Percy parsemé de petites étoiles de lumières.
(qu'est-ce qu'on devient niais par ici !) 

J'espère que ce petit rendez-vous avec nos jeunes amoureux vous aura fait un peu de bien.

Joyeux Noël à tous, portez-vous bien !

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