« Patience »

Peppermint avait l'habitude d'être un lutin optimiste, c'était dans sa nature. La nature de n'importe quel lutin de Noël, d'ailleurs. Voir les bonnes choses en toute chose, imaginer le meilleur à venir : qu'ils réussissent à fabriquer tous les cadeaux sans incident, par exemple. Toute sa vie durant, c'était cela le meilleur, c'était ce à quoi il aspirait. Et pour la première fois de sa vie, ce meilleur était en péril.

Il était inquiet et loin d'être rassuré par les paroles de Garland le Sage. Certes, il avait une chance de rentrer mais il devait s'en remettre à lui, qu'il ne connaissait pas. Le lutin barbu ne lui inspirait pas confiance et il ne savait pas pourquoi. Tous les lutins de ce village avaient décidé d'en faire leur chef, et l'histoire des villages du Dehors lui paraissait convaincante. Alors pourquoi n'arrivait-il pas à s'ôter de la tête l'idée qu'il y avait quelque chose que Garland ne disait pas ? À personne.

De tout le chemin du retour, Pepper n'avait pas lâché la main de Ginger qui se demandait ce à quoi pouvait penser le lutin vert. Mais la sensation n'était pas désagréable et les paroles de son ami Bluebell se rappelaient encore à lui. Malheureusement, il se rappelait également que Pepper ne comptait pas rester au village, il ne devait pas se laisser partir dans des divagations sentimentales.

Une fois rentrés, il était l'heure de dormir. Ginger installa son invité dans la chambre d'ami, de l'autre côté du couloir par rapport à sa propre chambre, et lui souhaita bonne nuit. Pepper s'allongea dans le lit, enroulé dans la couverture. Le sommeil, malgré ses paupières alourdies par la fatigue, se fit attendre et le petit lutin tourna longtemps dans le lit. Il essaya de se coucher comme il le faisait lorsque venait la fin de l'Éveil, s'imaginant entouré par ses camarades dans l'une des grandes chambres qu'ils occupaient. Ils étaient évidemment beaucoup trop nombreux à l'Atelier Un pour loger dans une seule chambre. Il imagina les souffles des autres lutins, essaya de se caler dessus pour se calmer. Mais ce n'est que lorsque son esprit vagabonda et qu'il repensa à la nuit précédente qu'il avait passée dans les bras de Ginger qu'il réussit à s'endormir.

Le lendemain, il fut réveillé par du bruit à l'extérieur. Il se leva péniblement pour aller regarder par la fenêtre. Dans les lumières du chemin, des lutins s'affairaient. Curieux, il descendit et trouva Ginger dans le salon. Le lutin bleu se releva précipitamment pour faire face à Pepper et cacher ce qu'il était en train de faire.

— C'est quoi ? demanda Pepper.

— R-rien ! Je pensais que tu dormais encore.

Ginger était gêné d'avoir été surpris. Tout en parlant, il s'efforça de glisser le petit objet dans la pochette qu'il venait de fabriquer avec du papier cadeau sans éveiller les soupçons du lutin de Noël..

— Le bruit, dehors, m'a réveillé.

— Ah ! Ils sont en train de tout mettre en place pour les festivités du réveillon.

Son sommeil avait été si brutalement interrompu que Pepper en avait oublié quel jour c'était. Il essaya de se laisser emporter par la partie de lui qui adorait Noël, plutôt que par celle qui se souvint qu'il ne lui restait que peu de temps pour rentrer. Revêtant un sourire un peu forcé, il fit mine de vouloir regarder dans le dos de Ginger.

— Oh alors tu es en train d'emballer un cadeau pour quelqu'un ?

— Oui... hm... Va à la cuisine, j'arrive.

Pepper obéit et découvrit une table garnie pour le petit-déjeuner. Son entrain revint mystérieusement et il s'assit pour attendre Ginger.

Il espérait pouvoir passer le temps en compagnie du lutin bleu mais il se dépêcha de partir dès qu'il eut fini de manger, prétextant avoir des choses urgentes à faire quand Pepper lui demanda de l'accompagner pour voir ce qui se tramait à l'extérieur. De nouveau seul, le lutin de Noël repensa au Sage et décida qu'il n'avait pas envie de passer sa journée à attendre.

Chez Garland, il n'y avait personne. Il frappa à la porte mais personne ne répondit. Il soupira, découragé, mais quand il frappa une nouvelle fois, un peu plus fort, la porte s'entrouvrit. Il entra donc, préférant s'excuser d'être entré sans permission si cela lui permettait d'avoir des réponses. Il retrouva facilement le bureau du Sage, la pièce était vide. Il l'appela plusieurs fois puis s'arrêta. Une enveloppe venait d'attirer son attention. Une enveloppe démesurément grande.

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