« L'Atelier Un où jamais aucun incident n'avait eu lieu »

Noël. Noël. Noël. Les lutins n'avaient plus que ce mot à la bouche à mesure que le Grand Jour approchait. Pour ceux de l'Atelier Un, qui était l'atelier le plus éloigné de l'Entrepôt, l'ambiance était à la fête puisque les Préparatifs arrivaient enfin à leur terme. Depuis quarante-deux jours, ils travaillaient de tout leur cœur à fabriquer les cadeaux pour les enfants du monde entier. Peluches, poupées, robots et jouets en tout genre, c'était à cet incroyable but qu'ils œuvraient chaque jour de leur Éveil.

Au premier jour, ils recevaient une longue liste de la part du Père Noël à laquelle ils s'attelaient sans tarder. Chaque jour, un train venait chercher la production de la journée pour l'emmener jusqu'à l'Entrepôt, où vivait le Père Noël et où les cadeaux étaient stockés en attendant le Grand Jour. Parfois, une nouvelle liste venait compléter la première.

Dans les Ateliers, tout était millimétré, parfaitement cadencé, chaque geste de chaque lutin était calculé afin que jamais aucun retard ne soit pris. Les lutins n'avaient à s'inquiéter de rien d'autre que de fabriquer, d'un bout à l'autre de l'Éveil, et jamais aucun incident n'avait eu lieu. Mais ils savaient tous que ce n'était pas le cas partout. Si leur rôle à eux était de fabriquer, le rôle des lutins de l'Entrepôt était de protéger les cadeaux jusqu'à la Distribution. On racontait que des monstres poilus à longues dents attaquaient régulièrement les zones de stockage, parfois même à plusieurs, et que des lutins se retrouvaient blessés. Les lutins des Ateliers aimaient se raconter ces histoires pour se donner la chair de poule. Enfin pas tous.

Peppermint était de ces lutins qui appréciaient la vie douce et calme de l'Atelier. Plus petit que les autres, il regardait parfois le Dehors en s'inquiétant qu'un de ces monstres essaie de s'en prendre à l'Atelier. Et l'on se moquait gentiment de lui, on lui rappelait que jamais aucun incident n'avait eu lieu. Ici, ils étaient en sécurité.

En ce dernier jour des Préparatifs, Peppermint s'attarda un peu plus que de coutume à l'entrée de la grande bâtisse où ils travaillaient. Il neigeait et Pepper aimait la neige. Il entra finalement pour aller se mettre à sa place, tout au bout de la chaîne, se faufilant derrière ses camarades qui, parfois, se plaignaient de son étourderie. Sa tâche du jour était de mettre les jouets dans les boîtes avant que la machine ne mette le couvercle et noue le ruban. Ensuite, une autre machine poussait la boîte sur un tapis roulant qui menait jusqu'au quai.

Le petit lutin travaillait dans la section des poupées et des peluches et ce, depuis toujours. Depuis quelques années, de nouvelles sections ouvraient de temps en temps pour les nouveaux jouets que demandaient les enfants et qui ne pouvaient être ajoutés dans les anciennes sections. Certains camarades de sa section y avaient été envoyés et ils semblaient beaucoup s'amuser. La section des robots était particulièrement bruyante. Mais Pepper aimait son travail, calme et doux.

Pensant chaleureusement aux enfants qui ouvriraient, dans quelques jours, ces cadeaux qu'il avait fabriqués, il mettait les jouets dans les boîtes. Faisant attention aux mains et aux pieds des poupées, à la fourrure et aux rubans des peluches. Ses gestes étaient calculés et parfaitement cadencés. Si bien que, puisqu'il avait commencé quelques minutes après les autres de sa section, il se retrouva seul. La fin de journée approchait mais il savait qu'il avait presque terminé. Quand il attrapa la dernière poupée, il se figea. C'était une poupée lutin et, avec ses cheveux vert thé, ses yeux violets et sa tenue verte, elle lui ressemblait étrangement.

— Peppermint, dépêches-toi ! cria soudain une voix depuis la porte. Où le train partira sans tes cadeaux !

Il sursauta et tourna la tête vers l'entrée mais Cherry, dont il avait reconnu la voix, avait déjà disparu. Au même instant, alors qu'il était de nouveau seul dans la section, la machine lui cogna la tête et l'assomma. Il tomba dans le paquet-cadeau à la place de la poupée et la machine posa le couvercle avant de fermer le paquet avec un beau ruban rouge. Une autre machine poussa la boîte sur le tapis roulant qui emmena le cadeau jusqu'au quai, avant qu'il ne soit chargé dans le train qui referma aussitôt ses portes.

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